[Lexique de la voiture ancienne] #14 le Targa

Cette semaine, vu que c’est l’été et qu’on aimerait bien rouler les cheveux au vent, on s’attarde sur l’appellation de certaines découvrables. Ce sont des Targa… même si une seule auto a finalement le droit de porter ce nom !

Le contexte

Le Targa est donc le terme qui désigne un style spécifique de voitures anciennes (ou pas) découvrables. Après les cabriolets, les roadsters, et même après les speedsters, le Targa, c’est la dernière invention en date (puisque le Coupé-Cabriolet remonte en fait aux années 30).

Le principe peut d’ailleurs se rapprocher du coupé-cabriolet puisque le Targa permet d’avoir un toit rigide mais amovible. Il transforme ainsi un coupé en cabriolet. Là où il se différencie d’un cabriolet qui emporterait un hard-top, c’est que la lunette arrière et une sorte d’arceau derrière les occupants, reste en place alors que le pavillon est démonté.

Ce principe est assez récent et n’a gagné son nom qu’après qu’il ait été employé par une auto mythique.

L’histoire des Targa

La première Targa ne portait donc pas ce nom. Nous sommes en 1958 et Vignale propose un élégant coupé, aux airs d’américaine et aux lignes qui rappellent furieusement la Volvo P1800. La base est une Fiat 1200 et le Wonderful Coupé propose en fait d’enlever le haut, momentanément, et le ranger dans le coffre. C’est une auto unique mais elle a lancé l’idée.

Pourquoi ne l’a-t-on pas fait avant ? Parce qu’il faut quand même des matériaux de bonne facture pour garantir une rigidité suffisante pour rouler sans le toit… et pouvoir le remettre sans que l’auto ne soit « tordue ».

Le dessin de cette Fiat est signé Michelotti. Le même designer qui va proposer la même chose sur une anglaise : la TR4. Suivront quelques protos, ou des voitures de course, comme la Ford GT40 Roadster, au début des années 60 mais ce toit amovible n’est toujours pas produit en série.

L’idée va séduire à Stuttgart. La Porsche 911 901 a fait l’impasse sur le cabriolet pour mieux satisfaire le sport. La solution apportant plus de rigidité qu’un cabriolet, c’est celle choisie et exposée au salon de Francfort 1965. Ce nouveau type de carrosserie est proposé sur les 911 ET 912 et porte le nom d’une course mythique remportée par Porsche : la Targa (Florio). L’auto se fait remarquer avec ce système mais également avec son arceau métallique.

L’idée va vite se répandre. En France, la Matra 530 l’adopte. En Italie, c’est la Miura Roadster qui l’adopte (elle n’est donc pas un roadster). Suit ensuite la Fiat X1/9, la plus produite hors 911 (174.000 exemplaires entre 1972 et 1989). Aucune de ces autos ne peut s’appeler Targa pour autant. Le nom est déposé par Porsche.

Plus les années passent, plus les exemples sont nombreux. Les Ferrari s’y mettent, même si elles l’avaient déjà adopté sur leurs voitures de course des années 60. Ainsi, les GTS ne sont pas de vrais Spider mais des Targa. À détroit, c’est la Chevrolet Corvette C4 qui popularise le système (en remplacement du « T-Top ») qui se range (pas facilement) sous la verrière arrière.

Porsche a évidemment enfoncé le clou. La Porsche 914 est exclusivement une Targa. La 924 peut le recevoir. Malgré l’apparition de véritables cabriolets dans la gamme 911, la Targa reste au programme. Et elle a gardé ses arches qui tranchent avec la couleur de la carrosserie (sauf sur les 993 et 993).

Le terme Targa est donc devenu à la fois générique et spécifique aux Porsche. En tout cas, il n’a pas été détourné vers une autre carrosserie découvrable par un quelconque service marketing, et c’est tant mieux !

Photos supplémentaires : Wheelsage