Renault Supercinq GT Turbo, il n’y a pas que les GTI dans la vie

Publié le par Benjamin

Renault Supercinq GT Turbo, il n’y a pas que les GTI dans la vie

Les bombinettes, la régie connaît bien. Après avoir popularisé le principe avec sa R8 Gordini, le losange a décliné ses différents modèles en version sportive. Quand la R5 se renouvelle, et qu’une concurrente se pointe sur le marché, il faut réagir. C’est là que commence l’histoire d’une youngtimer devenue mythique, la Renault Supercinq GT Turbo.

Supercinq vs 205 : commencement

Si un scénariste français veut changer des comédies à deux francs six sous et faire plaisir aux amateurs de mécanique, voilà une belle idée de film.

On reprend au tout début de l’histoire… en 1972. Cela nous éloigne un peu de la Supercinq mais c’est l’année où la Renault 5 débarque (une année à retenir puisque les 50 ans du modèle vont être plus que célébrés cette année). Avec des versions sportives qui contribuent à son image, R5 Alpine, R5 Alpine Turbo et R5 Turbo, l’auto va vite devenir incontournable et va s’installer en tête des ventes pendant 10 années : de 1973 à 1984.

Justement, en 1984 la Renault 5 est dépassée par la toute nouvelle Peugeot 205 qui est apparue l’année d’avant. Mais Renault a bien réagi et présente la Supercinq en Septembre.

Si les autos peuvent paraître semblables, il n’y a pas que le style qui soit différent. La plateforme n’est plus la même puisque la base est celle des R9 et R11 avec un moteur transversal et un train avant qui abandonne les barres de torsion pour un système « pseudo-MacPherson ».

Comme l’histoire se répète, il faut vite proposer une version sportive à la Supercinq. La 205 GTI vient de débarquer, la concurrence sera rude. Même si l’aspect commercial n’est pas le premier visé, au niveau de l’image, cela paraît obligatoire.

Ainsi, à la toute fin de l’année 1984 on présente la Supercinq GT Turbo Coupe. Non, pas coupé, mais coupe, car c’est une auto qui sera la base d’une série monotype qui mettra en concurrence des dizaines de pilotes sur les circuits de l’hexagone. C’est elle le vrai point de départ de notre histoire.

La Supercinq GT Turbo attaque

Au début de l’année 1985 la régie dévoile la version routière de sa pistarde, la Supercinq GT Turbo.

L’objectif est de faire mieux que la Peugeot 205 GTI. Du coup les ingénieurs de Renault vont se creuser les méninges pour gagner la bataille de la puissance.

La base sera, évidemment, le Renault Cléon. Ici on choisit le 1397 cm³ et il va avoir de l’aide puisque la cylindrée est inférieure à celle de la lionne. Les chambres de combustion deviennent triangulaires au lieu d’hémisphériques mais surtout on va le suralimenter.

Pas de passage à l’injection au programme, le moteur restera alimenté par un Carbu Solex 32 DIS mais celui-ci sera soufflé : placé entre le turbo et le moteur. Le turbo est un Garett T2 refroidi par huile (avec échangeur air-air). On fait également appel à un allumage électronique intégral. Résultat : 115ch à 5750 tours/minute et 16,8 mkg à 3750. Évidemment, le tout est accouplé à une boîte à 5 rapports.

Côté châssis ressorts et amortisseurs sont plus durs tandis que des barres antiroulis sont montées. Côté roues, les 13″ reçoivent des 175/60 de base mais peuvent se doter de 195/55 en option… recommandée !

La Supercinq GT Turbo reste légère et les performances sont bonnes : 0 à 100 en 8,2s et 197 km/h en pointe. La 205 GTI est battue.

Moteur Renault Supercinq GT Turbo 1- Supercinq GT Turbo

Niveau esthétique, Renault fait également dans la surenchère. On ne se contente pas d’un liseré rouge (ok, c’est un raccourci) mais il est bien présent pour souligner les boucliers spécifiques (avec antibrouillards intégrés à l’avant) et le dégradé latéral encadré par les élargisseurs d’ailes et le bas de caisse. Le tout recouvre sur une peinture métallisée disponible en 7 coloris. On note aussi qu’on passe aux jantes alus.

Côté équipement, la Supercinq GT Turbo est plutôt bien lotie avec sièges semi-baquets, vitres teintées, instrumentation rouge avec compte-tours et manomètre de pression de turbo. Le volant sport à trois branches est habillé de cuir. On propose quelques options, des pneus larges au toit ouvrant. Elle fait aussi bien que la 205 en étant légèrement moins chère à l’achat : 76.000 francs.

Une belle carrière, peut-être trop simple ?

