« T’inquiète je m’y connais en bagnole. La C3 de ta mère, c’est moi qui l’avais inspectée et elle a jamais eu de soucis. » Merci tonton, mais non. Ce n’est pas une bagnole que je vais acheter, c’est une voiture ancienne. Et au final, ça n’a rien à voir. Ces processus peuvent sembler proches mais diffèrent sur bien des points.
Ne regardez même pas les fiches techniques
« Ouais mais la 1.9 elle a quand même 130 chevaux hein ! »
En voilà une belle erreur. Choisir son ancienne par rapport à sa fiche technique. C’est une approche étonnante et c’est sûr que si vous aimez les rendements des moteurs entre une Swift et une Clio avant de l’acheter, ça peut vous paraître être la base pour un achat.
Sauf qu’il faut déjà se dire une chose : des performances, en 50 ans, ça change ! Une Peugeot 205 GTI 1.9 de 1989 avec 240.000 km et dont le moteur n’aura jamais été restauré ne délivrera certainement pas 130 ch sur le banc de puissance (et on ne se pose même pas la question de savoir si elle le faisait en sortie d’usine). Là on vous parle d’une auto de 32 ans, alors imaginez bien qu’une Traction 15-6 dans le même cas de figure aura vu ses canassons se fatiguer autant que ses durites.
Et puis n’oubliez pas une chose : quand on achète une voiture ancienne, le côté pratique peut entrer en ligne de compte, mais rien ne remplace l’émotion. Si votre achat n’est pas celui de votre auto de rêve de toujours, que vous cherchez la bonne auto, cherchez celle qui vous procurera le plus de plaisir quand vous la regarderez et quand vous la conduirez. Qu’elle ait 24 ou 240ch, ce n’est au final qu’un chiffre.
Ayez une approche différente du « qualité-prix »
Quand on achète une auto pour tous les jours, souvent un déplaçoir mazouté même si on tente de nous enlever cette idée de la tête, on cherche à en avoir pour son argent. Sauf que pour ancienne, c’est totalement différent. On ne va pas regarder la fiche technique, on l’a dit, ni la liste des équipements qui sont disponibles pour ce prix là. Vous savez, ce qui vous fait hésiter entre une Mini de base et une 207 de milieu de gamme.
Pour ce qui est d’une voiture ancienne, quand on parle de qualité… on parle en fait de l’état. Parce que tout ce qui touche aux équipements, normalement vous l’avez déjà validé en décidant de vous lancer dans l’achat de telle ou telle auto. Du coup c’est vraiment l’état qui va tout changer.
Attention d’ailleurs : pour une voiture ancienne, l’état n’a rien à voir avec le kilométrage. Il vaut mieux une auto qui roule souvent et qui tourne parfaitement qu’une auto peu kilométrée à cause de ses pannes à répétitions.
Pour ce qui est d’une voiture ancienne, il faudra donc regarder son état esthétique et mécanique. En fait il faudra que vous jugiez si elle a besoin de petits travaux, d’une restauration complète ou si elle est parfaite en l’état. Et c’est ca qui vous donnera réellement le rapport qualité-prix de l’auto.
Attention cependant, ce n’est à faire QUE lorsque vous savez exactement quelle auto vous recherchez. Comparer deux autos différentes, dans des états différents est très compliqué. Un cardan de 4L ou un autre de Simca 1100 ce n’est pas le même prix !
Entraînez-vous à estimer
Il y a quand même un point commun entre l’achat d’une voiture moderne et l’achat d’une voiture ancienne. Il ne faut pas surpayer une auto. Et malheureusement pour vous, l’art de bien détailler le prix d’une auto ancienne est compliqué.
Ne vous fiez pas aux réseaux sociaux. Oui, 10.000 € pour une Renault 4CV ça semble une fortune à celui qui l’a payée 5000. Sauf que c’était il y 15 ans. Du coup, référez-vous aux cotes, mais encore une fois, faites attention. Même pour les plus célèbres, elles sont comme des horloges arrêtées qui donnent l’heure deux fois par jour : tout dépend de si elles sont à jour ou pas. Car, contrairement aux modernes, les prix ne font pas que descendre, c’est justement l’inverse.
Il faudra donc fouiller sur tous les sites d’annonce possible, dans tous les magazines que vous trouverez en kiosque, dans tous les sites de clubs et de marchands afin de bien connaître l’auto. Une fois que ce sera fait, vous aurez un aperçu de ce qui fait une auto chère ou abordable.
Et si vous visez une auto à restaurer, de vos mains ou pas, regardez également le tarif des différentes opérations, histoire de bien évaluer le prix « final » de l’auto ancienne en question.
N’inspectez pas les mêmes choses
« La courroie a été changée ? »
Pas de bol tonton, sur la 4CV c’est une cascade de pignon. Dans tous les cas, la distribution est à vérifier, mais sur les anciennes on inspecte pas les mêmes choses. Déjà parce que niveau carnet d’entretien, dès que l’auto a eu affaire à un collectionneur bricoleur, il manque des chapitres entiers (quand il est présent, d’ailleurs notez que c’est un petit plus pour le prix).
Par contre l’inspection visuelle sera primordiale. Et pas de loin hein, il faut avoir le nez dessus. Une peinture qui cloque, des écailles, des fluides qui fuient sous le capot, il va falloir tout noter. Pour la corrosion, d’ailleurs, emmener un aimant n’est pas une mauvaise idée, ça vous permettra de bien voir si la « restauration de qualité » porte bien son nom.
Et puis surtout, regardez bien en dessous de l’auto. C’est là que vous trouverez les pires choses et les meilleures surprises. N’oubliez pas de le faire, sous peine de devoir apprendre à changer un longeron dans peu de temps !
Trompez-vous !
On vous l’a dit, une voiture ancienne ne devient pas moins chère avec le temps (sauf si vous la maltraitez ou si vous partez d’une base vraiment peu kilométrée). Cela vous donne une certaine latitude pour vous tromper. Ainsi si, même après quelques travaux, l’auto roule parfaitement mais que vous vous rendez-compte qu’elle n’est pas faite pour vous… il suffit de la revendre.
En plus vous pouvez répéter l’opération plusieurs fois. Au fur et à mesure de vos erreurs vous affinerez votre choix et vous finirez pas trouver LA voiture ancienne qui vous convient. Celle dont vous pourrez vanter la fiche technique, les équipements, l’état… même si vous ne l’avez pas achetée pour ça !
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