Essai d’une Alfa Romeo GTV 2.0 Production : On s’y croirait !

Il est des soirs où le destin frappe à votre porte. Un simple message pour prendre des nouvelles d’un ami a permis de me mettre au volant d’un coupé que j’ai connu et dont j’ai rêvé dans ma jeunesse. Il s’agit de l’Alfa Romeo GTV 2.0 Production. Je tombe directement sous le charme et rendez-vous est pris pour un essai. Vous connaissez la suite ?

Avant toute chose, comme vous avez pu le lire en introduction, je ne vais pas vous parler d’une simple GTV 2.0 aujourd’hui. Non, l’auto à l’essai est issue de la série Production. Distribuée à 300 exemplaires, elle est reconnaissable rapidement. Tous les points spécifiques vous seront détaillés plus loin. Et si vous voulez vous replonger dans l’histoire du GTV :

Alfa Romeo GTV, le coupé à ne pas oublier

Notre Alfa Romeo GTV 2.0 Production du jour

Extérieur : Habits de lumière

Maintenant que les grandes lignes des Alfa Romeo GTV vous ont étés rappelées, place au tour du propriétaire. De prime abord, ce qui frappe le plus sur cette série Production c’est le kit déco et carrosserie. Pour faire simple, durant les années 80, beaucoup d’autos avaient la possibilité d’être accessoirisées par des équipements constructeurs, souvent grâce à un catalogue “after-market”.

Cependant, chez certains fabricants, ces ajouts étaient déjà intégrés via des séries spéciales comme notre Alfa Romeo GTV 2.0 Production du jour. Autre exemple, Volkswagen avec sa Golf Oettinger qui reprend le même principe.

Dans le détail, notre Alfa Romeo GTV 2.0 Production était équipée d’un kit complet composé de pare-chocs avant et arrière plus enveloppants et de jupes latérales spécifiques. Le tout était signé Stand 21. Cet ajout renforce la vision sportive que peut évoquer une Alfa GTV. Ils sont ton caisse et s’accordent bien à l’ensemble. C’est tout ? Non, on a aussi ajouté des jantes Ronal spécifiques et il faut avouer qu’elles rendent très bien !

Comme vous pouvez le voir, les détails ont étés poussés jusqu’à créer un décroché pour laisser de la place à la sortie d’échappement chromée. Plus globalement, le pare-chocs avant reprend le design de la calandre tout en gardant les grandes baguettes plastiques (oui bon, les années 80 ne sont pas si glorieuses pour ça) et les jupes latérales donnent une impression de grossir les ailes.

Malgré tout, les spécificités du kit Production ne sont pas que des bouts de plastiques. Non, c’est surtout une décoration reconnaissable et affichée. Pour preuve grâce à l’inscription “GTV Production” que l’on retrouve sur le capot. Le reste de la carrosserie est floquée des mêmes stickers agencés de diverses manières.

Intérieur : C’est un GTV

Pas de surprise pour l’intérieur de l’Alfa Romeo GTV 2.0 Production, c’est avant tout un GTV. On ouvre la porte pour une vraie plongée dans les années 80. La planche de bord est noire, la sellerie est en velours beige. Seule touche vraiment vintage : le pommeau de levier de vitesse en bois !

L’instrumentation reste un brin originale. Trois gros cadrans ronds sont placés derrière le volant, chacun a son cadre rectangulaire et sa vitre. On trouve : le tachymètre-odomètre, le compte-tours avec zone rouge à 6000 tours (bien après la puissance maxi). Le troisième cadran : une horloge toute simple. Pour le reste des informations, il faut se tourner vers le haut de la console centrale. Une seule vitre et on a le reste des informations.

La console pourrait accueillir beaucoup plus de boutons mais on reste en présence d’un « simple » 2.0 litres. En dessous c’est la ventilation et un autoradio moderne.

On a fait le tour ? Presque. On note quand même deux particularités pour l’Alfa Romeo GTV 2.0 Production. D’abord le volant cuir, de série sur la Production. Mais ce qui se voit le plus, c’est la plaque placée sur le couvercle de boîte à gant avec les signatures des deux pilotes du GTV en championnat : Alain Cudini et Dany Snobeck.

Technique : (presque) rien à dire

L’Alfa Romeo GTV 2.0 Production embarque donc un moteur 2 litres, arrondi fait avec les 1962 cm³ réels. C’est un quatre cylindres. Ou plutôt LE 4 cylindres, la star de chez Alfa, le Bialbero si connu.

Sa fiche technique n’a rien de folle. 130ch à « seulement » 5400 tours, 180 Nm de couple… Le reste de la technique est assez conventionnel. Évidemment Alfa a greffé une boîte 5, le constructeur Milanais ayant débuté cette tradition dans les années 50, pas de raison que ça change au début des années 80. Par contre, c’est la disposition de la boîte qui fait la particularité de cette auto puisqu’on a affaire à une boîte à l’arrière : le transaxle ! À défaut de mettre le moteur à l’arrière, ça met du poids sur l’essieu.

On note quand même qu’il y a eu deux version de la production. Notre Alfa Romeo GTV 2.0 Production d’abord, mais aussi des autos équipées du V6 Busso 2.5 avec 160 ch au programme.

Les différences techniques entre une Alfa Romeo GTV 2.0 Production et une 2.0 normale ? Nada ! On reste strictement de série. Que de la gueule ? On peut dire ça !

Prise en main : Flâner serait le mot

Maintenant que la connaissance est faite avec notre belle Italienne du jour, place à son réel essai. Vais-je encore succomber aux charmes italiens (Cf. l’essai de la Maserati 3200 GT) ? De prime abord, je dois répondre oui, cependant je veux en être certain alors allons-y !

