Essai d’une BMW 2002 : un excellent compromis

Publié le par Bruno Lelievre

Essai d’une BMW 2002 : un excellent compromis

La BMW 2002 n’est pas une des déclinaisons sportives des BMW Série 02 (voir l’histoire ici), mais tout comme la BMW 1600 que Benjamin avait essayée, c’est un compromis de style élégant, de dynamisme et d’agrément de conduite, bref une « vraie » BMW digne de ce nom, en tout cas pour son époque… et finalement le lancement d’une « signature » qui colle toujours aux petits modèles de la gamme. Enfin, petits, les bavarois ont fait encore plus petit mais même avec ces nouvelles autos, l’héritage de la BMW 2002 est toujours présent.

J’avais déjà participé à des essais News d’Anciennes essentiellement pour les photos mais cette fois je signe mon premier essai complet, je devrais dire co-signé d’ailleurs puisque c’est avec Valentine que nous avons eu l’occasion d’essayer cette BMW 2002 dans notre région. Les BMW Série 02 je connais un peu, mais mon expérience à bord remontait aux années 80 avec celle d’un copain étudiant lorsque nous faisions de longs trajets dans sa 1602, un véhicule très dynamique et plaisant, il fallait déjà se méfier des premiers radars mobiles sur nos nationales… Je me hâtais de savoir quelles sensations j’allais retrouver dans cette 2002.

NOTRE BMW 2002 DU JOUR

La BMW 1600 essayée par Benjamin était une phase 1 du coach, avec ses pare-chocs entièrement chromés. Et il faut bien dire qu’on pourrait confondre les deux au niveau esthétique. Avant d’être une série 02, notre BMW 2002 est avant tout un symbole du renouveau de la marque, dans la lignée des Neue Klasse et mis en avant avec les 1600 puis 1600-2.

Ici avec ce modèle 1972 on est déjà dans la deuxième série, celle qui inaugure d’ailleurs le chiffre 2 car c’est bien la BMW 2002 qui sera la première déclinaison des «série 02» type E10. C’est un véhicule qui fleure bon la fin des 60s début des 70s, avec un style élégant intemporel que la taille et la version coach subliment par rapport aux premières berlines « neue klass ».  

Personne ne retirera à une BMW 2002 son ascendance et sa provenance germanique. Mais dans ce tableau, il ne faut pas occulter que c’est bien d’Italie que vient la ligne. C’était monnaie courante à l’époque, dans le monde entier d’ailleurs et c’est particulièrement intéressant de noter que même les allemands, avec leur « kultur » automobile bien à eux, s’y sont prêté. C’est donc Michelotti qui signe cette ligne, et ça se voit.

Cette BMW 2002 est un coach, un coupé si vous voulez mais cette appellation sied particulièrement bien à ces « berlines 2 portes » puisque le coach est en réalité un coupé avec vitre de custode. Cette carrosserie 2 portes sera la signature des 1600 puis des série 02. Un vrai parti pris, qui fut finalement payant. Par contre, on ne peut pas dire que toute les 02 étaient des coach ou coupé puisqu’on a aussi trouvé des cabriolets (réels puis Targa de chez Baur) et des « fastback » avec les Touring.

Cette ligne se démarque avec une très grand surface vitrée qui apporte vision et clarté et qui nous permet de replacer la BMW 2002 dans les années 70 du premier coup d’œil. La ceinture de caisse est sublimement soulignée sur tout son pourtours par une moulure réhaussée de baguettes chromées. C’est LA signature de Michelotti des années 60 et 70, une signature qu’on retrouve sur les Triumph ou la DAF 55 par exemple. Sur ce millésime on trouve les pare-chocs avec les bandeaux caoutchouc (évolution liée aux normes de sécurité) et les baguettes latérales.

Les roues datent un peu le modèle avec de simples 165/80 sur jantes de 13 pouces, réhaussés toutefois par de beaux enjoliveurs inox avec leur logo BMW central. À noter encore le rétroviseur avec pied moulé en alu spécifique au marché Français appelé « feuille de choux », et les déflecteurs de vitre avant qui s’ouvrent mécaniquement par une molette, un attribut assez pratique lorsqu’il fait chaud et qui date un peu notre modèle puisqu’on le trouvait sur nombre de véhicules des années 50 et 60, bien avant que la climatisation n’apparaisse, il disparaitra d’ailleurs dès les générations suivantes de BMW, E12 puis séries 3 E21.

