Nissan R390 GT1, rareté sur la piste ET sur la route !

Publié le par Benjamin

Nissan R390 GT1, rareté sur la piste ET sur la route !

L’an dernier, l’une d’elles était la vedette du concours de la Villa d’Este. Alors que les 25 ans de son podium manceau approchent, cette Nissan R390 GT1 va se lancer dans quelques semaines dans un beau road-trip. L’occasion de revenir sur l’histoire de cette auto particulière.

Nissan au Mans

Dès le milieu des années 80, la marque japonaise est en course aux 24h du Mans. C’est l’époque du Groupe C et les R85 V, R86 V, R87 E, R88 S et C et R89C terminent, mais dans le ventre mou de l’épreuve. Tout change en 1990. La Nissan R90 CK de Bailey, Brancatelli et Blundell signe la pôle position, la R90 CP de Suzuki, Hasemi et Hoshino est 3e, les CK de Daly, Brabham et Robinson et de Donnelly, Acheson et Grouillard sont 4e et 5e. Seule la CP sera bien classée à l’arrivée et décroche le premier Top 5 pour la marque.

Nissan R90 CP- Nissan R390 GT1

En 1994, ce sont des 300 ZX échappées de l’IMSA GTS qui sont en piste, avec une nouvelle 5e place à la clé pour O’Connell, Morton et Millen. En 1995, l’usine revient à la charge, cette fois dans la catégorie GT1, celle qui impose de dériver les autos de course des voitures de route. L’esprit est respecté avec des Skyline GTR LM mais les McLaren sont trop fortes et l’aventure se solde avec une 10e place comme meilleur résultat en 1995 et une 29e place en 1996. La recette ne prend pas.

Nissan Dkyline GT R LM- Nissan R390 GT1

Nissan va alors succomber à la tentation. Comme Porsche avec sa 911 GT1, la marque se lance dans un programme beaucoup plus ambitieux.

La Nissan R390 GT1 en 1997

Pour ce projet ambitieux, Nissan décide de ne pas y aller seul. Les succès du Groupe C avaient été obtenus avec Lola. Mais au milieu des années 90, c’est TWR qui a la côte. Le Tom Walkinshaw Racing a conçu une vraie bête de course du temps des Sports 3.5 avec la Jaguar XJR-14. Celle-ci a été reprise par Porsche, décapsulée et dotée d’un moteur de 962 et a remporté les 24h du Mans 1996 !

TWR va donc concevoir la nouvelle voiture de Nissan. Pour coller à la réglementation, on va d’abord construire une voiture de route, une seule doit être construite, même pas vendue, et ensuite on en dérivera les voitures de course.

Le châssis est entièrement en fibre de carbone, les suspensions font appel à des bras triangulés, les amortisseurs et ressorts sont déportés et on la dote de barres antiroulis. Les freins sont énormes et embarquent l’ABS. D’ailleurs, l’électronique est également présente dans la gestion du moteur. Le moteur, c’est simplement le V8 à double turbo utilisé en 1990. Mis à jour avec un launch control qui réduit l’arrivée de carburant dans les cylindres, il permet de sortir 560ch une fois les brides en place. Il transmet sa puissance aux roues arrière via une boîte séquentielle Xtrac.

Moteur de la Nissan R390 GT1- Nissan R390 GT1

Pour le design, TWR fait appel à son designer interne, Ian Callum, qui a signé un coup de maître quand la société a été chargée de concevoir l’Aston Martin DB7. Inspiré, il arrive à concevoir une ligne très aérodynamique tout en y insérant les feux avant de la Nissan 300 ZX.

La Nissan R390 GT1 de 1997

Le nom de baptême c’est donc la Nissan R390 GT1, le R390 faisant références aux premiers bolides de la marque dans les années 60. La voiture de route impressionne déjà. En plus d’être une vraie voiture de course, elle reçoit une instrumentation complète, et ses sièges sont recouverts de cuir. Sinon, les différences s’arrêtent là ! C’est évidemment la voiture de route la plus chère conçue par Nissan mais la marque n’a aucune intention de la vendre !

Côté course, trois Nissan R390 GT1 sont construites. Aux essais pré-qualificatifs des 24h du Mans 1997, le 4 Mai, Brundle et Müller signent le meilleur temps. Les deux autres autos sont 12e et 17e.

Vient alors la grand messe. Aux qualifs, c’est l’équipage Van de Poele, Patrese, Suzuki (#21) qui se distingue avec une 3e place sur la grille, derrière une TWR-Porsche et une Porsche GT1 mais devant d’autres Porsche et les McLaren. Müller, Brundle et Taylor sont 7e (#22) et Kageyama, Hoshino et Erik Comas sont 14e (#23).

