Essai d’une Peugeot 504 Coupé, la force tranquille

Publié le par Pierre

Essai d’une Peugeot 504 Coupé, la force tranquille

Cela fait bien longtemps que je ne m’étais glissé derrière un volant pour News d’Anciennes… Bien plus longtemps que je ne l’imaginais, en fait. Pour tout vous dire, la dernière fois, c’était pour vous présenter la Dowsetts Comet, il y a bientôt 5 ans. De ce fait, lorsque l’occasion s’est présentée d’essayer une Peugeot 504 Coupé, au long cours, en parallèle de l’YCAR Trial 2023, je ne me suis pas fait prier !

Avant d’entrer plus en détail, mes excuses pour l’anachronisme dans le titre, sans parler de l’aspect antinomique. Reprendre le slogan de François Mitterand pour une voiture apparue sous la présidence de Georges Pompidou, qui plus est lorsque celle-ci est plus représentative de la clientèle bourgeoise fidèle à Sochaux, est une hérésie mais, en terme de sémantique, il est on ne peut plus juste (et puis, cela me permet d’excuser toutes les contradictions qui peuvent survenir par la suite).

Notre Peugeot 504 Coupé du jour

Les plus assidus d’entre vous doivent se dire « encore une 504 ? », et ils n’ont pas tout à fait tort. En effet, nous avions déjà eu l’occasion d’essayer sur le site une 504 Berline, dans sa version L et une 504 Cabriolet mais là dans sa rare déclinaison V6. Cependant, cette fois-ci il s’agit d’une 504 Coupé ! Je vais toutefois me permettre d’esquiver l’histoire de la 504, puisque Benjamin lui a déjà dédié un article complet.

Et si vous voulez un focus précisément sur les Peugeot 504 Coupé et Cabriolets, c’est par là :

À l’extérieur, le charme italien

Le premier contact avec cette 504 Coupé passe bien évidemment par sa ligne et, je ne vais pas le nier, je suis totalement sous le charme de ce dessin signé Pininfarina. Contrairement à la berline, l’italien est à l’oeuvre sur toute la carrosserie des coupés et cabriolets. Mieux, c’est lui qui en assure l’assemblage à Turin !

Les lignes sont simples, pourtant il se dégage une impression de légèreté avec ces montants fins, y compris à l’arrière, laissant le pavillon comme flottant loin au-dessus de la ligne de caisse. La calandre est à l’avenant, rectangulaire, avec deux paires de phares, rectangulaires eux aussi. Oui, ce n’est pas forcément le visage auquel vous êtes habitués avec la Peugeot 504 Coupé. Par contre, c’est bien lui le premier visage, avec ces quatre phares et le lion doré dans une calandre barré par quelques lignes chromées. Il fallait en profiter, les 504 Coupé et Cabriolet recevront une nouvelle face avant en 1974 au moment de l’arrivée du V6.

Peugeot 504 Coupe 2- 504 Coupé

À l’arrière on se permet une petite fantaisie, les optiques sont séparées en trois petites stries, reprises sur les modèles actuels. Vraie signature de l’arrière, cette particularité sera, elle aussi, changée avec l’arrivée du restylage de 1974.

De là à dire que la 504 Coupé était avant-gardiste ? Non, absolument pas, bien au contraire. La 504 Coupé offre une carrosserie très épurée, sans fioritures. Un jonc chromé qui vient surligner le bas de caisse, un logo Pininfarina sur les ailes et c’est plié. La seule exception à ce minimalisme réside dans les jantes au dessin ouvragé, alors qu’elles sont, en réalité, quasi pleines.

À l’intérieur, bourgeoisie française

Heureusement que la sellerie et la moquette couleur camel viennent égayer l’habitacle, car du côté du tableau de bord, c’est d’une austérité assez déprimante. C’est tout noir, heureusement que notre modèle est équipé d’une une boite automatique, au sélecteur chromé, sinon, ce serait aussi gai qu’un jour de pluie en Écosse. Oui, l’alliance de deux styles latins ne garantit pas l’originalité. En même temps, ce sont bien les allemandes qu’il fallait aller chercher sur leur terrain…

Peugeot 504 Coupe par Alexis pour News dAnciennes 11- 504 Coupé

L’instrumentation, à bord de la Peugeot 504 Coupé est basique : compteur de vitesse, jauges et compte-tours derrière le volant, commandes d’essuie glace, de vitres électriques et de warnings au centre, encadrant une pendule rectangulaire. La console centrale accueille les commandes de ventilation et l’autoradio, et ça y est, on a fait le tour. Ce n’est pas le plus enthousiasmant, mais ça fait le boulot.

