Audi Coupé GT : Großes Temperament

Publié le par Hugues Desoize

Audi Coupé GT : Großes Temperament

AUDI, on connait tous, mais au fond nous n’en croisons que de temps en temps quand on parle de voitures anciennes et c’est vrai qu’on a pas essayé beaucoup (la dernière, une S2, est ici). Mais des images nous viennent quand même. Les anneaux, l’image d’une voiture de rallye entourée de poussière et c’est parfois tout. Alors quand on nous propose de prendre place à bord d’une auto comme notre Audi Coupé GT du jour, on ne se fait pas prier. Prêt à embarquer ?

Replaçons-nous dans l’histoire

Quand je pense à l’Audi Coupé GT qui nous occupe aujourd’hui, le chiffre 4 me vient à l’esprit. 4 comme le nombre d’anneaux qui ornent la calandre et qui représentent les constructeurs à l’origine de la marque.

IMG 4899- Audi Coupé GT

Mais ce n’est pas tout. Le nom est composé de 4 lettres. 4 comme 40 ans et le nombre d’années qui nous séparent de 1984. Cette année là, Michèle Mouton emmenait son Audi Quattro Sport à la victoire sur la fabuleuse montée de Pikes Peak, prouvant aux misogynes de l’époque qu’une femme pouvait faire aussi bien qu’un homme, le monde automobile s’en souvient encore. Son nom est encore omniprésent dès qu’on évoque Audi. D’ailleurs, c’est aussi l’année qui correspond à l’apparition de la version et du moteur qui équipe le modèle que nous allons vous présenter.

Enfin 4 comme Quattro, le fameux système de transmission intégrale, donc 4 roues motrices, qui fit connaître Audi à l’époque et assura sa renommée jusqu’à aujourd’hui. Maintenant qu’on a quelques bases, débâchons la belle, en route pour de nouvelles aventures à bord de cette Audi Coupé GT.

Comme bien souvent, quand on veut présenter le véhicule essayé, il nous faut évoquer le point de départ et le modèle qui en est à l’origine, en l’occurrence ici, les modèles.

Mon premier est une berline qui fit entrer Audi dans le club des grands constructeurs. En effet l’Audi 80, apparue en 1978, est un modèle bien né. Son design très « classique », son intérieur bien pensé, ses qualités d’assemblages mais aussi ses qualités dynamiques, grâce à un châssis et des suspensions performantes, font non seulement un succès commercial mais aussi une excellente candidate pour un projet plus ambitieux.

Audi 80- Audi Coupé GT

Mon second est une bête de course qui a changé beaucoup de chose dans le paysage automobile de compétition. Volonté du bouillonnant Ferdinand Piëch pour redonner à Audi son lustre d’antan et bousculer les principales marques teutonnes concurrentes, l’Audi Quattro était basée sur la combinaison d’un moteur 5 cylindres suralimenté par un turbo et d’une transmission intégrale. Dessinée par Hartmut Warkuß et présentée en Mars 1980 au salon de Genève, elle élèvera Audi au sommet de compétition en rallye (un titre en Gr. IV, un en Gr. B et 23 victoires en WRC).

Audi Quattro- Audi Coupé GT

Mon tout est une voiture de série qui reprendra la plateforme de mon premier et la carrosserie de mon second. Bref un pari (un peu risqué ) calculé sur les succès à venir. Son nom l’Audi Coupé GT

Notre Audi Coupé GT du jour

Entendons-nous bien, la version que nous vous présentons aujourd’hui n’a jamais, dans l’esprit du constructeur, eut une vocation sportive. Pour cela l’Audi Quattro et des versions routières comme la Coupé Quattro Sport Evolution, allaient faire le job. L’Audi Coupé GT avait pour ambition d’exposer le meilleur d’un grand coupé routier pour rouler en butée d’accélérateur sur l’Autobahn. Et ça se traduit avec les premières impressions visuelles.

Si on veut être objectif, l’Audi coupé GT ne fait pas dans la dentelle côté esthétique. Son dessin particulièrement anguleux et agressif n’est pas vraiment empli de finesse ni de poésie. Malgré l’avis de certains esprits chagrin, qui trouvent la ligne un peu lourde façon Panzer, je le trouve en parfait accord avec son époque et le message à faire passer par Audi à travers ce véhicule. Le hayon arrière très incliné, les surfaces vitrées latérales arrières voir même le porte à faux arrière, ne sont pas sans rappeler le magnifique coupé 100 S.

