Ferrari au Mans, partie 1 : 16 premières années victorieuses

Publié le par Benjamin

Ferrari au Mans, partie 1 : 16 premières années victorieuses

C’était l’événement du week-end dernier : les 24h du Mans. Événement dans l’événement : la catégorie reine, l’hypercar, était bien garnie et le Mans a offert la victoire à Ferrari (car c’est dans ce sens là qu’on le dit). Une dixième victoire qui rappelle finalement… la première ! On revient ici sur les seize premières années de Ferrari aux 24h du Mans.

Une première remarquée

En 1949, les 24h du Mans reviennent, dix ans après la dernière édition. Le circuit a dû être reconstruit et il fallait laisser le temps à la course automobile de vraiment reprendre le pas sur le conflit… et aux constructeurs d’oublier leurs autos d’avant-guerre.

Un petit constructeur a alors le vent en poupe : Ferrari. Les 166 et 159 on fait des débuts remarqués à partir de 1947. Cette année là, le constructeur s’adjuge le Grand Prix de Turin et les deux années suivantes c’est bien la jeune marque qui s’impose aux Mille Miglia. Des victoires de prestige qui donnent d’ailleurs leur noms aux 166 qui deviennent les 166 MM avec leur carrosserie de « barchetta » signée Touring.

La marque fait parler et un lobbying s’engage entre les organisateurs des 24h du Mans et Enzo Ferrrari. Le but est de voir des voitures de Maranello sur la piste pour le retour de la classique mancelle. Réticent, le Commendatore finit par céder en acceptant que des privés engagent deux 166 MM et s’excuse par avance et par courrier du peu de fiabilité des voitures. Tout le monde peut se tromper ! Parties 22e et 23e, les Ferrari font sensation, surtout celle de Chinetti et Lord Seldson. L’italo-américain, déjà double vainqueur de l’épreuve sur Alfa conduit 22h et c’est lui qui passe le drapeau à damier en vainqueur.

Première participation et première victoire. Vous voulez plus de détails ? C’est par ici :

1950 – 1957 : le cavalino apprend

Dès l’année suivante, on retrouve une armada de Ferrari aux 24h du Mans avec 5 voitures. Seldson engage sa voiture et les 4 autres sont engagées par Luigi Chinetti. On compte deux 166MM Barchetta, un coupé et trois 195S. Aucune des autos ne voit l’arrivée même si la voiture de Sommer et Serafini mène les deux premières heures de la course remportée finalement par l’héroïque Louis Rosier sur sa Talbot-Lago T26 GS.

En 1951, la fiabilité est meilleure avec 4 autos à l’arrivée, deux 212 Export, une 166MM Berlinetta et une 340 America Barchetta qui signe le meilleur résultat qui n’est encore qu’une 8e place. 5 autres autos ont été engagées mais ont abandonné.

Chinetti persiste et obtient la deuxième place en Sport 5L en 1952 avec la 340 America Berlinetta de Simon et Vincent, 5e à l’arrivée après avoir de nouveau mené les deux premières heures. Les 6 autres autos ont abandonné, dont la 225S et la 250S engagées directement par l’usine. Lot de consolation, Ascari sur la 250S a signé le meilleur tour en course.

En 1953 la Scuderia obtient le meilleur résultat des Ferrari avec la seule voiture à l’arrivée, la 340MM Berlinetta de Paulo et Giannino Marzotto à la 5e place. Aucune autre auto ne voit l’arrivée, pas même la voiture d’Ascari qui a de nouveau signé le record du tour et a pointé en tête à la 7e heure. À la fin de l’année, les 340 et 375 MM apportent tout de même le titre à Ferrari.

1953 Ferrari 340MM-

En 1954 on a changé de monture et la Scuderia Ferrari engage une 375 Plus pour Gonzalez et Trintignant qui est la seule voiture à l’arrivée. Les autres voitures de l’équipe ainsi que celles de Cunningham et Chinetti abandonne. Par contre, Gonzalez et Trintignant apportent la deuxième victoire du constructeur, avec un tour d’avance sur la nouvelle Jaguar Type D. Surtout, ils ont mené de bout en bout et l’argentin est crédité du meilleur tour. L’une des plus belles victoires de Ferrari aux 24h du Mans, assurément.

1954 Ferrari 375 Plus-

Trois Ferrari 121 LM sont au départ de la funeste édition 1955. Elles sont complétées par deux voitures privées, des 750 Monza mais le point commun est qu’aucune voiture ne voit l’arrivée malgré l’excellent départ de Castellotti qui est toujours en tête à la fin de la 1ere heure.

La marque italienne reprend des couleurs en 1956 avec la troisième place de Gendebien et Trintignant, doublée de la deuxième place des Sport 3 litres sur une 625LM Touring. C’est d’ailleurs, une nouvelle fois, la seule Ferrari à l’arrivée.

1958 – 1965 : la domination

Oui, pour cette troisième période, il ne faut pas avoir peur des mots. On entre dans une aire de domination de Ferrari aux 24h du Mans.

En 1958 la Scuderia débarque avec ses 250 TR, pour Testa Rossa. Différentes versions sont engagées et seul le NART de Chinetti engage une 500 TR. Les deux premières heures vont être dominées par l’Aston Martin DBR1 de Moss et Brabham (sacré équipage). La suite ? Gendebien et Phil Hill ne lâcheront la première position qu’à la 8e heure pour mieux la reprendre par la suite et l’emporter. Les autos de l’Écurie Nationale Belge et de Ed Hugus sont également à l’arrivée aux 6e et 7e place. Le meilleur tour ? Il est pour Hawthorn, qui ne voit pas l’arrivée. Le succès est total.