L’avant de la BMW 2002 ne se distingue pas vraiment des autres Coachs de la série 02, sur ce millésime on a encore la calandre chromée des premières séries. À noter sur notre modèle du jour la paire de longue portée, discrets en taille et tout en finesse qui ressortent bien avec leur couleur jaune et qui renforcent le style à l’avant, c’était un accessoire classique pour ce modèle, du genre de ceux qu’on retrouvait sur toutes les autos un peu vitaminées de l’époque, histoire d’affirmer encore plus leur sportivité.

L’arrière de la BMW 2002 garde encore les petits feux AR ronds identiques aux premières séries (qui seront remplacés dans la dernière série par des feux rectangulaires). En dessous du sigle BMW on trouve le sigle « 2002 » et si on peut dire que c’est finalement le seul attribut marquant de cette version en tous cas il en impose.

En bref je dirais que cette ligne tout en finesse de charmes désuets sied parfaitement à cette petite berline compacte et dynamique, presque familiale à défaut d’être une pure sportive. On notera d’ailleurs qu’il n’y a pas d’attribut sportif supplémentaire ni à l’extérieur ni à l’intérieur sur cette version de BMW 2002.

COTE TECHNIQUE : déjà classique

La série E10 lancée avec la BMW 2002 c’est l’assemblage du coach 1600 avec le moteur 2 litres des berlines 2000 et coupés 2000C. C’est un moteur à arbre à cames en tête et carburateur simple corps qui développe 100ch et 157 Nm de couple, accouplé à une simple boite 4 vitesses (c’était encore le standard à l’époque) modèle Getrag 242. Pas hyper sportif au sens pur mais largement suffisant pour assurer une belle dynamique bien au-dessus de la moyenne des concurrentes. C’est notamment le poids contenu de ce coach qui fait la différence avec tout juste 990kg.

Coté châssis on est bien doté avec 4 roues indépendantes, avec barres antiroulis et système McPherson à l’avant. Le freinage est assuré par des disques pleins à l’avant avec étriers 4 pistons, double circuit, et des tambours de 230mm à l’arrière.

COTE INTERIEUR : classique… mais 70s !

On ouvre la porte (assez longue) pour découvrir un intérieur qui nous ramène, lui aussi, en arrière. Sur cette BMW 2002 la planche de bord en 2 parties (elle était en 3 parties sur les coachs premiers modèles), mais l’équipement est loin de celui d’une sportive puisque contrairement aux versions Ti, sur cette 2002 « tout court » il n’y a même pas de compte-tour en série, le 3e cadran rond étant utilisé par une montre.

Le volant est de bonne taille, comme souvent à l’époque lorsqu’on n’a pas d’assistance de direction, et on trouve une console intégrant la radio, ici un modèle d’époque très « seventies ».

À noter que ce véhicule est équipé de ceintures de sécurité à enrouleur, ce qui n’était pas encore très courant en 1972.

L’ambiance à bord est agréable et esthétique, on n’est pas accablés par du noir sur noir austère qu’on retrouve sur de nombreux modèles germaniques, puisque les panneaux de porte et la sellerie égaient l’habitacle avec leur chaude couleur marron. Les sièges avec leur zone centrale en maille beige clair entourée par du skaï marron se marient très bien avec la teinte verte de cet exemplaire. Ce sont toutefois des sièges très « plats » sans maintien latéral, rien de très sportif la non plus, juste du bon goût.

Ce coach de taille (et de poids) réduit par rapport aux 4 places « Neue Klass » reste très habitable aux places arrière, du moins pour des personnes de taille raisonnable, mais ce n’est pas trop à l’arrière qu’on a voulu passer du temps dans la BMW 2002.

AU VOLANT DE LA BMW 2002

Une sellerie certes de bon goût mais pas du premium pour autant, car ma première surprise en montant à bord c’est d’avoir l’impression de tomber dans le siège qui s’enfonce passablement avec une impression de vieux matelas à ressorts. Aie le mythe s’effrite un peu ! Et c’est vrai que BMW est passé de la technologie ressorts à celle des sièges moussés tardivement, seulement en 1985 et puis de toute façon, un siège de voiture ancienne, ça vieillit.

Passé cet étonnement je vais vite oublier ce côté « retro » des sièges, une fois assis ils s’avèrent au final largement confortables et très satisfaisants à l’usage. Gilles nous confirme même que c’est plutôt un avantage de confort sur de longs trajets et Valentine a également apprécié leur moelleux qui tient plus de la berline et limousine que de la petite sportive en herbe.

Après quelques averses de pluie lors de la montée ou j’étais en passager avec Gilles (c’est lui qui entretient le véhicule et qui roule beaucoup avec cette BMW 2002), c’est à notre tour de conduire dans les Vosges en zone plutôt vallonée et sinueuse, qui devrait permettre d’apprécier la dynamique de l’engin.

