Volkswagen Karmann-Ghia, deux autos, une volonté, mais un seul succès

Publié le par Benjamin

Volkswagen Karmann-Ghia, deux autos, une volonté, mais un seul succès

Les ratés, l’histoire de l’automobile en compte des dizaines. Par contre les bonnes surprises sont beaucoup plus rares. Ce qui fait la particularité de la famille des Volkswagen Karmann-Ghia, c’est qu’on peut la retrouver des deux côtés. On vous raconte leur histoire.

De la Cox à la Karmann-Ghia Type 14

Au début des années 50 Volkswagen est déjà loin des ruines. La Käfer / Coccinelle est rentrée en production et se vend bien. On a même élargi la gamme en proposant une utilitaire, le fameux Combi. Le succès est réellement en marche et la marque de Wolfsburg peut penser à des modèles plus variés, plus sexys, bref, se lancer à la conquête du marché automobile.

La première étape, c’est le cabriolet. Un projet presque facile puisqu’on va décapsuler la Coccinelle avec deux versions, 2 et 4 places, construites chez deux carrossiers partenaires, Hebmuller et Karmann. Mais l’état-major du constructeur veut aller plus loin et cherche à créer un véhicule, reprenant encore une fois la base de la Coccinelle, mais qui serait plus sportif, plus joli. Comme tout constructeur européen qui se respecte, Volkswagen se tourne alors vers l’Italie. Pinin Farina y va de son prototype, mais arrête vite le projet. Boano, qui est alors chez Ghia, y va aussi de sa création.

Mais c’est en fait Wilhem Karmann Junior qui va faire accélérer le projet. Le carrossier cherche à accroître sa production et cette idée de coupé ou de cabriolet lui est venue au oreilles. Il prend contact avec Luigi Segre, le propriétaire de Ghia, qui demande à Boano de retravailler ses esquisses pour arriver à quelque chose de plus abouti, d’industrialisable.

Le résultat définitif est proposé en 1952 mais il y a un souci. Le châssis de la Coccinelle est vraiment conçu pour cette auto et il n’est pas adapté à une auto plus large, chose indispensable pour gagner en dynamisme, avec des ailes intégrées qui plus est. Il faut donc créer une adaptation du châssis, plus large de 12 cm.

Le concept-car est prêt à l’automne 1953 et il est exposé… sur le stand de Ghia au salon de Paris. La ligne plaît du côté de Wolfsburg et Karmann se charge de convaincre Volkswagen. Il s’avance sur une fabrication de 10.000 exemplaires, chiffre suffisant pour que la marque donne son feu vert et prenne à son compte la fabrication du châssis élargi.

La Volkswagen « Karmann-Ghia » Type 14 débarque

Le temps que tout soit prêt, c’est à l’été 1955 que sont fabriquées les premières autos de série.

La ligne n’a pas été beaucoup modifiée par rapport au concept, seule des aérations sur l’avant et une nervure au centre du capot sont à noter. Pour ce qui est de la technique, la base est donc élargie mais le moteur reste un 4 cylindres de 1200 cm³ placé en porte-à-faux arrière.

Si l’auto est jolie et dynamique, il faut bien avouer que sa puissance modeste de 30ch ne lui assure pas des performances de premier plan. Même en appuyant à fond sur l’accélérateur à roulette, on ne peut atteindre qu’un modeste 118 km/h.

L’équipement n’est pas énorme mais propose un pare-soleil et une sellerie en tissu ou en simili. C’est en tout cas suffisant pour attirer l’œil des premiers acheteurs. La fabrication commence chez Karmann et très vite les surprises s’enchaînent.

Alors que 10.000 exemplaires étaient prévus, on vend déjà 11.556 Karmann-Ghia Type 14 en 1956. On passe même à 14.715 autos en 1957 alors que la gamme s’élargit. En Septembre on a proposé une version cabriolet de l’auto, et on en profite pour renforcer le freinage. Ce cabriolet est nécessaire aux yeux de Volkswagen pour aller chercher le marché californien, déjà friand du coupé.

Le Coupé comme le Cabriolet Karmann-Ghia sont retouchés petit à petit, avec des équipements intérieurs en hausse ou une voie arrière plus large en 1959. Le succès ne se dément pas et on atteint 16.964 exemplaires du coupé et 4584 cabriolets cette année là.

Pour le millésime 1961, l’auto reçoit une cure de vitamine qui fait passer la puissance à 34ch. Le carbu Solex reçoit un starter automatique tandis que la boîte est entièrement synchronisée. Côté style les calandres à ailettes sont agrandies et les feux avant sont plus gros et plus hauts.

Mais ce n’est pas la seule nouveauté !

La Volkswagen Karmann-Ghia Type 34 en renfort

Pour satisfaire ceux qui trouvaient que la Type 14 manquait de pèche, un second modèle va venir l’épauler. Plus puissant, plus gros, plus luxueux, le Karmann-Ghia Type 34 est dévoilé en Septembre 1961.

