Essai d’une Mercedes-Benz 220S : un ponton pour un navire amiral

Publié le par Fabien

Essai d’une Mercedes-Benz 220S : un ponton pour un navire amiral

Certaines voitures marquent des tournants dans l’histoire de leurs constructeurs. Les Mercedes-Benz de la série « Ponton » font partie de ces voitures. Alors impossible de refuser de prendre le volant de cette Mercedes-Benz 220S, type W180, de 1957 entièrement restaurée par son actuel propriétaire.

Notre Mercedes-Benz 220S du jour

Le ponton pour entrer dans l’ère moderne

On parlera tout au long de l’article de Mercedes-Benz 220S, mais il serait plus juste de nommer aussi le type : W180 II. Ce type est associé au terme générique de type ponton, un terme qui a pour but d’illustrer la modernité de conception de cette auto.

Même si au cours des années 50, ce terme générique de ponton, d’origine américano-britannique (pontoon), était utilisé pour d’autres allemandes, c’est chez Mercedes qu’il est resté ancré. Une carrosserie ponton, pour résumer, tranche avec les carrosseries d’avant-guerre par son aérodynamisme : les flancs, ainsi que les ailes avants et arrières sont dans le même alignement, les ailes intégrant les phares. On abandonne ainsi les aimes « séparées ». Ici, le châssis et la carrosserie ne forment qu’un, le passage à la carrosserie ponton rime souvent avec le passage à la monocoque chez les grands constructeurs.

Chez Mercedes, le virage a été pris à partir de 1953 par le type W120 et W121 pour les 4 cylindres. Dès 1954, le type W180 permet d’offrir à la clientèle des versions en 6 cylindres en ligne, et d’intégrer en avril 1956 la série S, pour Sonderklasse (classe spéciale), symbole de haut de gamme pour la marque.

Voici donc rapidement brossé le portrait de famille de notre Großen Ponton (grande ponton) du jour.

Un design épuré mais qui en impose

Avec son immense radiateur surmonté de l’Etoile de Stuttgart, notre Mercedes-Benz 220S ne passe inaperçue nulle-part. Ses dimensions, plus de 4,5 m de long et 1,8 m de large, ne sont pas anodines non plus, surtout pour l’époque !

L’étoile du coffre a souffert et perdu son cerclage, mais cela n’enlève rien à cet arrière aux petits feux. Si les ailes ont disparu, on peut distinguer un empennage discret, précurseur des Peilstege (les lignes de vues) que l’on retrouvera sur les W111/W112 des années 60.

De profil, la disparition en volume des ailes avant et arrière est rappelée par des plis de carrosserie rehaussés de joncs chromés. Ce détail, associé à des chapeaux de roues marqués à l’étoile, et aux chromes de bas de caisse et de gouttières de toit, donnent la touche de luxe à ce vaisseau amiral allemand.

Mais le profil général de la Mercedes-Benz 220S, s’il est équilibré, ne peut clairement pas être considéré comme fluide. La voiture semble même un peu pataude avec ses rondeurs, et surtout une ligne de pavillon arrière très verticale, favorisant la garde au toit pour les passagers et la visibilité plutôt que l’esthétique. Des considérations finalement assez logiques pour une voiture statutaire dans des années 50 très pragmatiques.

Pourtant il existe un véritable effet d’attraction de cette Mercedes-Benz 220S, au style baroque, qui conserve encore quelques codes d’avant-guerres comme ce capot long terminé par une grille de radiateur chromée et démesurée.

Trois détails intéressants sur notre Mercedes-Benz 220S du jour : d’une part le toit ouvrant optionnel signé Webasto, spécialiste de ces accessoires encore en activité aujourd’hui, et d’autre part les plaques d’immatriculation fabriquées à la main par Maillefaud, dont les techniques sont issues de la bijouterie ! Enfin, le propriétaire est venu avec une remorque réalisée dans l’esprit de la voiture, mettant en avant que nous ne sommes pas en présence d’une pièce de musée mais bel et bien d’une auto qui continue de rouler régulièrement.