La Supercinq GT Turbo est lancée sur les routes, mais aussi en sport automobile. Très vite elle se retrouve sur les rallyes en plus de la coupe mono-modèle.

Le concurrence est acharnée et Peugeot a vite réagi à l’arrivée de cette nouvelle bombinette. On a introduit le Kit PTS dopant la 1.6 avant de la proposer en 115ch.

Le millésime 1987, qui débarque en Juillet 1986 est l’occasion de revoir la Supercinq, donc la GT Turbo. Le style évolue légèrement, notamment au niveau de la calandre. On ajoute quelques coloris et équipements. On note d’ailleurs que la monte pneumatique en 195 est désormais une option gratuite.

Surtout la Supercinq GT Turbo gagne 5 chevaux. Pour cela on a modifié le refroidissement du turbo (de l’huile à l’eau) et on installe un anti-percolateur qui refroidit, après l’arrêt du moteur, le carburateur et le circuit d’admission d’air. Les suspensions sont très légèrement revues mais ça reste du détail.

Le couple n’évolue presque pas, par contre le 0 à 100 tombe à 7,8s et la vitesse de pointe se fixe à 204 km/h.

Une fois de plus, Peugeot va réagir et proposer une version 1.9 litres de sa 205. Cette fois c’est le lion qui gagne la course aux chevaux avec 130 canassons.

En 1989 la Supercinq GT Turbo commence à vraiment baisser au niveau des ventes. On sait sa descendante, la Clio, proche et la 205 est vraiment redoutable. Alors on va proposer une série limitée « Alain Oreille » en 1989.

Elle célèbre les victoires du pilote et de son copilote Gilles Thimonier en championnat du monde des Rallyes Groupe N. Le meilleur résultat est la victoire au Rallye de Côte d’Ivoire 1989 au scratch s’il vous plaît (la seule et unique victoire d’une Groupe N en WRC), mais aussi les victoires de classe au Monte-Carlo, au Tour de Corse et au San Remo. Au final, ils s’offrent également le titre.

Ils récidiveront en 1990 avec une 4e place en Côte d’Ivoire (et victoire de classe) comme résultat notable.

Mais revenons à la Supercinq GT Turbo « Alain Oreille ». Techniquement l’auto ne diffère pas des autres GT Turbo. Par contre elle est uniquement disponible en Bleu Sport 449 tandis que les jantes sont peintes de la même couleur. Un logo distinctif est apposé sur la portière conducteur quand le dégradé latéral et les liserés rouges disparaissent pour en faire une auto plus discrète !

À l’intérieur, les triangles rouges des sièges passent également au bleu, la moquette est noire, le coffre gagne un habillement latéral et la boîte à gants un éclairage.

2000 exemplaires seront produits dans l’usine belge de Haren-Vilvoorde.

C’est la toute dernière évolution de la Supercinq GT Turbo qui continue sa carrière jusqu’en 1991 pour atteindre 160.000 exemplaires. Il faut les comparer aux 294.000 Peugeot 205 GTI et on se rend compte que le lion a gagné la bataille. Par contre, la Clio 16S ne sera pas inquiétée par ses rivales sochaliennes.

La Renault Supercinq GT Turbo en collection

Une bonne et une mauvaise nouvelle. On commence par la mauvaise : la cote de la Supercinq GT Turbo monte sans cesse, comme celle de toutes les bombinettes des années 80 qui ont fait rêver les quadras et quinquas, les gamins et jeunes de l’époque. La bonne ? C’est que, de ce côté là, la Renault est mieux lotie que la 205.

Pour la cote, aucune différence entre la phase 1 et la phase 2. Ça restera purement une question de goût (surtout que techniquement ça reste minime). On peut trouver des autos roulantes dès 13.000 €1, de beaux modèles autour des 15.000 et des autos de concours (ça existe aussi pour les youngtimers) approchent des 20.000 € mais on est là vraiment dans le détail.

Les Supercinq GT Turbo Alain Oreille sont plus rares et plus recherchées. Il faudra dépasser les 18.000 € pour la plupart des autos et les autos concours peuvent flirter avec les 25.000… mais encore faut-il en trouver une !

Dans tous les cas vous aurez une bombinette pas GTI avec des pièces globalement accessibles et une super image. Pourquoi hésiter ?

Banniere PA Renault copie- Supercinq GT Turbo

1 : Cotes Collector Car Value

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Vincent

    Finition légère (compteur HS, siège avec dossier cassé…), temps de réponse du turbo élevé, train arrière passant facilement devant.

    Mais moteur souple en ville ! boite agréable.

    Répondre · · 5 mars 2022 à 13 h 08 min

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