Simca 1000 : des déclinaisons infinies, pour tous les goûts

Publié le par Benjamin

Simca 1000 : des déclinaisons infinies, pour tous les goûts

Tout le monde la connaît. Entre ceux qui en ont eu une dans la famille, les amateurs de sport qui ont rêvé d’une rallye ou ceux qui on déjà la chanson en tête, la Simca 1000 est une auto marquante. Et finalement, on se doute peu du nombre de versions et de la longévité de la petite popu à l’hirondelle. On vous raconte son histoire.

De Fiat à Poissy, la naissance de la 1000

C’est en 1957 que Simca lance l’étude d’une nouvelle petite voiture. L’Aronde vient juste de terminer en tête des ventes en France et le constructeur est alors 2e, derrière Renault, sur le plan national.

Théodore Pigozzi, le patron, cherche alors à diversifier sa gamme avec un modèle plus économique, plus sobre et plus moderne pour faire échos aux difficultés rencontrées pour l’approvisionnement d’essence suite à la crise de Suez.

Le constructeur a beau avoir proposé une Aronde qui s’affranchit petit à petit des liens avec Fiat, c’est bien à Turin qu’il va faire ses courses pour cette nouvelle auto. Le Projet 122 est à l’étude, ainsi que de nombreux autres, mais aucun n’obtient les faveurs de Pigozzi. Quand il parle de voiture moderne, il pense notamment à un moteur horizontal, à bicylindre, comme ce que fait Panhard.

Le cahier des charges est arrêté. On cherche une petite voiture à 4 portes, 5 chevaux fiscaux et un moteur placé à l’arrière, alors recette miracle pour le géant Renault qui truste les premières places des ventes avec ses 4CV et Dauphine.

simca projet 1000 1960- Simca 1000

Simca et Fiat ne trouvent pas de terrain d’entente. La nouvelle Simca aura donc quelques points communs avec la Fiat 850 mais, par exemple, les suspensions sont empruntées à celles de la Fiat 600. En fait c’est le Projet 122 de Fiat qui est récupéré après son abandon à Turin. Par contre, le dessin est bien italien, signé par Mario Revelli de Beaumont.

Le moteur à plat est trop cher à étudier. On se rabat sur un plus classique 4 cylindres en ligne, mais il sera bien placé à l’arrière. Avec 944 cm³, il développe 34ch. On l’accole à une toute nouvelle boîte à 4 vitesse, produite avec les fameuses synchros sous licence Porsche.

Pour ce qui est de la compacité, on a réussi le pari. La Simca 1000, qui tire son nom de la cylindrée du moteur, mesure 3,79m de long, 1,48m de large et 1,39m de haut. L’auto pèse 820 kg et sa faible puissance lui permet tout de même de frôler les 120 km/h.

Ecorche Simca 1000- Simca 1000

La voiture est mise en production dès Juillet 1961. De fait, elle est déjà disponible le 4 Octobre 1961 quand elle est présentée au Salon de Paris. Pour ce qui est du placement, bien qu’elle soit plus récente et moderne que la Simca Aronde P60, son plus petit moteur la cantonne à un placement en gamme inférieur, un segment abandonné depuis l’arrêt de la Simca 6.

1962-1968

Les premières évolutions de la Simca 1000

L’auto arrive sur le marché et reçoit un bel accueil. Mais, comme il est de coutume alors, on ne va pas en rester là et ne proposer qu’un seul modèle.

En fin d’année 1962 Simca augmente l’autonomie de la voiture en augmentant le réservoir, de 30 à 36L, cette capacité ayant vite été cible de critiques de la presse spécialisée. En complément la puissance passe à 39 ch.

On ajoute aussi à la gamme un élégant petit coupé dessiné par Bertone. Il reprend la mécanique de la Simca 1000 et sera proposé en parallèle de la berline jusqu’en 1967, quand il sera remplacé par la Simca 1200 S.

