Ferrari : j’ai vu le film

Posez vos clés de voiture. Pas besoin de filer au cinéma pour aller voir ce film fraîchement sorti. Si les anglais et les américains ont pu le voir dès Noël et les Belges pour la Saint-Valentin, ce biopic dédié à Enzo Ferrari est apparu sur Prime Vidéo la semaine dernière et qui se concentre sur l’année 1957. On l’a regardé, voilà ce qu’on en pense.

Le film

Ferrari, c’est le dernier film de Michael Mann, le réalisateur de Sixième Sens, du Dernier des Mohicans, de Heat ou Collatéral. Ce film, c’est lui qui l’a voulu et il lui trotte dans la tête depuis un bout de temps : depuis la sortie du livre dont le scenario est adapté Enzo Ferrari – The Man and the Machines de Brock Yates, sorti en 1991 ! Dès 1993 le film est envisagé, et c’est alors Robert De Niro qui doit camper Enzo Ferrari. Si on en reparler en 2002, Michael Mann commence par participer à la production de l’excellent Le Mans 66 qui sort en 2019.

La production est relancée. On envisage Christian Bale puis Hugh Jackman dans le rôle titre mais finalement une partie du casting est révélée en 2022. Et niveau casting, on est plutôt servis et on est même dans le haut du panier du côté des films sortis directement en streaming.

Enzo Ferrari est donc campé par Adam Driver qui s’est fait connaître en jouant Kylo Ren dans la dernière triologie Star Wars. L’acteur est d’ailleurs vieilli (et enrobé) pour combler la différence d’âge : 20 ans !
On ajoute à ce casting quelques stars. Penélope Cruz joue Laura Ferrari et Shailene Woodley (Divergente) campe la maîtresse d’Enzo Ferrari, Linda Lardi.

On rajoute aussi un acteur qui va jouer un grand rôle dans le film : Patrick Dempsey. L’ancienne star de Grey’s Anatomy est lui aussi pilote (4 participations aux 24h du Mans, dont une sur Ferrari avant de se lier à Porsche) et il campe superbement Piero Taruffi. On retrouve d’ailleurs un autre pilote au casting puisque Stirling Moss est joué par Ben Collins, qui a couru 4 fois aux 24h du Mans, qui est cascadeur et qui est surtout connu (sans qu’on ne connaisse son visage) pour avoir été le Stig de Top Gear de 2003 à 2010.

Le pitch

C’est une histoire assez resserrée qu’on va vivre en regardant Ferrari. Ce film n’est pas un biopic complet de la vie d’Enzo Ferrari. Si le film commence avec des plans vieillis d’Enzo Ferrari / Adam Driver en pilote, on arrive vite au cœur de l’histoire. Elle se concentre sur la période allant de Mai à Mars 1957 pendant laquelle l’écurie Ferrari va perdre un pilote de premier plan (et en accueillir un autre), connaître de graves problèmes financier et vivre une tragédie.

Si vous n’avez pas vu le film ou que vous voulez juste garder une entière surprise, on vous conseille de vous arrêter ici et de vous contenter de la bande annonce :

Les grandes lignes de l’histoire

Promis, on ne va pas tout vous raconter. Et finalement, si vous connaissez bien l’histoire du constructeur Ferrari mais aussi d’Enzo Ferrari, vous n’apprendrez rien de très surprenant.

Une grosse partie du film est centrée sur Enzo Ferrari et les deux femmes de sa vie : Laura Ferrari, son épouse, mère de Dino décédé l’année précédent l’action du film et Lina Lardi, sa maîtresse, qui a donné naissance à Piero Lardi, qui ne deviendra Piero Ferrari qu’en 1978. Justement, cette histoire de nom et de deuxième vie concentre une bonne partie du film et montre une part d’Enzo Ferrari que les seuls passionnés de la marque connaissent réellement.

Ensuite, évidemment, on voit de superbes voitures anciennes dans le film Ferrari. Côté automobile, le film commence par mettre en avant une rivalité avec les voisins de Maserati qui débouche indirectement sur la mort d’Eugenio Castellotti (Mars 1957) et son « remplacement » par Alfonso de Portago. C’est d’ailleurs une des incohérence du film puisque l’espagnol est déjà pilote de la marque ! On va le suivre lui, mais aussi Taruffi, Collins, von Trips et Gendebien pendant les Mille Miglia 1957.