Si la filiation stylistique est évidente, la nouvelle auto gagne des muscles et ses arrêtes tranchent avec les rondeurs du Type 14. La base technique est très différente puisque l’auto n’est plus une dérivée de la Coccinelle mais de la Type 3. Elle profite aussi d’un nouveau moteur, qui reste un 4 cylindres à plat refroidi par air, on ne se refait pas, mais de 1493 cm³ de cylindrée et 45ch. Les performances y gagnent malgré une centaine de kilos de plus sur la balance.

Pour autant, la nouvelle Karmann-Ghia n’est pas du tout une remplaçante et la Type 14 reste en production aux côtés de sa nouvelle grande sœur.

Aucune vraie évolution n’est à noter sur aucune des deux Karmann-Ghia en 1962. Pour sa première année complète, la Type 34 se vend à 8548 exemplaires. Une déception d’un côté mais aussi une réalité qui saute aux yeux : avec un prix deux fois supérieur à celui d’une Cox, la recette n’est pas tout à fait la même.

Il faut attendre 1964 pour qu’on trouve une évolution sur la Karmann-Ghia Type 34. Le moteur devenant 1500S avec deux carbus Solex pour une puissance de 54ch.

Pour le millésime 1966 la Type 14 a droit à un nouveau moteur, un 1300 de 40ch qui permet de grapiller quelques kilomètres/heure en pointe. Le moteur de la Type 34 est aussi modifié, place au 1584 cm³ qui ne fait pas gagner de puissance mais un peu de couple. On en profite pour la doter de freins à disque à l’avant. À la fin de l’année 1966, la Karmann-Ghia signe son meilleur score de vente avec 28.387 coupés et 5395 cabriolets. Par contre les ventes du Type 34 ne cessent de baisser.

En 1967 la Karmann-Ghia Type 14 change encore de moteur en recevant le 1500 (et les freins à disques et des jantes plus ajourées). On en profite pour revoir complètement son intérieur. Les ventes régressent d’un coup, tombant sous les 20.000 coupés tandis.

La Type 34 passe sous les 3000 exemplaires malgré l’apparition d’une version L à boîte auto à trois rapports.

La Type 14 recevra une transmission similaire l’année suivante. 1967 marque aussi le passage des deux autos en 12V.

En 1969 la Karmann-Ghia Type 34 devient 1600 LE quand le moteur abandonne ses deux carburateurs Solex pour une Injection Bosch. Cette version ne se vend plus et elle est arrêtée en fin d’année. Trop chère, moins emblématique niveau design, elle totalise 42.505 exemplaires. Le fait qu’elle n’ai jamais été vendue aux USA y est pour beaucoup.

La Karmann-Ghia Type 14 seule en piste

Pour ses 15 ans la Karmann-Ghia Type 14 est de nouveau seule dans le segment des coupés et cabriolets au sein de la gamme. Cela ne l’empêche pas de se vendre à près de 25.000 exemplaires de coupé et 6400 cabriolets ! On reconnait les autos d’après cette date à leurs clignotants rectangulaires.

En 1971 elle va avoir droit à un nouveau moteur, le 4e, et c’est tout simplement le 1600 qui prend place sous le capot arrière. Avec ses 50ch il permet à l’auto d’atteindre les 140 km/h en boite manuelle (la boite auto plafonnant à 134).

À partir de 1972 un pare-chocs plat, plus gros et moins élégant vient parer les faces avant des Karmann-Ghia Type 14. Volkswagen n’avait pas trop le choix pour continuer à vendre son auto aux USA. Pour autant, l’âge se fait réellement sentir. Même si on vend toujours plus de 10.000 coupés en 1973, c’est la fin. Les derniers exemplaires sont produits en Janvier 1974.

La Karmann-Ghia devait être produite à 10.000 exemplaires sur environ 3 ans. Finalement sa carrière aura duré presque 19 ans pour 362.585 coupés et 80.881 cabriolets construits. Vous avez dit succès ?

Les Karmann-Ghia Type 14 et Type 34 de nos jours

Comme les plus anciennes des Coccinelles, les Volkswagen Karmann-Ghia Type 14 et Type 34 sont devenus très recherchés et leur prix a fini par grimper.

Là aussi, les versions les plus anciennes, notamment celles d’avant 1960 avec les « phares bas » sont les plus chères. Comptez plus de 30.000 € pour un de ces modèles. Les prix décroissent ensuite avec la « jeunesse » des autos, les 1600 avec gros pare-chocs se trouvent un peu au dessus des 20.000 €. À chaque fois les cabriolets sont plus chers que les coupés.

Pour ce qui est des Type 34, très rares de nos jours, les prix sont plus contenus, la version 1500, la plus ancienne, étant la plus chère avec des prix autour des 25.000 €.

Pour ce qui est des pièces, niveau mécanique vous trouverez tout ce qu’il vous faut pour bien restaurer, c’est l’avantage des bases VW ! Par contre, n’oubliez pas que, comme toute VW air-cooled, en trouver une « d’origine » sera compliqué !

Source principale : Karmann-Ghia.org

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. J-c Delatte

    joli article complet. jc delatte / belgianvwclassicsclub. Passez nous voir à Interclassics Brussels, nous y aurons un joli stand et des modèles peu vus !
    email : [email protected]. Bien à vous. (je suis abonné sous jc delatte [email protected])

    Répondre · · 30 octobre 2021 à 8 h 40 min

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