Les Mamies Roulantes d’Artas fêtent leurs 20 ans lors de leur rassemblement 2019

Publié le par Fabien

Les Mamies Roulantes d’Artas fêtent leurs 20 ans lors de leur rassemblement 2019

C’est au cœur de la campagne nord-iséroise que nous ont invité de fringantes Mamies Roulantes d’Artas, puisqu’elles fêtent leurs 20 ans en cette année 2019. Pour l’occasion, les organisateurs souhaitaient réunir plus de 500 véhicules au cœur du village.

Exposants et visiteurs ont répondu présent

Bon, le chiffre annoncé sur le site retrocalage.com semblait énorme pour cette petite commune de 1800 habitants, mais il faut avouer que le dynamisme des Mamies Roulantes d’Artas a permis de transformer l’essai (oui, nous sommes à deux pas de Bourgoin-Jallieu, haut lieu du Rugby) : en fin de journée, c’est bien environ 500 véhicules qui auront répondu à l’appel.

Et mécaniquement, une telle densité de véhicules a drainé un nombre de visiteurs suffisamment conséquent pour remplir les parkings champêtres prévus et mais aussi les accotements de quelques-unes routes communales. A vue de nez, le maximum de fréquentation a eu lieu en milieu d’après-midi : il devenait impossible de prendre des photos tant il y avait de monde !

Un beau succès à souligner d’autant que la météo était incertaine, orages et grêle ayant sévi la veille. Intéressons-nous donc à celles qui sont à l’origine de ce succès : les Mamies Roulantes.

Question forces en présence on retrouve une belle variété de marques et de modèles et des autos quasi-centenaires se retrouvent à côté des dernières productions du siècle dernier. Comme à chaque fois, un petit coup de cœur sur une auto sympa, peu commune ou carrément rare.

Les mamies des mamies

Certes elles n’étaient pas les plus nombreuses ces avant-guerre. Citroën et Peugeot pour les Françaises, et Chrysler pour l’américaine.

Chez Citroën, la plus ancienne était une C3 Torpedo 2 places de 1925. Vous connaissez la Trèfle, dont on parlait ici : ce modèle en est tout simplement le précurseur, celui qui a inauguré une nouvelle conception de l’automobile Citroën. Bois, cuir, tôle et acier, les matériaux sont nobles et ont permis sa restauration. Les courbes de la poupe, en pointe, contrastent avec les angles de la proue. Le châssis est court et le tout est homogène et simplement beau. Sur ce modèle « bleu canon », les pneus sont fissurés mais sont encore des pneus sortis d’une époque révolue, peut être pas d’origine, mais ils furent neuf en période d’avant guerre, vraisemblablement et très peu usagés.

Suivent 2 C4, l’une de 29 et l’autre de 32. Certes, celle de 1932, familiale, est superbe dans sa livrée restaurée, mais la C4 de 1929, avec les imperfections d’une voiture en cours de restauration, n’en est pas moins intéressante : mamie sans fard. Et malgré un même modèle, familiale à strapontins, les carrosseries de l’époque évoluaient et se personnalisaient rendant ainsi deux autos identiques, différentes.

Viennent ensuite 2 Peugeot 201, mais là encore, au jeu des 7 erreurs, on en trouverait bien plus ! Le premier modèle, une « affaire », au bouchon de radiateur customisé façon « bruxelloise », correspond au début de production (1929-1934), tandis que le second, est la version berline dont l’arrière est inspiré du coupé dit « queue de castor », caractéristique de la fin de production, vers 1936-37. Cette série 201 a été le modèle qui sauva Peugeot de la faillite en son temps, grâce à sa large distribution et à son beau succès commercial.

Pour finir avec les avant guerre, une américaine tout droit sortie des années de prohibition, Eliott Ness sur les marche-pieds. « Rumble seat » escamoté dans le coffre, jantes à rayons, dépouillement extrême du tableau de bord, la seule excentricité autorisée est un bouchon de radiateur en forme de casque ailé, qui rappelle l’actuel logo de la marque en forme d’ailes. Mais à cette époque, et cette auto l’arborait, le logo de la marque était un cachet de cire au centre duquel Chrysler était entouré par des éclairs, initiales de Fred Zeder, l’ingénieur en chef de Maxwell Motor Corp., compagnie rachetée en 1925 par Chrysler.

