Renault 15 et 17, de fausses jumelles pour un vrai succès

Publié le par Alexis Bonhomme

Renault 15 et 17, de fausses jumelles pour un vrai succès

Cela fait bien longtemps que Renault n’a pas proposé de coupé (un vrai coupé avec deux portes). Et ça faisant également longtemps que ce n’était pas arrivé quand nos deux autos du jours, les Renault 15 et Renault 17 ont débarqué. On vous raconte leur histoire.

Les Renault 15 & 17, des Renault 12 façon coupés

Avant de parler des deux protagonistes, intéressons-nous brièvement à la Renault 12, la berline moyenne gamme de la régie Renault apparue en 1969. En plus d’être une traction à moteur en porte à faux avant, elle possède un train arrière rigide. Voulue comme une voiture mondiale par le losange, capable de s’imposer sur tous les marchés et tous les terrains, elle réalise un bon début de carrière.

Cependant, il n’est pas rare que dans les gammes adverses se trouve un coupé dérivé d’un modèle existant ou qu’une version de ce type soit dans les cartons. La firme Américaine à l’ovale bleu Ford a ainsi sortie courant 1969, dérivé de sa berline Taunus, un coupé nommé Capri. Le Blitz Opel quant à lui fît de même en 1970 avec son Ascona de laquelle découlera l’Opel Manta. Toujours du côté Outre-Rhin, en 1974 sortira la Volkswagen Scirocco, coupé dérivé de la sacro-sainte Golf.

Chez Renault, on a pas développé de Coupé depuis très longtemps. Quand Peugeot a habitué le conducteur à proposer une gamme complète, quand Citroën s’y est mis avec l’appui des carrossiers, les seuls coupés de la marque au losange sont en fait les Frégates revues par Chapron. On va charger Gaston Juchet de dessiner ces nouvelles autos au losange. Ces ? Oui, quand les autres constructeurs proposent UN coupé dérivé, il va ici y en avoir deux et leur nom n’indiquera pas vraiment la parenté avec la Renault 12.

La « petite » de la bande : la Renault 15

Son chiffre l’indique et ça se confirmer dans sa description. L’entrée de gamme, c’est la Renault 15. Mais son placement ne repose pas que sur sa motorisation puisque c’est une vraie gamme R15 qu’on propose.

La plus petite version de la Renault 15 se nomme TL. C’est un coupé 4 places (ou un coach si vous voulez être tatillon) possédant un moteur Cléon-Fonte de 1289cm³ (type R1300). Les aficionados de la puissance seraient déçus puisque l’on parle d’une bagatelle de 60 chevaux pour 5500 trs/min pour mouvoir cette automobile avec un couple de 93 Nm disponible à 3500 Tr/min. Malgré tout, ce coupé dispose déjà d’un carburateur double corps. La boîte de vitesse à 4 rapports est de la partie ce qui, par contre, en fait une voiture de 7 chevaux fiscaux. Niveau performances, ce coupé peut accrocher les 155 km/h.

La plus grosse versions de la Renault 15 se nomme quant à elle TS. C’est toujours un coupé 4 places mais qui, par logique de grade, possède un moteur Cléon-Alu de 1565cm³ (type R1302). En tout cas, chez Renault, passer du L au S ne réduit ni la taille du moteur, ni la puissance et le couple délivrés, bien au contraire !

La puissance fait un bond de la moitié de celle existante sur la R15 TL c’est-à-dire 90 chevaux (délivrés à 5500Tr/min) et le couple devient intéressant (125Nm à 3000 trs/min). Les 170 km/h s’atteignent toujours avec la boîte à 4 rapports. C’est une 9 chevaux fiscaux.

La Renault 17 :

Autre Renault mais même classification ! Les monogrammes TL et TS sont toujours présents.

Ainsi, la Renault 17 TL, plus petit modèle de cette gamme, est toujours un coupé (qui deviendra par la suite découvrable). Le moteur disposé devant le conducteur est le même que la Renault 15 TS c’est-à-dire un 1565cm³ (type R1322). Du coup, les performances sont identiques.

La meilleure de toute pour celui qui veut de la performance sera donc la Renault 17 TS. Au programme, toujours la même cylindrée de 1565cm³ (type R1323). La grosse évolution qui différencie cette TS des deux autres est l’ajout de l’injection électronique D-Jetronic Bosch. Cette optimisation dernier cri permet ainsi de tirer 108 chevaux à 6000Tr/min et 137Nm de couple à 5500Tr/min. La Renault 17 TS entre dans une nouvelle ère de motorisation mais l’on s’égare du sujet.

