Delahaye 235, ultime évolution d’une race éteinte

Publié le par Benjamin

Delahaye 235, ultime évolution d’une race éteinte

Elles sont rares et singulières. Les Delahaye 235 sont des autos qu’on ne croise pas tous les jours. Mais au delà de cet intérêt né de leur rareté, ce sont surtout les dernières autos de luxe produites par la marque. On revient sur leur histoire.

Après-guerre Delahaye ne met pas sous œufs dans le même panier

Après la guerre le Delahaye, et Delage qui a été absorbé en 1935, repart avec les productions datant d’avant le conflit. La 135 a ainsi 10 ans et la Delahaye 134 dont on parle ici encore deux ans de plus. En 1948 on lance alors la 175, une évolution de la 135.

Mais au final ce sont bien les camions de la marque, très prisés par les pompiers, qui font tourner la société. On décide donc de lancer deux études : une auto qui remplacera la 135, la 235, et une autre qui doit répondre à l’appel d’offre de l’armée pour la doter de véhicules comparables aux Jeep américaines. On va en fait surtout se concentrer sur ce véhicule qui deviendra la VLR. Les deux autos sont lancées en 1951.

Delahaye VLR- delahaye 235

La Delahaye 235, évolution plus que révolution

En fait la Delahaye 235 est une auto très conservatrice. Tout le budget de développement, ou presque, du constructeur est allé à la VLR. Son auto de luxe est donc une refonte de la 135… dont elle conserve tout de même une grosse partie des caractéristiques.

Le châssis est ainsi le même, dans sa version surbaissée et prévu pour un empattement de 2,95 m. Il est basé sur de gros longerons avec de grosses traverses. C’est lourd, mais c’est costaud.
Les roues avant sont indépendantes avec des bras obliques et des ressorts à lames transversales. Les roues arrières sont elles reliées par un pont rigide. Les freins sont évidemment à tambours et actionnés par cables.
La direction est assurée par un boitier à vis, et vu qu’on est sur une auto de luxe, elle est placée à droite.

Côté moteur, là aussi on ne réinvente rien puisqu’on reprend le 6 cylindre de 3557 cm³ avec une grosse évolution. Ce type 22 S 103 comporte ainsi une culasse revue, en alliage léger. Il est gavé par trois carbus Solex 40 PAS à double-corps et fait passer la puissance de 130 à 152 ch. La transmission est confiée à une boîte à rapports Cotal.

La robe : c’est là qu’est la nouveauté

Si on ne réinvente pas le genre en proposant des carrosseries « d’usine », la Delahaye 235 va cependant se voir proposer avec une face avant « unifiée » commune à tous les carrossiers. C’est Philippe Charbonneaux qui s’y colle et réalise une auto qui tranche avec les précédentes autos de la marque.

La calandre est une ellipse et surtout elle est horizontale. De chaque côté les phares sont intégrés aux ailes, hautes mais ne dépassant pas le capot. D’ailleurs ce grand capot plat garde un côté avant-guerre puisqu’il s’ouvre en deux parties autour de la baguette centrale ! C’est élégant, bien sûr, mais surtout c’est très moderne !

Delahaye 235 Coach Chapron de 1952 Bonhams Les Grandes Marques au Grand Palais 1 1- delahaye 235

Lancement en 1951

La Delahaye 235 est donc présentée en 1951. Allant jusqu’au bout de son idée, le prototype qui est dévoilé et confié à la presse pour les essais est carrossé à l’extérieur… en Italie ! Ce n’est pas à Chapron ou à Figoni qu’on a fait appel mais à Motto. La carrosserie alu est réalisée très rapidement. Peut-être trop puisque les premiers retours évoquent clairement la légèreté des finitions.

Qu’à cela ne tienne, l’auto est mise en production. Les deux premiers châssis de série partent se faire habiller chez Letourneur et Marchand. Les carrossiers français sont les plus sollicités, c’est Chapron qui habillera la majorité des autos, près de la moitié en fait.

La production de la Delahaye 235 suit son cours et elle se vend doucement… comme toutes les autos de luxe de la même époque. En 1953 une 235 se fait remarquer en établissant un record de la traversée du continent africain sur Le Cap-Alger.

Mais la marque est en grande difficulté. En 1953 on arrête Delage. La VLR a continué d’être au centre de l’attention des ateliers puisque les autos ne sont pas vraiment au point quand l’armée en prend livraison. Les commandes se raréfient donc… avant de s’arrêter.

Cela entraîne finalement l’absorption de Delahaye par Hotchkiss le 29 Juillet 1954. Les usines stoppent la fabrication des 235… comme des VLR qui sont remplacées par les M201, sa concurrente directe.
Ce sont 84 autos qui ont été fabriquées en série.

Les carrosseries des Delahaye 235

C’est donc Chapron qui a habillé la majorité des autos. 41 pour être précis, la majorité en coach, mais on trouvait aussi des cabriolets et des coupés 2 places.

Letourneur et Marchand aura habillé 5 châssis, Antem et Figoni & Falaschi 4 chacun. Saoutchik en aura habillé trois. À chaque fois ce sont parmi les dernières autos qui sortiront de leurs ateliers !

On retrouvera aussi des fabrications plus épisodiques. Motto habillera ainsi une seconde auto, Beutler et Faget & Varnet, une chacun.

Les Delahaye 235 de nos jours

Ce sont des autos rares et il faut s’armer de patience pour en voir une. La première auto a été longtemps exposée au Musée de Reims, comme beaucoup de créations de Philippe Charbonneaux. Pour les autres, il faut guetter ! Mais heureusement elles sont quand même plusieurs à être restées en France. Les Chapron seront les plus visibles mais on peut aussi en voir d’autres lors de divers événements.

Pour en acheter une ? Les prix des Delahaye 235 Coach Chapron sont les plus faibles, en fonction de l’état vous pourrez en trouver en dessous des 100.000 €. Les versions cabriolets et 2 places seront plus chères et les prix peuvent grimper au dessus des 200.000 € ! Et pour cela, l’idéal est de surveiller les ventes aux enchères !

Source principale : l’excellent site LesDelahaye235, très très complet.
Photos additionnelles : Bonhams et RM Auctions

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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