Essai d’une Jaguar Type E Série 3 V12, du bonheur, même pour les puristes !

Publié le par Benjamin

Essai d’une Jaguar Type E Série 3 V12, du bonheur, même pour les puristes !

« Ça vous dit d’essayer une Type E ? » Perso, je ne connais pas grand monde qui ait déjà dit non. Et je ne suis pas de ceux-là surtout que j’avais raté plusieurs occasions de le faire par le passé (mais j’avais pas dit non). Alors, évidemment, quand je rentre dans le détail et qu’on me dit « C’est une Jaguar Type E Série 3 de 1973 », ma réponse est un « Ah ». Mais bon, après tout, ça reste une Type E, c’est un cabriolet, il fait beau et puis ça fait toujours un V12 à emmener sur les petites routes. Alors c’est parti !

Vous voulez vous replonger dans l’histoire du modèle ? C’est par ici :

Notre Jaguar Type E Série 3 du jour

De loin, c’est bien une Type E. De près, aussi. Bref, c’est une très belle voiture qui a su garder les lignes qui ont fait son succès en 1961. Pourtant on parle bien d’une Jaguar Type E Série 3 et il y a quand même du changement sur ces lignes.

Jaguar Type E Serie 3 41- Jaguar Type E Série 3

Forcément, à l’avant, on remarque vite ce qui caractérise la Jaguar Type E Série 3. Non, pas les bulles de phare, celles-ci ont disparu bien avant l’arrivée de la Série 3 en 1971, en fait dès la Série 1 « 1/2 » en 1967. Là on parle plutôt de la grande bouche. La calandre est agrandie et contrairement aux précédentes séries, elle se pare d’une grille chromée. Alors, oui, ça change vraiment le dessin et il faut bien dire que ça l’alourdit un peu.

On retrouve aussi les gros clignotants sous les deux demi-pare-chocs (les rappels au bout des ailes arrivent dès la Série 2) et même une autre prise d’air, sous l’emplacement de la calandre. Enfin, on a l’impression qu’elle a des grosses roues notre Jaguar Type E Série 3. Pourtant on est passé des jantes 15″ des débuts aux jantes 14″ et si la monte a changé, elle ne prend presque rien en largeur. Non, la différence c’est bien que la voie a été largement élargie pour passer de 1270 à 1378 mm !

Ces roues à rayon sont bien visibles sur le profil et on voit bien que c’est plus proche du passage de roue. Finie l’impression d’avoir des roues vraiment à l’intérieur de la carrosserie. Ça a aussi un côté plus moderne et il faut dire que la Jaguar Type E Série 3 est quand même introduite 10 ans après les premières flat-floor.

Ce profil est bien élancé, avec toujours ce long capot et un habitacle bien rejeté à l’arrière. Le couvre-tonneau fait le job et la capote ne vient pas ruiner le dessin originel. Surtout, sur notre cabriolet du jour, on ne remarque pas que sur la Jaguar Type E Série 3, même la découvrable passe sur l’empattement plus long des 2+2, les coupés 2 places disparaissant du catalogue. Pour le coup, heureusement que c’est un cabriolet !

Jaguar Type E Série 3 V12 Cabriolet de profil

Maintenant on passe à l’arrière. Si vous regrettez les petits feux des premières autos, placés au-dessus des pare-chocs, dites vous qu’ils ont disparu dès la Série 2. Les normes sécuritaires sont passées par là, dommage pour le style. C’est vrai qu’ils font massifs sur notre Jaguar Type E Série 3 mais finalement le pare-chocs haut tend à ne retenir que la partie supérieur de cet arrière qui affiche clairement la couleur.

Comment ? Déjà en apposant un gros badge V12 en dessous du monogramme Jaguar E Type. Et puis on remarque également les 4 grosses sorties d’échappement en trompette, caractéristiques de la Jaguar Type E Série 3 et surtout de son gros moteur V12.

Au final, est-ce que la Jaguar Type E Série 3 est vraiment moins belle ? Moins belle, peut-être, après chacun ses goûts. Par contre, dans cette carrosserie cabriolet, elle est belle, c’est certain. Si les S1 et S2 n’avaient pas existé, personne n’aurait crié au scandale en voyant cette version arriver.

Sous le capot : un monstre

Comme pour la ligne, certains regretteront l’évolution en Jaguar Type E Série 3 qui se traduit mécaniquement par l’apparition du moteur V12. Un gros bébé, c’est certain.