Un intérieur à la hauteur

En ouvrant la porte de la Mercedes-Benz 220S, on est loin de l’intérieur austère des allemandes actuelles. Mais ceci est lié à un choix de restauration : devant la difficulté de retrouver certains éléments et notamment ceux en bakélites, l’intérieur s’est paré de bois et les accessoires d’époque s’en accommodent plutôt bien.

L’autoradio d’origine, à lampe, trône toujours au centre de la planche de bord. Et cette harmonie de chrome et de bois est illuminée par le soleil qui baigne l’habitacle en s’infiltrant par le toit ouvrant.

Les sièges en cuir beige s’accordent aux harmonies intérieures, soulignées par des glissières munies de crochets qui servaient aux occupants à suspendre leurs vêtements sur cintres. Des passagers qui, à l’arrière, assis de part et d’autre d’un confortable accoudoir central, avaient chacun leur cendrier, l’accessoire ultime d’une voiture de luxe jusqu’aux années 80. Autre temps on vous dit.

En s’attardant sur les détails de la Mercedes-Benz 220S, on remarque l’absence de commande de chauffage centrale, mais on note que chaque entrée d’air possède son propre réglage de température : un chauffage bi-zone… dans les années 50 !

Le grand cerceau fin en bakélite est quant à lui vraiment spécifique : le cerclage métallique central n’est pas simplement décoratif et dissimule une fonction de commande de clignotants (j’y reviens) ! La commande de boîte quatre vitesses et marche arrière est au volant. Plus pratique sur ces autos sans ceinture de sécurité où l’assise avant est plus en mode banquette qu’en mode baquet. D’ailleurs, notre Mercedes-Benz 220S possède deux sièges séparés, ce qui n’était pas le cas de tous les modèles. Et plutôt que de sièges, on pourrait presque parler de fauteuils clubs.

Un petit tour dans le coffre permet d’en constater le volume, conséquent, mais sérieusement réduit par la présence de la… non… des deux roues de secours solidement arrimées et logées dans deux logements dédiés. Entendu que le cric type Bilstein de 50/60 cm, efficace, n’est pas un modèle de compacité et que les services d’une pompe à graisse manuelle sont toujours les bienvenus sur ces autos ! Pourtant, il reste assez de place entre les deux roues de secours, pour deux grosses valises ou une petite malle comme il était encore d’usage fin des années 50.

Sous le capot, le 6 en ligne

Le six cylindres à 4 paliers est l’apanage du type W180. Grâce à cette motorisation, le pseudonyme de Großen Ponton (prononcer grossen et traduire par grandes pontons) des W180, s’oppose à celui de kleiner Ponton (que l’on peut traduire par les plus petites pontons) donné aux W120 et W121 motorisées par des 4 cylindres.

La cylindrée de 2.2 litres reste modérée se retrouve dans le nom du modèle : Mercedes-Benz 220S.

Le couvre-culasse porte quant à lui une inscription très logiquement en allemand, suivie de 6 chiffres, l’ensemble étant moulé directement dans la fonte de la pièce : Zündfolge 153624, avec le umlaut (le tréma) qui n’a pas été oublié. Il s’agit tout simplement de la séquence d’allumage du moteur, qui ne laisse aucun doute sur le nombre de cylindres !

Alimenté en 12 Volts, le moteur de notre belle du jour est le plus puissant monté sur les berlines cette année là, en 1957. C’est la version du M180 qui développe 106 chevaux grâce à deux carburateurs Solex Pajta 32. Compte-tenu des presque 1400 kg de l’auto, il ne fera pas de miracles avec une accélération de 0 à 100 km/h réalisée en 17 secondes.

