[Road trip] À l’assaut des Highlands pour les fêtes

Publié le par Pierre

[Road trip] À l’assaut des Highlands pour les fêtes

Écosse, frontière de l’infini vers laquelle voyage notre vaisseau à quatre roues. Ma mission de 5 jours : explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d’autres civilisations et au mépris du danger, avancer vers l’inconnu.

J’ai souvent trouvé les road trips de l’ami Mark un peu (beaucoup) fous, le zigue enchaînant des milliers de kilomètres en 24h, aller-retour (le dernier est par là). Cependant, les destinations et les paysages sont toujours à tomber. 2023 m’a offert une opportunité : aller passer Noël dans les Highlands, et profiter d’une petite semaine sur place pour découvrir la partie ouest du pays. Ce sera donc un peu moins effréné que les aventures de Mark, mais croyez-moi, ces quelques jours n’ont pas été de tout repos.

Ma monture, supérieure aux autres bagnoles

Il faut bien que je finisse par l’admettre, je vieillis… ce n’est pas sans un certain amertume que je vous confie ceci, mais il faut bien se rendre à l’évidence. De fait, il me fallait quelque chose de confortable. Mon ancienne a tout juste la majorité internationale, mais vu que son constructeur n’est plus de ce monde, elle fait déjà partie de l’histoire automobile (et, de vous à moi, c’est mon article, nous sommes pendant les fêtes, je fais ce que je veux, na !).

Voici donc ma Saab 9-5 Aero, fraîchement acquise. Comme dit plus haut, 21 ans, 163.000 miles (260.000 km), sortie de révision. On est donc loin d’une ballerine, mais la cavalerie est suffisante pour remuer la masse. Même si il va certainement me falloir être prudent dans les petites routes autour du Loch Lomond à l’approche de l’arrivée, elle restera parfaite pour enchaîner les 5 heures d’autoroute sous une pluie battante qui m’attendent avant d’arriver là-bas.

Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec l’engin, on va faire court. Cette berline, alignée sur le segment des BMW Série 5 et Mercedes Classe E, est propulsée par un 4 cylindres 2.3 turbocompressé qui envoie 250 chevaux sur le train avant. Les reprises sont intéressantes pour une voiture de cet âge, en faisant un parfait sleeper, tellement l’extérieur évoque tout, sauf la performance.

Je n’en suis pas à ma première Saab 9-5. Je ne suis en aucun cas préoccupé par sa réputation de motricité précaire. Même si elle est bien évidemment perfectible (partant de la plateforme de la Vectra, fut-elle lourdement modifiée, cela n’a rien de bien étonnant), si votre pied droit a plus que les positions ON/OFF, il n’y a pas de raison de paniquer, le moteur Saab étant d’une grande linéarité.

Un voyage aller sans encombres

Petite précision, pour ceux qui n’auraient toujours pas suivi, je vis en Angleterre. Vous n’aurez donc aucun détail sur une éventuelle traversée de la Manche, puisqu’elle n’est pas nécessaire. Toutefois, entre Gloucester, mon point de départ, et Tyndrum, mon point de chute, il y a 400 miles (650 km) à parcourir, et les autoroutes britanniques ne sont clairement pas au standards hexagonaux.

Au programme, 6 heures de trajet, hors pauses, le 23 décembre, comme disent nos voisins : how hard can it be ? Il va falloir choisir l’heure optimale de départ pour éviter les bouchons sur le trajet, puisque je vais contourner Birmingham, Manchester et Glasgow sur le chemin. Départ donc aux alentours de 8h30, histoire de passer Birmingham avant 10h et, si le trafic le permet, d’avoir dépassé l’effroyable tronçon qui passe pile entre Manchester et Liverpool avant midi, en m’arrêtant pour prendre une boisson chaude (non, je n’appellerai pas ça un café, un peu de tenue, s’il vous plaît).

Les miles filent, au rythme du régulateur de vitesse, avec le martèlement de la pluie sur la carrosserie comme berceuse, le passage du Mur d’Hadrien s’accompagne de rafales assez brutales, l’Écosse étant en alerte pour vent violent. Glasgow est vite laissé derrière, il va maintenant être temps de conduire un peu, au lieu de simplement rouler.

Pas de panique, on ne parle pas ici de faire le zouave sur route ouverte, juste d’apprécier les routes qui serpentent au milieu du relief ou le long des lochs, qui sont légion, à la place de l’autoroute qui est hélas tout aussi pratique que soporifique. Il n’est que 13h et pourtant, la luminosité commence déjà à faiblir un peu, les hautes latitudes sont impressionnantes de ce point de vue, après 15h, la luminosité est souvent trop faible pour faire des photos correctes à l’extérieur.