Jaguar Type E Serie 3 23- Jaguar Type E Série 3

Ce moteur est directement extrapolé du V12 de course qu’on avait prévu pour la XJ13. D’accord, sa puissance ne fait pas un énorme bond. Les Type E étaient équipées du XK 4.2 jusque sur la S2 et affichaient 265ch. Là on en gagne seulement 7 pour passer à 272ch mais le couple passe de 385 à 412Nm avec un régime légèrement plus bas. C’est l’agrément qui y gagnera… comme au moment du passage du 3,8 au 4,2 litres. Côté boîte, la ZF à 5 rapport de la XJ13 n’est pas reconduit et on se contente de la boîte à 4 rapports.

Dans l’opération, un autre chiffre évolue avec la Jaguar Type E Série 3 : le poids. Déjà que l’empattement du 2+2 alourdit la machine, le gros moteur de 5,3 litres grève le train avant. On se retrouve autour des 1500 kg, bien loin des 1300kg des précédentes autos.

On va finir par croire que c’est surtout du négatif, mais un point marque une belle embellie sur la Jaguar Type E Série 3, c’est le passage aux freins ventilés à l’avant, toujours en Girling.

Intérieur : l’Europe !

Pour ce point là, il y a de quoi se réjouir. Les Jaguar Type E Série 3, comme toutes les Type E, étaient beaucoup exportées aux USA. Mais notre auto du jour est européenne et c’est une bonne nouvelle qui se voit sur deux détails qui ne le sont finalement pas.

Jaguar Type E Serie 3 33- Jaguar Type E Série 3

Premièrement, regardez sur le gros tunnel de transmission. Oui, c’est un « vrai » levier de vitesse. Notre auto du jour est donc équipée d’une boîte manuelle. Finalement ce n’est pas si courant, qui plus est sur une Jaguar Type E Série 3 qui proposait la boîte automatique en option gratuite. Rien que ça, ça fait basculer notre auto du jour dans la catégorie des raretés.

L’autre détail notable est plus discret. Il faut regarder du côté des compteurs. Oui, le tachymètre est bien en km/h. Notre auto a été livrée neuve en Allemagne et ça nous évitera les conversions à chaque panneau de limitation de vitesse (et dieu sait qu’ils sont nombreux).

Sinon l’instrumentation est toujours la même que sur la série précédente. La Jaguar Type E Série 3 affiche donc un compte-tours gradué jusque 7000 tours en plus du tachymètre et une série de compteurs ronds centraux comprenant un indicateur de charge, la pression d’huile, une montre, la température d’eau et la jauge de carburant. En dessous on retrouve une série de boutons à bascule pour les lumières, les essuie-glace ou encore… la marche forcée du ventilateur !

Au volant de la Jaguar Type E Série 3

J’ouvre la grande porte et je m’installe. Ne pensez pas que le fait que le châssis soit plus long et qu’elle soit décapsulée rend cette Jaguar Type E Série 3 plus accessible. Non, ça reste un brin compliqué de s’installer puisqu’on descend vraiment en voiture et que le volant n’est pas amovible. C’est une voiture de prestige, pas une voiture de course. Je le dis une fois, mais je peux aussi me répéter.

Je boucle la ceinture et le V12 démarre. Zappez l’idée d’une explosion sonore qui annoncerait à tout le monde qu’on a mis en marche une machine de l’apocalypse, le 5,3 litres est anglais et le flegme était dans le cahier des charge visiblement. Enfin, pas visiblement mais auditivement. Bon, vous m’avez compris, le moteur ne hurle pas mais émet quand même un son plutôt intéressant, puissant et suggestif. Non, je n’ai pas encore mis la première, mais ça fait déjà quelque chose.

Cette fois, c’est bon, j’écrase la pédale d’embrayage, pas plus dure qu’une autre, et je passe la première. J’avoue avoir répété les passages de rapport à l’avance mais en tout cas je la trouve du premier coup et elle rentre bien. C’est parti pour un tour de village. Dit comme ça, c’est décevant. Et conduire une Jaguar Type E Série 3 en ville pourrait l’être aussi vu que le paysage urbain de 2023 et bien éloigné de ce que notre cinquantenaire devait affronter.

Le premier exemple, vous l’aurez deviné, c’est un ralentisseur sur lequel j’arrive même pas 50m après le départ. Et là je me dis que ça va être long cette histoire. La Jaguar Type E Série 3 n’est pas un rase-moquette mais elle est suffisamment basse pour faire comprendre qu’on allait encore trop vite, la faute à la ligne d’échappement qui est vraiment sous la voiture. Il me faut plusieurs essais, sur différents ralentisseurs pour trouver la bonne solution, et encore, vu que leur forme (je ne parle même pas de leur légalité) change, la seule option est d’évoluer sous les 20 km/h. Avec 5.3 litres et 272ch, on peut répéter 272 fois « ne nous soumets pas à la tentation ».

