[Dossier] Comment peindre soi-même sa voiture ancienne ?

Publié le par Benjamin

[Dossier] Comment peindre soi-même sa voiture ancienne ?

Vous touchez au but. Vous avez refait la mécanique de la DS vous-même. Vous avez appris à souder, vous avez demandé des conseils à Gégé pour les freins, Jipé vous a filé un coup de patte pour sortir le moteur. Bref, ça tourne. Maintenant, vous vous attaquez à l’esthétique de titine et vous vous dites « est-ce que je ne le ferais pas tout seul ? ». C’est une bonne question et, finalement, c’est également possible de le faire soi-même ! Pour autant, il va vous falloir du matériel et du savoir-faire. Si on ne peut pas grand-chose pour vous dans ces cas-là, au moins, on va vous apporter quelques conseils !

Avant-propos : pourquoi peindre soi-même sa voiture ancienne ?

La réponse la plus évidente pour ceux qui veulent peindre soi-même leur voiture ancienne est plutôt simple : le coût.

Si on prend le matériel de base pour une berline de taille moyenne, il faudra compter 500€ pour les 3kg d’apprêt (et vous allez le voir il n’est pas obligatoire), les 4kg de peinture et les 3kg de vernis. Bien sûr, il faudra ajouter les consommables (vous aurez la liste plus bas) mais on se limite à une cinquantaine d’euros.

Chez un pro ? Comptez au minimum 2000€ et la facture peut vite monter en fonction des teintes, de la taille de la voiture et de la complexité de la préparation de la voiture ancienne, notamment le démontage et le masquage.

N’oubliez pas non plus que c’est une opération longue. Comptez une journée entière pour la préparation, une autre pour l’apprêt éventuel, son séchage et son ponçage et une dernière journée pour la peinture et le vernis même s’ils sont fait quasiment en même temps.

On vous détaille tout ça.

1 : ne pas négliger la préparation !

Rangez tout de suite ce pot de peinture ! Avant de sortir la peinture pour voiture, il va falloir préparer la voiture. L’intérêt ? Le même que de prendre une douche avant de mettre ses plus beaux habits !

Déjà vous allez commencer par poncer la voiture. On ne parle pas de mettre la caisse à nu, cela s’appelle un décapage. Non, il faut commencer par poncer la voiture ancienne pour rayer la couche de vernis superficielle et, ainsi, faciliter l’adhérence de la peinture que vous allez appliquer. Vous utiliserez soit une ponceuse orbitale (qui tourne, pas un ruban) soit du papier sur une cale à poncer. En tout cas, n’attaquez pas à la main, elle suivra les défauts !

D’ailleurs, si on trouve des défauts, des zones avec de la rouille superficielle ou des chocs et grosses rayures, poncez d’abord avec du papier abrasif grain 220 si vous voulez appliquer du mastic. Ensuite deuxième ponçage et vous aurez là le choix entre le grain 320 si vous prévoyez de mettre de l’apprêt ou le grain 500 si vous attaquez directement la peinture.
Dans tous les cas, si l’opération fait apparaître une zone qui demande une réparation, il faudra reponcer ensuite. On vous rappelle qu’en plus de garantir l’adhérence de la peinture, cette opération permet aussi la bonne tenue des peintures dans le temps.

Une fois cette opération réalisée, avant d’attaquer la peinture, il faut nettoyer toute la poussière qui s’est créée. Soit vous le faites avec une soufflette, soit avec un tampon collant « tackcloth ».

Reposez ce pot de peinture, on attaque pas encore ! Après cette phase de préparation il va falloir dégraisser la carrosserie. Divers produits, pas forcément décelables à l’œil peuvent avoir imprégné la carrosserie. Silicones, Cires, Carburants, produits de detailling, goudron sont autant de produits qu’il va falloir enlever avec un dégraissant. Attention, sitôt appliqué (sur une petite zone donc) qu’il faut l’essuyer avec un papier propre sous peine de le voir sécher… et devoir recommencer !

Maintenant, il faut encore masquer ! Certains ont déjà mis la caisse à nu et ne se soucieront pas de cette partie… sauf si l’intérieur de la voiture ancienne est peint d’une autre couleur. Pour cela vous utiliserez de du ruban de masquage adhésif et, pour les plus grandes surfaces, ne bâche ou un film plastique.

