Au volant de la Peugeot 205 GTI Blindée (ex-Bernard Arnault), pas à une originalité près !

Encore une 205 GTI ? C’est vrai qu’on a déjà essayé ce modèle, et pas qu’une fois. Là, pas de nouveauté niveau moteur, mais niveau finition, c’est quelque chose. On est au delà de la « simple » Griffe, on est au-delà… de tout ce qui peut être même logique avec une bombinette. La Peugeot 205 GTI Blindée intrigue, sur les raisons tant que sur la forme. L’idéal ? C’est d’aller la voir de plus près et même d’en prendre le volant.

La Peugeot 205 GTI Blindée en détail

On ne va pas vous faire l’affront de vous refaire l’historique de la Peugeot 205, en cette année des quarante ans, vous en avez déjà eu suffisamment (l’événement des 40 ans est à revivre ici d’ailleurs). Et pour l’histoire de la 205 GTI, patientez un peu et vous aurez tout ça l’an prochain quand elle aura elle aussi 40 ans. Le design ? Pareil, présenter le design d’une 205 GTI c’est un peu comme si on vous décrivait votre propre visage. Vous le connaissez par cœur !

Pourtant, extérieurement, et même si ce n’est pas le point intéressant de notre auto du jour, la Peugeot 205 GTI Blindée est déjà singulière. Pourquoi ? Parce que ça se joue dans les détails et qu’il va falloir ouvrir l’œil. Les attributs de la 1.9 GTI sont bien là, les roues, le bouclier, les élargisseurs d’aile et même les liserés rouges. Bref, elle passerait dans la rue, vous vous retourneriez, évidemment, mais sans vous douter de ce que vous avez réellement sous les yeux.

Par contre, il est étonnant de noter que certains attributs ont disparu. Est-ce qu’on aurait voulu la camoufler ? Peu probable sinon on aurait vraiment tout enlevé, y compris ce qu’on vient de détailler juste avant. Pourtant, les enjoliveurs de custode de la Peugeot 205 GTI Blindée n’affichent ni le sigle GTI ni la cylindrée. D’ailleurs, celui de gauche comporte même une protubérance métallique qui sert tout simplement à brancher l’antenne du téléphone.

Même chose à l’arrière, le monogramme GTI normalement situé à côté du 205 est absent. Le cartouche est bien là mais il est lisse et noir. Étrange tout ça. Pour le reste, la Peugeot 205 GTI Blindée ne propose pas de différence extérieures avec celles que vous pouvez croiser sur les différents rassemblements de voitures anciennes que vous écumez à longueur d’année.

Sous le capot, il faut vraiment avoir l’œil pour déceler une quelconque différence. Non, les tôles ne sont pas plus épaisses de ce côté là et vous pourrez toujours ouvrir sans avoir à passer votre temps à la salle. Le moteur est bien le XU9JA de 1905cm³ pour 130ch, rien d’étonnant là-dedans. Quand je dis qu’il faut avoir l’œil, c’est parce qu’on retrouve deux équipements supplémentaires sous le capot de la Peugeot 205 GTI Blindée.

Ainsi c’est une pompe de direction assistée et une autre pour la climatisation qu’on retrouve sous le capot. Deux artifices qui peuvent paraître des détails et des éléments de confort… mais on va voir plus tard qu’ils ont leur importance !

Et la partie blindée alors ? Et bien ça ne saute pas aux yeux de l’extérieur mais dès qu’on ouvre les portes et le coffre on découvre les subtilités de cette Peugeot 205 GTI Blindée. Déjà le poids de la porte donne un bon indice. On doit approcher les 50kg… si ce n’est plus. La tôle a été renforcée et les vitres sont impressionnantes d’épaisseur. Pourtant on a pas modifié le dessin, tout a été rajouté à l’intérieur. Du coup, il a aussi fallu modifier les charnières, mises à rude épreuve. Les vitres arrières sont également plus épaisses et le toit « sonne » plus costaud que d’habitude.

L’arrière est encore plus original puisque le hayon lui-même n’a pas été modifié, certainement pour pouvoir simplement l’ouvrir ! Par contre, derrière la vitre d’origine on retrouve une autre vitre, fixe celle-là, avec une bonne épaisseur. Du coup l’accès au coffre lui-même est fortement réduit.