Technique : pas de folie

On ouvre le capot, qui bascule vers l’avant et on découvre le « petit » moteur : le 4 cylindres. Une bête qui a pourtant toute son importance dans l’histoire du modèle.

Peugeot 504 Coupe par Alexis pour News dAnciennes 13- 504 Coupé

Car c’est bien avec ce moteur qu’est née la Peugeot 504 Coupé et c’est avec lui qu’elle va disparaître. Pardon, c’est un raccourci. Sur les toutes premières autos, on retrouve un 1,8 litres XM-KF6 de 97ch. Toutes premières car dès 1970 il est remplacé par le XN2 de 1971 cm³ de 104ch qui offre surtout un meilleur couple. Les deux sont alimentées par l’Injection. Cette version sera conservée jusqu’en 1983 et la fin de la série.

La vraie particularité technique de notre Peugeot 504 Coupé du jour, on vous l’a dit, c’est la boîte automatique. Déjà on voit qu’il y a des déçus dans l’assemblée. Oui, la boîte auto réduisait les performances. Il faut quand même se dire qu’on est pas tombé dans le « travers » de la Borg-Warner et que c’est une ZF 3 rapports qui est sous le capot. Mais, effectivement, les performances en pâtissent. Cette boîte apparue avec le 2 litres en 1970 ne sera plus proposée que sur les coupés à partir de 1973.

Le moteur V6 était aussi de la partie, mais vous avez compris que notre auto du jour est une série 1 et qu’on ne peut pas avoir son style ET le PRV sous le capot. Néanmoins, la différence de performance était relativement ténue entre les deux autos.

Au volant : luxe, calme et volupté

Allez, c’est l’heure de se glisser derrière le volant. Tout tombe sous la main, seuls les essuie-glace au tableau de bord me demandent un peu d’adaptation, mais au bout de quelques minutes, c’est vite assimilé. L’assise est confortable, même si j’aurais aimé les sièges avant un petit peu plus enveloppants. La 504 Coupé me l’annonce direct : non, elle n’est pas sportive ! Je galère à régler la ceinture et à comprendre son mécanisme, à trop vouloir réfléchir. Mea culpa, cela fait bien longtemps que je n’étais pas monté dans une voiture des années 70.

La commande de boite est typique des automatiques de l’époque, avec un levier rectangulaire, assez désagréable à prendre en main. Dans l’absolu, ce n’est pas un problème, au contraire, on ne se retrouve pas avec l’envie de laisser sa main reposer sur le sélecteur, aux verrouillages très timides, au point de glisser au point mort ou de tomber une vitesse sur un cahot de la route.

La direction est douce, sans pour autant être légère. Même sans assistance, le volant ne vous demandera pas de tricoter comme un sauvage en manoeuvre. L’ensemble est précis et communique bien les informations de la route, mettant le conducteur rapidement en confiance.

Essai Peugeot 504 News dAnciennes 2- 504 Coupé

La 504 Coupé se faufile sans problème dans les rues de Poitiers, mais avouons-le, le réseau urbain n’est pas son terrain de prédilection, et il me tarde de rejoindre un réseau plus adéquat pour jauger les capacités de cette jolie franco-italienne.

Je quitte l’agglomération en compagnie que quelques compères de News d’Anciennes pour rejoindre notre point de ralliement, afin de retrouver les derniers arrivants de l’équipe, et de recevoir le roadbook, taillé sur mesure par l’ami Thibaut, qui nous permettra de rejoindre notre destination en profitant des routes et du paysage.

En route donc. J’ai maintenant Vincent comme copilote, et nous commençons à suite le trajet établi pour nous. Les routes sont sinueuses et au revêtement inégal (sans pour autant être dégradé). Parfait, on va vite avoir une idée du confort et de la tenue de route de notre monture.

Je dois vous l’avouer j’ai été plutôt surpris. La voiture est extrêmement douce, mais sa tenue de route est irréprochable, pas une once de flottement, et même avec quelques sollicitations une peu plus rudes, il est impossible de la mettre en défaut. Comme quoi, les Peugeot actuelles n’ont pas repris que les feux arrières de notre coupé du jour.

Le freinage est lui aussi efficace, avec ses quatre disques. Soyons francs, elle a tout d’une moderne, le charme en plus. Les kilomètres défilent, sans broncher, à un rythme tout à fait raisonnable, bercé par le ronronnement du 4 cylindres.