Ça y est, la préparation est enfin finie, vous allez pouvoir préparer le matériel qui va servir à peindre votre voiture ancienne.

2 : le matériel de base

Pour préparer le matériel, on va vous parler de deux cas. Déjà le matériel de base, qu’il vous faudra avoir pour réaliser votre peinture… en le faisant à l’économie et sans vouloir chercher la petite bête (en fait la petite poussière).

Déjà, vous aurez besoin d’un pistolet, des tuyaux raccords et enfin d’un compresseur à mettre au bout. Attention, il faut qu’il soit muni d’un filtre à air et qu’il soit de taille suffisante. Cela dépend de la taille de la voiture, on ne peint pas vraiment une Mini comme une Lincoln Continental. Dans tous les cas, oubliez le « petit » compresseur de 100L, il faudra plus ! Dites vous qu’avez un compresseur de 100L vous pourrez, au maximum, peindre 1,5m² avant de voir la pression d’air épuisée. Vous pouvez toujours appliquer la peinture pièce par pièce mais avec cette technique, le vernissage est difficilement envisageable.

Prévoyez ensuite la bonne quantité de peinture pour voiture, ce n’est pas au milieu de celle-ci que vous devrez refaire du mélange. Avec 1L vous couvrirez environ 5m² et vous verrez que c’est finalement relativement peu.

Faites attention à la poussière. Même en le faisant à l’économie, il faut éviter que la zone de préparation du mélange soit trop poussiéreuse pour ne pas que la poussière ne s’intègre à votre peinture. Prévoyez aussi dès maintenant les tampons collants qui vous serviront entre la peinture et le vernis.

3 : le matériel recommandé

Une fois passé sur le matériel de base, il est recommandé d’aller plus loin. L’outil n°1 : la cabine de peinture. En gros c’est une sorte de bulle de protection que vous allez mettre autour de votre voiture avant de la peindre. Vous pouvez en acheter une préfabriquée ou gonflable ou en bricoler une. Mais les parois ne font pas tout ! Si vous n’avez pas de cabine, il faut préparer un environnement propre, en fixant la poussière avec un arrosage léger, sur les sols mais aussi les murs.

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C’est la circulation de l’air qui sera la clé ! Pour que tout se passe bien il faut que l’air se déplace à 1/s minimum. Oui, ça fait une petite brise. L’objectif est autant de chasser la poussière au fur et à mesure que d’évacuer les aérosols de peinture pour voiture, c’est à dire les nuages de peinture qui pourraient retomber sur la peinture déjà faite et gâcher le rendu final. L’extracteur d’air sera donc important et il faut compter un système qui permette de chasser 5000 à 10.000m³… à l’heure !

Ensuite il est idéal de se protéger soi. Le masque simple que vous mettez quand vous peignez un mur sera un début mais rien ne vaut un vrai masque professionnel. Tant que vous y êtes, prévoyez aussi une vraie combinaison, pour vos vêtements autant que pour ces satanés poussières !

4 : bien appliquer la peinture sur sa voiture ancienne

Première chose à faire : bien lire la littérature fournie. Dosage entre peinture et diluant (qu’on ne prendra pas en compte dans le volume de peinture à appliquer puisqu’il s’évapore) pour la fluidité, quantité à mettre, temps de séchage, tout est indiqué !

Pensez aussi qu’on évitera de peindre par faible température. L’idéal ? Pas trop humide et aux alentours des 20°c. En dessous des 15°, les peintures auront du mal à s’évaporer et les coulures pourront apparaître. Au dessus de 25°, les peintures sèchent trop rapidement ce qui provoque des défauts de poudrage.

1 : l’apprêt éventuel

Pas d’apprêt ? C’est vous qui voyez. Sachez que pour peindre une voiture ancienne ce n’est pas obligatoire lorsqu’on utilise une peinture de type brillant direct avec une couleur opaque à l’ancienne… mais certains cas vous imposent de passer par cette étape. L’apprêt à deux fonctions : créer une surface lisse en rebouchant chaque petit défaut et créer un fond avec une couleur unie, essentielle pour la teinte finale. On l’utilisera donc si :

  • la couleur du « fond » (la caisse de la voiture) n’est pas homogène
  • du mastic a été appliqué
  • la tôle est nue
  • la peinture finale sera nacrée (chacun ses goûts)

Il faudra en appliquer une quantité très faible, la plus faible possible, en plusieurs couches. L’avantage c’est qu’on a pas besoin d’être très précis. Par contre, une fois l’apprêt appliqué, il faudra le reponcer avec un papier grain 500.

