Elle était célébrée au Losange Passion International il y a deux semaines. Cette auto qui fut tout le temps dans l’ombre d’autres voitures de la marque Renault ou de ses concurrentes fête ses 90 ans cette année. C’est bien qu’elle soit restée dans les mémoires parce que la carrière de la Renault Celtaquatre fut finalement très courte et ses chiffres de production furent faibles.



La quatrième « quatre »
Si vous ne connaissez pas la Renault Celtaquatre, peut-être connaissez-vous les autres autos de la série. En 1932, Renault se renouvelle et lance trois nouvelles autos pour son entrée de gamme. Ce sont les Vivaquatre, Monaquatre et Primaquatre. Un trio intéressant qui se concentre sur la moyenne gamme… à une époque où le constructeur ne propose plus de petites voitures et mise plutôt sur le haut de gamme avec les Stella notamment. Oui, à l’époque Renault propose des voitures équipées de 6 ou même 8 cylindres en ligne.



On est loin du constructeur généraliste qu’on connaît de nos jours. Pour autant le marché automobile commence à changer et de plus en plus de petites voitures connaissent un certain succès. Citroën en a fait sa marotte, Peugeot s’y met aussi, bref, Renault y a aussi sa place.
C’est à ce moment qu’on décide de présenter la Renault Celtaquatre. Ce n’est pas l’entrée de gamme du constructeur puisque la Monaquatre possède une moins grande cylindrée et, alors que certains tentent d’innover, chez Renault on est à l’époque très conservateur.
Sur la voiture qui nous intéresse, on utilise un 4 cylindres de 1463 cm³ à soupapes latérales accolé à une boîte à trois rapports. Avec 30ch SAE et un poids qui dépasse la tonne, c’est une voiture classée parmi les 8cv. Tout le reste est ultra-conservateur avec une propulsion, des ressorts à lames, un essieu arrière rigide et sa structure est assurée par un châssis séparé à longerons.

Niveau style, c’est moins conservateur. Si les autres « quatre » peuvent paraître carrées et un poil surannées, la Renault Celtaquatre se pare de lignes plus aérodynamiques. Son pavillon très arrondi à l’arrière lui vaut le surnom (sympathique ou moqueur selon votre point de vue) de Celtaboule.

La voiture est prête à sortir quand on prélève une voiture des chaine pour aller chasser du record. Le 26 Avril 1934, une auto tourne pendant 6h sur l’Autodrome de Linas-Montlhéry. La moyenne finale ? Un impressionnant 111,466 km/h. Un record qui a été commémoré il y a deux semaines par The Originals la Collection, au même endroit la veille du Losange Passion International.


Finalement la Renault Celtaquatre est présentée à la presse par Louis Renault le 4 Mai 1934. Cette berline à 4 places et autant de portes arrive quelques semaines après la Traction mais avec 16.900 francs, elle est vendue légèrement moins cher. Avant la fin de l’année, on a ajouté trois autres modèles à cette gamme avec la Luxe Aérodynamique et la Grand Luxe Aérodynamique mais également avec la version Coupé, 2 places, deux portes mais avec un Spider en bonus.
Les évolutions « forcées » de la Renault Celtaquatre
On l’a vu, la Renault Celtaquatre apparaît quelques semaines après la Citroën Traction. On aurait pu penser que son conservatisme serait un désavantage par rapport à la chevronnée… Mais au départ c’est un avantage tant les défaut de jeunesse de la Traction l’handicapent dans les premiers mois. Néanmoins, il faut faire attention puisque la voiture de Javel est une monocoque à roues indépendantes. Par contre, même la 7 va vite devenir une 9cv, la Renault Celtaquatre garde l’avantage côté fiscal. Le résultat est satisfaisant puisqu’en seulement quelques mois on a déjà produit plus de 6000 autos.
Pourtant la Renault évolue rapidement. Dès le salon 1934, en Octobre, on dévoile le modèle 1935 avec quelques évolutions stylistiques. Les trois volets de la première mouture sont remplacés par des ouïes horizontales « masquées » par des baguettes chromées. La gamme débute à la luxe… qui est venue moins chère que la berline de base précédente. Les chiffres de production sont en légère hausse avec 7001 exemplaires fabriqués.



Là encore, ça ne dure pas. Dès le salon de Paris 1935 on présente une nouvelle Renault Celtaquatre. Là, les évolutions sont plus lourdes et la voiture grossit. L’empattement passe de 2,45 à 2,71m. Et niveau style, on change beaucoup de chose. On retrouve des jantes artillerie tandis que le monogramme Celtaquatre apparaît sur le pare-chocs. La calandre s’élargit, le capot passe à 5 baguettes horizontales. On continue sur les côtés où le marchepieds disparaît totalement tandis que le pavillon est revu. Il est moins rond. À l’arrière, la plaque s’éclaire par transparence, un monogramme apparaît sur le pare-chocs.




Surtout, la Renault Celtaquatre complète encore sa gamme. Côté berlines, la Luxe et la Grand Luxe sont renouvelées tout comme la version coupé avec Spider.



On complète avec une version Celtastandard très dépouillée (elle n’a pas de pare-chocs) qui est la 5 places la moins chère du marché (selon les pubs). Et puis la Celtaquatre se dote d’une version Coach décapotable à 5 places et d’une version Cabriolets avec une banquette et un Spider.



Toutes ces versions vont permettre de signer le record de la Celtaquatre avec 23.708 exemplaires produits en un peu plus d’un an.
En bonus on retrouve même une version commerciale. L’AEC1 est une Celtaquatre mais elle est en fait basée sur la Monaquatre de 1935. Son gros avantage c’est son arrière qui s’ouvre en deux parties tout en conservant un intérieur classique à 5 places. Sans regarder son arrière en queue de pie, on la remarque avec la présence de la roue de secours sur l’aile avant droite.



