Histoire de Carrossiers, ép. 40 : Corsica, quand le client était roi

Publié le par Valentine

Histoire de Carrossiers, ép. 40 : Corsica, quand le client était roi

Dans nos histoires de carrossiers on vous a déjà parlé de carrossiers français, puis italiens. Avec Corsica on taperait entre les deux ? Et bien pas du tout car, comme son nom ne l’indique aucunement, on attaque ici un chapitre dédié aux carrossiers… anglais !

Une existence éclair !

Contrairement à d’autres carrossiers historiques qui prennent leurs racines sur la fin du XIXe siècle et l’époque des voitures à cheval, Corsica est un carrossier plus tardif qui n’est fondé qu’en 1920 ! Autre différence avec de nombreux carrossiers, il ne tire pas son nom de son créateur puisqu’ils sont en fait… 4 ! On retrouve à la tête de l’entreprise Charles Henry Stammers, ses deux beaux-frères Joseph et Robert Lee et enfin Albert Wood.

Alors d’où vient ce nom ? Une référence napoléonienne ? Pas du tout. Les quatre fondateurs décident d’installer leur société dans le nord de Londres, à Highbury, un quartier qui parle aux amateurs de Football puisque c’est le fief d’Arsenal. Mais en fait, on est encore plus précis et c’est sur Corsica Street que sont établis les premiers locaux du carrossier ! Ce nom restera, même si l’atelier déménagera à Cricklewood quelques années plus tard.

Si on connaît Corsica, c’est grâce à des réalisation souvent racées, la plupart du temps sur des voitures très haut de gamme. La particularité de Corsica, c’est qu’il n’y a pas vraiment de « style » Corsica (même si certaines répliques se revendiquent « dans le style de »). En fait, l’officine est toujours restée de très petite taille et n’a jamais dépassé les 20 personnes. On retrouvait des carrossiers, des peintres, en fait beaucoup de métiers travaillant la tôle… mais pas de styliste !

C’était LA particularité du carrossier londonien. Le client arrivait la plupart du temps chez Corsica avec son dessin, réalisé par ses propres mains ou par un autre designer et Corsica n’était finalement qu’un exécutant. Si le dessin était trop peu détaillé, des « pigistes » venaient travailler pour l’atelier. Tant et si bien que le « style Corsica » est difficile à définir et chaque auto était unique (totalement ou partiellement).

Dessin Mercedes Corsica par Bonhams- Corsica

Les méthodes utilisées étaient en rapport avec ce fonctionnement avec un contremaître carrossier qui se chargeait de créer les modèles en bois sur lesquels les tôles d’aluminium seraient finalement façonnées tandis que les ailes, éléments importants de l’époque, étaient modélisés en fil de fer !

Les carrosseries étaient réalisées pour des clients qui avaient les moyens de créer une carrosserie unique. De fait, on retrouvait des châssis Daimler, Frazer-Nash, Invicta ou même Isotta Fraschini mais on connaît surtout le travail de l’atelier avec ses Bentley et ses Bugatti.

La relative méconnaissance de Corsica tient aussi à la brièveté de ses réalisation. L’atelier ouvre donc en 1920 et va fermer dès 1945 ! Stammers et Joseph Lee sont en effet morts pendant la guerre. Robert Lee continuera sa carrière chez Alpe & Saunders puis co-créera FLM Panelcraft qui travaillera notamment pour Healey ou Range Rover.

Quelques réalisations de Corsica

Comme tous les carrossiers, les belles autos ne font pas tout et il faut aussi manger. On a ici un bel exemple avec une ambulance sur base Packard construite en 1923.

Packard Ambulance de 1923 par Corsica- Corsica

Bien qu’installé à Londres, la carrosserie a eu des clients faisant carrosser des autos venues de partout et même d’Italie, autre pays de grands carrossiers. Cette Isotta Fraschini Tipo 8A S date de 1925. C’est une carrosserie unique.

Isotta Fraschini Tipo 8A S Speedster par Corsica- Corsica

En 1927 on ne distingue pas vraiment la marque de l’atelier sur cette Bentley 3/4½-Litre Speed Model Sports.