La tentation, finalement, j’y succombe quand arrive le panneau barré de rouge de sortie de village. La citadine qui me précède est vraiment loin, la jauge de température est suffisamment montée, ça veut dire que c’est le moment d’appuyer. Alors je ne suis pas un sauvage et je ne soude pas pour autant. Non, je teste juste le moteur. Franchement, il répond bien, prend des tours et la Jaguar Type E Série 3 est plutôt rassurante dans ses prises d’appui. Le freinage est à la hauteur de l’engin, bref, aucune frayeur. Même si j’étais loin de la grosse attaque, d’autres se seraient arrêtées à moins.

Nouveau village, nouvelle torture sur les ralentisseurs mais ça me permet aussi d’évoquer le couple. 272ch, c’est bien, mais c’est un autre chiffre qui m’intéresse : 412 Nm. Ça c’est vraiment sympa pour évoluer à bas régime et là je n’entends même plus le moteur. Calé sous les 2000 tours au 50km/h réglementaires, on profite du soleil et rien d’autre. Les quelques bifurcations sont un plaisir. Non, l’avant n’est pas trop lourd. En tout cas je ne le sens pas à ce moment donné. Ah, je vous ai pas dit : notre Jaguar Type E Série 3 a une direction assistée et elle marche très bien, sans flou et sans être caricaturale.

Nouveau panneau incitatif et cette fois, je mets le pied dedans. Et bien la ligne droite qui sortait du village n’était finalement pas si longue. Il faut que je recommence. Virage en 3e et je remet ça. Je tire sur les rapports, il faut dire que le moteur de la Jaguar Type E Série 3 aime les tours et les prend bien. Je tire aussi en 4, mais pas trop puisque les vitesses sont déjà déraisonnables. Mais vous savez quoi ? Même pas peur. L’anglaise n’est pas une ultra sportive, mais ça reste une voiture de sport, fabriquée pour rouler à ces vitesses.

De fait, elle est impériale. La direction offre toujours une certaine légèreté et un feeling parfait sans nous faire balader de droite à gauche sur la chaussée déformée. Par contre les déformations sont suffisantes pour que le dessous de l’auto frotte un peu. Oui, quand même. Les freins répondent quand on en a besoin.

Ensuite, une fois les freins (léchés ou tapés selon le rythme et le virage), la direction fait la reste et on enroule plutôt bien. On sent bien le poids dans le train avant, pas dans la direction assistée, mais dans l’envie qu’a l’auto d’élargir son virage. Pour autant, la Jaguar Type E Série 3 n’est pas qu’un « dragster » et sait aussi tourner. D’accord, on est loin du scalpel mais (je me répète mais je vous avais prévenu) c’est une voiture de prestige, pas une voiture de course.

Le vent fait du bruit, évidemment, en plus il n’y a pas de filet anti-remous. Mais dans tous les cas, on entend quand même le V12 s’exprimer. Il n’est toujours pas rageur, toujours aussi suggestif, bref c’est un régal.

Allez, on va ralentir le rythme et utiliser cette Jaguar Type E Série 3 comme elle l’est par la plupart de ses propriétaires. Comme une voiture de grande classe qui fait des balades à bon rythme et sans se trainer. Là encore, elle s’en sort bien. Le confort est bon, en fait si la voiture a pu toucher à bonne vitesse, c’est aussi que l’amortissement est loin de verrouiller les mouvements de caisse et de transformer l’anglaise en sacré bout de bois.

La balade dure et dure encore. D’accord on a des photos (et une vidéo) à faire, mais on prend surtout du plaisir au volant de la Jaguar Type E Série 3. Le V12 est un bon allié, le châssis est quasi irréprochable, le soleil est haut dans le ciel. Il va falloir la rendre cette voiture, d’accord. Mais pour le moment je remet un coup de gaz. Parce qu’elle est faite pour ça et parce que j’aime ça !

Conclusion :

Avant de tirer à boulets rouges sur la Jaguar Type E Série 3, il faudrait l’essayer. Certes la finesse des débuts s’est envolée, mais tous les goûts sont dans la nature. Et au niveau des goûts de conduite, si vous ne recherchez pas une voiture préparée et prête à attaquer, mais une auto polyvalente capable d’aller vite, l’alliance du V12 et de la boîte manuelle vous iront à ravir.

Clairement, c’est une série à réhabiliter. En tout cas, ce serait dommage de l’oublier au moment de faire votre choix, parce qu’en plus votre banquier sera moins grincheux !

