Volkswagen Scirocco, dans l’ombre de sa sœur vedette

Le Volkswagen Scirocco faisait tourner les têtes. Pourtant connu et reconnu, le Volkswagen Scirocco est aujourd’hui trop souvent mis de côté à l’avantage de sa sœur populaire, la Golf, fer de lance de la marque. Il se plaçait un cran au-dessus, quitte à en faire payer le prix. Une stratégie risquée quand on appartient à la marque du peuple. Le Scirocco avait pourtant ses cartes à jouer et à su prouver son efficacité tout au long de sa carrière. Retraçons-la ensemble.

Le besoin d’un coupé plus moderne

À la fin des années 60, la marque populaire allemande trouve son second souffle. D’une part, il est question de trouver une remplaçante à la vieillissante Coccinelle et c’est à la Golf que reviendra le rôle. De l’autre, c’est le coupé Karmann-Ghia sortie en août 1955 quand même qui avait besoin d’un renouvellement.

Pour le nom de ce nouveau coupé, c’est déjà tout trouvé. Après ceux des vents du Gulf Stream et alizés associés à la Golf et la Passat, c’est celui d’un vent chaud et violent qui part du Sahara vers la méditerranée qui lui est attribué : Scirocco.

Son nom, orthographié à l’italienne rend hommage à son designer de renom, Giorgetto Giugiaro, qui a récemment pris son indépendance avec Italdesign et qui commence à travailler avec Volkswagen… en signant les lignes de la Golf notamment ! Volkswagen était pleinement satisfaite du design de sa future compacte. Giugiaro leur suggérera alors une carrosserie coupé au design élégant et sportif dérivée de la Golf.

À ce moment là, la marque ciblait davantage les véhicules à forte diffusion. Bien qu’emballé à l’idée de ce nouveau modèle aux lignes italiennes, Volkswagen ne souhaitait pas financer l’étude de design et de développement. Giugiaro se tourna alors vers Karmann qui fabriquait déjà les Karmann-Ghia pour élaborer ensemble le design et la production de la future Volkswagen Scirocco.

Le deal était trouvé. Le designer et le carrossier développaient la voiture tandis que Volkswagen apportait tout de même son soutien en fournissant les éléments mécaniques de la Golf et en assurant la commercialisation et la distribution du coupé 4 places. Une bonne nouvelle au niveau de la potentielle force de frappe commerciale.

Avec la Golf qui sera commercialisée quelques mois plus tard, le Volkswagen Scirocco marquait une véritable rupture technique avec les modèles précédents de la gamme.

Terminé la propulsion et le moteur en porte-à-faux arrière refroidi par air comme sur la Cox et le Karmann-Ghia. Les remplaçantes disposeraient d’un moteur placé à l’avant de manière transversale, refroidi par eau et deviendraient des tractions. Bien plus sûr et efficace pour des voitures de cette catégorie. De plus, cette architecture laissait place à un coffre avec une ouverture à hayon. Il faut rappeler que c’est encore une solution peu commune à l’époque, surtout en ce qui concerne le coupé !

Le nouveau visage de Volkswagen

Dès son lancement au Salon de Genève en Mars 1974, le Volkswagen Scirocco se voulait être une alternative aux coupés sportifs de l’époque. En ligne de mire : la Ford Capri et l’Opel Manta. Mais avec son coupé, VW voulait aussi s’aventurer sur les plate-bandes des premiums allemand BMW et Mercedes.

Dès sa présentation, le Volkswagen Scirocco a suscité l’enthousiasme des visiteurs. En plus de son design audacieux, l’évolution technique était saluée. Le train avant à déport négatif permettait un contre-braquage automatique quand, pendant le freinage, l’adhérence de la voiture est plus forte d’un côté que de l’autre. En cas d’accrocs légers, des zones de déformation de carrosserie la rendait plus sûre. Des points qui en faisait une voiture à vivre et rassurante.

Sous le capot, dans un premier temps la cylindrée s’échelonne de 1100 à 1600 cm³ avec respectivement 50, 75 et 85 ch. Comme cité précédemment, le nouveau Volkswagen Scirocco est une traction et c’est bien une première… sur une Volkswagen puisque la Golf n’arrivera qu’après !

Cela a été rendu possible avec le rachat de NSU par VW en 1969. Là, on retrouvait un bureau d’études maîtrisant la traction. Une nouvelle technologie pour la marque, en passe de se répandre chez tous les constructeurs.

Mais le Volkswagen Scirocco faisait face à un pari risqué : être une traction amusante à conduire. Effectivement, en plus de contribuer aux nouveaux standards stylistique de la marque, le Volkswagen Scirocco se devait d’être plaisant à conduire tout en marquant un tournant dans son évolution technique. Une première qui s’avérera directement concluante.