Le loch Lomond offre une vue absolument fantastique, durant les dizaines de kilomètres de route tournoyante, malheureusement, impossible de s’arrêter, vu la météo. De toute façon, les photos n’en seraient que plus frustrantes, les seuls endroits de stationnement dans ce sens offrant tout, sauf une vue.

Un réveillon pluvieux

Mon hôte a calibré une semaine assez chargée, afin de découvrir le maximum de choses. On commence sans ambages par rejoindre le port d’Oban, sous une pluie battante, afin de faire quelques courses, mais aussi de profiter du panorama offert par la McCaig’s Tower. La pente est raide pour atteindre cette tour, et mes poumons à peine débarrassés du Covid (oui, c’est has been) me le font comprendre dans la douleur.

En revanche, même si c’est physiquement désagréable, la vue est absolument époustouflante. Les vents violents brassent les nuages et les nappes de brume à une vitesse ahurissante, rendant le paysage complètement polymorphe. Malheureusement, les trombes d’eau nous forcent à couper court à la séance photo, sous peine de voir les appareils noyés.

Direction le pub, pour un burger et une pinte, histoire de se réchauffer un peu. C’est certes extrêmement cliché, mais c’est efficace, pour reprendre des couleurs après quelques heures par 5°C avec des rafales atteignant 80 km/h.

Boxing Day, crapahutage dans les Highlands

Après un 25 décembre dédié aux agapes et libations, dont je vous épargnerai le détail, place au Boxing Day. Chez les Britanniques, c’est un jour férié historiquement mis en place pour ouvrir les cadeaux. C’est le seul jour de beau temps qui s’annonce, alors, souffle court ou pas, ce sera randonnée.

Coup de chance, pas très loin de Tyndrum se trouve Ben Cruachan, une montagne culminant à 1126, d’altitude. Courageux, mais pas téméraires, nous n’allons pas gravir le sommet, mais emprunter le chemin de service qui nous emmène au barrage de retenue construit dans les années 50. Ce choix nous « économise » 600 mètres de dénivelé, et nous permet aussi de profiter de la vue sur le loch Awe pendant l’ascension. Trois heures pour monter, mais wow ! L’ensemble me coupe plus le souffle que l’effort physique.

Deux heures et demie pour redescendre, le soleil est déjà rasant, un bon thé chaud avec un nuage de lait (non, je n’ai toujours pas réussi à franchir ce cap) en rentrant, accompagné d’un feu de cheminée, et on goûte à quelque chose qui s’approcherait presque du paradis.

Repos forcé

En partant fin décembre, il était évident que la météo ne serait pas idyllique. Cependant, je ne pensais pas qu’on se retrouverait coincés une journée. En soi, rien de méchant, juste des routes inondées et des arbres tombés dans la nuit, il faut juste laisser le temps à tout ce bazar de se résorber.

J’en profite ainsi pour commencer à développer les photos prises jusque là, et à fouiller dans les archives de l’an dernier, histoire de vous offrir un « bouche-trou » de qualité. Ce sera donc Glennfinnan. Double référence cinématographique, suivant votre âge : les plus anciens penseront au lieu de naissance de Connor McLeod, du clan McLeod, les plus jeunes y verront le viaduc qu’emprunte le Poudlard Express.

Dans tous les cas, il est possible de se garer au pied du viaduc, et moyennant une petite demi-heure d’ascension aisée (même sous la pluie), vous obtenez une vue franchement agréable du viaduc, si vous la minutez correctement, vous pourrez prendre le Poudlard Express en photo, à moins que vous ne décidiez de prendre des photos de la vallée depuis le train.

Edimbourg

La capitale de l’Écosse est un incontournable. D’une part, parce que c’est la capitale, et qu’elle regroupe donc tout, tant du point de vue historique que du point de vue culturel, d’autre part, parce que, diantre, cette ville en jette !

Hormis le château, destination évidente, vous pouvez profiter de l’architecture de la ville à travers ses églises, la cathédrale, et tant d’autres bâtiments, dont celui qui abrite le consulat de France. Les potterheads pourront aussi aller faire un tour à l’Elephant House, où J.K. Rowling à écrit le premier roman Harry Potter.

Petit plaisir de saison, le marché de Noël, qui vient égayer Princes Street, au pied du Scott Monument, dédié à l’auteur écossais, qui a été un des premiers à se pencher sur l’histoire de l’Écosse. L’ensemble, bien qu’hétéroclite, ne manque pas de charme, et le fait d’y trouver des spécialités d’un peu partout vient titiller mes papilles et mes narines.

