Essai d’une Citroën Ami 8, originale cinquantenaire

Publié le par Benjamin

Essai d’une Citroën Ami 8, originale cinquantenaire

Normalement ça ne vous aura pas échappé : Citroën a 100 ans. Et au milieu de l’histoire de Citroën, il y a 50 ans tout juste apparaissait l’Ami 8. Une auto qui n’est pas un symbole de la marque mais justement, elle est désormais une originalité appréciable sur un rassemblement entre les classiques Traction et les Deuche. Du coup quand l’occasion s’est présentée, on s’est mis très rapidement au volant !

L’histoire de la Citroën Ami 8

Avant l’Ami 8 il y a eu l’Ami 6. Une auto qu’on connaît plus que notre sujet du jour. Pourquoi ? À cause de sa ligne avec son arrière si particulier et sa lunette inclinée. L’Ami 6 apparaît en 1961 au moment où la gamme des chevrons ne compte que la deuche et la DS (bon et l’ID). Elle se place entre les deux… mais quand même plus proche de la deuche. Rustique elle reprend la base technique de la 2CV mais intègre un inédit bi-cylindre de 602 cm³ qui se répandra ensuite dans toute la gamme. Elle est proposée en berline et en break. Ce dernier possède au final une ligne plus conventionnelle… et se vendra mieux : 551.880 exemplaires contre 483.986 pour la berline.

En 1969 au salon de Genève on présente l’Ami 8 qui va prendre le relais de l’Ami 6. La voiture est redessinée par Robert Opron. Le capot, plus conventionnel ne s’ouvre plus sur sa longueur complète. Surtout à l’arrière on se rapproche des formes plus traditionnelles vues sur la concurrence (Renault 6, Simca 1100) avec une forme bicorps. Le moteur est toujours le 602 cm³ alimenté par un carbu double corps qui permet d’atteindre les 35 chevaux. La boîte est à 4 rapports et on adopte des freins à disque à l’avant dès 1970. La suspension va également rapidement évoluer et abandonner les batteurs à inertie de la deuche.

L’Ami 8 sera même complétée par l’Ami Super à partir de 1973. Là on fait appel au moteur de la GS pour obtenir une auto réellement plus performante.

L’Ami 8 tirera sa révérence en 1978 après un peu plus de 700.000 exemplaires produits, encore une fois le break l’emportant sur la berline !

Notre Ami 8 du jour

D’habitude on met du temps avant de pouvoir caler un essai. On prend contact et ensuite on fixe un rendez-vous… parfois de nombreux mois plus tard. Pour cette fois, à Coursan en Othe (on en parle ici), à peine l’accord était donné… que nous étions partis au volant !

Un style très personnel

Qu’est ce qui ressemble à une Citroën Ami 8 ? Une Ami Super, d’accord. Mais sinon, aucune auto. L’Ami 8 a pourtant des proportions relativement courantes. Un bicorps avec quatre portières, 4 mètres de long et une largeur égale à la hauteur de 1.5 m.

Mais elle a vraiment son style. À l’avant déjà. Le fasciés de batracien est plus travaillé et bien plus moderne que sur l’Ami 6. La forme des phares annonce ce qui sera repris sur la GS sauf que là c’est un entourage chromé qui fait la forme autour d’optiques plutôt rectangulaires. La forme de l’avant fait que ces phares sont proéminents mais mieux intégrés que sur l’Ami 6 où ils étaient vraiment au bout des ailes.
La calandre a une forme qui rappelle celle de la 2CV… mais à l’envers. Le capot est creusé, les butoirs inclinés. De face, elle ne ressemble qu’à elle-même !

Ensuite on passe de l’autre côté, l’arrière. Finie la glace inversée, ici on est vraiment sur un profil plus classique. En fait une ligne qui rappelle la version break de l’Ami 6. Chose relativement étonnante, les concurrentes présentant un profil similaire reçoivent un hayon, mais pas l’Ami 8 dont le coffre en reste un. C’est donc bien une 4 portes que l’on regarde.

De profil enfin, on remarque une ligne de caisse presque droite. Si on la croit « tombante », c’est à cause du bas de caisse qui décrit lui une légère courbe partant des roues avant pour remonter vers le pare-choc à l’arrière. Le haut de la roue arrière disparaît en dessous, mais le moyeux reste accessible, comme sur l’Ami 6, mais l’inspiration est là directement reprise de la DS.

Pour terminer on note des efforts de présentation. Les chromes sont présents et pas que sur le rétro ou le bouchon de réservoir. Pare-chocs, ceinture de bas de caisse, entourages de vitres, enjoliveurs, entourages de plaques, l’Ami 8 est une populaire mais elle présente bien. Surtout quand ils sont bien brillants. Notre Ami 8 de 1972 a reçu une restauration incluant ces éléments en plus de la peinture. Faut avouer qu’elle a fière allure.

