Concepts et Études, ép. 10 : Iso Grifo 90, griffon n’est pas phénix

Publié le par Pierre

Concepts et Études, ép. 10 : Iso Grifo 90, griffon n’est pas phénix

Parce que toutes les autos anciennes ne sont pas arrivées sur nos routes, on va vous proposer d’en découvrir régulièrement. Rendez-vous pour cela le 3e dimanche de chaque mois (les autres sont là). Aujourd’hui, abordons l’Iso Grifo 90.

Iso Rivolta fait partie de ces marques italiennes qui m’a toujours fasciné, au même titre que De Tomaso (Nous parlions d’ailleurs récemment de ces italiennes au cœur américain). Est-ce par attrait pour les « petits » plus que pour les constructeurs sur le devant de la scène ? Je ne saurai le dire. En revanche, je ne pensais pas que la Grifo 90, que j’avais découvert étant tout gamin, n’avait jamais atteint la production et que son histoire serait aussi mouvementée.

Iso, une entreprise à l’histoire chaotique

La marque nait en 1939 , à Gènes, sous le nom d’Isothermos. L’entreprise produit alors des systèmes de réfrigération. En 1942, Renzo Rivolta, le fondateur de l’entreprise, déménage l’usine à Bresso, dans la banlieue de Milan. Dès 1948, l’entreprise change d’activités. Finis les frigos, place aux motos, scooters et triporteurs. L’entreprise prend alors le nom d’ Iso Autoveicoli.

Dans les années 50, Renzo Rivolta décide d’étendre sa gamme à la production automobile et lance l’Isetta qui, malgré une courte carrière en Italie, rencontrera un succès certains à l’étranger ou elle est produite sous licence.

La manne financière venant des contrats de licence permet de passer à la vitesse supérieure. Iso se tourne vers les voitures de grand tourisme. Et il faut être honnête, entre Renzo Rivolta aux finances, Giotti Bizzarrini au développement et Giorgetto Giugiaro au design pour Bertone, l’équipe a tout d’une dream team.

Grâce à ce trio infernal, en 1962 le public découvre l’Iso Rivolta un coupé grand tourisme équipé d’un V8 Chevrolet développant 300 chevaux. L’année suivante, ils récidivent avec la Grifo, qui restera sans nul doute le modèle le plus marquant de la marque.

Malheureusement, en 1966, Renzo Rivolta décède et son fils, Piero, est catapulté à la direction, à seulement 25 ans. L’entreprise survivra quelques années. Cependant, les deux nouveaux modèles, les Fidia et Lele, ainsi que le déménagement de Bresso à Varedo (toujours dans la banlieue de Milan), mettent à mal les finances de l’entreprise.

En 1973, Piero Rivolta est obligé de vendre la compagnie familiale à une investisseur italo-américain, Ivo Pera, qui renommera l’entreprise Iso Motors, avant de déclarer faillite en 1974.

La Grifo 90, le retour du grifon

A l’aune des années 90, Piero Rivolta n’a toujours pas accepté le destin de la compagnie familiale. Il entre en contact avec Dallara afin de développer le châssis, Callaway pour le moteur (un V8 de Corvette boosté par deux turbos) et Marcello Gandini pour le design de la voiture.

Une maquette en bois à l’échelle 1:1 est présentée en 1991, avec pour objectif de produire 200 Grifo 90 par an. Une nouvelle usine doit être construite dans la région des Pouilles, au sud de l’Italie. Malheureusement, la bulle économique des années 80 éclate et les subsides promises par le gouvernement italien n’arriveront jamais.

Avec le recul, même si la voiture était entrée en production, il n’est pas certain que la voiture ait pu rencontrer le succès. Son design, résolument original, est assez clivant.

Du rêve à la réalité, 20 ans plus tard

La maquette de la Grifo 90 avait disparu des radars, jusqu’à ce que Federico Bonomelli ne la retrouve en 2002. Bonelli, collectionneur d’Iso Rivolta, est le fondateur de l’entreprise Mako Shark, spécialisée dans les matériaux composites.

En 2007, il entre en contact avec Piero Rivolta, avec une requète assez inhabituelle. Il souhaite produire la Grifo 90 à une douzaine d’exemplaires. La réponse de Piero Rivolta l’est tout autant : il va directement entrer en contact avec certains des acteurs du projet original afin d’aider à réaliser le projet abandonné deux décennies plus tôt.

Zagato et Marcello Gandini viennent donc seconder Federico Bonelli. Bien évidemment, les finances ne permettent pas de créer une voiture de toute pièces. La voiture sera basée sur une Chevrolet Corvette C5 Z06.

La version définitive est présentée au Concours d’Elégance de Villa d’Este en 2010, prête à entrer en production. Malheureusement, une fois encore, l’économie mondiale entre au ralenti. Et des douze Grifo 90 prévues, il n’existera jamais que celle-ci.

Crédits photo : Iso, An Italian Garage

Pierre

Tombé dans la marmite automobile quand il était petit, il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2015. Expatrié en Angleterre depuis Mai 2016, il nous partage les évènements de là-bas. En dehors de ça, il partage une bonne partie de son temps sur la route entre une Opel Ascona et une Mazda RX-8.

Commentaires

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.