De la bonne lecture des résultats d’enchères

Publié le par Benjamin

De la bonne lecture des résultats d’enchères

N’allons pas trop vite en besogne ! À partir de 16h, la vente Artcurial « La Parisienne » sera diffusée en live. Une vente très attendue qui sera évidemment scrutée par les amateurs. Qui inévitablement publieront des résultats en presque live… mais qui ne seront en réalité pas définitifs ! Parce qu’au final il faut savoir « lire » les résultats de vente aux enchères.

Quand le marteau tombe, c’est bien vendu non ?

Les prix se sont succédés, ont monté et se sont arrêtés. Le commissaire priseur abaisse son marteau en donnant le dernier prix. C’est vendu ? Pas forcément.

Il ne faut pas oublier la notion de prix de réserve. Sur les catalogues de ventes aux enchères ont présente deux prix : ils donnent la fourchette dans laquelle est estimée l’auto. Ensuite il faut bien chercher la mention de prix de réserve. Celui-ci n’est pas donné.

À quoi il correspond ? Tout simplement au prix minimal que doit atteindre l’enchère pour que l’auto parte. Cela permet de se donner une garantie et d’être sûr que l’auto ne soit pas bradée. Ce prix est généralement situé en dessous de l’estimation basse, mais il peut arriver qu’il soit aussi légèrement au dessus, notamment dans le cas où le vendeur est gourmand tandis que la maison de vente est plus raisonnable quant au prix de l’estimation (que le lot pourrait atteindre). Attention, ceci ne concerne que les ventes étrangères, cette pratique est interdite en France.

Le prix de réserve peut faire « mentir » les résultats. En effet, le prix de départ donné par le commissaire priseur, qui est une base doit normalement être surclassé par les premières enchères. Mais si le prix de départ est trop bas ou que le lot n’est pas très prisé, il se peut que le prix de réserve ne soit pas couvert par une enchère ! Dans ce cas, même si le marteau retombe, l’auto peut ne pas être vendue. Il faudra en effet une négociation ultérieure entre la maison de vente, l’acheteur et le vendeur pour savoir s’il est finalement suffisant ou non.

Mais le vendeur peut aussi choisir de ne pas établir de prix de réserve. Du coup l’auto partira dans tous les cas, et elle peut le faire au prix de départ. S’il est couvert par un acheteur, ce sera le prix final.

Dans le cas de la vente « La Parisienne », on retrouvera des prix de réserve sur les Groupe B ou la Matra MS670 mais pas sur la DB4 bleue par exemple. Et quand il n’y a pas de prix de réserve, il y a de bonnes affaires à faire.

Prix sous le marteau ≠ prix de vente

Autre particularité des enchères, les prix annoncés au cours de la vente. Vous ne le savez peut-être pas mais ces prix ne sont au final pas vraiment les prix de vente. C’est le prix « de base » mais ils sont donnés sans les frais ni la TVA !

Prenons une nouvelle fois l’exemple de la vente La Parisienne qui approche. Toutes les maisons de vente doivent donner les frais, alors on a regardé et il y a déjà deux cas à séparer.

La voiture vendue vient de l’Union Européenne :
• De 1 à 900 000 € : 16% + TVA au taux en vigueur
• Au-delà de 900 001 € : 12 % + TVA au taux en vigueur

Et si la voiture ne vient pas de l’UE, il faut rajouter 5,5% de frais d’importation ! Source par ici.

Du coup, attention, le prix qui sera donné sous le marteau, en plus de ne pas vouloir dire que l’auto sera vendue, ne sera pas le prix réellement payé par l’acheteur !

Pas vendue ? Attendons un peu

Jusque là on s’est attaché à quelques nuances qui donnent l’impression que l’auto est vendue, à un prix donné. Mais pour le coup on va partir du postulat inverse.

Il se peut que l’auto soit retirée de la vente par le commissaire priseur parce que personne ne couvre l’enchère minimale. Dans la plupart des cas, c’est définitif. Mais pas toujours ! En effet, c’est là qu’intervient l’after-sale.

Cette fois le commissaire priseur sera plus un intermédiaire pour une vente de gré à gré. Un acheteur peut venir le voir et proposer un prix en dessous du prix de départ, qu’il y ait un prix de réserve ou non. Il faudra ensuite que l’offre soit transmise au vendeur qui pourra l’accepter ou non. Les maisons de vente américaines ne se cachent d’ailleurs plus et proposent carrément deux catégories pour les résultats :

  • les autos vendues
  • les « still for sale » avec le prix demandé clairement indiqué
image-

Dernier point : la préemption

On avait déjà parlé de ce mécanisme qui permet à l’état d’acheter l’auto pour une de ses collections… et justement c’était à propos de la fameuse Matra que beaucoup veulent voir rester en France.