En dépit de ces beaux chiffres, elle se voit greffer une boîte 5 vitesses et reste à une puissance fiscal de 9 chevaux fiscaux. Ces améliorations vont permettre de flâner jusqu’à 185 km/h !

Et dire qu’à l’époque ces données techniques étaient toutes mises en valeurs alors qu’elles paraissent banales voir insuffisantes pour le premier jeune permis venu qui a soif de performance.

Différencier des Renault 15 & 17, plus facile qu’il n’y paraît

Maintenant que l’on a parlé technique sur les versions de lancement, nous allons nous attarder sur les façons de différencier ces deux autos, tâche qui va se révélée plus facile que prévu.

Pour commencer, lorsque l’on croise une auto durant nos balades champêtres ou de nos balades citadines, les plus belles silhouettes se dessinent sous nos yeux par le ¾ face ou le ¾ arrière. Ces deux vues très appréciées des photographes amateurs comme professionnels nous permettent d’avoir une vue somme toute globale de l’auto en question.

Concernant les Renault 15 et Renault 17, intéressons-nous d’abord à leurs  ¾ avant. La première chose qui frappe entre ces deux coupés, hormis leur ligne, ce sont leurs faces avant et surtout les optiques.

D’un côté nous avons les blocs optiques rectangulaires aux bords arrondis, classiques et déjà connus dans la gamme puisque provenant directement de la Renault 12, je vous parle bien de la Renault 15. De l’autre nous avons quatre beaux optiques ronds (ah le charme des phares ronds… Merci la France pour les globes jaunes !). Ce n’est ni une Ford Capri ni une Alfa Romeo GTV, c’est bien la Renault 17.

Le point commun entre les deux autos, c’est évidemment ce trait stylistique particulier, ce pare-chocs avant remplacé par l’entourage de calandre comprenant du caoutchouc.

Auto Moto Retro Rouen 5986- Renault 15

Ensuite intéressons-nous à la ligne. Comme ce sont tous deux des coupés, leurs lignes sont identiques, mais les détails, non. Le premier détail qui fait mouche sur la Renault 15 est sa grande surface vitrée comme seule les anciennes possèdent.
La Renault 17 quant à elle possède des grilles de custodes arrière ce qui fait que les vitres arrière latérales sont beaucoup plus courtes et biseautées. Ces différences latérales permettent encore plus de hiérarchisé le coté simple de la Renault 15 et le côté sportif de la Renault 17. « Une auto », deux personnalités.

Intérieurement, à cette époque, les stylistes osent. Vous n’êtes pas sans savoir que très régulièrement dans le monde automobile les concepts qui préfigurent les séries sont assez extravagants. Le duo Renault 15 & 17 n’y fait pas exception puisque le styliste en charge de ce projet, Jacques Ousset, eu la grandiose idée d’implanter une visière de combiné d’instrumentation amovible dans la planche de bord. Pour faire simple, elle était sortie lorsqu’il faisait jour et rentrée lorsqu’il faisait nuit. Elle n’était là que pour empêcher des éventuels reflets dans le pare-brise.

Malheureusement, comme toute idée belle et géniale, son coût de fabrication et de faisabilité était tel qu’il a fallu se rentre à l’évidence, la visière restera fixe ! Cela dit, la planche de bord des Renault 15/17 propose quatre beaux cadrans ronds. Les plus imaginatifs et caricaturaux d’entre vous y verrons quatre réinterprétations des casquettes et verres de feux tricolores.

Ombre à ce tableau prometteur, la Renault 15 pourvue d’un volant à l’allure sportive (qui ne rêve pas d’un volant aluminium à trous ?) n’est en fait qu’une pâle copie. Ce n’est autre que du plastique qui est utilisé. Le début du m’as-tu vu ?

Intérieur R17- Renault 15

Les évolutions des Renault 15 et Renault 17

Phase 1 (1971 – 1976) :

Les quatre modèles décrits précédemment sont donc la gamme de lancement. Mais les autos vont vite évoluer. Dès Mars 1972, les Renault 15 TS et Renault 17 TL peuvent compter sur l’agrément d’une boîte de vitesse automatique disponible en option ! Au cours du millésime 72, les aiguilles des compteurs gagnent des extrémités orange et les chiffres des instrumentations grossissent pour plus de lisibilité.

En Septembre 1972, les deux coupés Renault arborent fièrement le tout nouveau logo Vasarely, en remplacement du « logo interdit« , qui perdurera pendant plus de vingt ans. Les conducteurs et passagers des Renault 17 ne sont pas délaissés puisqu’ils pourront voir le ciel leur tomber sur la tête. Plus sérieusement, la version découvrable fait son apparition !