1958 Ferrari 250 TR-

Petit bémol dans la domination avec l’édition 1959. Les 250 TR59 de la Scuderia sont engagées en Sport 3L et une petite Dino 196S est engagée en 2L. Gurney et Behra mènent pendant 5h et signent le meilleur tour en course, Hill et Gendebien pendant 9h. Mais au final, c’est bien l’Aston DBR1 de Salvadori et de Caroll Shelby qui l’emporte.

On note aussi une nouveauté. Ferrari a aussi joué sur le tableau des GT cette année là. Les quatre Ferrari 250 GT, une LWB Coupé, deux Berlinetta et une California, vont mieux se comporter que les sports et se classer de la 3e à la 6e place, réalisant un quadruplé en GT et plaçant Blaton et Dernier sur le podium, à bonne distance des DBR1.

L’histoire de Ferrari au Mans peut placer l’année 1960 comme une année exceptionnelle. D’accord, 6 voitures ne voient pas l’arrivée. Mais pour les autres, c’est superbe. Déjà, la Scuderia l’emporte avec l’équipage belge Frère-Gendebien sur une 250 TR59/60 qui a mené de la 2e heure à l’arrivée. À quatre tours et sur la 2e marche du podium on retrouve la TR59 du NART qui assure le premier doublé de la marque. À la 4e place on retrouve Tavano et Dumay qui remportent le GT avec leur 250 GT SWB… devant 3 voitures identiques !

1960 Ferrari TR59 60-

Rebelote en 1961 avec un triplé. Gendebien et Hill devancent Mairesse et Parkes, sur deux TRI/61 engagées par la Scuderia. Les frères Rodriguez on aussi pointé en tête à de nombreuses reprise, Ricardo glanant le meilleur tour en course, avant d’abandonner alors que leurs 305 tours leur auraient permis un Top 10. Mais c’est finalement Noblet et Guichet, sur une 250 GT SWB qui se classent 3e et remportent la classe GT. Ferrari marque l’histoire des 24h en égalant Jaguar et Bentley comme constructeur le plus titré.

La Scuderia va même enfoncer le clou dès 1962 avec un nouveau triplé. Gendebien et Hill récidivent, l’américain est même crédité du meilleur tour, alors que les frères Rodriguez ont encore mené avant d’abandonner. Ils devancent, sur leur 330 TRI/LM Spyder, les deux 250 GTO de Noblet et Guichet et de Dernier et Blaton qui signent un doublé en GT ! Ferrari est désormais seul en tête des constructeurs les plus titré et Gendebien l’imite côté pilotes.

Comment faire encore mieux ? Ferrari le montre en 1963. La Scuderia l’emporte avec la 250P de Bandini et Scarfiotti. Derrière on retrouve… 5 Ferrari ! L’Équipe Nationale Belge place la 250 GTO de Blaton et Langlois Von Ophem sur la 2e marche du podium synonyme de victoire en GT. Parkes et Magioli, sur 250P complètent le podium devant la GTO de Dumay et Dernier, la 330 LMB de Sears et Salmon qui remporte la catégorie des plus de 3 litres et la GTO LMB de Gregory et Piper.

La 330 TRI/LM des Rodriguez partait en pôle mais a, une nouvelle fois, abandonné, tout comme la 250P de Mairesse et Surtees, ce dernier signant le meilleur tour.

C’est un nouveau triplé qui attend la Scuderia au terme des 24h du Mans 1964. Pourtant, la concurrence américaine s’affirme, la GT40 de Ginther et Gregory pointant en tête après la 1ere heure. Mais au final, c’est bien Guichet et Vaccarella qui l’emportent sur 275P en étant en tête durant 13 heures. Ils devancent de 5 tours Hill et Bonnier et Bandini et Surtees sur 330P, partis de la pôle et en tête durant 10h. Les GT40 n’ont pas existé. Par contre, c’est une américaine qui est la première GT, une Cobra Daytona, devant la GTO de Bianchi et Blaton qui remporte le GT 3 litres. On ajoute deux bonus : le meilleur tour de Phil Hill avant son abandon et même la victoire au prix de la performance pour les vainqueurs !

1964 Ferrari 275P-

En 1965 les américains ont vraiment faim. 6 Ford GT40 sont engagées dont 4 par Shelby. Phil Hill est passé à l’ennemi et signe, sur l’anglo-américaine, la pôle et le meilleur tour en course. Pourtant, aucune GT40 n’est à l’arrivée parce qu’à la fin, on le sait, c’est Ferrari qui gagne. La victoire revient à la Ferrari 250 LM de Gregory et Rindt… et peut-être de Ed Hugus, on vous raconte cette anecdote par ici. Pourtant les voitures favorites étaient les 330 P2 et 275 P2 mais aucune n’a vu l’arrivée.

Derrière, deux autres italiennes assurent le triplé. Dumay et Gosselin sont 2e à 5 tours sur une autre 250 LM tandis que l’Écurie Francorchamps termine à la 3e place avec une 275 GTB qui remporte la classe des GT et celle des GT 5.0 litres.

Ferrari 250 LM 24h du Mans 1965-

1965 a représenté pendant longtemps la dernière victoire de Ferrari au Mans. Pourtant, la marque ne s’est pas arrêtée là et c’est ce qu’on vous raconte dans la 2e partie.

Pour lire Ferrari au Mans, partie 2 : 58 ans de batailles, de discrétion et un retour on vous invite à cliquer ici pour le retrouver sur le site de notre partenaire Mecanicus.

Photos additionnelles : Ferrari.com et 24h-lemans.com

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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