Tant que tout est ouvert, on détaille l’intérieur de la Peugeot 205 GTI Blindée. Attention, elle a été modifiée par Labbé, un spécialiste des blindages et pas par Q. Du coup on oublie les gadgets du genre mitrailleuses ou sièges éjectables. Les deux seules différences avec une 205 GTI classique sont à retrouver au niveau de la sellerie, puisque les sièges sont habillés avec un cuir pleine fleur et au niveau du support de téléphone.

Ici on a pas cherché à dissimuler les attributs classiques des 205 GTI et les compteurs sont les mêmes, le monogramme est bien présent sur le volant, la grille reproduite sur le levier de vitesse est rouge et la moquette l’est aussi !

Enfin, ce qu’il faut noter c’est un « détail » qu’on peut voir sur la plaque Labbé située sous le capot : 1390… comme le poids de la Peugeot 205 GTI Blindée. Oui, c’est lourd et ça va forcément influer sur le reste !

Pourquoi créer une Peugeot 205 GTI Blindée ?

Qui a eu cette idée folle ? Vous l’avez déjà vu dans le titre : c’est Bernard Arnault. Maintenant, reste la question du pourquoi ? Pourquoi diable surcharger une Peugeot 205 GTI ? Pourquoi amputer la lionne d’une partie de ce qui a fait son succès : son poids et donc son agilité. La réponse est simple en fait : c’est une Peugeot 205 !

En 1990, déjà, rien ne valait une petite citadine pour accéder aux parkings souterrains ou se garer dans la capitale (c’était difficile mais c’était encore possible). D’un autre côté, avoir ce genre de petite citadine, ça ne marche que si elle est très discrète et qu’elle n’est jamais repérée donc attaquée. Pour garantir la sécurité de ses occupants mais aussi celle de son éventuelle cargaison de diamants ou autres bouteilles de grandes valeur, il faut la protéger.

Pour protéger une voiture, le blindage est la solution et Labbé sait y faire. Mais Labbé, et désormais Centigon qui a repris la partie blindage du carrossier breton, le font plutôt sur de grosses berlines. Sur ces autos là, les moteurs sont suffisamment généreux pour garantir que l’auto ne soit pas trop handicapée sur la route (en plus quand on est attaqué, c’est toujours mieux de s’échapper). Du coup, pour encaisser le poids de cette fameuse protection, pas le choix : il faut prendre le plus gros moteur. Voilà pourquoi on a une Peugeot 205 GTI blindée.

Et pourquoi pas une Peugeot 205 T16 tant qu’on y est ? Oui, elle est encore plus puissante, mais sa structure et le fait que son arrière soit en composite et pas en bonne vieille tôle font que ce n’était pas possible.

Et sinon, c’est quoi le prix de la plaisanterie ? Alors déjà vous achetez une Peugeot 205 GTI en 1990. Sans options on est à 97.460 francs. Et ensuite vous ajoutez la modification blindage : 400.000 francs ! Oui, ça pique un poil mais que ce soit une 205 ou une 605 la facture ne doit pas beaucoup varier. D’ailleurs, vu que la 605 était produite en plus grande série, c’était peut-être même moins cher !

Au volant de la Peugeot 205 GTI Blindée : pas de miracle !

En regardant la fiche technique, on se doute que l’histoire va être originale. D’habitude, au volant, qu’est-ce qui différencie une 205 GTI d’une autre 205 GTI ? Pas grand chose même si on retrouve quand même un feeling et des performances différentes entre une 1.6 et une 1.9, c’est certain. Là, avant même de se mettre au volant, on se doute que justement, la différence ténue de feeling et de performances va voler en éclats.

Au démarrage, la Peugeot 205 GTI Blindée fait un bruit de Peugeot 205, tout simplement. Bien calé dans le siège, il ne reste plus qu’à lancer la lionne en armure sur la route. N’allons pas trop loin : non, la Peugeot 205 GTI Blindée n’est quand même pas suffisamment lourde pour avoir du mal à démarrer. Elle s’élance sans problème. De toute façon, je ne suis pas un sauvage, je vais attendre que le moteur chauffe un peu avant de taper dedans.