Essai Audi Coupe GT 1986 3.4 Avant Gaucge 3 Hugues- Audi Coupé GT

Notre véhicule du jour, sorti des chaînes de production à l’Automne 1986 est une phase 2 du coupé GT, présenté à l’été 1984. Des modifications importantes sont déjà appliquées. La calandre tout d’abord et ses optiques aux verres biseautés afin de s’harmoniser avec l’esthétique des dernières évolutions des berlines 100 et 200 et remplacer les doubles feux carrés de la première mouture. Les pare-chocs et les jupes latérales ensuite, sont redessinés afin de retravailler l’aérodynamique.

C’est assez étrange de parler d’aérodynamique avec un ligne carrée comme celle-ci, mais dans les années 80, ces lignes droites et tendues sont la norme. D’ailleurs, les feux supplémentaires qui ornent le bouclier, bien carrés eux aussi, permettent également de vite resituer l’Audi Coupé GT dans sa décennie de naissance.

Le profil de l’Audi Coupé GT est aussi un élément qui marque. Plus encore que la face avant, il trahit la filiation avec les reines du Groupe IV puis du Groupe B. Massif ? C’est quasi certain. Il faut dire que le long porte à faux avant y est pour quelque chose, mais il faut bien loger le moteur. On note aussi qu’on doit avoir de la place à l’intérieur avec cette grande vitre de custode.

Essai Audi Coupe GT 1986 lateral gauche Hugues- Audi Coupé GT

L’arrière nous montre bien le côté fastback de l’auto. Il est vrai que c’est désormais « normal », mais à l’époque on trouvait encore des résistantes. Pas chez VAG en tout cas puisque tous les coupés de la gamme s’y étaient mis.

Pour cette phase 2 de l’Audi Coupé GT, les feux et la bande centrale (autour de la plaque) deviennent noirs et l’aileron reprend celui des versions coupé Quattro. Notons pour les lecteurs éclairés, que les jantes de notre modèle ne sont pas les jantes d’origines mais celles d’une version Coupé GT Quattro. il en va de même pour la double sortie d’échappement.

Côté technique : Phase 2 et une maturité assumée

Sur la bestiole qui nous intéresse aujourd’hui, nous retrouvons le fameux moteur 5 cylindres 2,2l de 136ch injection (Bosch K-Jetronic). Différent du 5 cylindres 20 soupapes turbo de 306ch de la version Quattro Sport Evolution (construit à 204 ex. pour homologation en compétition) évoquée plus haut, mais tout de même plus que sympathique.

Essai Audi Coupe GT 1986 Moteur News dAnciennes Vincent Decours 2- Audi Coupé GT

J’en veux pour preuve le souvenir ému qu’en gardent « les gardiens du temple » dans le réseau Audi de nos jours. La sonorité du 5 cylindres est un des éléments qui ont fait la réputation de ce moteur. J’ai encore à l’esprit nos sourires béats lorsque François, l’heureux propriétaire de notre coupé GT mit le premier tour de clé dans le Neiman.

Au delà de la puissance, le couple est très satisfaisant avec 186Nm, il n’en fallait pas moins pour emmener ce coupé qui n’était pas vraiment un poids plume, dépassant largement la tonne sur la balance. Enfin, si on retrouve une boîte 5, pour le reste de la transmission on reste dans le classique. C’est bien une Audi Coupé GT et pas une Quattro. Du coup, tout est transmis aux roues avant.

Une fiche technique sage mais efficace, très Audi en somme.

L’intérieur : Sobriété et efficacité

La sobriété (pour ne pas dire austérité) germanique vous ramène à l’essentiel, vous donne le ton immédiatement. Pas de fioriture, pas de couleur non plus, sur l’Audi Coupé GT on se concentre sur l’essentiel. Tout est à sa place, rien ne choque.

Essai Audi Coupe GT 1986 Interieur habitacle News dAnciennes Vincent Decours- Audi Coupé GT

Le combiné de bord ainsi que le volant de notre Audi Coupé GT sont repris de la berline 80. Les commandes de feux par boutons poussoirs à droite du tableau de bord sont particuliers aux Allemandes de ces années là. Compte-tours, tachymètre, jauge à carburant et température d’eau tombent directement sous les yeux du conducteur. La décoration est allemande, mais l’ergonomie aussi, ça a du bon !

