Fiat X1/9, le Targa futuriste et inattendu

Rares sont les autos qui détonnent autant dans la gamme d’un constructeur. Cette année, on fête les 50 ans de cette rareté aux plusieurs vies. L’occasion de revenir sur l’histoire de la Fiat X1/9.

850, Autobianchi et Bertone

La gamme Fiat des années 60 est riche. Les autos sont nombreuses, pour de nombreux segments et se déclinent en coupés et cabriolets régulièrement. La Fiat 850 n’y fait pas exception avec son coupé signé Bertone (son essai ici) et son cabriolet signé Pininfarina. Sauf qu’en la renouvelant avec la Fiat 128 on propose un coupé en 1971, mais pas un cabriolet, enfin pas de suite.

En fait il va falloir attendre une visite d’Agnelli chez Bertone pour lancer l’histoire. Il découvre dans un coin une auto qui a été préparée… mais jamais présentée. Il s’agit en fait du prolongement d’un projet né en 1964 quand Dante Giacosa a étudié un coupé à moteur central arrière, le projet G 31. Celui-ci est abandonné, non sans avoir donné l’Autobianchi Runabout, dessinée par Bertone.

C’est donc en partant de cette première base que la carrozzeria a créé ce qui pourrait être une version de série de cette auto futuriste, aux lignes tendues et au moteur central arrière. Agnelli lance la machine pour proposer une voiture de ce genre. Si Pininfarina propose également un coupé à moteur central pour le même but, c’est bien la proposition de Bertone qui est conservée. Celle de Pininfarina deviendra la Lancia Montecarlo.

Le but est toujours d’offrir un cabriolet sur la base de la Fiat 128. La voiture lui emprunte donc son moteur 1290 cm³, celui des versions Rallye et ses 75ch. Par contre, il sera placé à l’arrière ce qui empêche d’ailleurs d’avoir un pur cabriolet et qui va faire de notre auto une Targa.

La Fiat X1/9 débarque

Prête en un temps record la voiture est présentée au Salon de Turin à la fin de l’année 1972. Contrairement aux autres Fiat, elle n’est pas vraiment baptisée et conserve le nom de son projet : Fiat X1/9.

Sa faible puissance est compensée par sa légèreté. Filant à 170 km/h, la bête se pose en concurrente d’une Porsche 914 (version VW) et elle est même moins chère que la Karmann-Ghia. Ces deux autos ont un véritable succès aux USA et dès que la Fiat est homologuée, avec un moteur dépollué de 60ch, elle y pose les roues. Forcément, pour le marché local, elle reçoit des pare-chocs avec de gros blocs caoutchouc insérés entre deux lames en alu. Le résultat n’est pas vraiment sublime, mais ça fait le job !

Son succès commercial ne s’y dément pas. Surnommée la « Petite Ferrari », cette auto sportive, originale et abordable se vend si bien que 70% de la production est expédiée sur place !

En 1976 on sort la première nouveauté, la Série Spéciale, une auto à la décoration originale, notamment sa peinture bicolore et sa bande latérale.

En 1978, c’est la grosse évolution, la première en fait, de la Fiat X1/9. Elle reçoit alors un moteur 1500 tiré de la Fiat Ritmo. Il sort 85ch dans sa version européenne et 75ch dans la version américaine qui reçoit l’injection. Ces versions reçoivent également une nouvelle boîte à 5 rapports.

Esthétiquement ces autos se remarquent un pare-chocs prévu pour les USA. Fini « l’échelle » et place à de gros caoutchoucs assez saillants et dotés d’une barre en aluminium pour parfaire le style.

Les ventes sont toujours bonnes, en particulier sur le marché américain mais au début des années 80 le géant turinois a un souci logistique et doit libérer une ligne de production. La Fiat X1/9 est condamnée.

Bertone à la rescousse

Finalement c’est la carrozzeria de Grugliasco qui va récupérer l’outillage en 1982. Selon un accord passé avec Fiat, la Fiat X1/9 devient Bertone X1/9 et sera toujours proposée dans le réseau Fiat… et importée aux Etats-Unis par un certain Malcolm Bricklin qui revient à ses premiers amours : l’importation d’autos originales.

La mécanique ne change pas mais Bertone propose une présentation plus soignée avec une peinture bicolore, plus luxueuse aussi. Jantes alliage, cuir, équipements supplémentaires, sous sa nouvelle marque, la Bertone X1/9 conserve une belle aura et propose même des séries spéciales.

Finalement la carrière va se prolonger jusqu’en 1989. La dernière série, très justement baptisée Gran Finale, est proposée avec des jantes de 14″ et une peinture spéciale. Il est alors temps de refermer le chapitre après 174.000 exemplaires de Fiat X1/9 et Bertone X1/9 produits. Pas mal pour une auto qui n’était pas vraiment prévue… et aurait pu être très clivante !

La Fiat X1/9… en compétition !

Histoire d’être complet, il faut aborder cette parenthèse sportive de la Fiat X1/9.

Voiture légère à moteur central, forcément, la base de la Fiat X1/9 devait attirer les fans de la compétition. Dès 1974 Abarth modifie l’auto en la dotant du 1800 de la Lancia Beta. L’auto reçoit la livrée rouge et verte des Fiat de compétition, un périscope pour amener de l’air au moteur, et s’engage en Groupe 5, avec quelques succès mais pas sur des rallyes d’envergure. Alors que Bertone est prêt à produire 500 exemplaires pour l’homologation en Groupe 4 mais Fiat annule le projet pour concentrer les efforts sur la 131 Abarth.

Avant cela, la Scuderia Filipinetti avait déjà proposé sa version de course avec un moteur poussé à 160ch avec l’injection et une boîte 5 vitesse. Construite en collaboration avec Fiat elle est dévoilée au salon de Genève 1973 mais sa production ne sera jamais lancée.

Enfin, Dallara et Bertone se sont associé et penché sur la Fiat X1/9. Le constructeur, tout récent alors, décide d’utiliser cette base pour s’engager en championnat du monde des voitures de sport en 1975. Le moteur est spécial, un 16 soupapes, mais surtout l’auto est bodybuildée et se dote d’un énorme aileron. Son nom « Icsunuove », X1/9 en italien !

Les Fiat X1/9 en collection

Forcément, avec une production très tournée vers les USA, c’est une voiture qu’on voit assez peu en Europe. Il y en a pourtant, celles qui n’ont pas été attaquées par la rouille, problème bien connu des voitures des années 70, et pas seulement sur les italiennes. La mécanique est fiable et les composants ne sont pas rares. Les versions Bertone, mieux construites, auront souvent mieux traversé les années.

Côté prix, une Fiat X1/9 en état passable pourra être trouvée autour des 8000 €. Privilégiez des autos en meilleur état, notamment les 1500, mais les prix tournent vite autour des 10.000 €. Pour les versions Bertone, ajoutez encore quelques milliers d’euros à l’addition, en particulier pour ce qui concerne les séries limitées.

Cote : Collector Car Value