Les années après-guerre

Oui, c’était bien là le gros des voitures présentes. Le nombre a fait le succès de l’événement, la qualité des voitures a fait la joie des visiteurs, mais il serait impossible dans ces lignes de parler de toutes. Alors je vais faire un petit focus sur celles qui ont accroché le regard.

Parmi les premiers arrivants, il y avait une belle 205 à la peinture rutilante. Et, surprise, ce n’était pas une GTI. C’était une 205 XS que son jeune propriétaire avait restauré, petit à petit, et qui en parlait avec beaucoup de fierté. Eh oui ! Il existe une Histoire automobile où même celles qui n’étaient pas les fers de lance de chaque gamme ont leur place. En effet, que serait la 205 GTI aujourd’hui si les autres modèles de 205, plus accessibles mais tout aussi intéressants, n’avaient pas permis à la petite sochalienne d’être si populaire, et d’avoir le succès qu’on lui connaît ! Elles étaient plusieurs de ce cas, même si de très belles 115 et 130 étaient venu compléter la famille.

Les Tractions Citroën d’après-guerre étaient venues en nombre, et là celle qui a retenu l’attention était un des rares dernières : une 15-6H. Une sœur de celle que j’avais vu au Quebec (à lire ici), et selon son propriétaire, la seule à arborer le H dans son monogramme de malle. Et un véritable plaisir à entendre démarrer !

Les hauts de gamme Citroën

Mais cette Traction 15-6H, n’était pas seule : sa descendante était là : la DS. Tous modèles. Une DS Break, moins commune, exhibait fièrement ses attributs qui faisait d’elle la familiale idéale, avec sa galerie et sa soute à bagage, une voiture également prisée des maraîchers pour sa capacité de chargement tant en charge qu’en volume.

L’autre DS spéciale présente est un exemplaire de la série limitée « préfecture ». C’est une DS 20, moteur de 1985 cm³ développant 108 chevaux, et dont la finition Confort du modèle croisé la mettait presque en concurrence avec la Pallas. Contrairement à son nom, cette série spéciale n’était pas exclusivement limitée aux administrations.

Le haut de gamme du chevron des années 70 n’aurait pas été au complet sans une très belle SM de 1971, à la livrée bicolore. Pour finir une CX et, plus récente, une BX 16 Soupapes venaient compléter la famille.

2CV, Méhari et… Teilhol

Plus loin, une Renault Rodeo. Mais en s’approchant un peu, on retrouve bien la signature du carrossier, Teilhol, mais nous sommes face à une Tangara. On bascule donc Citroën : châssis de 2 chevaux, bicylindre du chevron… Malgré un engouement (tout relatif avec une commande de moins de 50 exemplaires) de l’Armée Française pour ce véhicule « agréablement utile » comme l’annonçait la pub en 1990, la production s’arrêta moins de 3000 véhicules après avoir débuté. Elle aurait pu être une version moderne de la Méhari, mais les difficultés de la société en ont décidé autrement.

« Sans transition », côté Méhari et 2CV, elles étaient quelques-unes dont une 4×4 (avec la roue sur le capot, contrairement à celle qu’on a essayé ici) à avoir fait le déplacement. Une Visa Club, variait aussi les plaisirs du bicylindre refroidi par air.

Côté Peugeot et Renault

Côté Peugeot, donc, la famille était également bien représentée. 203, 403, 204, 404, 504 et même un J9 à portes coulissantes. La liste est longue. Bien que la 404 cabriolet ne figure pas parmi les raretés, la présence des véhicules de plus grande diffusion est comme un souffle d’air frais. Pour ceux qui ont vécu en ces années 60-70, il est toujours émouvant de voir ces voitures dans lesquelles nous nous sommes fait emmener, sans ceinture, parfois sans banquette arrière en toute légalité.