On note cependant que malgré l’embonpoint assumé, il ne devrait pas être trop compliqué d’arrêter notre Mercedes-Benz 220S au vu de la taille conséquence du dispositif d’assistance de freinage. A vérifier lors de l’essai dynamique.

Sous ce long capot, quelques dispositifs oubliés sont encore présents, témoins du niveau de gamme de l’auto. Comme par exemple les boîtiers en cuivre de chauffage qui récupérait la chaleur du moteur, l’un à droite et l’autre à gauche, en regard des commandes de chauffage dans l’habitacle.

Ou encore la prise pour la baladeuse qui permettaient en toute circonstance d’éclairer les entrailles de la Mercedes-Benz 220S, à une époque où, bizarrement, personne ne possédait la fonction lampe de poche sur son smartphone…

Pour finir avec ces éléments surprenants, une poche souple est suspendue entre le boîtier de chauffage conducteur et le moteur, à l’opposé de la batterie. A l’époque, ce type de vessie était la solution la plus pratique et la plus étanche pour conserver le liquide lave-glace. De plus, sa situation à proximité immédiate du moteur, limitait les risques de gel lorsque la voiture roulait.

Sur la route à bord de la Mercedes-Benz 220S

Des voitures de cet âge et de ce gabarit sont toujours imposantes et on ne s’y glisse pas derrière le volant comme dans n’importe quelle berline moderne voire youngtimer.

Simple passager…

J’avoue qu’un petit tour à la place des passagers n’est pas pour me déplaire. Cela permet de mémoriser l’emplacement et surtout, le maniement des commandes de la Mercedes-Benz 220S .

Ainsi inutile de chercher les commodos de clignotants. Il n’y en a tout simplement pas, et pourtant, assis à l’avant, on distingue nettement les répétiteurs au dessus des phares. En fait, l’actionneur est au centre du volant. Ce fin cerceau concentrique à la jante n’est ni plus ni moins que la commande de clignotant : on tourne le volant dans la direction souhaitée, on embarque du bout du doigt le rayon dans le même geste et la guirlande s’allume et s’éteint comme par magie. Curieux, sympathique, mais loin d’être intuitif ! Pourtant cela fonctionne, même si l’anticipation du changement de direction n’est pas au rendez-vous pour les autres usagers.

Aux mains de son propriétaire, l’auto se montre tout à fait à l’aise dans la circulation, et même les dépassements. De bon augure pour la suite.

De plus, comme vous avez pu le remarquer, le paragraphe ne s’intitule pas « au volant de » mais, « sur la route à bord de« … Et ceci a son importance, car l’essai de ce type de voiture est aussi important en tant que conducteur que passager.

Et c’est vrai que, malgré une conception qui date, les suspensions de la Mercedes-Benz 220S sont plutôt confortables, bien aidées par des sièges qui confirment l’impression initiale : ils relèvent plus du fauteuil Club que de la banquette classique !

Au volant, un autre monde

Ça y est, les pédales et le volant sont au bon endroit pour prendre en main ce kolossal navire ! Ayant toujours pris l’habitude de boucler ma ceinture au volant, il y a toujours ce millième de seconde de sentiment de solitude quand pensant toucher la boucle d’acier froid, j’effleure les pétales de la fleur plantée dans le petit vase du montant de portière.

Moteur. Le 6 cylindres gronde puis ronronne, et sa sérénité est communicative. Première… Enfin, presque… Débrayage à fond, il faut prendre le coup pour ne pas rentrer la troisième, mais après assimilation de la manoeuvre, les choses sont plus aisées.

Première, donc…

La voiture s’ébroue, et commence à rouler. D’emblée, on sent l’inertie liée au poids conséquent de notre Mercedes-Benz 220S. Le test de freinage paraît requis, mais se révèle très rassurant. Sans passer par le pare-brise comme dans une Citroën, il se révèle docile et assez facile à doser, entre ralentissement et arrêt.

