Concepts et Études, ép. 43 : MG B Mark V

Publié le par Pierre

Concepts et Études, ép. 43 : MG B Mark V

Parce que toutes les autos anciennes ne sont pas arrivées sur nos routes, on vous propose d’en découvrir régulièrement. Rendez-vous pour cela le troisième dimanche de chaque mois (les autres sont là). Ce mois-ci, penchons-nous sur la dernière itération, avortée de la MG B.

Avant d’aller plus loin, non, vous ne rêvez pas, nous parlons bien de la MG B. Cependant, ce n’est pas un effet secondaire des fêtes qui aurait altéré ma lucidité, bien loin de là. Et, pour être honnête, ce premier épilogue, avant celui de la RV8, est pour le moins savoureux à raconter.

Retour sur le mythe

La MG B est incontestablement la première voiture qui vient à l’esprit quand on parle de roadster anglais. Et pour cause, avec près de 386961 voitures produites, elle sera la plus vendue de la catégorie, jusqu’à l’arrivée de la MX-5.

Lancée en 1962, la MG B reprend le moteur de la MG A, avec une cylindrée portée à 1.8 litres, mais l’intègre cette fois-ci dans une coque autoporteuse. Elle reprend également les trains roulants et les freins de sa devancière.

La voiture connait rapidement le succès et évolue tout aussi vite. Dès 1964, la MG B intègre une version à 5 paliers du moteur, qui au passage gagne un radiateur d’huile en série. En 1965, le train arrière évolue, et le train avant reçoit une barre stabilisatrice.

En 1967, la MG B Mark II accueille une boite de vitesse synchronisée sur tous les rapports, et propose enfin une boite automatique en option. Elle s’équipe aussi d’un feu de recul rectangulaire, et summum du confort, du chauffage en série ! Au passage, la version américaine se voit greffer un troisième essuie-glace pour répondre à une nouvelle réglementation concernant la surface minimale à couvrir par les balais.

En 1970 arrive celle qui n’est pas officiellement appelée MG B Mark III, mais qui en a tous les arguments : nouvelle calandre noire à bord chromé qui réintègre le logo MG, nouvelles jantes, nouveaux sièges, nouveaux feux arrière…

Enfin, arrive en 1974 la pomme de discorde. La MG B subit une nouvelle évolution, une fois encore pour répondre aux normes US : la garde au sol est relevée de 4 cm et surtout la MG B, que je vais appeler Mark IV par abus de langage, est équipée de ces immondes pare-chocs en caoutchouc noirs permettant de répondre à la norme de crash à 5 mph, si chère aux américains, qui va défigurer nombre d’européennes exportées là-bas.

Cependant, malgré un succès qui ne semble pas faiblir (les chiffres de production restant étonnamment stables tout au long de la carrière de la MG B), British Leyland annonce le 10 septembre 1979 la fermeture de l’usine d’Abingdon, et la fin de la production de la B.

Et c’est ici que nous arrivons, enfin, à celle qui nous intéresse aujourd’hui, celle que j’ai titrée MG B Mark V pour éveiller votre curiosité, sans vendre la mèche.

Un sauveteur inattendu

Suite à l’annonce de British Leyland, c’est l’effervescence. De nombreux industriels essaient de s’allier pour reprendre le site et, pourquoi pas, la marque MG, qui semble vouée à disparaître. Dans le lot, un consortium en particulier fait parler de lui.

À sa tête, on retrouve le directeur d’Aston Martin, Alan Curtis (qui était également derrière la conception de la Bulldog, dont nous vous parlions il y a tout juste deux ans, coïncidence heureuse !). Il est accompagné de David Wickens de British Car Auctions, Peter Cadbury (oui, oui, il est bien lié à CE Cadbury), Lord George-Brown (un des principaux membres du parti travailliste) et Norwest Construction.

Avec une « petite » enveloppe de 30 millions de livres, le plan était le suivant : racheter Abingdon,son outillage, la marque MG et les droits de la B, afin de continuer la production, sans interruption. Alan Curtis va se lancer dans un véritable bras de fer avec les représentants de British Leyland en ce qui concerne MG. En effet, il semble qu’il y ait eu une remplaçante de la MG B dans les tuyaux, étroitement dérivée de la Triumph TR7.