Calé dans le siège la prise en main se passe bien, mais arrivent encore quelques surprises. La première surprise c’est qu’il faut s’habituer (ou ré-habituer) à ce pédalier inversé fixé au plancher, en particulier pour embrayer au démarrage, avec une course plutôt longue. Après quelques hésitations on finit par s’y habituer correctement.

J’enclenche donc la 1ere vitesse avec le levier au plancher et ça me parait bien dur et bruyant comme passage, un phénomène que je vais ressentir pour le passage des autres rapports mais uniquement à froid, on oubliera vite ce craquement dès que l’huile sera à bonne température. On ne va pas comparer la BMW 2002 à une Testarossa… mais y’a de l’idée ! Valentine, qui a pu bénéficier de l’échauffement effectué trouve au contraire la boîte de la BMW 2002 instinctive, avec un bon guidage.

A noter que la première est assez courte, ce qui participe au dynamisme au démarrage, et qu’avec la souplesse du 2 litres BMW exemplaire à bas régime pour un 4 pattes, il n’y a pas besoin de repasser les vitesses souvent puisque même en 3e et à petite vitesse la BMW 2002 repart très facilement. Ce qui fait qu’on n’a pas forcément beaucoup besoin de jouer du levier. On n’a de cesse de le clamer : les voitures anciennes les plus faciles à conduire sont les plus coupleuses [les propriétaires de Mustang sortent le Champagne].

La direction n’est pas assistée donc un peu dure en manœuvres de parking, et comporte en roulage une zone centrale floue assez désagréable, c’est inhérent à la technologie de boîtier vis à billes, une technologie déjà complétement dépassée pour l’époque. Au final en roulant ca reste fluide mais c’est un point qui fait que l’on se sent dans une ancienne dans la BMW 2002, car le reste de l’auto est assez moderne pour son âge, mais la direction est franchement datée.

Le moteur s’avère volontaire, très coupleux pour un 4 cylindre, et à défaut d’être très sportif il accepte tout autant de prendre des tours de manière linéaire que de rester sur un filet de gaz pour une souplesse de reprise assez impressionnante. C’est, je pense, un effet bénéfique de cette cylindrée de 2 litres sur ce coach léger. En tous cas on reconnait un des points fort de BMW depuis toujours : ils font de bons moteurs.

Après quelque temps de prise en main, l’asphalte sur la route des crètes a maintenant bien séché, on va pouvoir apprécier les virages. La tenue de route s’avère très saine (sur routes sèches en tous cas) et sans aller aux limites on peut largement exploiter les 100ch. On sent bien que ce châssis est capable d’encaisser nettement plus de puissance (et ça sera le cas avec les versions Ti).

La voiture tient bien la route en virage, on sent qu’elle peut survirer si on attaque trop mais comme n’importe quelle propulsion, et de manière progressive. En tout cas la BMW 2002 vous alerte et c’est plutôt sain. Les suspensions sont un peu fermes mais l’auto n’est pas raide pour autant, on est loin d’une e21 par exemple.

Mais les limites de vitesse sont rapidement atteintes en 3e, alors on va calmer le jeu et poursuivre le roulage en usage de bonne routière. Une conduite très facile en somme et on y prend plaisir, pas de vibrations ni d’inconfort et on sent qu’on pourrait partir pour un road trip au long cours, dans cette vraie routière au sens noble du terme. Une impression partagée par Valentine qui apprécie et sent bien les 100ch du moteur, pas un foudre de guerre mais une puissance suffisante pour s’amuser sur les petites routes. D’ailleurs, c’est exactement ce qu’on a fait.

Après une agréable pause « tarte aux myrtilles » dans une ferme auberge Vosgienne il faut maintenant entamer la redescente, qui pourra se faire tout en souplesse. Cela dit les épingles nécessitent de solliciter un peu plus les freins. Valentine les a déjà éprouvé « à plat » et les a trouvé rassurants et surtout efficaces. Sauf que je m’attaque à une descente et tout le monde connaît la réputation de BMW sur le freinage et ce n’est pas la même que celle des moteurs. Pourtant, aucune mauvaise surprise au rendez-vous. L’attaque de la pédale est très correct et je n’ai rencontré aucun problème d’endurance jusqu’en fin de descente. Ça c’est dit !

En bas de vallée en zone urbaine tout se passe bien également, que ce soit sur les ralentisseurs ou dans les ronds-points l’auto se faufile de manière très fluide dans la circulation moderne, on en oublierait presque qu’on est dans une voiture ancienne, s’il n’y avait quelques grincements divers, qui font partie du charme d’une voiture ancienne certes en très bon état de marche mais plutôt dans son jus.