Très sportive et très basse, cette Bentley 4 ½ Litre châssis court date de 1930.

Bentley 4 ½ Litre Chassis Court de 1930 par Corsica- Corsica

À l’inverse, cette autre Bentley qui est de la même année, une 6 Litres « Sportsman »s Saloon » conserve une ligne de caisse haute mais un pavillon bas qui fait très sportif. Une ligne impressionnante. À partir de 1930, une « signature » Corsica apparaît avec ce pli au milieu des ailes avant… mais ne se retrouve pas sur toutes les voitures.

Autre auto de la même année, cette Alfa Romeo 6C 1750 Sport Roadster qui a été proposée à la vente Artcurial de Rétromobile 2019 (en couverture de l’article également).

Toujours en 1930 et plus de finesse pour cette Invicta 4 ½ Litre S-Type châssis rabaissé carrossée en cabriolet.

On passe en 1931, mais on reste dans les cabriolets « bas » pourtant on trouve peu de points communs entre la réalisation précédente et cette Daimler Double Six 50 Sport.

Daimler Double Six 50 Sport de 1931 par Corsica- Corsica

Des autos « moins prestigieuses » passent aussi chez Corsica. Cette Wolseley Hornet de 1934 en est l’exemple.

Wolseley Hornet Roadster de 1934 par Corsica- Corsica

Cette voiture de 1935 n’a pas qu’une carrosserie unique, elle est unique. C’est la Godsal Sports Tourer, une voiture construite avec un V8 Flathead Ford, une boîte de vitesse Riley et un châssis maison et elle fut donc carrossée par Corsica avec des lignes très pures et sportives, presque sans ornement.

Côté allemande, cette Mercedes-Benz 500K Cabriolet est de 1936 mais on a plus de mal à trouver de sportivité dans son style…

Lancée en 1934, la Bugatti Type 57 va être une base courante chez Corsica. Cette auto de 1936 (57375) est une S et fut la propriété de Nicholas S. Embericos. On y retrouve des traits qui seront repris sur d’autres 57 passées par l’atelier londonien dont cette calandre très arrondie et en deux parties, celle qu’on retrouvait aussi sur les Atalante.

Bugatti Type 57S de 1936 par Corsica 1- Corsica

En 1937 on retrouve une auto très rare : une Squire 1500. Construite avec un châssis très rigide, des freins hydrauliques en magnésium et un moteur suralimenté dérivé de celui des Frazer-Nash, seule une dizaine furent produite et celle-ci est la plus connue et c’est la seule construite par Corsica.

Cette Bugatti 57 de 1937 est encore un exemple des particularités des 57 passées par les ateliers de Londres. Elle était à Rétromobile en 2015.

Cette 57 est une S (57512) et fut carrossée la même année avec une ligne encore plus sportive :

Bugatti Type 57S de 1937 par Corsica 1- Corsica

Autre S, toujours de 1937, 57531 a des ailes arrières séparées et se distingue par ses saute-vent.

Bugatti Type 57S de 1937 par Corsica 2- Corsica

Toujours au registre des Type 57, celle-ci est une SC de 1938 et on peut la voir au sein de la collection Schlumpf à Mulhouse. Les photos viennent de l’exposition Bugatti Unseen du musée Autoworld.

En 1938 et 1939 on produisit trois Lea-Francis 12.9 « Super Sports Roadster » avec cette carrosserie :

Lea Francis 12.9 de 1938 par Corsica Bonhams- Corsica

Photos : Bonhams, Wheelsage, Artcurial

Valentine

Passionnée d'automobile depuis de nombreuses années, Valentine, étudiante en journalisme, rejoint l'équipe de News d'Anciennes en tant qu'apprentie. Les voitures anciennes, elle aime en parler, les prendre en photo mais surtout en prendre le volant !

Commentaires

  1. Philippe Hervé

    Merveilleux

    Répondre · · 10 décembre 2023 à 12 h 59 min

  2. nounours8529

    bravo et merci Valentine pour ce tres beau reportage

    Répondre · · 10 décembre 2023 à 16 h 15 min

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