Giotto Bizzarrini, l’ingénieur derrière les plus mythiques des sportives, est décédé

Publié le par Benjamin

Giotto Bizzarrini, l’ingénieur derrière les plus mythiques des sportives, est décédé

On l’a appris hier. C’est un ingénieur connu pour avoir donné son nom a une marque de sportives et moins connu pour avoir participé à la conception de certaines autos les plus mythiques d’Italie qui nous a quitté à 96 ans. On rend hommage à Giotto Bizzarrini.

Une ascension fulgurante

Le 6 Juin 1926 c’est à Livourne que naît notre homme. Si son père est un riche exploitant agricole, son grand-père était déjà un homme de science qui a travaillé dans le domaine des ondes radio. Giotto Bizzarrini va suivre sa trace et obtient son diplôme d’ingénieur de l’université de Pise en 1953. Déjà, il a mis le pied dans l’univers qui le passionne : son projet de dernière année vise à modifier une Fiat 500 Topolino. Le châssis est modifié, la puissance accrue, il montre déjà son savoir-faire !

Giotto Bizzarrini et la Fiat Topolino modifiée

Son premier emploi, il le trouve chez Alfa Romeo dès 1954. Il va y rester trois ans et être un peu déçu. Il aspire à être motoriste, pourtant c’est au développement du châssis de la Giulietta qu’il est affecté. Néanmoins, cette expérience se révèle intéressante puisqu’il finit par être affecté au département expérimental et devient, accessoirement, pilote d’essai.

Au bout de ces trois années, c’est en tant que pilote d’essai qu’il entre chez Ferrari. Là il travaille au développement des différentes autos du groupe, autant sur la 250 Testa Rossa que sur les mythiques 250 GT SWB ou 250 GTO. Il est d’ailleurs l’ingénieur en chef de la marque au début des années 60. Un poste envié qu’il ne va pas conserver très longtemps.

La « révolution de Palais » lui donne des ailes

En 1961 un « schisme » se produit chez Ferrari. Enzo se fâche avec certains de ses cadres. On retrouve parmi ceux-là Carlo Chitti, directeur Technique de la Scuderia, Romolo Tavoni, directeur sportif, et Giotto Bizzarrini. Ce dernier suit Chitti dans l’aventure ATS qui va être financée par le Comte Volpi. L’aventure, qui doit amener à un engagement en F1, prend trop de temps et l’aventure tourne court.

Giotto Bizzarrini est alors missionné par le Comte Volpi pour créer sa propre alternative à la Ferrari 250 GTO, sur la base d’une 250 GT SWB. Quoi de mieux que le créateur de la GTO pour la battre ? L’ingénieur a carte blanche et va créer la Ferrari « hors-série » la plus célèbre de l’histoire.

L’aventure du Comte Volpi n’est pas suffisante pour Giotto Bizzarrini qui va voler de ses propres ailes et créer la société Autostar. Son objectif est alors atteint : il développe des moteurs. C’est ainsi qu’il va achever ce qu’il avait commencé sur l’ASA 1000 GT mais surtout, il est approché par un célèbre fabricant de tracteur, déçu des Ferrari : Ferruccio Lamborghini.

Avec Autostar, il a développé un V12 à 60° de 3,5 litres de cylindrée. Ce moteur va se retrouver sous le capot de la première des Lamborghini de série, la 350 GT. Mieux, il va être le moteur « de base » de la marque pendant des années, surtout après avoir été revu par l’équipe d’un autre grand nom italien : Dallara. De la Miura à la Countach et jusqu’à la Murcielago, toutes les Lambo V12 auront un peu de Giotto Bizzarrini en elles !

Les projets s’enchaînent à toute vitesse. Après ces quelques expériences, Autostar est contacté par Renzo Rivolta qui a fondé Iso Rivolta. Pour cette, autre, nouvelle société italienne, Giotto Bizzarrini va se contenter de travailler sur le châssis, la motorisation étant confiée à de gros V8 américains. Naissent ainsi l’Iso Rivolta IR 300 mais aussi l’Iso Griffo.

Cependant, la collaboration tourne court. Si la Griffo est présentée en 1965, c’est la même année que Giotto Bizzarrini décide de voler de ses propres ailes avec une auto qui dérive de la version de course Griffo A3C. C’est ainsi que naît la Bizzarrini 5300 GT Strada, version de route de l’A3C. Ces autos vont être produites à 133 exemplaires jusqu’en 1968. En parallèle elles sont engagées en course mais, hormis une victoire de classe aux 24h du Mans 1965, les résultats seront rares.

Une auto plus petite, reprenant le même dessin est lancée en 1966. Devant être motorisée par un 4 cylindres Fiat, c’est finalement avec un 1,9L Opel que la Bizzarrini Europa va naître. Très peu d’exemplaires, une douzaine à peine, seront fabriqués.

Enfin, la même année est présentée la Bizzarrini P538, une barquette dont trois exemplaires seront fabriqués sans vrai résultat en course.

En 1968 on reprend un des châssis de la barquette qu’on habille avec une carrosserie signée Bertone, c’est la Manta. Malheureusement, la marque est exsangue. Giotto Bizzarrini doit arrêter son aventure.

Les derniers projets de Giotto Bizzarrini

Reprenant son activité de concepteur « extérieur », Giotto Bizzarrini va notamment travailler pour General Motors. C’est lui qui va créer le prototype AMX/3, une auto ambitieuse dont le coût sera dissuasif et dont la version « finale » n’aura plus rien de commun !

Retromobile 2022 les pepites de Benjamin 5- Giotto Bizzarrini

Si Giotto Bizzarrini se retire par la suite du monde de l’automobile pour devenir un « simple » enseignant à l’université de Rome, son œuvre le poursuit. Ainsi différents passionnés vont proposer des autos portant son nom. Il s’agit des P538 S, qui s’équipent désormais de V12 Lamborghini, de la BZ-2001 qui reprend le design de la 5300 GT Spyder mais sur une base de Ferrari Testarossa.

Giotto Bizzarrini reviendra aux affaire en fondant Picchio Racing Cars, une société qui produira des voitures de course légères utilisant diverses motorisations. En parallèle naîtra la dernière réalisation portant son nom, la Bizzarrini Kjara en 1998 qui utilise une motorisation hybride électrique-diesel.

La marque Bizzarrini a également fait son retour en 2020. La marque était notamment présente lors du dernier Rétromobile et propose des autos qui sont de vraies continuation des autos originelles mais qui table aussi sur sa propre supercar : La Giotto !

Giotto Bizzarrini ne la verra jamais à l’œuvre, ses premiers tours de roue sont prévus pour l’an prochain. Nos pensées vont à sa famille.

The Giotto- Giotto Bizzarrini

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Régis V

    Concernant les Iso Rivoltata, les moteurs moteurs étaient d’origine américaine, GM 5litres 3 pour l’ IR 300 et 7 litres pour la Grifo.

    Répondre · · 15 mai 2023 à 11 h 17 min

    1. Benjamin

      Effectivement, erreur de frappe !

      Répondre · · 15 mai 2023 à 16 h 02 min

Répondre à BenjaminAnnuler la réponse.

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