En course, la Nissan R390 GT1 va montrer qu’elle est encore jeune. Seule la 23 va rallier l’arrivée mais la 12e place (5e des GT1) n’est pas satisfaisante pour l’équipe.

D’ailleurs, les Nissan R390 GT1 en restent là pour la saison. Aucun engagement ne se fait en championnat et on se donne rendez-vous au même endroit, un an plus tard !

La Nissan R390 GT1 en 1998

En l’absence d’un gros programme de course, la Nissan R390 GT1 a le temps de se développer. La voiture va surtout être retravaillée côté aérodynamique. Comme c’est arrivé à de nombreuses autos du Mans précédemment, on va allonger l’arrière afin de gagner en vitesse dans les Hunaudières. Cette queue longue n’est pas si anodine puisqu’elle oblige à fabriquer une seconde voiture de route, la bleue, plus connue que la précédente.

Cette fois, c’est une armada qui débarque aux 24h du Mans 1998. La Nissan R390 GT1 #R1, a été mise à niveau et sera épaulée par trois nouvelles voitures (et une quatrième est en réserve) ! La voiture de 1997 portera le n°33, sera reconnaissable à sa couleur verte et sera emmenée par Kurosawa, Motoyama et Kageyama. Les trois autres voitures sont recouvertes d’un damier bleu. Nielsen, Lagorce et Krumm piloteront la n°30, Comas, Montermini et Lammers la n°31 et un autre équipage 100% japonais, Hoshino, Suzuki et Kageyama pilotera la n°32.

C’est la 30 qui est la plus rapide aux essais. Seulement la concurrence est encore plus rude et elle est devancée par les Mercedes, Toyota, Porsche et même la LMP1 de BMW et ne prend donc qu’une 10e place. La 31 et 13e, la 32 est 14e et la 33 est 19e.

La course montre bien ce qu’est l’endurance : avant de gagner, il faut terminer. Les BMW et Toyota abandonnent rapidement. À la mi-course, la Nissan R390 GT1 de Nielsen, Lagorce et Krumm est 3e. À 6h de l’arrivée, elle a chuté au classement, elle n’est plus que 5e mais c’est la 32 qui est sur la 3e marche du podium, derrière une Toyota et une Porsche. Si la Toyota abandonne à midi, la seconde Porsche GT1 dépasse la japonaise pour signer un doublé allemand.

La Nissan R390 GT1 termine cependant ses 2e 24h du Mans avec un podium pour son équipage « historique » et 100% Japonais tandis que la 30 prend la 5e place, juste devant la 31 et que la 33 termine 10e. Quatre autos dans les 10 premières, Nissan marque un grand coup !

Néanmoins, on décide… d’arrêter là ! Toujours pas de championnat au programme et la réglementation GT1 est modifiée. Les prototypes LMP1 sont moins couteux et c’est la voie que va prendre Nissan.

Les Nissan R390 GT1 de nos jours

De nos jours tous les châssis de Nissan R390 GT1 sont conservés dans la Nissan Heritage Collection à Yokohama au Japon. Toutes ? Plus maintenant !

La Nissan R390 GT1 #R8 est celle a terminé 5e des 24h du Mans 1998. Elle est sortie du musée en 2019 et a ensuite été exposée chez Ascott Collection à Rétromobile en 2020.

On retrouve sa trace au Concours d’Élégance de la Villa d’Este en 2022. Son propriétaire est connu : Erik Comas, qui a donc couru à son bord ! Sauf que l’auto a été profondément transformée ! En fait elle a été restaurée en Italie pendant deux ans ! Au moment où elle a été montrée à la Villa d’Este elle n’était d’ailleurs pas terminée. Son moteur a été libéré en enlevant la bride et sort désormais environ 1000ch ! Une puissance suffisante pour atteindre 350 km/h… mais ce n’est plus son objectif !

Erik Comas a en effet confié à Sport-Auto.ch, en marge du concours, que c’est désormais une voiture de route ! L’objectif est en effet de la surélever de 3 centimètres pour pouvoir l’amener, par la route, en road-trip depuis la Suisse jusqu’aux 24h du Mans 2023, l’édition du centenaire mais aussi 25 ans après y avoir brillé !

Un road-trip à suivre… en espérant revoir sur la piste, pourquoi pas au Mans Classic, l’une des autres Nissan R390 GT1, et pourquoi pas en course !

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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