Sur les pistes de l’Histoire : Aix-Les-Bains, des F2 et un drame

Alors que le Tour Auto 2021 (le parcours et les horaires sont ici) s’apprête à y poser ses bagages, beaucoup de concurrents et beaucoup de spectateurs passeront par les rues qui accueillirent de très grands pilotes dans les années 50… et un drame dans les années 60. On vous raconte l’histoire du Circuit du Lac à Aix-les-Bains.

La F2 au bord du lac

Une fois la guerre terminée, les courses reprennent. Si certaines disparaissent, d’autres se lancent.

C’est le cas à Aix-Les-Bains au bord du lac du Bourget. Station thermale réputée, elle compte sur la course automobile pour accroître son prestige. Si les courses de « Grand Prix », c’est à dire les futures F1, sont difficilement finançables, les primes de départ sont chères et la concurrence énorme, les F2 se montrent plus abordables.

C’est ainsi que le 21 Juin a lieu la première course du Circuit du Lac. Seules les F2 sont donc au départ sur un circuit urbain tracé autour du carrefour du Lac. Les roues sont bordées d’arbres et pas si larges… ce qui n’empêche pas un tracé de 1,7 km de voir le jour.

Pour cette première course, les pilotes vont avoir le temps de le découvrir ! Il y a deux manches qualificatives de 40 tours (deux groupes disctincts) et une finale de 57 tours.

Le Comte italien Bruno Sterzi sur Ferrari 166 remporte la première manche, « Eymart » sur Simca-Gordini remporte la seconde.

Pourtant c’est Eugène Martin qui va gagner la finale sur sa Jicey 2 à moteur BMW. Il devance d’un rien le tandem formé par Eymart et Maurice Trintignant (qui a abandonné sur bris de boîte de vitesse). René Bonnet, sur une D.B qui a encore son moteur Citroën complète le podium.

On note cependant de nombreux noms connus dans les participants qui ont soit abandonné, comme Robert Manzon sur Gordini, ou n’ont pas passé le cap des premières manches comme « Raph ».

Après cette première édition à succès, on retrouve les F2 le 28 Mai 1950, sur le même tracé. Des courses de motos sont organisées en ouverture et voient les victoires de Vaque (125), Monneret (350), Pagani (500) et Haldermann/Albisser (Sidecar).

La course a attiré de beaux noms et se déroule toujours avec deux manches qualificatives et une finale. Les deux manches sont remportées par Raymond Sommer sur Ferrari 166 et Harry Schell sur Cooper T12. Le jeune Stirling Moss est bien présent sur une HWM Alta mais ne prend pas le départ. Manzon a abandonné dans la première manche, tout comme René Bonnet.

Harry Schell ne pourra pas défendre ses chances bien longtemps et abandonne peu après la mi-course. C’est Sommer qui va l’emporter avec un tour d’avance sur 5 Simca-Gordini, celles de Simon, Trintignant, Branca, Gordini et Mieres.

En 1951 les motos voient le sacre de Gerber (350 et 500) et Oliver/Dobelli (Sidecar).

On suit toujours le même schéma de course. Rudi Fischer sur Ferrari 212/166 s’impose dans la première manche ou seules 3 sont classées. Stirling Moss l’emporte dans la seconde sur sa HWM. Lance Macklin et Harry Schell abandonnent tous les deux.

Pour la finale, ce sont eux qui vont se battre pour la victoire mais le Suisse va triompher du Britannique. Tous les autres concurrents sont à un tour, Simon sur Gordini prend la 3e place, ou figurent sur la liste des abandons. Ceux-ci se nomment Trintignant ou Manzon par exemple.

En 1952 le circuit est profondément modifié. On s’éloigne plus de lac en suivant le Boulevard Charcot et on fait demi-tour à la Place Jean Lahor.

Avec seulement 12 pilotes au départ, on a pas besoin des deux manches qualificatives. Mais pour offrir du spectacle, il y aura tout de même deux courses et c’est l’addition des temps qui donnera le vainqueur.

Jean Behra va se montrer intraitable sur sa Gordini 16. Il signe la pôle, s’impose dans la première course, puis la seconde. Il devance Macklin, troisième de la première course (derrière Manzon qui abandonne dans la seconde) et deuxième de la seconde course. Le Baron de Graffenried est 3e (4e et 3e) et devance Harry Schell, tous deux sur Maserati 4CLT/48. À noter qu’Eugène Martin, le premier vainqueur à Aix-Les-Bains a retentés sa chance… et a perdu une roue !

Les règles seront les mêmes le 26 Juin 1953 mais on a de nouveau modifié le circuit ! Il descend désormais le long du Boulevard Charcot et ne fait plus sa petite boucle face à la plage. La longueur est de 2400m.

Les deux courses rassemblent toujours des F2 et du beau monde. Behra gagne la première course mais abandonne dans la seconde. Bayol, sur Osca 20, deuxième de la première manche, remporte la seconde et la victoire finale devant Rosier et sa Ferrari 500 (3e et 2e) et Macklin (4e et 3e).

Trintignant a une nouvelle fois abandonné, tout comme Schell ou de Graffenried. Peter Collins n’a pas vu l’arrivée de la seconde course sur une HWM.

Ensuite il va s’écouler plusieurs années sans courses sur le Circuit du lac d’Aix-les-Bains. Mais en Mai 1960 il reprend du service à l’occasion d’une course de Formule Junior. La course bat son plein quand arrive le drame. Une passerelle située au dessus de la piste, accueillant officiels et journalistes, s’effondre lors du 5e tour. Chris Threnfall, un anglais de 30 ans arrive lancé et percute cet amas de corps et de bois. 7 morts (dont le pilote) et 37 blessés sont comptabilisés. C’est la fin définitive des courses à Aix-les-Bains.

Le circuit du Lac d’Aix-les-Bains de nos jours

Attention, pour le coup ce n’est pas aisé ! Si les précédents tracés qu’on vous a présenté dans ces colonnes existent toujours, dans le cas d’Aix-les-Bains, l’urbanisme a fait des dégâts.

Une bonne partie des routes empruntées n’existe tout simplement plus ! On vous laisse découvrir tout cela. Et rendez-vous Mercredi soir, à Aix-les-Bains pour y revoir de magnifiques Bolides.

Visuels initiaux : Oscar Plada
Photos complémentaires :