Les plus de la Jaguar Type E Série 3Les moins de la Jaguar Type E Série 3
Le V12 onctueuxCaractère sportif en retrait
La ligne de la Jaguar Type EL’esthétique décrié de la Série 3
L’agrément d’un vrai cabrioletLe manque d’image de la Série 3
La boite manuelle
Le prix d’une S3
image 1- Jaguar Type E Série 3
Fiche techniqueJaguar Type E Série 3
AnnéesSérie 1 : 1961-1967
Série 1 1/2 : 1967
Série 2 : 1968-1970
Série 3 : 1971-1975
Mécanique
Architecture12 cylindres en V
Cylindrée5343 cm³
Alimentation4 Carburateurs Simple Corps
Soupapes12
Puissance Max272 ch à 6200 trs/min
Couple Max412 Nm à 3800 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 4 rapports
TransmissionPropulsion
Châssis
Position MoteurLongitudinale AV
FreinageDisques Ventilés AV et Pleins AR
VoiesAV 1378 mm / AR 1352 mm
Empattement2670 mm
Dimensions L x l x h4670 x 1700 x 1352 mm
Poids (relevé)1500 kg
Performances
Vmax Mesurée236 km/h
0 à 100 km/h7s
400m d.a14,8s
1000m d.a26,9s
Poids/Puissance5,51 kg/ch
Conso Mixte± 15 litres / 100km
Conso Sportive± 26 litres / 100 km
Prix± 70.000 €

Conduire une Jaguar Type E Série 3

Même si elle est restée en production plus longtemps que la Série 2, mais moins que la Série 1, la Jaguar Type E Série 3 est la moins produite des différentes séries. 15.287 exemplaires ont été construits et c’est aussi la moins recherchée. Est-ce que c’est une bonne nouvelle ? Oui, complètement, à ce petit jeu c’est le prix d’achat qui est gagnant puisque les prix se situent entre 40.000 € et 90.000 €. Pour les plus hauts prix, il faut absolument que l’auto soit irréprochable. Notez aussi que les Cabriolets sont bien plus chers que les coupés.

Notre auto du jour, par exemple, avec une belle patine et sans être état concours sera proposée à la vente par Carprecium le 29 Juin prochain à Paris (infos ici). Son estimation est comprise entre 40 et 60.000 € et vu son fonctionnement, c’est clairement une bonne affaire !

Concernant les choses à surveiller, la Jaguar Type E Série 3, même avec sa grande bouche, l’auto souffrait d’un refroidissement un peu juste. Il faut vérifier qu’elle ne chauffe pas trop. Vous pourrez aussi vérifier la corrosion et les différents ajustements. Les dernières autos étaient marquées par une qualité vraiment en baisse. Pour autant, au moment d’une grosse restauration vous pourrez la rendre plus belle qu’à l’origine !

Banniere PA Jaguar- Jaguar Type E Série 3

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Fortier

    Félicitations, Article très intéressant et complet qui partage un vrai entousiasme, que l’heureux propriétaire que je suis de ce même modèle confirme.
    Une série 3 type E, c’est juste extraordinaire visuellement, la sonorité, les lignes, la souplesse et la puissance avec tout le confort et l’agrément et plaisir de conduite en plus qu’une série 1 ou 2 ne procure. Petit bémol cela dit, qui me laisse dubitatif sur les prix suggérés dans votre article pour trouver un cabriolet S3 quelque soit son état !.

    Bien cordialement.
    DF

    Répondre · · 15 juin 2023 à 15 h 13 min

  2. Morlighem

    Très bon résumé des points forts et faibles de la type e v12. J’ai le grand privilège de posséder un cabriolet de 1972 qui a été importée et immatriculée en France. Seulement 27 s3 cabrio on été importés dans le votre beau pays. Désolé, je suis belge. Cerise sur le gâteau mon v12 est équipé de six webers double corps et la type e à appartenu à monsieur bernard consten,célèbre pilote automobile français et passionné de jaguar. Une très belle auto qui me donne énormément de plaisir.

    Répondre · · 17 juin 2023 à 13 h 56 min

  3. Marafon

    Très bon article sur ce véhicule mythique. J’en possède une de 1973 si toutefois quelqu’un d’entres vous vendez ou connaissez une personne qui vend un hard top pour cette type E V12 année 1973, je vous saurais reconnaissant de bien vouloir me le faire savoir : 06 08 85 86 77.

    Par avance merci à vous tous

    Christophe

    Répondre · · 31 juillet 2023 à 12 h 55 min

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