Sortant d’une propriété en bord de départementale, il est impératif de s’insérer dans la circulation ce que notre belle teutonne fait avec beaucoup d’aisance. Les rapports montent, la vitesse au compteur aussi. Ça file bien. La lecture de la fiche technique est confirmée : cette voiture statutaire ne cache rien dans son jeu. C’est une dévoreuse de bitume, à allure sénatoriale améliorée, mais absolument pas une sportive.

Et c’est très bien comme ça. On prend plaisir à croiser à 80-90 km/h selon les portions de route. La position très verticale de l’assise reste confortable. Et là encore, le seul bémol à trouver, c’est qu’elle demande un temps d’accoutumance dans la tenue de cap. La direction de la Mercedes-Benz 220S est très directe ce qui, avec ce gros moteur sur le train avant, peut parfois paraître déroutant tant on se sent obligé de redresser le cap en permanence.

Puis on prend la mesure de la Ponton. On corrige moins, on se crispe moins sur le volant et, on se laisse emmener. On se prend pour l’un de ces acteurs que l’on voit conduire, dans les films en noir et blanc, mêlant concentration et de dilettante au volant. Et bien que l’intégration dans la circulation actuelle soit bonne, on fait vraiment un bond dans le temps.

Par contre, en virages, il faut s’accommoder d’une certaine prise de roulis et d’appuis délicats. Mais là encore, ce n’est pas dans la philosophie de l’auto d’attaquer dans ces conditions, et il suffira de lever le pied et flâner pour retrouver de bonnes sensations de conduite.

Et une dernière chose, la maniabilité est remarquable. Le mouchoir de poche n’a pas à être tiraillé pour permettre en demi tour en règle. Ceci ayant été bien utile pour réaliser les prises de vues dynamiques sur un tronçon de route peu emprunté.

Conclusion

La Mercedes-Benz 220S fait partie de ces voitures qui en imposent, à l’instar de la W126 que nous avions déjà essayé (c’est par ici).

Par la calandre d’abord, puis par l’Etoile de Stuttgart qui la surmonte. Et par cette ligne si caractéristique d’une époque que la marque s’est appropriée. Une auto signature, ce qui n’était pas gagné en passant du design souvent en démesure des avant-guerre, à la sobriété de l’après-guerre.

Au volant, elle fait partie de ces voitures pour lesquelles un temps d’adaptation, presque d’apprivoisement, est nécessaire pour prendre pleinement conscience des objectifs de la marque allemande lors du développement de la Großen Ponton.

Une voiture qui a peut-être plus vieilli que beaucoup de celles que l’on a essayées, mais qui conviendra aux collectionneurs l’auront comprise. Alors, elle vous mènera au bout du monde !

Les plus de la Mercedes-Benz 220SLes moins de la Mercedes-Benz 220S
Une voiture charnièreLa puissance
Le confortLa commande de boîte
Le design « baroque »Design qui a vieilli
La philosophie de Großen PontonUne auto déconcertante au départ
image 8- Mercedes-Benz 220S
Fiche techniqueMercedes-Benz 220S – Großen Ponton
Années1953-1962
Mécanique
Architecture6 cylindres en ligne
Cylindrée2195 cm³
Alimentation2 Carburateurs simple corps
Soupapes12
Puissance Max106 ch à 5200 trs/min
Couple Max171 Nm à 3500 tr/min
Boîte de VitesseManuelle 4 rapports – au volant
TransmissionPropulsion
Châssis
Position MoteurLongitudinale avant
FreinageTambours AV et AR
VoiesAV 1430 mm / AR 1470 mm
Empattement2820 mm
Dimensions L x l x h4715 x 1740 x 1560 mm
Poids (estimé)1350 kg
Performances
Vmax Mesurée± 160 km/h
0 à 100 km/h17s
400m d.a19s
1000m d.a36,2s
Poids/Puissance13 kg/ch
Conso Mixte± 10 litres / 100km
Conso Sportive– litres / 100 km
Prix± 25.000 €

Rouler en Mercedes-Benz 220S

Paradoxalement, les annonces et autres catalogues d’enchères présentent plus de coupés et cabriolets que de « Sedans ». Difficile de savoir si c’est parce que les Mercedes-Benz 220S 4 portes ont été abandonnées à leur état ou si leurs propriétaires ont tendance à les garder.