Pour vous le résumer : l’état, ou toute autre collectivité, peut mettre une option d’achat sur le lot, au prix d’adjudication, et ainsi se substituer à l’enchérisseur qui a remporté l’enchère ! Par contre, une personne mandatée par cette collectivité doit l’annoncer sitôt le marteau tombé.

Pour le coup cela pourrait retarder le résultat définitif de l’enchère. Mais soyons honnête, avec des musées fermés et un budget de la culture plus occupé à soutenir un secteur que le Covid a plongé dans la crise… l’hypothèse est peu probable. À surveiller malgré tout.

Conclusion :

Pour la vente d’Artcurial La Parisienne comme pour toutes les ventes, vous savez désormais que ce que vous voyez ne fait pas tout !

De notre côté on attendra patiemment que les résultats officiels soient publiés par la maison de vente avant de vous les donner. Ils seront alors définitifs et comprendront, normalement, les frais.

En attendant, quelques dernières photos de l’exposition de la vente La Parisienne.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Gael

    Attention en droit français le prix de réserve ne peut être inférieur à l estimation basse !

    Répondre · · 5 février 2021 à 22 h 07 min

  2. Antoine

    Attention, vous faites erreur: la loi française interdit que le prix de réserve soit supérieur à l’estimation basse, il ne peut qu’être inférieur ou égal à l’estimation basse…

    Répondre · · 6 février 2021 à 17 h 24 min

    1. Benjamin

      Alors pour le coup on généralise, avec ce qu’on a pu voir sur des ventes américaines mais merci de la précision (par un spécialiste qui plus est).

      Répondre · · 6 février 2021 à 17 h 26 min

      1. Antoine

        Pardon, je pensais que vous abordiez précisément le sujet des ventes aux enchères françaises, d’autant plus que la question de la préemption par l’état français est abordée plus loin et que c’est une vente aux enchères française qui est le prétexte et l’exemple particulier de l’article.

        Répondre · · 8 février 2021 à 13 h 46 min

  3. Matthieu LAMOURE

    Cher Benjamin,

    Mon collègue Antoine a bien corrigé votre article. En droit français et seulement en droit français, il est interdit de mettre une fourchette basse de l’estimation inférieure au prix de réserve. Plus simplement, prenons un exemple, si une auto est estimée 100 000/120 000€, le prix de réserve ne peut être supérieur à 100 000€.

    D’autre part, il serait bon de préciser dans votre article que la vente aux enchères est totalement publique, que la transparence est totale sur les frais acheteurs puisque les résultats sont publiés, publiquement. Ce n’est ni le cas dans la vente de gré à gré sans intermédiaire (d’un propriétaire privé à un acheteur direct), ni dans une vente par un professionnel marchand.
    C’est bien aussi pour cette raison que les automobiles ou collections détenues par une succession choisissent la vente aux enchères pour sa transparence, ce qui évite des discussions entre héritiers.
    Egalement, confier son automobile dans une vente aux enchères internationale, comme celles que nous organisons, permet de la mettre en concurrence face à tous les acheteurs à un moment T grâce à la force de frappe mondiale du marketing et de la communication.

    Autre précision à rajouter à votre article, oui le marteau tombe à chaque lot, même les invendus. Mais quand le lot est vendu, le commissaire-priseur rajoute « j’adjuge ». Lorsque le lot n’est pas vendu, le marteau tombe, sans commentaire l’accompagnant, pour adjuger au vendeur, je m’explique: ce dernier ayant mis un prix de réserve, n’ayant pas été atteint, « rachète » sa voiture. Dans le mot « racheté », je précise que le vendeur n’a pas à payer de frais acheteur à la Maison de ventes bien entendu (sauf frais de catalogue/transport/inscription), comprenez « non vendu », restant entre les mains de son vendeur. Mais depuis quelques temps, nous précisions souvent « non vendue » ou « passe » pour que les gens comprennent.

    Pour finir, je précise que la France est le seul pays au Monde à avoir un organisme de contrôle des Maisons de ventes protégeant les clients contre tout abus, contrairement à n’importe quel autre pays, Grande-Bretagne, USA ou autres.

    Votre article fait le point sur le processus de la vente aux enchères, je vous en remercie mais j’y lisais un très léger fond à vouloir obscurcir ce qui est justement très transparent. il était de mon devoir d’y répondre pour préciser et corriger quelques détails.

    Nous avons l’immense bonheur d’avoir fait de notre passion, notre métier, et ce métier, nous l’aimons plus que tout car il permet des rencontres magnifiques, des échanges riches et il apporte des émotions extraordinaires, que ce soit dans la découverte de belles automobiles, de jolies histoires et de le vécu de grands moments. Vive les ventes aux enchères !

    Cordialement;

    Matthieu Lamoure
    Directeur général Artcurial Motorcars

    Répondre · · 8 février 2021 à 11 h 27 min

    1. Benjamin

      Merci pour ces précisions.

      Répondre · · 9 février 2021 à 10 h 40 min

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