Dès 1963, c’est parti pour la valse des déclinaisons. Un autre modèle arrive au catalogue, c’est la Simca 900. Elle se dote du moteur des toutes premières Simca 1000 et ses 34ch. Cette version d’appel à 5950 Frs est moins chère qu’une Aronde Étoile 6. Pour obtenir ce résultat on a limité les équipements.

Les enjoliveurs de phares, et l’éclairage de plaque sont couleur carrosserie, les pare-chocs perdent leur butoirs, plus de baguette latérale, sur les gouttières et autour du pare-brise. À l’intérieur, plus de cendrier ni d’allume-cigare, le volant n’a plus de logo, les tapis de sol sont minimalistes et la lunette arrière est en plexiglas !

À l’opposé de la gamme on propose la Simca 1000 Luxe qui est mieux équipée. La voiture est aussi lancée aux Etats-Unis en tant que Simca 1118.

Simca 1118- Simca 1000

Cette même année, la Simca 1000 voit une première version sportive apparaître. Attention, nous sommes encore loin de la « rallye ». Ici on parle en fait d’une version revue par Carlo Abarth. Celuici s’est posé sur la 1000 pour en faire une bombinette. Le moteur atteint 1137 cm³ quand la puissance passe à 55ch. Esthétiquement, elle est facilement reconnaissable avec un avant complètement différent.

Simca Abarth 1150- Simca 1000

Pour les modèles 1964, encore beaucoup de changements. La 900 se dédouble avec la 900 de base sans fausse calandre et la 900C qui la garde mais avec le moteur de 39ch !

Simca 900C- Simca 1000

La Luxe devient GL avec le moteur de 52ch. Elle est mieux équipée que les versions de base avec un intérieur en simili, des joncs de pare-brise et des baguettes latérales.

Pour 1965, la version GLA apparaît avec une boîte de vitesse « automatique ». En réalité, cette boîte de vitesse n’a rien d’automatique. Avec le système Ferodo on s’affranchit juste de l’embrayage, laissant des électro-aimants l’actionner.

On attaque également le haut de gamme avec la GLS, au dessus de la GL donc, avec qui reçoit des baguettes latérales différentes et des sièges inclinables.

Pour l’année modèle 1966, on continue dans l’ajout de déclinaisons et des changements de nom. Les 900 changent de dénominations et deviennent les Simca 1000 L, toujours avec une finition minimaliste mais des entourages de phares chromés.

Au dessus on trouve la nouvelle LS avec le moteur 44ch, qui se différencie des modèles supérieurs par l’absence de baguettes, de butoirs de pare-chocs, des petits enjoliveurs centraux et deux cadrans sur le tableau de bord.

1000 LS- Simca 1000

La Simca 1000 GLS reçoit également des déflecteurs sur les vitres avant. Sur les autres Simca 1000 on note que le compteur de vitesse rond fait place à un nouveau modèle horizontal.

Rassemblement Mensuel de Forcalquier par Antoine Doche 31 1- Simca 1000

Cette même année, on lance aussi la production chez Barreiros, la filiale espagnole de la galaxie Chrysler. Entre l’étude de l’auto et cette année 1965, Simca a en effet changé de mains !

En fin d’année 1966 apparaît la Simca 1000 Commerciale. Comme toutes les autos du même nom elle reçoit une finition particulièrement dépouillée.

1969-1978

La Simca 1000 se fait sportive

Les modèles 1969 voient d’autres séries de changement. La 1000 L est remplacée par la Sim’4. Les performances sont en basse avec son moteur 777 cm³ de 31ch. Il a, par contre, l’avantage de faire passer l’entrée de gamme de 5cv à 4cv, elle est bien le bas de gamme mais reçoit un intérieur en Simili, un centre de volant décoré, deux pare-soleil et une banquette arrière rabattable.

Autres changements dans la gamme, la 5CV s’appellera désormais Simca 1000 « tout court » tandis que les GL et GLS sont enlevées du catalogue au profit de la nouvelle 6CV, la Spécial.