Un air frais donc qui se confirme avec les Renault. Beaucoup de R5, la fameuse petite auto de la Régie qui inaugura notamment les pare-chocs en plastique sur une voiture de grande production. Les sempiternelles mais adorables 4CV étaient là, dont ce petit bonbon, rose vif, qui est arrivé en fin de journée. Oui, la couleur n’était pas au catalogue. Mais il faut avouer que cette couleur lui sied pas mal ! Les Sœurs 8 et 10 également avaient fait le déplacement, tout comme les 12, 16 et 18.

C’est certain, quand ou parle des Renault de ces années 60-80, et qu’il y a tant de diversité, on a presque l’impression d’assister au tirage du Loto ! A bien y réfléchir, pas si anormal pour des voitures des seventies qui ont vu naître ce jeu.

Encore un chiffre sur Renault : 3. Non, malheureusement pas de Renault 3 (si vous ne connaissez pas, on vous dit tout ici), mais 3 Renault moins communes. Une R4, pour commencer. Un exemplaire unique puisque modifié à partir d’une R4 Super. Ce modèle R1124 a été transformé en 1969 en Cabriolet/Torpedo, ce qui lui donne un faux-air de R4 Plein Air. Sa restauration a été achevée en 2014 et le résultat est plutôt réussi.

Plus conventionnelle puisque de série, une R5 EBS. Bon, là encore, il s’agit d’une modification réalisée de manière indépendante à la Régie. Selon les informations fournies sur le véhicule, EBS, carrossier Belge, a réalisé 185 R5 cabriolet de ce type. Sur la totalité de la production qui s’élèvera à un peu plus de 850 exemplaires tous modèles confondus, la voiture croisée aux Mamies Roulantes porte le n°575.

Enfin, le troisième modèle est une Alliance. Renault 9 américanisée avec ses gros boucliers couleur caisse, sa calandre spécifique, sa boîte auto, et pour le modèle qui nous intéresse, un moteur 1.7 L essence. Vu le temps, un décapsulage bienvenu a permis de voir l’intérieur de la belle américaine.

Les Alpines

A110, A310 et A610 se sont alignées. La plus flamboyante est une réplique de l’A310 V6 Groupe 5 Calberson, rendue célèbre en 1977 aux mains de Guy Fréquelin. Mais 2 Alpines ont retenu l’attention : une Berlinette A110 notamment grâce à deux coups de marqueurs sur son capot avant. Deux griffonnages où l’on peut lire Andruet et Ragnotti lors de leur passage à bord de cette auto.

Mais c’est la plus discrète qui est finalement la plus intéressante : une des 263 Alpine A110L GT4 produites (153 recensées à ce jour). Nous en avions déjà croisé une du côté de Cholet (c’est à relire ici), mais celle-ci a un petit « truc » en plus. Son 1100 développe 100 chevaux grâce au travail réalisé par un certain Pierre Ferry. Son propriétaire l’a intégralement retapée, ayant fait refabriquer certaines pièces polyester pour être conforme au modèle d’origine, avec quelques améliorations de détail comme ces feux arrières de R8 achetés en Italie : en France, la partie chromée est en plastique chromé alors que chez nos voisins transalpins, elle était métallique ce qui en améliorait la solidité et surtout la durabilité.

Chez Simca – Talbot – Matra

Priorité aux plus anciennes de ces mamies roulantes de cette marque disparue : la Simca 8 et ses portes « antagonistes », s’ouvrant en opposition afin de dégager un espace sans montant pour accéder à l’habitacle. Une Rancho passait par là également, mais celle qu’il n’est pas donné de voir à tous les coins de rues est cette Bagheera Courrège série 1 : livrée blanche, plastiques havane, skaï (et non cuir) blanc tendu sur les 3 sièges qui font front à la route, rétroviseurs blancs, petits feux arrière, signatures et monogrammes sur les ailes et les portières…

Les signes caractéristiques ne manquent pas. Le couturier très en vogue dans les années 70 a signé une voiture sportive « soft » (les 84 ch du 1294 cm³, bien que volontaires, ne suffisaient pas à en faire une sportive), qui en devenait élégante et dandy. Voir un des 216 exemplaires produits, dans un état aussi parfait, laisse rêveur.