Intérieur : pas kitch, d’époque !

En ouvrant les portières on est de suite attiré par la sellerie. Elle aussi a eu droit à sa restauration et ça se voit. La couleur rouge est d’époque. Les sièges sont nickels et semblent bien épais. On est au dessus d’une deuche dans la gamme, pas de doute.

La planche de bord est simple, avec un compteur de vitesse dans l’axe du volant et des voyants fixés sur le haut de la colonne de direction. Les commodos sont fins et répartis autour du volant. La forme de ce dernier renvoie à la DS lui aussi. Une seule grosse branche et un aspect « cuir enroulé » qui n’est qu’une moulure de la bakélite. Le frein à main est en dessous, juste à côté du levier de vitesse surmonté d’une boule noire. Seule la commande de la ventilation vient se faire sa place sur la planche de bord, l’autoradio et l’allume-cigare ayant été rajoutés. À droite le vide poche est grand et taillé pour accueillir quelques cartes Michelin, qui est encore propriétaire de Citroën à cette époque.

Moteur : du classique mais bien caché

Le 602 cm³ est une vieille connaissance. Comme sur la Dyane, il bénéficie de son architecture pour s’implanter très bas… du coup il n’est pas très visible, surtout que la roue de secours vient également se loger sous le capot. Même si sa taille est plus petite que sur l’Ami 6 ce dernier permet de dégager une belle place pour trifouiller en cas de panne… qui n’arrive jamais vous diront les propriétaires de Citroën.

Jany le propriétaire nous fait remarquer deux options d’époque. À gauche le porte bidon d’huile. À droite la cale en hêtre qui servait à immobiliser correctement l’auto en cas de changement de roue. Le frein à main n’agissant qu’à l’avant et le débattement des suspensions étant grand, c’était plus qu’un gadget.

Au volant de l’Ami 8

Aucun soucis pour s’installer dans la voiture, elle n’est pas si basse et la portière est grande. Par contre la sensation de passer son pied droit de l’autre côté de la colonne de direction est assez originale. Tout est à la bonne place et le volant paraît énorme. Il n’est ni trop droit, ni trop à plat. Par contre sa texture déroute un peu. Un coup à vous filer des ampoules dans les Alpes. Heureusement ce n’est que l’Aube qui nous attend.

Allez, démarrage, à peine un coup de gaz et le moteur est lancé. Il est relativement silencieux au ralenti. Je regarde le mode d’emploi de la boite, sur la colonne de direction et bascule le levier à gauche en le tirant. Première enclenchée et je peux y aller. L’embrayage est un peu haut et le moteur prend du coup quelques tours. Combien ? Aucune idée, le compte tour n’a jamais été au programme ma ptite dame. Et là, déjà, ce n’est plus aussi silencieux… et c’est une « mélodie » bien connue qu’on retrouve. Le 602, c’est un 602. C’est comme un cléon ou un flat 6 Porsche, ça se reconnaît au bruit. Pour sortir de la place de Coursan en Othe la légèreté de la direction, combinée à un rayon de braquage faible font merveille.

Allez on accélère. La seconde et la troisième rentrent assez vite. La boîte est courte et rend l’auto presque véloce. Par contre le moteur mouline vite et dès qu’on approche des 50 on soulage nos oreilles avec la 4e. Là, l’accélération est tout de suite moins franche.

Avant de tourner : lire le mode d’emploi

J’approche doucement des 80 et du haut d’une cote où la route fait un beau virage à droite. Le propriétaire me prévient « attention quand même il est serré ». C’est vrai que je n’ai pas encore tâté des freins. J’aurais dû.

L’Ami 8 a beau avoir des disques à l’avant, c’est comme dans ma Simca, il ne seraient pas là, ce serait pareil. L’auto ralentit, à la force du pied droit mais pas aussi fort qu’on aurait pu le croire. On est trois dedans, ça doit jouer.
Le virage arrive, je repasse en troisième et je tourne. La direction qui savait se montrer si légère est devenue lourde ! J’aurais pas cru qu’elle ait pu changer autant ! Du coup je dois m’y reprendre pour bien attaquer le virage qui effectivement se referme bien. Au passage on tâte des suspensions Citroën qui s’affaissent… et élargissent la trajectoire.

Bon, ça m’aura servi de leçon. Les virages suivant confirment qu’il ne faut pas se montrer trop optimiste. Les freins restent fidèles à eux-même mais la direction est toujours aussi dure dès qu’on doit vraiment tourner. Dans les courbes rapides, on garde une certaine légèreté dans le volant. Mais les virages, les vrais, c’est autre chose.

Pour se relancer, la troisième n’est pas forcément votre meilleur alliée. Le moteur est petit et le couple n’est pas son fort. Pour se montrer performant le 602 doit être cravaché, quitte à grimper dans les tours. Il le fait sans rechigner, il est fait pour ça et le fera encore et encore tant qu’il est bien entretenu.