Cette dernière est donc le haut de gamme (avec des ambitions sportives) et reçoit sous son capot arrière le tout nouveau moteur Poissy de 1118 cm³ et 49 ch, apparu sur le coupé 1200S et repris en grande série sur sa grande sœur la Simca 1100. Extérieurement on la remarque avec ses longues-portée à iode, des filets adhésifs sur les flancs (à la place des baguettes des GL et GLS), sa double sortie d’échappement tandis que l’intérieur est en simili Aéralon, le levier de vitesse est plus court et le volant provient directement de la 1200S.

On reconnaît les modèles d’après cette date aux phares de plus gros diamètre et à sa nouvelle calandre avec une légère nervure sous le monogramme Simca. Techniquement on note aussi que la direction fait désormais appel à une crémaillère.

Mais finalement, la Spéciale n’était qu’annonciatrice de la vraie révolution qui débarque en 1970. La Simca 1000 Rallye est née, et c’est en fait… une Spécial légèrement améliorée. La Simca 1000 Rallye se veut sportive en baissant le poids. Côté mécanique on garde le 1118 cm³ mais il passe à 53 ch. On la reconnaît vite, elle a un capot noir mat, un siège baquet pour le conducteur, un compte tours, et des autocollants « Gazelle » sur l’aile avant et des bandes sur le capot et les ailes arrières.

En 1972, les Simca 1000 GL, LS et GLS reviennent au catalogue et peuvent recevoir une une boîte automatique. En février de la même année, la Simca 1000 Rallye évolue en Rallye 1. Les roues ont un carrossage négatif plus important et le moteur avec l’adoption du 1294 cm³ et ses 60ch. Ce moteur est également utilisé sur la Spéciale à partir de février et la fait passer à 7cv fiscaux.

En Septembre 1972, nouvelle évolution, apparition de la Simca 1000 Rallye 2 pour l’année modèle 1973 avec son moteur poussé à 82ch et file désormais à 167 km/h.

Pour améliorer le comportement de la voiture, le carrossage négatif se généralise à toute la gamme pour 1973.

En 1974 apparaît la Simca 1000 GLE. Cette nouvelle version mixe le moteur de la LS avec les finitions de la GLS. Le E signifie qu’on a en fait une GL Economique !

En 1975, les Simca 1000 reçoivent un tableau de bord à cadrans ronds. Attention, ce n’est pas le même que celui des 1000 Rallye.

En Mars 1976 on propose la série limitée Extra. Il faut noter que Simca est alors le premier constructeur Européen à proposer une telle série, avant les deuches et autres Renault 4. Elle est basée sur la Simca 1000 GLS. On a alors le choix entre deux options : soit un toit ouvrant soit un autoradio ! Extérieurement elle se dote de phares à iode et de longue portées tandis que ses roues sont celles de la Spécial. Elle est disponible en 5cv avec le moteur 944 cm³ et en 6cv avec le 1118 cm³.

1000 Extra- Simca 1000

Cette même année la Spécial se transforme en Simca 1100 SR et elle est disponible en version 6 et 7cv.

Pour les modèles 1977, et après 16 ans de carrière, pas question de retirer la Simca 1000 du catalogue. On la renouvelle et ça se voit. La ligne devient bien plus moderne avec une nouvelle face avant, des phares rectangulaires encadrent désormais une calandre plastique noire.

Les 1000 GLS sont remplacées par les 1006 GLS et les 1000 LS par les 1005 LS. Elle reçoivent des longue portée et des jantes provenant de la 1100 GLX.

En décembre, sort la Rallye 3, l’ultime évolution et ses 103ch DIN. 1000 exemplaires seront produits jusqu’au printemps 1978.

En effet, à cette date, la Simca 1000 n’est plus produite après 1.949.407 exemplaires de série. Elle a quand même réussi à être le trait d’union entre l’Aronde et les futures Talbot ! Chapeau !

