Nom de code E21 : l’histoire de la première BMW série 3

Publié le par Valentine

Nom de code E21 : l’histoire de la première BMW série 3

« On la conduit comme on danse » titrait le magazine Echappement dans les années 80 à propos de la BMW E21. Première née de la grande lignée des séries 3, elle promettait avant-gardisme et puissance dans une auto compacte. Voici l’histoire de cette bavaroise bientôt cinquantenaire.

Les prémices d’un modèle phare pour BMW

Dans les années 60, la 02 a rencontré un franc succès et ce dans toutes ses déclinaisons. C’est avec précautions que la marque à l’hélice décide de la remplacer en 1975. La recette de la 2002 et de ses petites sœurs moins puissantes fonctionne à merveille, c’est pourquoi BMW décide d’en reprendre les bases pour concevoir la E21. Le moteur M10 de son ainée est donc repris et amélioré pour l’équiper.

Les années 70 sont marquées par une crise pétrolière, qui incite les constructeurs à proposer des voitures plus économiques. BMW fait des économies en reprenant certaines parties de la 02, mais ne lésine cependant pas sur la qualité de ses voitures. Dans les brochures commerciales de l’époque, on pouvait lire : « La nouvelle BMW compacte est construite pour les conducteurs qui prennent la liberté d’exiger quelque chose de mieux. Bien entendu, ce « mieux » a son prix. » La cible principale de la marque avec ce modèle est la classe moyenne. Pour la séduire, la E21 se veut un compromis entre voiture sportive et familiale.

Elle est plus puissante que sa devancière la E10, mais surtout plus sécuritaire. La première série 3 est aussi la première BMW à proposer un tableau de bord incurvé vers le conducteur. Ainsi, on pouvait régler son chauffage ou sa musique de façon plus aisée. Cette position sera reprise dans les petites sœurs de la E21, la E30 et la E36. La 3 est également la première voiture propulsion (moteur avant et arbre de transmission vers les roues arrière) dont le réservoir d’essence est placé sous la banquette arrière, pour gagner encore une fois en sécurité.

Un modèle qui se veut donc innovant pour conquérir une clientèle toujours plus grande. La E21 est ainsi l’aboutissement de la démarche entamée en 1966 avec la E10 : de la puissance et de l’innovation dans une voiture compacte.

Côté design, la série 3 reprend les lignes de la 02 mais en ressort plus carrée. C’est à Paul Bracq, tout droit sorti de la firme Mercedes, que l’on doit le dessin de la E21. On retrouve la fameuse calandre, qui reste encore la signature BMW : deux phares rond avec les haricots au milieu. Sa ligne très géométrique fait que la bavaroise se fond dans la masse au sein des voitures des années 70. Toutefois, elle est reconnaissable grâce à ce signe distinctif.

Le fameux « shark nose », qui lui vaudra parfois d’être confondue avec sa cousine la série 5, se veut un peu plus large que sur sa devancière, proportionnellement à la voiture.

Une carrière montante

La nouvelle série 3 a connu au long de sa carrière plusieurs améliorations.

La plus marquante d’entre elle reste celle de l’arrivée du fameux six cylindres en ligne sous son capot. En 1977, le tout premier « 6 en ligne » est monté dans une E21. Cette arrivée fait rebondir le succès du modèle, qui devient alors plus puissant et plus agréable à conduire.

Cette année là, le 320-6 remplace le 320 4 cylindre et BMW présente pour la première fois la 323i, le plus gros moteur de la gamme. Ce nouveau moteur a pour code M20. Dans la 320/6, avec 1990cm³ de cylindrée il développe 122 ch. La crème de la crème sera le M20B23 de la 323i. De plus grande cylindrée, 2315cm³, ce moteur à injection développe 143ch ce qui en fait le plus puissant des séries 3 e21.

Grâce à ce moteur la série 3 monte en grade. Les 6 cylindres étaient jusqu’ici réservés au modèles plus luxueux. La 323i représente le modèle le plus mythique de la saga E21. Equipée d’un autobloquant et d’une boite courte, qui étaient en option sur le modèle, elle était une sportive convoitée de la fin des années 70.

En 1980, BMW propose également une nouvelle motorisation à son catalogue : la 315. Cela permet à la marque d’élargir encore un peu la gamme en proposant un nouveau modèle « premier prix ». On retrouve donc dans cette nouvelle version le moteur M10 de la 316, dans une version moins puissante de seulement 75 ch. L’intérieur sera lui simplifié pour convenir aux plus petits budgets.

Cette première série 3 connaitra donc un franc succès. Présente sur toutes les routes et pour cause, plus de 1,3 millions de BMW E21 sont sorties de l’usine munichoise. La production s’arrêtera progressivement en 1982, la 315 et la 316i seront les derniers modèles à être arrêtés en 1983.

Sa descendante sera la E30, qui connaitra un encore plus grand essor. La E21 représente donc le début d’une longue série de modèles phares chez BMW.

Une vie aux multiples facettes

Si cette petite compacte est avant tout produite pour être la voiture des familles de la classe moyenne, la E21 connaitra une belle carrière en sport automobile. En 1977, BMW décide de reprendre la 320 4 cylindre pour l’engager en groupe 5. Bien sûr, la 320 groupe 5 n’aura plus grand chose à voir avec son homologue de série.

Dans une métamorphose digne de celle du personnage de Kafka, elle reçoit une carrosserie en fibre de verre et des appendices aérodynamiques, tandis que les trains roulants sont révisés pour s’adapter à l’usage en compétition. Tout de suite, son aspect physique faisait comprendre à la concurrence quel genre de monstre elle pouvait devenir sur la piste.

Pour ce qui est du moteur, trois 4 cylindres différents seront utilisés, en fonction des différents championnats. Par exemple, la 320 a couru au championnat nord-américain IMSA (International Motor Sports Association) avec un moteur équipé d’un turbocompresseur grâce auquel elle ne faisait pas moins de 600ch, pour seulement 880kg. Telle Gargantua, celle qu’on appelait la 320T ne fit qu’une bouchée des Porsche 934 et 935 et autres V8 américains des concurrents.

La BMW E21 en collection

De nos jours, la première des séries 3 appartient à la catégorie des voitures de collection. Longtemps boudée, elle est désormais un youngtimer de premier choix pour les amateurs de voitures anciennes. Question prix, la E21 peut entrer dans une large fourchette, en fonction de la motorisation et des options. La côte a beaucoup grimpé ces dernières années.

Même pour la plus simple version, en 315, ne comptez pas moins de 7000 €. Toutefois, si vous opter pour le grand jeu, c’est-à-dire une 323i bien optionnée, la cagnotte approche plus des 25.000 €, au minimum, pour un exemplaire en très bon état. Les options les plus recherchées étant l’autobloquant, la boite sport et pour les accessoires, les sièges sport Recaro.

Comme beaucoup de voitures anciennes, l’un des principal aspect à prendre en compte avant un achat est la rouille. Les E21 sont sensibles à la corrosion. Ce sont des autos relativement fiables, à condition bien sûr de les entretenir convenablement. Un entretien régulier est la clef d’une voiture qui dure. Il est important par exemple de changer les courroies, notamment sur les moteurs 6 cylindres.

Photos complémentaires : BMW

Valentine

Passionnée d'automobile depuis de nombreuses années, Valentine, étudiante en journalisme, rejoint l'équipe de News d'Anciennes en tant qu'apprentie. Les voitures anciennes, elle aime en parler, les prendre en photo mais surtout en prendre le volant !

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