C’est vrai qu’en discutant avec celui de notre Mercedes-Benz 220S du jour, on sent beaucoup d’affection… Et des milliers de kilomètres parcourus. Gilles a même poussé le vice à réaliser une remorque dans l’esprit de l’auto pour sillonner les routes de France et de Navarre ! Et cette auto, il l’avait rachetée dans un triste état, bien loin de son état actuel !

Mais en cherchant, on en trouve dans toute l’Europe et si le prix de référence mentionné plus haut est un prix basé sur des transactions en salle des ventes notamment, les tarifs sur annonces sont très évolutifs et il faudra de la patience pour trouver celle qui présentera le bon compromis état/prix. Sur certains site professionnels, les 25000€ s’envolent jusqu’à 75000€, c’est à dire quasiment les tarifs de négociation des coupés.

Quant aux points à surveiller sur les Mercedes-Benz 220S, le freinage nécessite un minimum d’attention et bien sûr la rouille aime bien ces premières caisses autoporteuses. Le réglage des carburateurs Solex présente aussi une certaine complexité. Et les pièces semblent se trouver sans gros problème, notamment sur des sites allemands.

Alors pour les amateurs de ce type de voitures statutaires, ces Sedan très aristocratiques, démodés mais indémodables, la Mercedes-Benz 220S – W180 II peut être un très bon choix pour faire tourner les regards, tout en prenant plaisir de rouler différent en toute sérénité.

Et bien sûr, un grand merci à Gilles pour nous avoir laissé, à Valentine et moi, les clés de son magnifique jouet, et merci à Richard pour la mise en contact !

Fabien

Un lion et un cheval cabré m'ont fait aimer les voitures de mon enfance... Un livre, «La maîtresse d'acier» de Pierre Coutras, et des pilotes de légende m'ont conduit à me passionner pour des bolides plus anciens. A mon tour de partager avec vous.

Commentaires

  1. BERNARD GUYONNET

    Cette belle auto me fait rêver

    Répondre · · 27 novembre 2023 à 19 h 13 min

  2. Huss Jean Marc

    Superbe auto, on se prend pour un notable de l’époque ! J’aurais aimé une image de cette remorque dont vous parlez à plusieurs reprises.

    Répondre · · 1 décembre 2023 à 5 h 56 min

    1. Fabien

      Je vais voir si parmi les photos, j’ai cette remorque et si tel est le cas, je l’ajouterai dans la galerie.

      Répondre · · 1 décembre 2023 à 6 h 50 min

    2. Fabien

      Voilà, mise à jour effectuée avec 2 photos de l’attelage complet, la première dans la description de l’auto, et la seconde dans la première galerie finale. Outre les enjoliveurs, on retrouve le bois et la bâche similaire à celle du toit ouvrant.

      Répondre · · 2 décembre 2023 à 17 h 45 min

  3. gilles saugnier

    Bonjour,
    Je suis Mr Saugnier le propriétaire du véhicule de l’article. Je tiens à vous remercier pour ce jolie article sur mon véhicule.
    Pouvez vous m’envoyer vos coordonnées téléphonique par mail à [email protected] afin que je vous recontacte.

    Répondre · · 10 décembre 2023 à 18 h 11 min

    1. Fabien

      Bonjour Gilles,
      Merci pour ce commentaire. Je pense donc via ce message que j’avais mal noté le numéro de téléphone.je vous envoie mes coordonnées par mail. A bientôt !

      Répondre · · 10 décembre 2023 à 19 h 25 min

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