Samedi 26 Mai 1923 à 16h, le Circuit de la Sarthe voit le départ des premières 24h du Mans… qui ne portent pas encore ce nom ! La course a bien changé depuis cette époque et on vous propose vous remettre dans le contexte de cette première.
Le circuit : forcément différent
Cette première épreuve se déroule sur le « Circuit Permanent de la Sarthe ». Attention, dans le genre circuit permanent on reste sur des routes fermées à la circulation. Les premières courses dans la Sarthe ont eu lieu
C’est en 1911 que le premier Grand Prix de France de l’histoire est organisé par l’ACO et passe par les Hunaudières. En 1921, l’ACO organise le Grand Prix de l’Automobile Club de France sur le circuit, déjà utilisé par les voiturettes l’année précédente. Il mesure 17,262 km et voici le tracé, avec déjà quelques lieux qui deviendront mythiques :
Niveau sécurité, c’est niveau 0. Pas de rails, à peine quelques séparations pour les spectateurs et, évidemment, une surface qui est « d’époque » et loin du macadam lisse actuel.
On va trouver par la suite 14 autres versions du circuit ! En 1929, la pointe nord n’est plus une pointe et en 1932, l’ACO achète un terrain qui permet de relier le Tertre Rouge depuis le départ. Le circuit passe alors à 13,492 et sa distance restera dans ces eaux là jusque maintenant.
Une histoire de nom
Non, il y a 100 ans on ne crée pas les 24h du Mans. En réalité on créée une course sur 24h, vraie course d’endurance, mais l’idée n’est pas de tout miser sur cette seule course. C’est en réalité le Grand Prix d’Endurance de 24 Heures qui se tient sur le circuit du Mans. Et celui-ci a un sous-titre « Coupe Rudge-Whitworth » du nom du fabricant de roues qui va sponsoriser cette première course !
Des engagés surtout français
Différentes catégories sont proposées, en fonction de la cylindrée. 1,1 puis 1,5 et 2, 3, 5 et 8 litres de cylindrée sont au programme. 33 voitures prendront le départ et l’affiche annonce fièrement 18 marques. Ces marques sont surtout française. En effet, on ne retrouve que deux Exclesior Albert 1er et une Bentley 3 litres du côté des marques étrangères.
Côté français on retrouve les marques Chenard et Walcker, Lorrainge-Dietrich, Bugatti, Salmson, Delage, Berliet, Amilcar mais aussi les moins connues Rolland-Pilain, Brasier, Georges-Irat ou Bignan.
Toutes les autos doivent avoir une carrosserie conforme au modèle de série, des ailes au klaxon (pour avertir de son passage les riverains) en passant par les phares et la capote. On doit même simuler un passager en mettant 60kg (par passager possible dans l’auto) de lest dans chaque auto.
Notons d’ailleurs que seuls les deux pilotes peuvent intervenir sur la voiture pour faire le plein ou l’appoint d’huile et d’eau.
Distance mini, peu d’abandons et… pas de vrai vainqueur !
C’est étonnant, mais en effet ces premières « 24h du Mans » n’ont pas vraiment été remportées par la Chenard et Walker Sport de Lagache et Léonard !
Pour ça, il faut se replonger dans le règlement de l’époque. L’objectif n’est pas de couvrir le plus grand nombre de tours pendant ce Grand Prix d’Endurance de 24 Heures. Non, l’objectif c’est de passer la ligne d’arrivée au bout de 24h. Par contre, pour qu’il y ait un peu de challenge, il faut quand même avoir couvert une distance minimale, calculée en fonction de la cylindrée de l’auto.
Le fait est que ce règlement est un peu « facile ». Si les moyens mis à la disposition des pilotes et si les autos sont plus rustiques, finalement, au bout de la 16e heure, toutes les voitures ont dépassé la distance imposée. Certains en profitent donc pour lever le pied. Par exemple, la petite SARA, verra l’arrivée mais n’aura couvert que 57 tours. Ces règles font également que peu de voitures abandonnent : une autre SARA, une Brasier et une Lorraine-Dietrich.
Au bout de 24 Heures la Chenard et Walcker n°9 de Lagache et Léonard a couvert 128 tours et la n°10 de Bachmann et Dauvergne en a couvert 124. Un doublé ? Pas réellement. Avec le règlement actuel, ce serait en effet un doublé. Mais en réalité, la Coupe Rudge-Whitworth est une coupe biennale et une coupe triennale qui récompense les meilleures performances sur deux ou trois grand prix d’endurance. De fait, les Chenard n’ont pas gagné et on juste le droit de revenir au moins une fois pour remporter la coupe !
Si vous voulez développer le sujet, on vous laisse en vidéo avec Laurent Chauveau, qui a lancé le site 86400.fr et qui détaille vraiment la chose.
Pour célébrer le centenaire…
Cette année, on fête tout de même le centenaire des 24h du Mans… qui reste la première course de 24 heures organisée sur le circuit de la Sarthe. On s’y retrouve !
Les célébrations seront nombreuses et ont déjà commencé, notamment lors de Rétromobile et vous retrouverez notre article ici :
Mais il y a d’autres rendez-vous à noter :
- à partir du 1er Juin et jusqu’au 2 Juillet, le Musée des 24 Heures du Mans proposera la Grande Exposition du Centenaire avec 86 voitures de folie : 65 gagnantes et 21 voitures marquantes. Évidemment on vous y emmènera
- pendant les 24h du Mans, la course aura lieu les 10 et 11 Juin, une vente aux enchères spéciale sera organisée, on en parle ici, et diverses animations historiques seront au programme
- enfin, il y aura Le Mans Classic, qu’on vous fera vivre du 29 Juin au 2 Juillet avec évidemment de belles expos mais aussi des bijoux historiques en piste !
Un beau programme, on va avoir quelques semaines très mancelles sur News d’Anciennes !
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