Des évolutions constantes et ce n’est pas fini ! La Renault Celtaquatre change encore de forme au salon de Paris en 1936 (pour le millésime 1937 donc). Si on ne touche pas à la technique, niveau visuel, ça se remarque. À l’avant, la calandre adopte une forme en V. Sur les côtés on trouve de nouvelles roues à 12 trous tandis qu’à l’arrière, le bouchon de remplissage du réservoir est désormais à l’extérieur et une malle est disponible en option. Avec 14.822 exemplaires, elle relance réellement le modèle.


Ces changements s’appliquent sur toutes les autos de la gamme, y compris la Celtastandard et la Commerciale. Cette dernière est renouvelée et s’intègre beaucoup mieux dans la gamme mais reste marginale en dépassant à peine les 2000 exemplaires.

Malgré ces nouveautés constantes, la Renault Celtaquatre est désormais complétement dans l’ombre de la Traction. Au salon 1937, on dévoile une voiture qui va vraiment viser une gamme plus basse : la Juvaquatre.
Avec elle on va viser la gamme des 6CV et c’est une auto bien plus moderne avec une carrosserie monocoque, un moteur plus petit et une carrosserie de base à seulement deux portes (au départ). Plutôt que de l’introduire pour élargir la gamme, on sacrifie la Renault Celtaquatre. La Juvaquatre est proposée en différentes carrosseries et il n’y a donc plus que la Berline Grand Luxe au catalogue de la Celtaquatre pour le millésime 1938. Elle se reconnaît avec son pare-chocs rectiligne.

Heureusement qu’elle est là d’ailleurs. La Juvaquatre va prendre du retard et n’entrer en production qu’en Mai 1938. C’est une vraie passation de témoin puisque la Renault Celtaquatre a stoppé sa production en Avril 1938 après 4244 exemplaires produits de la dernière version.
Le total s’arrête à 67.870 exemplaires. Un score honorable… pour une voiture si conservatrice.
La Renault Celtaquatre de nos jours
Finalement, avec une production faible à l’époque, il est heureux que les Renault Celtaquatre soient parvenues jusque nous. Les versions berlines sont évidemment les plus courantes, et de loin. Ce sont des autos idéales pour qui voudrait se lancer dans le monde des avant-guerre puisqu’on les trouve dès 5000 à 6000€ ! Elles ne seront pas parfaites, évidemment, et les plus beaux modèles peuvent viser deux fois ce prix !
On ajoutera aussi le cas particulier des Coachs et des Cabriolets, ces carrosseries déjà bien plus chères à l’époque et beaucoup plus recherchées de nos jours. Vous voyez venir la corolaire ? Oui ces versions sont beaucoup, mais alors beaucoup plus chères et peuvent viser et dépasser les 30.000€.
Dans tous les cas, avant ce genre d’achat, faites confiance aux spécialistes du modèle. S’il n’y a pas de clubs vous trouverez plein d’infos sur ce site (qui a été très utile à la rédaction de cet article) et vous trouverez les savoir-faire nécessaires dans les clubs Renault qu’on retrouve partout en France.





Fossoyeur
Bonjour,
Excellente idée, de mettre en avant l’anniversaire de la Celtaquatre.
Dire que Renault n’est pas un constructeur généraliste au début des années 30 me paraît osé. La 6cv NN a en effet tiré sa révérence fin 1929, après des chiffres de production qui forcent l’admiration pour l’époque ; l’entrée de gamme est donc assurée en 1930 par la Monasix, 6 cylindres (c’est la mode) mais 1476 cm3 et 8cv seulement, épaulée par la 4 cylindres 10cv née KZ en 1923, et qui en 1932 reçoit l’appellation de Vivaquatre. En 1931, lancement de la Primaquatre, avec le même 10cv, sur la caisse courte et légère de la Monasix. La Monaquatre naît en 7cv (1300 cm3) avec le modèle 1932 sur cette même caisse de Monasix ; elle reçoit à la place dès 1933 la même cylindrée 8cv de 1463 cm3 qu’on retrouvera sur toutes les Celtaquatre.
En 1934, année de naissance de la Celtaquatre, toute la gamme Renault arbore ce même pavillon arrondi de la Celtaboule : la mutation aérodynamique est en marche.
Il est vrai que la gamme automobile et ses évolutions ont toujours été compliquées, chez Renault avant guerre.
Enfin, il est exact qu’il n’y a pas de club dédié à la Celtaquatre, mais il y a nous, forum et association, pour toutes les Renault de Louis.
· · 14 juillet 2024 à 9 h 48 min
Pierre-Yves
35 photos de l’extérieur , 1 photo de l’intérieur et 1 photo du moteur. A croire qu’une voiture se résume à sa carrosserie . Dommage…..
· · 17 juillet 2024 à 11 h 13 min
Pierre
Malheureusement, pour ce genre d’articles, nous sommes surtout dépendants des photos que nous avons plus glaner au fil des ans. Je vous laisse vous pencher sur nos essais, vous aurez autant de photos autres que l’extérieur que vous le souhaitez.
· · 20 juillet 2024 à 10 h 54 min
debrye
Bonjour,
J’ai possédé la Renault celtaquatre coupé de mon oncle décédé en 1982 . il l’avait acheté neuve en décembre 1935.
Elle est toujours en état d’origine . Je l’ai conservé de 1982 a 2020. Elle se trouve dans un garage Renault pas loin de chez moi dans la Drome. C’était une bonne voiture. Je m’en suis séparé car j’avais presque l’age de la celta!!!
Elle se trouve dans la revue Retroviseur n° 122 de 1998 et du n° 73 de 1994. Bernard .
· · 26 juillet 2024 à 9 h 23 min