Concepts et Études, ép. 52 : Buick Y-Job, le premier concept

Publié le par Pierre

Concepts et Études, ép. 52 : Buick Y-Job, le premier concept

Parce que toutes les autos anciennes ne sont pas arrivées sur nos routes, on vous propose d’en découvrir régulièrement. Rendez-vous le deuxième dimanche de chaque mois (les épisodes précédents sont là). Ce mois-ci, penchons-nous sur un concept que nous aurions du traiter il y a bien longtemps, celui qui est considéré comme le premier d’entre tous : la Buick Y-Job.

GM, l’anti-Ford

Nous sommes dans les années 1920. Après la révolution industrielle et sociale de la Ford T, GM veut sa part du marché. Là où Henry Ford prônait que « le client peut avoir n’importe quelle couleur du moment qu’il s’agit du noir », afin de rationaliser au maximum sa production, GM prend une direction radicalement opposée : segmenter à outrance le marché, afin de couvrir tous les niveaux de gamme imaginables, et faire évoluer annuellement les modèles, afin d’alimenter l’engouement pour les nouveaux modèles.

C’est dans cette optique de GM crée en 1927 un nouveau département, chargé « d’étudier la question de l’esthétique et des combinaisons de couleur pour les produits General Motors ». À la tête de ce département Art et Couleurs, on retrouve Harley Earl un carrossier qui a notamment travaillé sur les LaSalle, directement nommé par le président de GM, Alfred Sloan.

Ce qui a notamment motivé le choix de Sloan, au-delà du succès des LaSalle sur le marché, ce sont les méthodes de travail d’Earl. En plus de ses croquis, il a recours à des maquettes en argile afin de pouvoir donner de la substance aux volumes dessinés, une technique toujours d’actualité, quasi un siècle plus tard.

Explorer l’avenir

Les premières ébauches de voiture de grande série conçues par Earl rencontrent des problèmes de mise en production. Décision est prise d’incorporer des ingénieurs dans l’équipe, afin de s’assurer de la faisabilité des nouveaux modèles. GM se sent pousser des ailes, et le département Art et Couleurs œuvre pour toutes les divisions du groupe, des marques automobiles aux locomotives en passant par les bus ou l’électroménager.

En 1939, le département Art et Couleurs devient le département du Style de General Motors. Pour l’occasion, les bureaux sont relocalisés dans les quatre derniers étages du GM Research Building, juste derrière le siège. Earl en profite pour restructurer son bébé, en créant un studio pour chaque marque, pour les utilitaires et les bus, ainsi que d’autres studios de style avancé.

Fort d’une telle équipe, Earl lance alors la conception de sa voiture voiture de rêve. Il prélève un châssis de Buick Super de 1937 et le fait rallonger jusqu’à atteindre les 5,3 mètres de long. Il va alors venir concentrer toutes les technologies de l’époque dans un écrin qui doit préfigurer la prochaine décennie de style chez GM. La voiture prend le nom de Buick Y-Job, chantier Y dans la langue de Molière. Les explications divergent sur le pourquoi, certains disent que Earl a choisi Y car c’était la prochaine étape (les projets étaient codés X), d’autres affirment que c’est en référence au Y qui désignait les prototypes d’avion de combat aux États-Unis.

Au menu, un style pas forcément novateur (sous certains aspects, on pourra penser aux Cord 810 et 812 avec leurs phares escamotables), signé George Snyder, cependant, la mayonnaise prend, avec un ensemble très fluide. On pourra noter la calandre à fanons, qui deviendra un des signes distinctifs de Buick. Viennent s’ajouter de longues ailes enveloppantes, qui débordent sur les portières, ainsi que l’absence de marchepied ou encore des poignées de porte affleurantes. D’autre part, les vitres et la capote sont à commande électrique, une première pour l’époque.

La voiture est présentée en décembre 1939 et va faire la tournée des salons américains, avant qu’Harley Earl ne s’en serve comme véhicule personnel pendant plus d’une décennie. Elle va même être à l’origine des Motoramas, véritables expositions itinérantes où GM venait présenter plusieurs concept cars à la fois.

La Buick Y-Job de nos jours

Comme dit plus tôt Harley Earl va garder la Buick Y-Job jusqu’en 1951. Elle recevra d’ailleurs une nouvelle face avant, ainsi qu’une nouvelle planche de bord. Après quelques années en entrepôt, elle passe par le Musée Sloan à Flint dans le Michigan.

Elle est ensuite transférée, ironie du sort, au Musée Henry Ford, qui va entreprendre sa restauration, ainsi que le retour à la face avant d’origine. En 1988, la Buick Y-Job fera une brève apparition afin de promouvoir la toute nouvelle Reatta.

Depuis 1993, elle a intégré la collection Buick Heritage et est exposée au GM Design Center, à Warren. Autre détail intéressant, L’Historic Vehicle Association a inscrit la Buick Y-Job à son registre, archivant toutes les informations relatives à la voiture, et c’est également la première a avoir été scannée et préservée numériquement dans ce registre.

Crédits photo : GM, Buick, Wheelsage

Pierre

Tombé dans la marmite automobile quand il était petit, il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2015. Expatrié en Angleterre depuis Mai 2016, il nous partage les évènements de là-bas. En dehors de ça, il partage une bonne partie de son temps sur la route entre une Opel Ascona et une Mazda RX-8.

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