Une carrosserie, d’innombrables philosophies

La première génération du Volkswagen Scirocco a connu une carrière fructueuse avec 504.153 unités écoulées. Son design et ses équipements ont subtilement évolué au cours des années.

Lors de commercialisation, le Scirocco était catégorisé en trois versions, disponibles sous cinq finitions.
La finition dite “standard“ qui était uniquement proposée avec le 1.1 l de 50 ch avec un équipement sommaire.

Les trois finitions intermédiaires, appelées L, S et LS ajoutaient quelques équipements tels que la lunette arrière dégivrante et les sièges confort à l’avant.

Ces finitions étaient disponibles avec le 1,5 l développant 70 ch. La finition haut de gamme TS était quant à elle disponible avec le 1.5 l et 85 équidés.

Il faut attendre la fin de l’année 74 pour voir débarquer la première amélioration technique du Volkswagen Scirocco : la boîte automatique en option sur les 1.5 l.

Pour démarquer la version haut de gamme des versions standards et intermédiaires, les deux phares rectangulaires étaient remplacés par deux doubles optiques rondes. Cette version était aussi dotée de sièges à motifs écossais si chers à la marque dont la couleur se rapportait à celle de la carrosserie. La grande classe des seventies !

En 1977, la gamme est légèrement modifiée. La version standard devient N et les versions intermédiaires se regroupent sous la version L. La TS troque son blason contre celui de GT, largement plus évocateur et vendeur !

Plus tard, après un premier restylage en 1978 comprenant notamment des clignotants avant débordant les ailes et la disparition des chromes sur les plastiques des pare-chocs. Oui à l’époque le plastique c’est fantastique et le chrome n’est pas vintage, il est vieillot !

En 1979, le 1.5 l de 85 ch est remplacé par un 1.6 l et sera proposé dès 1980 avec la boîte manuelle à 5 rapports, mais uniquement en option.

Un nouveau moteur fait son apparition : c’est également un 4 cylindres de 1,6L sauf que lui sort 110 ch grâce à l’injection. Il est couplé de série à la boîte mécanique à 5 rapports. Les GSi et GTi étaient nées… Dommage, cette dernière n’était pas disponible en France.

Par la même occasion cette année-là, la GT devient la version d’entrée de gamme. Ce qui s’aligne avec l’embourgeoisement voulu par Karmann pour “son” auto.

Avec son poids contenu sous la barre de la tonne et son châssis maniable, cette dernière motorisation était un atout indéniable pour vanter la fibre sportive voulue par Volkswagen pour son coupé.

Le Scirocco a aussi plusieurs fois fait ses preuves en rallye et notamment lors de celui de Monte-Carlo en 1977 dans la catégorie des véhicules de tourisme. Une victoire qui a contribué à renforcer sa réputation de voiture sportive.

D’ailleurs dans moins d’une semaine, on retrouvera un Volkswagen Scirocco au Rallye Monte-Carlo Historique 2023 pilotée par Ilya Kashin… mais ce sera une auto de la deuxième génération, celle qu’on vous présente tout de suite.

La Volkswagen Scirocco se renouvelle (déjà)

La version 2 du Volkswagen Scirocco a été présentée en 1981, à nouveau au salon de Genève deux ans avant la Golf 2 !

Elle vint remplacer le modèle originel seulement 7 ans après son lancement. Volkswagen tentait probablement de garder une dynamique de renouvellement permanent, bien loin des années 60 où on pouvait se permettre de garder une auto près de 20 ans au catalogue (oui, la Karmann-Ghia).

Cette fois-ci, ce sont les bureaux d’étude de Karmann et de Volkswagen qui sont mis en concurrence pour le design de la nouvelle version. Finalement, c’est celui de VW qui le remporte.

Le cahier des charges comprenait notamment une carrosserie allongée pour permettre un meilleur espace de vie à bord et un aérodynamisme amélioré. Le pare-brise incliné et le spoiler sur la lunette arrière permettront de réduire son coefficient de pénétration dans l’air, passant de 0,42 à 0,38 Cx.Son becquet arrière renforcera l’appui et donc la tenue de route à vitesses plus élevées.

Cependant, le Volkswagen Scirocco II conserva le châssis et les trains roulants de la première génération toujours empruntés à la Golf I. Un renouvellement qui n’était sans doute guère nécessaire au vu de l’efficacité de sa première mouture.

Son design arborait une nouvelle face avant composée de deux doubles optiques rectangulaires et deux antibrouillards. La version d’entrée de gamme possédait toujours deux simples optiques rectangulaires.
L’arrière fut également remanié et fun fact, ses nouveaux feux arrière ont ensuite été empruntés par Aston Martin pour sa Virage.

La qualité intérieure est améliorée avec un tableau de bord capitonné et des tapis de sol en velours, s’il vous plaît !