Popu ascendant pépère

Au final le reste de l’essai se fait à un train plus calme. Ça ne sert à rien d’aller chercher les 80 km/h pour se faire peur à soi… et au cycliste du dimanche sortir sous les 35° de l’après-midi. 60/70 sur les petites routes, c’est bien. 80 km/h quand les deux voies le permettent, c’est faisable. Les 110 km/h promis par le propriétaire une fois lancé… et bien on a pas encore assez de distance pour le faire.

Et à l’intérieur on vit comment ? Et bah plutôt pas mal. Les lombaires ne souffrent pas, ça aurait été un comble dans une Citroën. Malgré la chaleur ambiante on ne souffre pas outre mesure, les fenêtre avant grandes ouvertes laissent rentrer suffisamment d’air sans que ce ne soit assourdissant. Le moteur peut l’être, mais n’oublions pas que c’est le pied droit qui décide. Alors on roule à son rythme. Et on profite.

Conclusion

Une bonne populaire. Qui saura vous amener loin tant que vous ne devez pas trop lutter contre l’horloge. L’Ami 8 n’est certainement pas la première idée qui vous viendra au moment de chercher une populaire pour venir garnir votre garage. Et c’est dommage parce qu’elle le ferait remarquablement bien. Vous serez original en rasso et vous ne serez pas trop largué en balade. À envisager sérieusement !

Les plusLes moins
Une ligne originaleCette fameuse direction
Réellement abordablePerformances limitées
ConfortablePlus tellement courante
Image Note 2- Ami 8
Entretien Note 4- Ami 8
Plaisir de Conduite Note 2- Ami 8
Ergonomie Note 3- Ami 8
Facilité de conduite Note 3- Ami 8
Note Totale Note 14 20- Ami 8

Rouler en Citroën Ami 8

700.000 exemplaires mais combien de survivantes ? C’est bien le problème principal de celui qui aura eu un coup de cœur sur une Ami 8. L’Ami 6 est plus courante, pas beaucoup hein, mais plus clivante… et plus chère. Notre auto du jour représente un bon compromis.
On pourra trouver des modèles à partir de 3000 €, et en cherchant un modèle en super état comme celui du jour, on se rapprochera des 5000 €. Cela reste tout à fait abordable pour une auto utilisable au quotidien.

Niveau entretien : c’est un dérivé de 2CV. Côté mécanique, aucun soucis à se faire, tout se trouve en neuf, refabriqué ou d’époque. Par contre les pièces de carrosserie seront plus compliquées à dénicher.

À l’achat, on vérifiera bien la rouille, comme sur toute ancienne, mais aussi l’entretien du moteur. On vous l’a dit, il demande à être poussé dans les tours pour se rendre un tant soit peu performant. Ce n’est pas la fin du monde mais la lubrification doit suivre, les vidanges aussi. Un moteur fatigué ne sera pas un souci à changer mais son prix paraît démesuré comparé au prix d’une auto complète.

Fiche Technique de l’Ami 8
Mécanique Performances
Architecture 2 Cylindres à plat Vmax 123 km/h
Cylindrée 602 cm³ 0 à 100 km/h ​—
Soupapes 4 400m da
Puissance Max 35 ch à 5750 tr/min 1000m da
Couple Max 40 Nm à 4000 trs/min Poids / Puissance 20,7 kg/ch
Boîte de vitesse 4 rapports manuelle

Transmission Traction
Châssis Conso Mixte ±7 L/100 km
Position Moteur Longitudinale avant Conso Sportive —–
Freinage Disques AV et Tambours AR Cote 1972 ± 10.500 frs (10.300 € constants)
Dimensions Lxlxh 399 x 149 x 149 cm Cote 2019 3500 €
Poids 725 kg

Photo additionnelle : Citroën Origins

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Edouard

    Dommage que le flou de certaines photos viennent gâchées votre agréable reportage.

    Répondre · · 11 février 2020 à 15 h 24 min

  2. SAULNIER

    Ma première voiture était une Ami 8 confort de 1969 ( les premières) avec vitres coulissantes et freins à tambours.A 18 ans j avais toujours le pied au plancher, cela marchait fort dans un bruit et un roulis de deuche mais avec le confort de siège de DS , on s enfonçait dedans. J avais traversé la France pour les vacances, mais un jour j’ai percé un piston , il n en restait plus qu un! J ai du me résoudre à l abandonner au garage le plus proche, j en garde un très bon souvenir

    Répondre · · 15 juin 2020 à 9 h 27 min

  3. BRUNO LHUILLIER

    Bonjour,
    Belle voiture, j’en restore une de A à Z, pourriez-vous me faire une photo de la manchette qui part du cache ventilateur pour allez je ne sais ou !
    Merci d’avance.
    Bruno

    Répondre · · 25 février 2021 à 8 h 57 min

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