Pour tenter de faire pression sur ses interlocuteurs, Curtis annonce que ses équipes sont déjà en train de développer une version modernisée de la MG B. Cependant, les tractations sont compliquées et en avril 1980, il semble enfin qu’un accord soit en vue. Le consortium mené par Aston Martin prendra possession de l’usine et de l’outillage, cependant, ils n’auront qu’un droit de licence sur le nom et le logo MG, British Leyland en gardant la propriété.

Échec et mat

Malheureusement, si vous vous rappelez l’histoire de la Bulldog, à cette même époque, les comptes d’Aston Martin plongent à nouveau, et il s’avère très vite que les 30 millions annoncés quelques mois plus tôt sont maintenant plus qu’illusoires.

Malgré tout, un prototype en mis en développement dans les ateliers de Newport-Pagnell. Le responsable du restylage n’est autre que William Towns, maintenant freelance, mais déjà à l’origine des Aston Martin V8, Lagonda et Bulldog.

La MG B Mark V commence donc à prendre forme, avec une partie avant intégralement redessinée, tout en gardant l’esprit d’origine. Le pare-brise est remplacé par celui du coupé MG B GT, le bouchon de réservoir disparait pour laisser la place à une trappe, relocalisée dans l’aile arrière, les optiques arrière sont également agencées différemment.

Les jantes sont remplacées par des jantes Wolfrace, plus modernes, et la partie basse de la carrosserie est recouverte de panneaux plastiques, une mise à jour stylistique qui fera son apparition sur le Spider Alfa Romeo en 1983. Le mobilier intérieur change assez peu, seuls le volant Astrali et les sièges Wolfrace diffèrent du modèle de départ.

La MG B Mark V est présentée en juin 1980, et annoncée pour entrer en production en 1981. Malheureusement, la récession économique (en partie à l’origine de la décision de fermeture) frappe également les autres investisseurs. British Leyland, sentant venir un coup fumeux, coupe court aux négociations et ferme l’usine d’Abingdon, annonçant par la même occasion la mort de la MG B.

La MG B Mark V de nos jours

La MG B Mark V, sans avoir un historique tellement limpide qu’il suffit d’ouvrir un moteur de recherche pour trouver tous ses propriétaires, est assez facile a suivre.

Elle commence sa carrière à Longbridge en tant que simple MG B de couleur russet brown. Elle fait partie de la flotte de BL Cars Limited. Elle est alors achetée par Aston Martin pour être transformée. Après l’abandon du projet, elle est remisée pendant quelques années avant d’être vendue à un particulier en juillet 1984.

En 1997, elle est achetée par un collectionneur de MG, elle affiche alors 1093 miles. En 2011, elle est mise en vente par Nutley Sports & Prestige Centre, elle affiche alors 6300 miles au compteur. On l’a enfin retrouvée en vente, cette fois-ci par Aston Workshop, en janvier 2022, à 6915 miles, et elle a été vendue en quelques jours à peine.

Pour l’anecdote, le MG Car Club répertorie également une réplique réalisée par un passionné.

Crédits photo : Aston Workshop, Roman Rätzke pour Classic Driver, AROnline

Pierre

Tombé dans la marmite automobile quand il était petit, il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2015. Expatrié en Angleterre depuis Mai 2016, il nous partage les évènements de là-bas. En dehors de ça, il partage une bonne partie de son temps sur la route entre une Opel Ascona et une Mazda RX-8.

Commentaires

  1. François Roux

    Dommage de lui avoir greffer tous ces appendices. La MG R V8 était mieux réussie.

    Répondre · · 16 janvier 2023 à 10 h 42 min

    1. Pierre

      Difficile de comparer les deux… Même si l’envie est plus qu’alléchante. La Mark V a été conçue dans l’urgence, imposait de garder les infrastructures d’assemblage et devait se plier aux normes US. La RV8 a eu droit à 4 ans de développement, était destinée à d’autres marchés, et était assemblée en sous-traitance, ce qui laisse beaucoup plus de latitude !

      Répondre · · 16 janvier 2023 à 18 h 37 min

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