D’ailleurs, on va s’attarder un peu sur cette motorisation. Si le 4 cylindres n’offre pas la musicalité d’un moteur italien ou anglais, il sait se montrer volontaire dans la prise de régime. Malheureusement, la boite auto vient tout gâcher. Elle est d’une lenteur déprimante et il faut faxer ses revendications en trois exemplaires, avec accusé de réception, pour effectuer des relances raisonnables. La frustration est énorme car la lionne, que l’on sent plutôt dynamique, devient, à cause de cette boite, un chat obèse.

Cette frustration est-elle justifiée ? Probablement pas. La 504 Coupé est avant tout destinée (surtout en boite automatique) à enrouler sur un filet de gaz, un exercice auquel elle excelle. Je me permettrais même d’affirmer que le châssis est trop affûté pour la philosophie de l’auto, mais cela justifie pleinement la réputation de Peugeot à cette époque, on en veut encore.

De fait, on oublie la notion de coupé sportif et on active le mode « coupé d’agrément ». De fait, rouler avec notre Peugeot 504 coupé du jour reste agréable. Et puis pour les passants aussi c’est agréable de pouvoir admirer ces lignes. Alors on roule, on roule et on reroule. On regarde quand même la consommation parce que ce petit moteur, pas aidé par la gestion de la boîte ZF, aurait tendance à vouloir être aussi goulu que son grand frère à deux cylindres de plus !

Conclusion :

La beauté de l’objet. Voilà ce à quoi il vaut mieux se rattraper en évoquant la Peugeot 504 Coupé. Certes, le dynamisme a bien fait partie du cahier des charges. Le châssis irréprochable en est la preuve. Mais l’autre facette de l’auto, une belle auto faite pour voyager est immanquable. Et cette boîte auto affirme définitivement ce caractère. Oubliez les velléités sportives et profitez plus simplement de la route.

Les plusLes moins
Un vrai dynamismeLa boîte automatique castratrice
De l’agrément à tous les rythmesLe tableau de bord austère
Une ligne parfaiteDes ceintures de sécurité parfois capricieuses
Un vrai confortLa sonorité quelconque

Fiche techniquePeugeot 504 Coupé 2.0 Série 1
Années1970-1974
Mécanique
Architecture4 cylindres en ligne
Cylindrée1971 cm³
AlimentationInjection mécanique Kugelfischer
Soupapes8
Puissance Max104 ch à 5200 trs/min
Couple Max168 Nm à 3000 trs/min
Boîte de VitesseAutomatique 3 rapports
TransmissionPropulsion
Châssis
Poisition MoteurLongitudinale avant
FreinageDisques AV et AR
VoiesAV 1490 mm / AR 1430 mm
Empattement2550 mm
Dimensions L x l x h4360 x 1700 x 1360 mm
Poids (relevé)1220 kg
Performances
Vmax Mesurée170 km/h
0 à 100 km/h13,8 s (BVA)
400m d.a.19,3 s
1000m d.a.35,2 s
Poids/Puissance11,7 kg/ch
Conso Mixte± 12 litres / 100km
Conso Sportive± 16 litres / 100 km
Prix± 12.000 €

Conduire une Peugeot 504 Coupé

La version 2 litres est la version la plus commune de la 504 Coupé, et le tarif s’en ressent. L’auto reste accessible sur le marché de la collection, avec des prix oscillant entre 10000€ pour un coupé série 3 (celui avec les pare-chocs plastiques) et 15000€ pour un coupé série 1 comme celui que nous avons essayé, en moyenne.

Vous pouvez également la trouver chez certains loueurs spécialisés en voiture de collection, comme chez Autosphere Classics, qui nous a fourni la voiture de cet essai.

Côté entretien, il n’y a pas vraiment de points noirs. La 504 Coupé est bien construite, gardez la rouille à l’œil cependant, il s’agit de métal italien, il est encore plus délicat que celui de la berline, un comble ! Le moteur est quant à lui fiable, moyennant un entretien convenable.

Banniere PA Citroen copie- 504 Coupé

Pierre

Tombé dans la marmite automobile quand il était petit, il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2015. Expatrié en Angleterre depuis Mai 2016, il nous partage les évènements de là-bas. En dehors de ça, il partage une bonne partie de son temps sur la route entre une Opel Ascona et une Mazda RX-8.

Commentaires

  1. Régis V

    De la force à la farce … le pas est vite franchi. Ah! ces hommes politiques …

    Répondre · · 5 juin 2023 à 18 h 17 min

  2. Vincent

    Pour le prix d’une Peugeot, un style digne d’une Ferrari. Merci Pinin !

    Répondre · · 6 juin 2023 à 20 h 45 min

  3. Robert

    Une voiture attachante… La 504 sous ses différentes formes à vraiment été un coup de maître de Peugeot.

    Répondre · · 7 juin 2023 à 4 h 43 min

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