Dernière étape, l’île de Mull

Pour la dernière avant de repartir dans l’autre sens, partons recharger nos batteries dans les Hébrides. Calembour mis à part, l’île de Mull offre un côté un peu plus sauvage que l’île de Skye, reliée à la Grande-Bretagne par un pont, elle.

Au programme, ferry matinal, pour rejoindre l’île. La promesse d’un full scottish breakfast (un full english breakfast, accompagné de haggis, la panse de brebis farcie qui fait la fierté du pays), à bord, me met l’eau à la bouche. Malheureusement, le ferry qui assure la liaison tient plus du gros bac, et n’offre rien d’autre qu’un distributeur de boissons chaudes… Tant pis, je passerai ma traversée à me moquer du Land Rover Discovery tout neuf dont l’alarme anti-soulèvement s’active à chaque mouvement de houle.

Une fois arrivé de l’autre côté, direction le nord de l’île, pour longer le château de Glengorm avant de se diriger vers les ruines du tout premier château. La vue sur la mer des Hébrides est magnifique, et le bout de terre visible à quelques encablures à l’est est ce que les britanniques appellent mainland, l’île principale, autrement dit, la Grande-Bretagne.

La balade est agréable, surtout avec ce doux soleil d’hiver, mais il faut déjà repartir quelques miles vers le sud. La distillerie de Tobermory nous attend pour une petite visite, accompagnée d’une dégustation. Les installations sont à l’arrêt entre Noël et le Jour de l’An, mais les arômes sont toujours présents dans l’air.

Retour à la maison, en affrontant les éléments

Autant l’aller s’est déroulé quasi sans encombre, autant le retour a été, pardonnez-moi l’expression, un concentré d’emmerdes. Le verglas, le long du loch Lomond, cède la place à une véritable tempête de neige autour de Glasgow, qui va me faire perdre plus d’une heure dans des embouteillages que je ne m’attendais pas à rencontrer dans une région bien plus au fait de ce genre d’intempéries.

Par la suite, c’est une tempête de pluie qui va m’accompagner pendant deux heures supplémentaires. Je m’en excuse par avance, mais je vais être vulgaire, mais les gens, ça vous écorcherait le postérieur d’allumer vos feux de position quand la visibilité est altérée ? Votre p***** de crossover gris métal est invisible !

Va s’ensuivre une circulation en accordéon sur les 150 derniers miles, éprouvante pour les nerfs, la fatigue s’accumulant et les comportements devenant de plus en plus erratiques. Il est 19h, j’arrive enfin chez moi, après 6 jours, et quelques 1200 miles (quasi 2000 km) parcourus au volant, plus quelques dizaines à pied. Je suis fourbu, je finirai l’article en 2024.

La Saab n’a pas bronché, au contraire, cette petite escapade lui a fourni le décrassage dont elle avait besoin, se stabilisant en dessous des 9 l/100 km de moyenne. Pas mal pour une mamie de son âge ! Mais ce n’est pas vraiment le sujet du jour.

Petit conseil, évitez d’arriver aussi tard dans la saison, si vous souhaitez faire du tourisme, beaucoup de lieux sont fermés pour l’hiver, et la météo peut-être franchement violente. En revanche, si vous aimez faire du tourisme en ayant l’impression que le monde vous appartient, c’est le parfait moment.

Pierre

Tombé dans la marmite automobile quand il était petit, il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2015. Expatrié en Angleterre depuis Mai 2016, il nous partage les évènements de là-bas. En dehors de ça, il partage une bonne partie de son temps sur la route entre une Opel Ascona et une Mazda RX-8.

Commentaires

  1. marc

    Thanks Pierre, wonderful road trip

    And happy new year

    Répondre · · 3 janvier 2024 à 19 h 23 min

  2. Régis VIRIOT

    Merci pour cet article bien écrit et ces photos permettant sinon de voyager bien au chaud chez soi, mais de s’en faire une idée en gagnant du temps en ce qui concerne les passages inintéressants.
    Et l’on vérifie que sous toutes latitudes le permis de conduire n’est pas une garantie d’efficacité pour le détenteur (ce sont probablement les mêmes qui roulent en codes l’été à partir de 15h).

    Répondre · · 3 janvier 2024 à 21 h 07 min

  3. bleteau

    super photo on en redemande.
    Bonne année 2024 a toute l’équipe

    Répondre · · 3 janvier 2024 à 21 h 12 min

  4. Philippe Hervé

    En Belgique, ils allument les anti-brouillards dès qu’il pleut !
    Cela donne envie de .les mordre

    Répondre · · 3 janvier 2024 à 22 h 36 min

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