Renault 15 et 17 Decouvrable- Renault 15

Au millésime 73, l’éclairage intérieur voit triple puisque les spots lumineux sont dorénavant trois pour éclairer l’habitacle. Deux sur le plafonnier et un à l’arrière au centre. En parlant des plafonniers, les poignées de maintien si utiles aux passagers ballottés par des apprentis Fangio se retrouvent assorties à celui-ci.

Le millésime suivant fait un grand pas dans l’ergonomie ! Tout y passe aussi bien l’accroche de ceinture de sécurité qui se voit améliorée ainsi que la boîte à gant, plus volumineuse.   

Au millésime 74, le monogramme migre sur la gauche du hayon et il arbore le nouveau code couleur : lettrages chromés sur fond noir mat. Les plus avertis noteront l’apparition du monogramme « RENAULT 17 TS INJECTION ». La classe !

Les trois premières années de production, les deux autos restent inchangées mécaniquement parlant. Ce n’est qu’à partir de 1974 que des changements s’opèrent dans la gamme puisque la Renault 17 TS voit sa cylindrée passée de 1565cm³ à 1605cm³ toujours avec le bloc Cléon-Alu. Les caractéristiques techniques n’évoluent pas, les codes moteurs si : le coupé R1313 devient R1317 et le R1323 devient R1327.

En 1975, la Régie décide également de commercialiser un coupé au nom plus évocateur que celui de Renault 17 TS. L’appellation TS va donc se faire remplacer par l’appellation Gordini… sans aucune modification mécanique.

Les évolutions des Renault 15 et Renault 17

Phase 2 (1976 – 1979) :

La phase 2 prend place après quatre années de commercialisation, elle est lancée le 1er Mars 1976. Il est donc l’heure de faire le point ! Personne n’est sans savoir les conséquences du premier choc pétrolier de 1973, la Citroën SM en témoigne.

Cette période a profité à la Renault 15 qui domine alors les ventes des coupés chez Renault atteignant les 74% en 1975 (la version TL peut se targuer de représenter la moitié des ventes totales). La Renault 17, en somme la mieux motorisée, n’était pas de taille à affronter ces épreuves face à une Renault 15 modestement motorisée et de surcroît plus abordable. Et puis les limitations de vitesse ont calmé les ardeurs de bien des conducteurs qui se détournent des modèles les plus sportifs.

Extérieurement, cette deuxième phase de la Renault 15 et de la Renault 17 se distingue par des détails légers et plus modernes. En premier lieu la calandre qui ne fait plus tout l’entourage des phares. L’arrière se voit greffer d’un bandeau rouge rejoignant les deux feux et il y est assorti un becquet qui sera présent sur toutes les versions sauf sur les Renault 15 TL.

Intérieurement, le très grand changement vient des sièges surnommés « Pétales ». Le bureau d’étude de Renault s’est fait plaisir puisque le mot d’ordre a surement été la qualité perçue ainsi qu’un gros zeste d’originalité. Son dessin fait penser à la légèreté et à la sensation de flotter dans l’habitacle. Son assise ainsi que son dossier sont annelés et les coussins réglables (deux latéraux, deux au niveau des cuisses) sont de la partie.

Une fois installé dans ces sièges, le conducteur pourra découvrir face à lui une planche de bord modernisée et moins extravagante. Il pourra découvrir également de nouveaux pare-soleil durant l’année 1977.

Mécaniquement parlant, cette deuxième phase voit le doublement d’une version : la Renault 15 TL devient Renault 15 TL ou GTL selon les équipements que veut le client. La version GTL étant la plus équipée. Le code moteur est inchangé puisqu’il restera R1300 pour les deux finitions.

Dernière modification improbable et rare, la Renault 15 gagne en accessoire les doubles optiques ronds sur sa face avant pour les modèles Français. Les versions export comme en témoigne une publicité étrangère (cf publicité Renault 15 Coupé ci -après) ont pour certaines eux à priori cette configuration d’origine.

La R15 TS et la R17 TL disparaissent, il faut bien dire que ces deux versions se cannibalisent. De fait la Renault 17 TL est remplacée par la Renault 17 TS. En réalité, ce n’est que l’appellation qui fait son retour. Plus d’injection au programme mais le moteur 1647 cm³ est bien sous le capot, alimenté par un carbu.

La version Gordini en coupé et découvrable (type R1317 et type 1327) n’évolue pas.

Malheureusement en Juillet 1977, les deux versions Gordini et la versions TS coupé (R1318) de la Renault 17 se voient dans l’obligation d’être arrêtées tout comme l’option boîte automatique en Juillet 1978.