CONCLUSION

La BMW 2002 est une voiture très confortable et agréable à rouler en particulier sur les petites routes, on s’y sent bien à l’intérieur pour y voyager longtemps, on avait d’ailleurs du mal à rendre le volant !

Si vous voulez faire de la compétition historique vous pourrez préférer une plus rare version Ti ou mieux encore Tii, sans parler de l’exclusive Turbo, mais même cette « simple » 2002 pourra faire l’affaire, d’autant qu’elle supportera facilement une préparation.

Cela dit si vous voulez simplement rouler dans une ancienne élégante et dynamique, qui apporte un confort et un plaisir de conduite très satisfaisants, elle représente un excellent compromis, surtout avec son tarif qui sera bien plus abordable.

Les Plus de la BMW 2002Les Moins de la BMW 2002
Ligne élégante et intemporelleDirection datée
ImageManque d’équipements sportifs (compte-tour)
Capacités routièresSièges sans maintien latéral
Moteur souple et dynamique
Les notes de la BMW 2002
Fiche techniqueBMW 2002
Années1968-1975
Mécanique
Architecture4 cylindres en ligne
Cylindrée1990 cm³
AlimentationCarburateur
Soupapes8
Puissance Max100ch à 5500 trs/min
Couple Max157Nm à 3500 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 4 rapports
TransmissionPropulsion
Châssis
Position MoteurLongitudinale Avant
FreinageDisques Pleins AV et Tambours AR
VoiesAV 1330 mm / AR 1330 mm
Empattement2500 mm
Dimensions L x l x h4230 x 1590 x 1410 mm
Poids (relevé)1075 kg
Performances
Vmax Mesurée175 km/h
0 à 100 km/h10,5s
400m d.a17,5s
1000m d.a32,2s
Poids/Puissance10,7 kg/ch
Conso Mixte± 10 litres / 100km
Conso Sportive± 15 litres / 100 km
Prix± 20.000 €

CONDUIRE UNE BMW 2002

La BMW 2002 n’est pas la plus rare des coachs « Série 02 », avec une production de l’ordre de 200.000 exemplaires (hors USA) sur les 339.092 BMW 2002 sorties des usines. C’est juste un peu moins que les 1600 cm³, elle devrait être plus facile à trouver que les déclinaisons sportives Ti et Tii, et nettement moins onéreuse également ! Comptez 20.000€ pour un exemplaire en bon état. C’est un peu plus que certaines concurrentes mais on parle aussi de voitures qui ne seront pas toujours dans le même état !

Surveillez la corrosion comme pour tous les véhicules de cette époque, sinon la mécanique est assez répandue et fiable, ne demandant qu’un entretien classique, les pièces sont plutôt faciles à trouver et sans se ruiner, il n’y a pas vraiment de surenchère pour accéder à l’image BMW de ces anciens modèles. Des modèles qui ont d’ailleurs apporté beaucoup à la Marque bavaroise, certains disent même que c’est la série 02 qui a sauvé le constructeur dans les années 70. Une raison supplémentaire d’apprécier ce best-seller.

Un grand merci à Gilles du club FVA (un de nos généreux donateurs sur notre Tipeee) pour avoir permis cet essai

Bruno Lelievre

Après une longue carrière dans l'industrie automobile ce passionné collectionneur de Coupés et Cabriolets Peugeot rejoint News d'Anciennes en 2022 pour partager ses nombreuses photos.

Commentaires

  1. denis

    j’avais une 1800 et j’en étais tres satisfait!

    Répondre · · 22 juillet 2024 à 21 h 40 min

  2. germinus

    j’etais moi meme proprietaire d’une bmw 2002 en 1974, super auto a l’epoque,ensuite je me suis acheté une 2002 turbo blanche, fantastique auto, je suis un inconditionnel de la marque bmw. Toujours de tres bon reportages sur votre site que j’apprecie beaucoup.

    Répondre · · 23 juillet 2024 à 0 h 11 min

    1. Bruno Lelievre

      Merci pour le compliment

      Répondre · · 24 juillet 2024 à 10 h 31 min

  3. Tof

    Le boîtier de direction doit avoir un sacré paquet de kilomètres pour avoir un jeu comme celui que vous décrivez, normalement c’est presque imperceptible. Et que dire de votre comparaison avec l’E21: En essayant l’une après l’autre une 320 et une 2002 avec des amortisseurs neufs (pas sport) et des ressorts d’origine sur les deux autos, Votre avis serait totalement inversé sur le modèle qui a la suspension la plus dure. En effet BMW a voulu l’E21 plus confortable et plus polyvalente, ce qui se ressent bien en faisant un essai dans les conditions que je décris plus haut.

    Répondre · · 14 octobre 2024 à 13 h 07 min

Répondre à TofAnnuler la réponse.

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