Sur les pistes de l’Histoire : Caen, deux époques… épiques !

Publié le par Benjamin

Sur les pistes de l’Histoire : Caen, deux époques… épiques !

Quand on parle de courses automobiles en Normandie on pense évidemment à Rouen et certains connaisseurs pousseront jusque Dieppe (on en reparlera). Mais ce serait oublier une autre cité Normande qui a accueilli des courses automobiles, sur deux périodes bien différentes : Caen. On vous parle de ces pistes.

Les Coupes de Normandie

Alors que Dieppe brille en 1908 en accueillant le Grand Prix de l’ACF au mois de Juillet, on se prépare du côté de Caen pour organiser la première édition de la Coupe de Normandie.

Pour le coup ce n’est pas une course de Grand Prix avec les voitures les plus rapides d’alors qui est organisée. La Coupe de Normandie 1908, organisée par L’Étoile Sportive de Caen, mettra aux prise des voiturettes avec trois courses.

Concernant le circuit, s’il est localisé à Caen, ce circuit de la Maladrerie n’en emprunte que les faubourgs ouest, à Carpiquet, où est donné le départ d’un tour de… 53 km ! Les coureurs iront ensuite à Bayeux par la Nationale 13. Ensuite, direction le sud pour rejoindre le Pont de Juvigny et reprendre à l’est direction Carpiquet. Quelques virages sont bien placés sur le parcours, en plus des trois gros changements de direction, mais les difficultés sont surtout les différentes localités traversées.

Trois courses sont donc au programme le 15 Août 1908 et chacune fera 4 tours… pour une distance qui dépasse tout de même les 200 km !

La première c’est le Grand Prix des Voiturettes qui est remporté par Barriaux sur son Alcyon en 2h 49 minutes et 25 secondes. Il ne devance Bac sur Werner que de 27 secondes tandis que Meaux de Saint-Marc, sur Ariès, termine 5 minutes plus tard. Les autres pilotes ont été retardés mais on voulu finir. Ainsi Gassier sur une autre Werner mettra 3h38min à compléter les 4 tours et Farcy sur sa Grégoire aura mis 4h et 5 minutes ! On notera les abandons de d’Avaray et de Montigny et le meilleur tour de Barriaux : 41 minutes et 5 secondes.

La deuxième course, celle des 4 cylindres avec 85 mm d’alésage, drôle de catégorie, est remportée par Pellecat sur une Ariès. C’est également une Ariès qui l’emporte dans la course des voiturettes de production avec Perrot au volant.

Un peu plus d’un an plus tard les concurrents se retrouvent au même endroit pour la deuxième Coupe de Normandie. L’organisateur est le même mais le tracé a changé. C’est au sud qu’il a été modifié, les coureurs ne passant plus par le Pont de Juvigny en reliant directement Tilly-sur-Seules à Fontenay-le-Pesnel. Le circuit est légèrement raccourci à cette occasion.

Le 30 Août il n’y a qu’une seule course au programme et elle fait 6 tours. C’est Georges Boillot qui l’emporte, évidemment sur une Lion-Peugeot, sa marque de toujours, motorisée par un gros bicylindre en V en 3h 11minutes et 27 secondes avec le meilleur tour en 30 minutes et 38 secondes.

Thomas sur une Le Gui arrive 14 minutes plus tard, Giuppone sur une autre Lion-Peugeot encore 5 minutes après et complète le podium.

Le circuit reste inchangé en 1910. Cette fois on va le parcourir à 5 reprises. Cependant la liste des autos au départ est maigre : trois pilotes, quatre autres ne pouvant s’élancer. Après l’abandon de Delpierre sur une Corre La Licorne, les Lion-Peugeot font le doublé avec leurs pilotes stars : Jules Goux, futur vainqueur des 500 Miles d’Indianapolis l’emporte devant Boillot qui se console avec le meilleur tour.

Et on va attendre longtemps le retour des courses à Caen…

Les Grand Prix Automobile de Caen

On fait un bond de 40 ans pour retrouver des courses automobiles à Caen. La ville a été totalement reconstruite après la guerre et un « terrain de jeu » est formé autour de l’hippodrome de la Prairie. Ceinturé par de larges boulevards, c’est un circuit tout trouvé !

C’est en 1952 qu’on organise le premier Grand Prix Automobile de Caen sous l’impulsion coordonnée de la mairie de Caen, de l’ACO et de l’écurie Léopard. Le circuit fait 3.5 km avec un tracé rapide mais de réels virages.

La première édition compte quatre courses. Dans la première les autos de tourisme sont à la fête et Salvi l’emporte sur Fiat 1100 devant Vidilles sur une Renault 4CV. Dans la course des 2 litres c’est Lecoutey, membre de l’écurie Léopard, qui gagne sur sa BMW et devant la Peugeot 203 de Pigne. La course des « gros cubes » voit la victoire de Marchand sur Ferrari devant Roboly et Simone sur Jaguar.

Mais la course principale, c’est celle des Formule 2. Et il y a du beau monde au départ. Ainsi le podium final est composé de Trintignant et Behra sur des Gordini T16 et de Rosier sur Ferrari 500.