La Simca 1000 de nos jours

De nos jours cette sympathique voiture est surtout connue dans l’imaginaire populaire par la chanson des Chevaliers du Fiel !

Mais dans les différents événements de France et de Navarre, il faut dire qu’on ne trouve plus tellement de Simca 1000 « normales ». Les rallyes sont bien présentes puisqu’elles ont été utilisées jusqu’à la moelle et de ce fait mieux préservées.

Les moins chères de ces autos seront les Sim’4. Pour autant leur rareté fait que les beaux exemplaires coûtent plus de 4000 €. Les différentes finitions en 6CV se dénichent autour des 7000 € et les Spéciale sont à rechercher au dessus des 10.000 € !

Tout en haut de la fourchette de prix on trouvera les Rallye 2 aux alentours des 25.000 € quand les Rallye 3 s’arrachent carrément pour 35 à 40.000 € !

Photos : Wikipedia, News d’Anciennes, L’Automobile Ancienne.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. HUGUES

    Petite precision: les filets de caisse des Spécial ne sont pas autocollants mais peints. Ils sont contrastés [blanc ou noir] selon la teinte de carrosserie.

    Répondre · · 4 juin 2020 à 11 h 58 min

  2. Maynard

    Bonjour à toute l’équipe, je confirme le petit détail sur les filets de caisse, car mon père était peintre chez Simca et faisait aussi ces filets de caisse à main levée. Je suis de 1949, je crois me souvenir qu’il est entré chez Simca un peu avant ma naissance et il y est resté jusqu’à sa retraite. Les autos Simca faisait parties intégrante de la famille surtout pendant les grandes vacances, où nous traversions la France à bord de ces belles autos.
    Merci à vous tous, les passionnés du monde des automobiles d’avant.

    Répondre · · 17 juillet 2020 à 12 h 54 min

  3. LUCAS Jean-Jacques

    17 ans dans le paysage automobile, c’était la contradiction de la longue durée dans l’impatience de la société de consommation. Les Simca 1000 des origines ont un côté aujourd’hui politiquement très incorrect, façon « voitures de dames », comme le fut, par exemple la « Quaterelle » Parisienne et son cannage ou son tartan, aux mains de Eve dans Vive la Vie (ORTF). Bien entendu, la parenté avec les tout-à-l’arrière de chez Renault, Fiat, Autobianchi, Vespa, des NSU de de RFA reste une évidence. Mais, au mitan des 70’, il ne restait plus grand-chose de ces attelages, si ce n’est à Wolfsburg. On est toujours circonspect de lire que des puissances situées entre 31 et 52 ch suffisaient grandement à l’usage de la mobilité. La Simca 1000 du début ouvre la voie de l’austérité carrossière, simplifiée, géométrisée, aux panneaux plats de 1300 et 1500, d’ailleurs du même Revelli de Beaumont, auteur de nombreuses trois volumes énergiques. Elle est une sorte de Corvair départementale, à l’échelle française. Sorties des Simca aux noms patrimoniaux, ourlées, pomponnées à coups de bicolorations et accessoires, les 1000 eurent aussi leur lot de breloques chromées ou d’aluminium. Simca portée par le Pentastar la fit « Special », histoire de tendre le fil dans la gamme jusqu’à la 1501. Elle n’a pas atteint la « talboïsation », succédée d’une certaine façon par la Samba. S’il est deux ou trois choses à lui associer, surtout quand on n’a jamais conduit ou possédé cette auto, c’est le son. Mais qui saurait décrire le bruit d’une Simca 1000. C’est la Simca 1000 bleu pâle de chez Joustra (caisse en plastique) et les acrobaties de Jean Sunny accomplissant, à sa façon en 1962, le pèlerinage de Paris à Chartres, en Simca 1000. Mais sur deux roues tant qu’à faire. Cinq Colonnes à la Une lui avait alors consacré un sujet.

    Répondre · · 19 août 2022 à 17 h 10 min

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