Côté console centrale, c’est un élément spécifique aux Audi Coupé GT avec le bloc de chauffage et trois petits manomètres regroupant la pressions d’huile, témoin de charge et température d’huile qui nous indiquent que l’auto peut se piloter de temps à autre. Tout en bas, les commandes de vitres électriques et l’allume cigare. Le luxe !

La petite plaque et le soufflet de levier de vitesse Audi Sport, rajoutés à une époque de sa vie donne une note de couleur inespérée dans cet intérieur en noir et gris.

Au volant de l’Audi Coupé GT

L’accès à bord se fait sans problème particulier, même pour les grands gabarits. On se cale facilement dans les sièges sport plutôt confortables et généreux. Maintenant que que l’on a fait le tour du et avec le propriétaire, le moteur est à température, tout est au vert. Go !

L’Audi Coupé GT m’impressionne un peu. C’est en quelques sorte un « incontournable » dans la production historique de la marque aux quatre anneaux que j’ai entre les mains. Sans être rarissime, il est peu courant dans les rassemblements. Pour être au coeur de la marque depuis de nombreuses années, le modèle est souvent évoqué pour ses qualités moteur en 5 cylindres et ses qualités dynamique mais je n’ai jamais eu l’opportunité d’en prendre le volant. La belle, allait-elle être au niveau de mes espérances ?

Première impression rassurante, je suis comme à la « maison ». J’ai l’impression d’avoir fait des centaines de kilomètres alors que je n’en ai parcouru que quelques uns. J’entre en parfaite communication avec l’engin.

En zone urbaine, le moteur est suffisamment souple pour une conduite fluide sur un parcours inconnu. La boite de vitesse à 5 rapports est bien étagée et je retrouve des longueurs de rapport assez proches des modèles modernes de la marque à vocation équivalente. On sent bien que le couple est là, disponible à des régimes raisonnables, pas de difficulté pour s’insérer dans les rond-points et pas de vrai besoin de manier le levier de vitesse. Autre point bien sympathique, les quelques accélérations réalisées me font percevoir tout le potentiel mélodique.

Nous quittons l’agglomération pour emprunter une route typique du littoral Breton. Pas vraiment large, dans un état pas vraiment parfait. Bref, idéale pour un test sans complaisance. La direction de l’Audi Coupé GT demande à montrer qui est le patron mais la précision est suffisante avec un peu de concentration. Côté confort rien à dire à condition d’apprécier un peu la fermeté. Mes fragilités lombaires ne seront pas mises à mal même sur mauvais revêtement. Pour le freinage, si on ne compare pas aux véhicules modernes, les quatre disques font le job.

Assurément cette auto n’est pas dans la catégorie bombinette, son poids, sa puissance n’en font pas un modèle d’agilité. Cependant l’efficacité est bien au rendez-vous grâce à un châssis quasi parfait. Le résultat de l’équation donne une auto qui sait se faire entendre et peur rouler à bonne allure (et pas seulement sur autoroute) à condition d’en déceler les codes. Montrer qui est le patron (avec la direction), la respecter sans être trop timide (avec les rapports de boîtes), bien comprendre ses transferts de masse (parce qu’elle a tout de même ses limites notamment en sous virage). Quand on a coché tout ça, la belle peut vous emmener sur les chemins de la volupté.

Les kilomètres s’enchaînent et je suis tout à fait à mon aise pour aborder la portion de quatre voies en testant raisonnablement le potentiel de l’auto. Le sourire approbateur de mon passager et propriétaire du véhicule me confirme dans cette idée en abordant la voie d’accélération. Rétrogradage de quatrième en troisième, le pied droit enfonce l’accélérateur sans brutalité (notre auto affiche tout de même 38 années au compteur), mais sans être timoré non plus.

Les 5 cylindres piaffent d’impatience d’une montée en régime. Dieu que c’est bon ! L’aiguille du compte-tours grimpe et les roues avant envoient.

Pas besoin de son dans les haut-parleurs, la mélodie de la mécanique suffit à mon bonheur. Rauque et puissant, dans les montées en régime, le moteur est très présent dans l’habitacle (afin d’en profiter un maximum, nous baissons même les vitres lors des passage sous les ponts).

Par contre il n’y a pas que le compte-tours qui s’affole, le tachymètre est au diapason. Il est temps de passer la cinquième vitesse car il faut raison garder.