Les Italiennes…

Pour finir, encore quelques petites gourmandises avec une jolie brochette de Fiat 500 agrémentée d’un morceau de choix : une FIAT 695 Abarth, forte de 35 chevaux, avec son cache culasse frappé du nom du sorcier italien et ses scorpions disséminés un peu partout dans l’habitacle et sur la carrosserie rouge. Toutes avaient le capot à l’horizontale, en version aérodynamique, du plus bel effet. La 126 à proximité vert grenouille venait compléter cette gamme de puces. A l’opposé de l’échelle de puissance de ces italiennes, une autre Abarth, sur base Ritmo 130, une Mondial et une 328 GTB avaient fait le déplacement, ainsi qu’une, aujourd’hui, rare Lancia Delta HF Intégrale.

Une jolie Vespa 400 se découvrait également et exhibait fièrement son moteur 2 temps avec système d’ajout d’huile par carter séparé permettant à son propriétaire de ne pas se salir.

Pour finir avec les italiennes, je vous parlerai de cette Siata Spring de 1967. Née d’une étude de marché poussée, elle était appelée à avoir beaucoup de succès. Châssis et carrosserie sont développés en interne, avec ce look britanico-italien, le moteur et les éléments mécaniques étant quant à eux prélevés dans la banque d’organe de Fiat. Mais le petit constructeur n’était pas assez solide pour assumer la cadence liée au succès. Au final, ce ne sont que 3000 exemplaires de ce petit coupé cabriolet qui auront été produits.

Et les autres…

Il y avait aussi bien sûr des allemandes, des anglaises et des américaines, mais je vous laisserai les admirer sur les galeries. Juste petit coup de projecteur (tout de même) sur une peu commune Mercury Cougar très seventies. Ainsi que sur une Edsel, la marque éphémère au prénom du fils de Henry Ford, que Ford a présenté en septembre 57 pour clôturer en 1960. Décriée lors de son lancement malgré une étude marketing poussée, ce sont tout de même un peu plus de 100000 autos qui auront trouvé preneur, même si Ford perdait près de 3000$ par véhicule vendu ! Il faut reconnaître qu’aujourd’hui cette voiture stigmatise bien les années 50 américaines et dégage même un certain prestige.

Les Mamies Roulantes d’Artas, ce sont aussi des motos, même si celles-ci étaient peu représentées cette année comparativement aux voitures. Mais leur présence se devait d’être mentionnée.

Pour conclure, un bien beau dimanche à la campagne en compagnie des fringantes Mamies Roulantes d’Artas, et de passionnés amoureux de la voiture ancienne. Et quand on aime, c’est bien connu, on a toujours 20 ans !

Fabien

Un lion et un cheval cabré m'ont fait aimer les voitures de mon enfance... Un livre, «La maîtresse d'acier» de Pierre Coutras, et des pilotes de légende m'ont conduit à me passionner pour des bolides plus anciens. A mon tour de partager avec vous.

Commentaires

  1. archer jc

    tres beau reportage je suis comblé par votre site que mon club ma donné

    Répondre · · 22 juin 2019 à 8 h 22 min

    1. Fabien

      Merci pour ces compliments!

      Répondre · · 22 juin 2019 à 8 h 39 min

  2. ducat monique (secrétaire)

    le club des Mamies Roulantes vous remercie pour le très beau reportage concernant les 20 ans de notre club.

    Répondre · · 22 juin 2019 à 19 h 54 min

    1. Fabien

      Ce fut un plaisir! Un grand merci pour votre commentaire. Ce type de retour est un vrai moteur (!) pour nous.
      Merci également pour votre accueil.

      Répondre · · 22 juin 2019 à 20 h 02 min

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