La fin de ce duo prendra effet en Juin 1979 puisque la Renault 18 qui remplace la Renault 12 dont elles sont issues prendra la relève de cette dernière. Après 8 années de production, il y a eu pas moins de 300.000 exemplaires vendus à travers le monde pour une cadence atteignant par moments les 270 unités par jour.

On notera d’ailleurs que la Renault 18 aura aussi son dérivé Coupé, c’est la Fuego !

Pour terminer

Quelques anecdotes sur les Renault 15 et Renault 17 :

Vous ne pensiez pas que j’allais passer outre une certaine malédiction italienne ? Que nenni ! Pour ceux qui ne le sauraient pas, en France nous avons le numéro 13, le nombre qui porte à coup sûr malheur. Du côté des Italiens c’est le nombre 17 qui tient ce mauvais rôle. La Régie, ne voulant froisser aucun client potentiel de l’autre côté des Alpes, trouva bon de renommer sa Renault 17 en Renault 177. Vous avez dit malin ?

Les Italiens ont eu la Renault 177 et le reste du monde dans tout ça ? Et bien il a pu goûter aux joies de ces coupés très facilement puisqu’ils ont étés distribués un peu partout notamment aux USA mais sans connaitre de réel succès. Malgré tout, Renault a eu pour envie de promouvoir ces coupés et quoi de mieux que le sport automobile ?

En 1974, la régie engagea trois Renault 17 Gordini à moteur 1774cm³ de 170 chevaux et pesant 1 tonne pour disputer le « Rallye Press On Regardless », la sixième manche du Championnat du Monde des Rallyes 1974. Elles étaient homologuées en Groupe 2. Trois pilotes furent engagés : Jean-Luc Therier, Jean-Pierre Nicolas et Bernard Darniche. Therier a remporté ce rallye, Nicolas finit 3ème et Darniche 6ème. Le coup fût réussi ! En parallèle de ce beau résultat, la Renault 17 parcourut bon nombre d’épreuves chronométrées aussi bien sur asphalte que sur terre.

Conclusion :

La Renault 15 et la Renault 17 sont donc deux autos quasiment jumelles mais possédant leurs personnalités propres. Chacun y trouvera son bonheur pourvu qu’il aime la sonorité du moteur Cléon. Ce sont deux coupés à vite redécouvrir, deux coupés qui marquent les « seventies » et surtout deux coupés qui en jettent !

Les Renault 15 et 17 de nos jours

C’est logique de trouver plus de Renault 15 que de 17 sur le marché puisqu’elle a été bien plus largement diffusée ! Cette première se trouve à partir de 4000 € et les plus beaux montent rarement au dessus des 6000 €.

Pour ce qui est de la R17, seules les versions Gordini, coupé et découvrables dépassent les 6000 € et vont chercher jusqu’à 7500/8000 €. Les autres sont à peine plus chères que les R15. C’est alors une question de goût !

Banniere PA Renault copie- Renault 15

Photos additionnelles : Renault Média

Alexis Bonhomme

Alexis est un passionné de photo et d'automobiles bourguignon. Il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en Juin 2018.

Commentaires

  1. Pascal

    J’en garde un bon souvenir de la R 15 TS, rouge grenat, intérieur en cuir noir. Voiture agréable à conduire.

    Répondre · · 3 juillet 2020 à 19 h 55 min

  2. gougnard

    tres beau reportage sur les renault 15 et 17 ainsi que la fuego les voitures avaient de l’allure à l’epoque

    Répondre · · 15 juillet 2022 à 19 h 00 min

  3. michel Sarlabous

    Je possède une 17 TS decouvrable phase 2 de 78, voiture très agréable et fiable… Que j’estime sous-côtée à 6000 euros, alors qu’une simple 2CV dépasse souvent les 10000 !!! Effet de mode ??? Sinon, je ne m’explique pas cette côte basse….

    Répondre · · 16 juillet 2022 à 8 h 51 min

  4. Guével

    J’ai possédé deux 15 T : une TL phase une de 1975 (ah les vitres électriques !) et une GTL phase deux blanche et un intérieur rouge (sièges pétales type Alpine A310 en drap moussé rouge vif !) Ce n’étaient pas des foudres de guerre mais elles s’intégraient bien dans la circulation de l’époque.

    Répondre · · 17 juillet 2022 à 16 h 21 min

  5. Philippe

    […] alors qu’elles paraissent banales VOIRE insuffisantes

    Répondre · · 17 juillet 2022 à 20 h 38 min

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