Peindre soi meme sa voiture ancienne 2-

2 : la peinture de la voiture ancienne

Préparez votre matériel et allez-y. Votre mouvement doit toujours être horizontal, une fois de la gauche vers la droite et une seconde fois dans l’autre sens. Ne peignez jamais en biais et ne croisez pas vos flux. Si ce n’est pas assez couvrant, c’est normal, il est idéal d’appliquer la peinture en plusieurs couches successives. Faites bien attention à cette partie : trop de peinture et c’est la coulure…

Chaque couche est donc faite avec UN aller-retour. Comptez 2 à 4 couches selon l’épaisseur de celle-ci. Notez qu’il est important d’attendre quelques minutes entre chaque couche afin de permettre une évaporation partielle.

3 : le vernis

Sitôt la peinture appliquée on passe au vernis. La plupart des peintures de voitures sèchent en environ 30 minutes. Le vernis doit être appliqué avant ce séchage pour qu’il adhère parfaitement à la surface. Sinon on devra repasser par une phase de ponçage ! Attention cependant vous avez un tout petit peu de temps pour sortir vos tampons adhésifs et enlever les poussières qui ont pu arriver avec la peinture, une fois que celle-ci est sèche au toucher (±15 min). Si vous ne pouvez pas appliquer votre vernis rapidement après peinture, il faudra réaliser un plonçage ou un déglaçage de la peinture sèche, avant de vernir, avec un abrasif 500 ou une éponge abrasive grise.

Le vernis est généralement mélangé à un durcisseur. Le mélange est généralement dans les proportion 2:1 ou 3:1, et il faut être précis même si on vous pardonnera une erreur d’un gramme. Étant donné que le mélange vernis-durcisseur a une certaine durée de vie (le pot life), il faut mélanger uniquement la quantité dont on a besoin, et aussi la quantité qu’on pourra appliquer dans la courte période utile (entre 30 et 40 minutes).

L’application du vernis est une technique délicate. Si vous en mettez trop, vous aurez des coulures et si vous n’en avez pas assez, votre peinture sera terne, voire présentera la fameuse peau d’orange. Le vernis s’applique toujours en 2 couches, bien épaisses et brillantes. Respectez un intervalle de 10 minutes entre chaque couche et il n’est ni nécessaire, ni recommandé d’appliquer une 3e couche.

C’est fini, maintenant vous pouvez laisser sécher.

4 : le polissage et le lustrage

On attaque une étape totalement optionnelle. Le polissage consiste à attendre que la peinture et son vernis aient sécher et de rendre le tout encore plus brillant. D’ailleurs ça peut également être l’étape où vous éliminez les dernières poussières. Il faut poncer avec des papiers à grain très fin, de 1500 à 3000 et de façon très douce.

Une fois que c’est terminé, on passe au lustrage qui se fera avec une peau de mouton puis un produit adéquat. vous pouvez faire tout ça à la main mais une polisseuse ne sera pas une mauvaise idée !

Conclusion :

Cela vous demandera du temps, de la patience… peut-être même de recommencer. En tout cas, faites-le bien parce que tout recommencer est quand même un processus long et finalement très décevant. Une fois que ce sera bien fait, vous aurez une titine resplendissante et en plus vous aurez un sacré boost de moral puisque vous l’aurez fait de vos mains !

Et puis si vous êtes soudain découragé à la lecture de ces lignes, n’oubliez pas que beaucoup de professionnels sont bien équipés pour la peinture. Ensuite, vous ferez le tri entre les carrossiers « assurance » qui repeigne sans forcément faire les choses parfaitement et les carrossiers tendance artiste qui sauront faire de votre voiture une bête de concours. Par contre, on l’a dit, ça va chiffrer, mais c’est le lot de tout bon travail !

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Botte

    Heureusement je n’ai pas d’ancienne à peindre, par ce que du temps, j’en ai pas beaucoup, ni d’argent également.
    Ceci dit, j’ai trouvé l’article très intéressant, très bien détaillé, et il sera sûrement utile pour d’autres que moi

    Répondre · · 26 octobre 2023 à 11 h 36 min

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