L’Audi coupé GT est dans son élément, bien calée sur la voie de gauche… et ce n’est pas pour se moquer des Audi mais bien pour affirmer son caractère. Cela me confirme que la dénomination de cette auto, Audi Coupé GT, ne pouvait être autre. Dans cette version injection et traction, c’est bien un coupé au comportement grand tourisme, fait pour croiser sur les autobahn Allemandes à des vitesses pas légales en France, sans fatigue et sans stress.

Conclusion :

Assurément l’Audi Coupé GT est en mesure de répondre à ce que l’on attend d’une GT polyvalente. Sa réputation n’est pas usurpée.

Une GT à la nature toute Germanique, efficace, racée sans ostentation, intégrant une technologie novatrice pour l’époque. N’attendez pas de l’Audi Coupé GT un comportement sportif, surtout dans le cas d’un modèle sans turbo et sans transmission Quattro. Cependant elle vous procurera de belles sensations et vous emmènera vous et votre famille dans un voyage tout confort au cœur des années 80. Sans assistance et avec beaucoup de plaisir.

Les plus de l’Audi Coupé GTLes moins de l’Audi Coupé GT
Polyvalence d’utilisationPièces rares et chères
Sonorité du 5 CylindresIntérieur un peu austère
Qualité de finitionPas facile à trouver avec un historique sans reproches
Confort
Image
image- Audi Coupé GT
Fiche techniqueAudi Coupé GT
Années1980-1987
Mécanique
Architecture5 cylindres en ligne
Cylindrée2226 cm³
AlimentationInjection Bosch K-Jetronic
Soupapes10
Puissance Max136 ch à 5700 trs/min
Couple Max186 Nm à 3500 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 5 rapports
TransmissionTraction 2 roues motrices
Châssis
Position MoteurLongitudinale
FreinageDisques AV et AR
VoiesAV 1430 mm / AR 1430 mm
Empattement2540 mm
Dimensions L x l x h3820 x 1700 x 1353 mm
Poids (relevé)1060 kg
Performances
Vmax Mesurée202 km/h
0 à 100 km/h8,6s
400m d.a16,2s
1000m d.a29,5s
Poids/Puissance7,79 kg/ch
Conso Mixte±9 litres / 100km
Conso Sportive±16 litres / 100km
Prix± 20 000 €
Cote Collector Car Value

Conduire une Audi Coupé GT

Trouver une Audi Coupé GT n’est pas une chose très compliquée (à condition de ne pas se fixer sur un 5 cylindres Turbo Quattro). Trouver un Audi Coupé GT, conforme à l’origine et à l’historique identifié est déjà plus compliqué.

Un modèle équivalent à notre modèle du jour se trouve pour environ 20.000€ s’il coche toutes les cases. La carrosserie sera à inspecter pour traquer la corrosion et l’historique d’entretien sera à contrôler comme toujours, mais avec davantage d’attention que pour certaines marques. Ce sera le passeport pour une excellente fiabilité. Côté tendance, le risque est très modéré.

Gardez à l’esprit que les pièces ne sont pas bon marché et pas facile à trouver surtout en France. Le réseau ne vous aidera pas vraiment en général.

Enfin, il faudra l’entretenir correctement avec par exemple changer les joints de queues de soupapes à 150.000Km, changer la distribution tous les 100.000Km et vidanger le différentiel Quattro régulièrement. Et IMPERATIVEMENT, il faudra rouler avec votre beau coupé, le système d’injection n’appréciant pas les longues périodes d’inactivité.

Intégrant tout cela, c’est une auto très attachante, qui est bien utile de posséder dans son coffre à jouets.

Grand merci à François pour sa patience, sa disponibilité et la qualité de ses informations. Sans oublier Vincent Decours et Pierre Desoize pour leur gros coup de main.

Essai Audi Coupe GT 1986 News dAnciennes Vincent Decours 15- Audi Coupé GT

Hugues Desoize

Breton et collectionneur, dans l'automobile au jour le jour, Hugues se rend sur les rassemblement en Simca ou en Solex et vous les fait vivre sur News d'Anciennes depuis l'été 2021.

Commentaires

  1. ELBARESI

    Ok pour le coupé Audi, bientôt les essais des coupés Opel ?

    Répondre · · 15 février 2024 à 12 h 06 min

    1. Benjamin

      Comme pour toutes les autos : il faut qu’on nous en propose à l’essai…

      Répondre · · 15 février 2024 à 12 h 20 min

  2. Esciença

    1060 kilos ??? Ça fait rêver comparé au plus de 2 tonnes de la dernière bétaillère électrique 3008 Peugeot !

    Répondre · · 24 février 2024 à 21 h 52 min

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