Comme la première génération, ce nouveau millésime a connu des changements tout au long de sa carrière. Les versions d’entrée de gamme disparaissent au profit des versions haut de gamme.
L’ensemble est remanié et épuré. Les équipements de chaque version sont également revus.

Décortiquons-les.

En 1981 Il y a d’abord le retour de versions d’entrée de gamme. Elles se dénomment L et CL, mais oubliez la première, elle n’était pas disponible en France, tout comme les milieux de gamme GL et GLS, également indisponibles dans l’hexagone. Mais qu’importe, car ces trois versions seront retirées du catalogue global à la fin de l’année suivante de toute manière.

En 1982, la version GTS avec ses autocollants et une sellerie spécifique entre au catalogue accompagnée du 1.6 l de 85 ch. Le 1,8 l à injection passe lui de 110 à 112 ch.

Dès 1983, les motorisations d’entrée de gamme de 60 et 85 ch disparaissent. Cette dernière est remplacée par un 1,8 l à carburateur de 90 ch.

En 1984, comme à la fin de la première génération, la GT devient à nouveau l’entrée de gamme. S’en suivent la GTL et GTX, oui encore deux nouvelles désignations !

Arrive ensuite en 1985 une version 1,8 l 16 soupapes qui viendra chapeauter la gamme. Elle développe 139 ch et permet d’en faire la première Volkswagen à dépasser la barre des 200 km/h, 6 mois avant la Golf !

Car oui rappelons-le, tous les éléments qui ont fait le succès de la Golf 1 ère génération, àsavoir son châssis d’une efficacité redoutable, sa motorisation estampillée du badge GTi et cette dernière de version de 139 ch ont tous étaient présents sur le Volkswagen Scirocco avant la Golf !
La petite sœur lui a donc en quelque sorte volé la vedette.

En 1991, pour son avant-dernière année de production, ses équipements de sécurité se sont enrichis. Elle intègre des clignotants latéraux, une protection optimisée contre les chocs latéraux et des ceintures à trois points pour les sièges arrière.

Lors de sa dernière année de production en 1992, les répétiteurs de clignotants sur les ailes avant sont désormais de série.

Une carrière exemplaire

Vendue à pratiquement 800 000 exemplaires sur 18 ans et deux générations, le Volkswagen Scirocco peut se targuer d’être un coupé populaire… qui a résisté aux GTI, et ce n’est pas le cas de tous les autres, on en parlait dans ce dossier. Son grand succès est surtout dû à sa première génération, répandue à un peu plus de 500.000 exemplaires. Le Volkswagen Scirocco II, vendu à 291.497 exemplaires, marquait là un score honorable mais évidemment plus bas qu’escompté.

Finalement, trois générations au compteur

Sa légende est restée vivace et elle demeure encore aujourd’hui un véhicule emblématique de la marque Volkswagen, apprécié par les amateurs de sport automobile pour sa performance et son style. Le Volkswagen Scirocco céda sa place à la Corrado qui sera produite jusqu’en 1995.

Après ça, la marque la fit renaître de ses cendres dans une nouvelle interprétation moderne avec son concept “IROC” présenté au mondial de Paris en 2006. Le Volkswagen Scirocco III sera livré en version de série entre 2008 et 2017 avant s’envoler à nouveau sous le souffle chaud du vent du désert.

Le Volkswagen Scirocco en collection

Il reste possible d’acquérir un Volkswagen Scirocco en collection même si le choix de modèle n’est pas considérable. La première génération est celle qui a le plus la cote, car elle est vue comme l’authentique Volkswagen Scirocco, celui qui entama la coupure avec la KG alors jugé désuet.

Pour un modèle d’entrée de gamme de bon à excellent état compté 3500 à 8 000 €. Les versions intermédiaires s’échelonnent de 6 à 13.000 €.

Les versions haut de gamme à injection vont elles de 7 à 15.000 €. Mais ces valeurs peuvent encore monter selon les cas et les états des véhicules. Ah : en trouver une strictement d’origine reste encore plus compliqué !

Le Volkswagen Scirocco II se trouve donc à des tarifs légèrement moins élevées que son aînée. Pourtant identiques d’un point de vue technique et plus évoluée en terme de qualité perçue, d’habitabilité et d’équipements.

Ainsi, comptez 3.500 à 7.500 € pour un exemplaire plutôt haut de gamme à moteur à injection, d’un état bon à exceptionnel. Pour la version haut de gamme à moteur 16V, les prix s’étalent de 5.500 à 11.000 €.

Habituellement, les séries spéciales sont plus prisées et c’est surtout du coté de la deuxième génération qu’il faut se tourner car le Volkswagen Scirocco 2 n’en compte pas moins de huit !

Cotes : Collector Car value