Rust’in, la deudeuche préférée de Jérémie 

A l’heure où les médias s’intéressent à nos chères voitures anciennes, et où la Citroën 2CV vient d’être élue « La Voiture préférée de Français », je me retrouve, lors d’un roulage circuit, en compagnie d’une d’entre elles, et au parcours plutôt atypique. Là où on s’attend passer une journée autour de belles autos venues se détendre, en « Full Mode », voilà que cette 2 CV vient troubler le parc habituel. Son propriétaire Jérémie, l’a surnommée Rust’in et vous comprendrez rapidement pourquoi…

Nous reviendrons sur cette journée, même si le plateau fut riche en autos modernes. La collaboration des commissaires de piste, et le respect des pilotes plus ou moins confirmés, ont facilité le bon déroulement de cette journée, malgré les grandes différences de puissances.

Jérémie et sa bonne vieille Rust’in.

Voilà la cocasse association, d’un jeune loup et d’une mythique ancienne.

Jérémie
J’ai donc acheté ma 2CV, Rust’in, dans une casse auto près de chez moi en 1996 pour 270 euros. J’avais alors 16 ans. A l’époque, le casseur ne pouvait pas la vendre, j’ai donc acheté la caisse. Puis je suis revenu plus tard acheter le châssis. Je l’ai restaurée selon mes goûts.

Dès que j’ai eu mon permis, je suis parti avec une copine pour le Maroc. Le moteur a coulé une bielle à Bordeaux. Nous avons réussi à trouver un autre moteur dans un jardin, recouvert de feuilles mortes. Le propriétaire m’a dit : «Si vous arrivez à le mettre en route, je vous le donne !». Et c’est grâce à ce nouveau moteur, que nous sommes descendus à Marrakech.
Nous dormions dans la 2cv, ma copine à l’arrière, sur tous les bagages, moi,  plié en deux  sur la banquette avant… après avoir démonté le volant (tous les soirs).

Retour en France. Mais tout de même, avec une nouvelle mécanique, puisque celle de Bordeaux a rendu l’âme au Maroc. Ensuite, Jérémie s’est séparé de son auto… Rassurez-vous Rust’in est de retour… deux ans plus tard. Elle est retrouvée, cette fois dans un « Dépôt Vente », Jérémie la rachète.

Jérémie retrouve donc « Rust’in » pour un usage quotidien. Et comme les vacances de fin d’année arrivent, différentes destinations se dessinent. Tout d’abord les Vosges, pour le ski et puis la Belgique et le Nouvel An en Allemagne. Au retour Rust’in est très très fatiguée et est remisée quelques temps…

Jeune et plein d’idée pour refaire rouler Rust’in

Jérémie
La belle s’abimait et fut stockée au fond du jardin, durant quelques temps, jusqu’à ce que l’idée de la préparer pour les 24 Heures 2CV de Spa-Francorchamps, prenne effet.
Avec les copains, c’est ce que nous avons tenté. Et en 2011, nous prenions le départ avec le plus petit budget engagé, pour terminer à la 54eme place, sur 55 voitures au départ.

En 2012, nous terminons la même épreuve, 23e au classement général ! D’autres éditions se succèdent, mais avec beaucoup moins de chance : 2013 et 2014 où nous finissons la course, mais avec pas mal de pépins : casses moteurs, casse bras de roue, sortie de piste…

Rust’in résistera malgré son piteux état

L’auto fut reconstruite intégralement, pour qu’elle retrouve toute sa jeunesse, car l’objectif des 24Heures 2CV de Spa-Francorchamps 2015, c’est le podium !

Dès le début de la course nous sommes en première position de notre catégorie, et ça jusque dans la nuit où un concurrent d’une autre catégorie, envoie Rust’in dans un mur de pneus et contraint l’équipage à l’abandon. Verdict, pilote indemne mais châssis plié, caisse déformée, arceau plié… Rust’in est morte !

La bonne étoile poursuit… Rust’in

Alors que Rust’in rentre de Belgique, en mille morceaux, sur le plateau, c’est une chaîne de solidarité qui va se mettre en place. Une éternelle renaissance prend forme avec des dons de pièces, caisse compète, châssis, éléments de carrosserie… Si certains pensaient construire une nouvelle auto, les sentiments furent trop forts pour conserver l’âme Rust’in. Il a donc fallu retrousser les manches et commencer les greffes.

En 2022, Rust’in renaît, malgré ses importantes cicatrices et retrouvera cette fois, l’Angleterre, pour les 24 Heures de Snetterton.

Actuellement, en 2023, si Rust’in est désormais en copropriété avec l’ami Marty, l’édition des prochaines 24 Heures 2CV de Snetterton est au programme. Grâce au Club organisateur le Classic & Racing 901 Atlantique, j’ai pu profiter pleinement des tests de Rust’in, en vue de ses futurs projets d’Endurance.

Perso, sur le bord de la piste, j’ai été agréablement surpris par son comportement, par rapport à son potentiel mécanique. Une question m’échappe, Rust’in aurait-elle des petites sœurs, avec une telle histoire ?…

Pour les amateurs de détails, voilà une liste de la préparation de Rust’in :

Moteur et boîte :
Boîte de vitesse d’origine, mais Moteur légèrement optimisé (distribution et culasses) admission d’air (comme les Dyane), allumage électronique et bobine sèche.

Châssis :
Freins AV à disque, bras AR renforcés, bras AV, angle de chasse et de pivot modifié + renforts, ressorts de suspension avec +170% de dureté et amortisseurs Bilstein.

Caisse et carrosserie :
Vitrage en plexis, Goulotte de remplissage d’essence rapide, face AV démontable en un seul bloc… Éléments de sécurité (arceau, extincteur automatique, coupe circuit, baquet et harnais).

Retrouvons notre mascotte en action, avec ou sans ses concurrentes du jour, histoire d’avoir un aperçu de ses rivales. Croisons les doigts pour que l’on suive encore l’épopée folle de cette attachante RUST’IN.

Merci à Jérémie pour avoir largement contribué à ce reportage, en témoignages et en photos. Vous pourrez suivre ses prochaines aventures par ici.

Quelques photos encore en compagnie du si peu d’anciennes présentes, notamment des Porsche 911 et quelques autres, des autos d’après l’année 2000, à très vite.