Harry Schell a animé la course avant d’abandonner tandis que derrière la Ferrari 166 de Philippe classée 4e on retrouve 4 D.B dont celle de René Bonnet.

En 1953, le circuit reste identique et deux événement vont s’y courir. D’abord le Circuit Motocycliste de Caen le 28 Juin qui voit les victoires de Gaury (Morini) en 175 cm³, Hug (Norton) en 500 cm³ et la paire Michel-Dagan sur un side-car Norton.

Les automobiles viennent courir le Grand Prix le 25 Juillet. C’est par des courses voitures de tourisme, remportées respectivement par Cornet sur une D.B et Barthe sur une Simca, que commence le meeting.

Ensuite c’est une course d’endurance avec des voitures de sport qui est organisée. C’est une course à handicap, les plus grosses cylindrées partant après les petites. Ainsi la Talbot de Levegh part 30min 14s après les premiers !

Le souci c’est que les autos de faible cylindrée vont être très avantagées par la pluie qui se met à tomber sur le circuit. Du coup on retrouve sans trop de surprise la victoire de Chancel sur une Panhard X85 devant René Bonnet sur une D.B HBR et Mières sur une Gordini T15.

En 1954 le Grand Prix Automobile de Caen devient international. Ce sont les F1 qui vont courir, hors championnat évidemment. Côté automobiles, les Monomill proposent deux courses de démonstration tandis que les motos 500 cm³ sont présentes (avec Buggraf vainqueur sur Norton).

Côté F1 ce sont 10 autos qui sont engagées mais Mieres ne prendra pas le départ, blessé. La première ligne est composée de Trintignant sur Ferrari 625, Moss sur Maserati 250F et Behra sur Gordini T16. Et ils vont en effet animer la course. On trouve également au départ le Princie Bira et Harry Schell (Maserati), Berger et Bucci (Gordini) et Mazon et Rosier (Ferrari).

Dès le 4e tour Behra sort de la piste et terminera la course sur la voiture de Berger. Belle troisième place, loin derrière Moss et Trintignant qui se sont livré une belle bataille en fin de course.

La course reste dans les mémoires d’autant qu’en 1955 elle n’a pas lieu suite à l’accident du Mans.

Par contre le Grand Prix Automobile de Caen revient en 1956. Une course de voitures de sport voit la victoire de Blanchet sur une Panhard Dolomites. Une course moto a également lieu avant que les F1 et F2 ne prennent le départ. La pluie est toujours présente en cette fin août.

Si les Gordini sont en force, entre les T16 et les T32 et leur 8 cylindres en ligne, André Simon est le meilleur représentant à la seconde place, entre les Maserati 250F de Harry Schell, vainqueur et Roy Salvadori, 3e. On note aussi les participations de Manzon, Jean Lucas, Lois Rosier.

En 1957, les F1 sont toujours les têtes d’affiche mais les Gordini et Maserati ne sont pas engagées officiellement. La course des voitures de sport de moins de 1000 cm³ voit la victoire d’une Barquette D.B dotée d’un toit !

La course reine est remportée par Jean Behra sur une BRM P25 officielle, devant la Cooper de Salvadori et la Maserati privée de Halford. On note aussi les participations de Schell, Lucas, Brooks, Bonnier ou encore de Jack Brabham !

Behra au Grand Prix de Caen 1957-

On se retrouve le 20 Juillet 1958 pour le dernier Grand Prix Automobile de Caen. Une course de side-car et une de motos précèdent les F1.

Les Maserati 250F privées sont aux prises avec les monoplaces anglaises. C’est Stirling Moss qui va s’imposer sur la Cooper Climax de Rob Walker avec un tour d’avance sur les italiennes de Bonnier et Halford. Trintignant, Lewis-Evans, Behra et Schell se sont également distingués.

Par contre les F1 sont de plus en plus rapide et l’adaptation des rues de la ville en circuit est de plus en plus coûteuse. Ce Grand Prix 1958 sera le dernier, d’autant que le public peut désormais faire un déplacement assez court vers Rouen qui accueille le Grand Prix de France en championnat.

Les Circuits de Caen de nos jours

Pour ce qui est du premier circuit, il est toujours empruntable. Attention, pour être totalement raccord, il faudra sortir de N13 actuelle et suivre l’ancien tracé entre Caen et Bayeux. Et évidemment, ne pas essayer de reproduire les moyennes qui, même si elles ont plus de 100 ans, sont bien au dessus des limitations !

Concernant le circuit de la Prairie, la majeure partie est toujours accessible autour de l’hippodrome. Seule la partie sud, au bord de l’Orne, est désormais fermée à la circulation. On notera tout de même que le Grand Prix Automobile de Cane est régulièrement célébré à l’occasion du Rétro Festival de Caen dont la prochaine édition se tiendra en 2022.

En résumé pour accéder aux tracés :

Visuels initiaux : Oscar Plada
Photos complémentaires : Wikimédia et
Sources complémentaires : Panhard Racing Team

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.