C’est donc sur une petite route que j’évolue à vitesse tranquille. On va déjà se familiariser. Pourtant, les premières conclusions s’offrent déjà à moi : je ne sais pas encore si on a sacrifié le dynamisme mais le confort en a pris un petit coup. Les amortisseurs de la Peugeot 205 GTI Blindée doivent encaisser le surpoids de la bête et ils sont donc plus raides. Et vu l’état de la route, carrément mauvais avec quelques travaux en bonus, bref bien français, ça secoue un peu.

Par contre, c’est facile d’éviter les trous. Merci la direction assistée ! Après on se retrouve avec une direction qui reste communicative. Ce n’est pas une direction très assistée, c’est juste un artifice qui permet en gros de retrouver les mouvements de volant d’une GTI classique sans que l’embonpoint ne nécessite les biceps de Charles Ollivon (on est près de Toulon, c’est la coupe du monde, j’étais obligé).

Pour le reste du confort, les sièges sont toujours aussi bons et on apprécie la clim. Pourquoi ? Les photos montrées plus haut des vitres montraient leur ouverture maximum… de fait, quand il fait chaud on apprécie d’avoir un peu de frais dans l’habitacle même si l’efficacité du système est plutôt relative.

Après quelques kilomètres, la Peugeot 205 GTI Blindée est à température et je vais voir de quel bois elle se chauffe. J’arrive sur le rond-point pour confirmer que, oui, c’est lourd. Je l’ai pris un peu vite, exprès, comme quand les parents disent « touche pas à ça » mais qu’on veut quand même voir ce que ça fait. Alors ça ne fait pas peur, mais ce n’est pas une GTI ordinaire. Les changements d’appuis sont paresseux au possible, la direction lourde et la trajectoire s’élargit franchement, que vous forciez sur la direction assistée ou pas.

En sortant de ce rond-point, c’est pied dedans. Et là c’est le drame. Sans qu’elle ne détalle comme une supersportive, on s’attend d’une GTI qu’elle accélère franchement. Notre Peugeot 205 GTI Blindée éructe, on entend bien le moteur, mais niveau sensations, c’est pas ça et niveau perfs, non plus. En fait, si on regarde la fiche technique, 130ch et 1400kg ce sont les chiffres d’un SUV/Monospace moyen. De fait, ça accélère comme un de ces mastodontes de la route. Et puis il ne faut pas oublier que la clim doit faire perdre quelques chevaux aux roues !

Reste un dernier point : le freinage. Bah oui, le poids est l’ennemi dans cet exercice, en tout cas quand on part du système de la 205 GTI qui est plutôt bon en la matière. Et bien la Peugeot 205 GTI Blindée prouve qu’on est bien parti mais que c’est quand même pas folichon. Si le toucher de pédale et l’efficacité sont plutôt bons, par rapport aux perfs de l’engin, j’ai bien peur que ça ne tienne pas dans la longueur.

Mais de longueur, il n’y en aura pas. Pourquoi ? Parce que j’ai fait le tour du sujet avec cette Peugeot 205 GTI Blindée. Je doute d’ailleurs que le propriétaire ne se lance dans des attaques de cols ou de journées à cravacher pendant quelque rallye que ce soit, bref, quelque chose qui pourraient faire défaillir les freins. En tout cas, il y en a assez pour s’arrêter devant le garage garer l’auto.

Conclusion :

Un autre monde. Avec ses rajouts de tôle et de vitres, la Peugeot 205 GTI Blindée est un exercice vraiment à part. Ce n’est pas une GTI au sens dynamique du terme mais au sens pratique. En fait, c’est un objet roulant original, qui trouvera sa place dans une collection dédiée au lion ou à la 205 autant que sur la route. Car, finalement, pour rouler vite et se faire plaisir on trouve des montures bien mieux armées. Néanmoins, rien ne l’empêche de rouler. On est, certes, à la limite de ce qui est faisable intelligemment mais ce n’est pas non plus une enclume à laisser au garage.

En tout cas, on a pu l’approcher, la conduire, la tester. Et si elle est « moins pire » qu’attendue, la Peugeot 205 GTI Blindée reste une auto à part.

Un énorme merci à Cédric de Collection Privée Automobile pour nous avoir confié le volant de ce collector !