Sans vous dévoiler tout de cette course tragique, le film de Michael Mann met cependant un accent prononcé sur son enjeu. Ferrari est alors dans une mauvaise passe et le film met en avant des fuites qui vont lancer les tractations entre Ferrari et Ford mais également Agnelli à la tête de Fiat. Sauf que l’histoire se déroule en 1957 et que le rachat n’aura lieu qu’en 1963… et que les négociations n’ont pas duré 6 ans.

Voilà les très grandes lignes de l’histoire raconté dans ce film de 130 minutes (générique compris).

Ce que j’ai pensé de Ferrari

Oui, il y a des incohérences. Mais finalement, rien de grave pour passer un bon moment en regardant un bon film non ? Le film de Michael Mann nous le permet en effet. User de quelques biais historiques, ça a parfois du bon. Dans une moindre mesure, Le Mans 66 ou Rush l’ont aussi fait même si cela n’avait pas autant d’impact sur les enjeux de l’intrigue.

Sur la partie du film dédiée à la vie personnelle d’Enzo Ferrari, des deux femmes de sa vie et de Piero Ferrari, entre lesquelles il se balade en Peugeot 403 (!) rien à redire. Certes, ceux qui s’attendent à voir un film entièrement centré sur la course seront déçus. Mais dans ce cas, regardez Le Mans ou un documentaire (même si pour moi, Le Mans en est d’ailleurs plutôt un, j’en parlais ici). Ici, cela ajoute une touche vraiment humaine au film tout en élargissant largement son audience potentielle.

Sur la partie course : rien à redire. Quand les autres films mentionnés dans l’article se concentre sur des épreuves connues dans le monde entier, Le Mans et la F1, la grosse partie dédiée aux voitures de course est centrée sur les Mille Miglia ! Les paysages italiens sont magnifiques et les plans des voitures sont superbes. Entre les vraies autos et les effets spéciaux, on ne fait pas la différence mais l’impression de vitesse est excellente. Surtout, on se replace lors des dernières Mille Miglia, l’épreuve s’arrêtant après l’édition 1957, justement à cause d’une partie très importante et tragique du film.

Le côté tragique est d’ailleurs très prononcé. La mort précoce de Castellotti lance la machine qui va aller crescendo jusqu’à une scène vraiment très dure. [SPOILER ALERT : Quand vous voyez la Ferrari décoller, fermez les yeux si vous êtes sensible]. Beaucoup des films dédiés au sport automobile « jouent » d’ailleurs avec le risque que prenaient les pilotes à l’époque.

C’est moins prononcé dans Le Mans 66 (jusqu’à la fin en tout cas), bien abordé dans Le Mans (c’est d’ailleurs le seul bout de scenario qu’on puisse retrouver), l’occasion d’un rebond dans Rush et le film Ferrari se place d’ailleurs encore plus haut dans ce domaine que Grand Prix de Frankenheimer.

Enfin, et ce n’est que mon avis, mais Adam Driver est parfait dans son rôle. Moins parfait que Penéloppe Cruz qui joue une Laura Ferrari tiraillée et à la vie peu envieuse. Ajoutez les performances des pilotes à l’écran et on ne trouve aucun moment surjoué. Ça fait plaisir !

Conclusion

130 minutes ? Ça passe finalement assez vite. À moins que la vie privée d’Enzo vous soit totalement familière ou que vous ne vouliez voir que des voitures de course, il n’y a pas de vraie longueur dans le film de Michael Mann. Par contre, effectivement, la plupart des autres films mentionnés dans l’article font mieux quand il s’agit de montrer la course automobile.

Sans être un critique de Cinéma, on apprécie ce film pour son histoire, ses décors et les belles voitures qu’on y voit. Un film à voir absolument, ça se passe sur Prime Vidéo et ça y restera encore pendant des années. C’est l’avantage du streaming : vous avez le temps (et vous pouvez profiter d’un essai gratuit) !

Photos d’illustration : Diamond Films