L’Alfa Romeo GTV 2.0 Production démarre au quart de tour. L’ambiance matinale d’un dimanche ensoleillé aide peut-être ? Je ne sais pas, mais ce qui est sûr c’est que sa mélodie nous envoûte encore plus que le soleil nous éclaire.

Le plein est fait, il nous reste qu’à sélectionner notre tracé du jour. Jean-Philippe ayant envie de nouveauté (comme nous les photographes), je n’ai eu d’autre choix que de délaisser mon tracé fétiche composé du “Val-Suzon” et de la côte d’Urcy pour les alentours du CEA Valduc dans le Nord-Dijonnais. Bien qu’inconnu au bataillon automobile Bourguignon, ce secteur sécurisé au nom de la recherche nucléaire nous offre de sublime paysage alliant grandes cultures agricoles et dénivelés certains. Le niveau n’est pas aussi relevé que dans le sacro-saint Morvan mais est suffisant pour cette matinée d’essai.

Pour l’anecdote, j’ai déjà goûté aux joies du GTV à la sauce bialbero par un ami de la famille, il se reconnaîtra. Cependant, c’était il y a déjà quelques années et je n’étais pas possesseur du permis de conduire. Mes seuls souvenirs sont donc des virées (mémorables) côté passager.

Pour ne pas commencer trop fort, je laisse Jean-Philippe chauffer notre diva comme il sait si bien le faire. Le cap est mis direction le Nord par Saussy. L’avantage de ces 30 kilomètres à parcourir c’est que nous n’allons pas être embêtés par nos amis les cyclistes. En effet, la route à emprunter étant assez ancienne et dégradée, ceux-ci ne s’y aventurent guère. Point positif à noter, elle comporte nombre d’épingles et d’enchaînements divers.

C’est bon. Après 10 kilomètres, notre Alfa Romeo GTV 2.0 Production est à température. Il est temps pour moi d’en prendre le volant non sans une certaine excitation. Les 20 kilomètres restant sont dédiés à une vraie prise en main à vitesse contrôlée pour appréhender et comprendre son comportement. Je reste doux et étant un éternel délicat, le maniement de la boîte n’est rapidement qu’un jeu d’enfant. C’est obligatoire pour qui ne connaît pas encore ces boîtes.

Les premiers virages arrivent et nous montons en direction du point culminant qu’est Saussy. Le couple qu’offre le 4 cylindre est grandement appréciable. Les vocalises sont là. L’Alfa Romeo GTV 2.0 Production file et Saussy est en vue. Je suis déjà plus rassuré à son volant, grâce à une direction légère et une prise en main douce qui me convient. Cela me permet d’être confiant pour les 10 prochains kilomètres qui sont exigeant étant donné la descente et les abords affaissés qu’ils comportent. Je rappelle qu’il n’est toujours pas question d’attaquer, cela sera fait après le reportage photo que vous pouvez admirer tout au long de cet essai.

Finalement, un des points qui va être jugé maintenant, ce sont les freins. N’ayant pas eu à les utiliser outre mesure, une descente est un bon moyen d’en tâter l’efficacité même si je ne suis pas du tout un adepte du freinage continu. Pour tout vous dire, ils ont vite chauffé mais n’ont pas perdu de mordant. Un mal pour un bien. On pourrait partir loin sans être inquiété. Je précise que mon rythme du moment justifie en grande partie cette endurance. On verra plus tard si cela est toujours d’actualité.

Nous voilà arrivés au point de rendez-vous, nos acolytes nous ayant entendu arriver au loin (ils ont l’ouïe fine). Nous partons donc effectuer le reportage photo. L’auto sera toujours en température pour attaquer le vif du sujet dans quelques instants !

Dans l’action : La délicatesse est de mise

Comme toute bonne auto, elle se juge aussi par ses capacités dynamiques. L’Alfa Romeo GTV 2.0 Production du jour encore plus. Notre route du moment, longue de 5 kilomètres, alterne montées abruptes, épingles exigeantes et longues courbes qui s’ouvrent. En somme, un terrain de jeu parfait pour jouer de la boîte, mettre en appui et claquer la pédale de gaz au fond.

Une seule règle m’a été imposée, ne pas tirer la première. J’ai envie de dire que cela tombe bien, ce n’est pas ma façon de faire. Je ne l’ai fait qu’une fois, à bord d’une Hommell Berlinette Echappement mais celle-ci était destinée à être utilisée de la sorte. Et ce n’est pas le cas d’un GTV.

Allez c’est parti on lâche les 130 chevaux disponibles et on emmanche. Le départ se fait au point le plus bas, comme avec toute côte qui se respecte. La partie basse du tracé ne permet guère de dépasser les limitations imposées sur le réseau routier secondaire. Pour le moment, je n’ai pu rester qu’en seconde. Cela a un avantage, ce 2L a quand même une belle allonge et plus les hauts régimes sont chatouillés, plus notre audition s’en régale. Mais pour une fois, je ne vous apprends rien !

Non, l’avantage de cette Alfa Romeo GTV 2.0 Production c’est son équilibre. La disposition transaxle permet un superbe équilibre général dans les appuis et lors des relances. Etant une propulsion, le train arrière aurait potentiellement envie de passer devant. Que nenni. Les relances sur le second rapport sont vives, l’arrière est posé et aucun manque de motricité ne se fait ressentir. Un vrai régal pour ce début !

Maintenant, place aux plus longues sections et autres gros freinages. Pour le coup, je ne peux affirmer un strict respect des règles de circulation. Je peux cependant affirmer que la vitesse se ressent très bien dans ce coupé et que le mot aseptisation n’a pas lieu d’être ! Pour autant, on se sent en sécurité. Quel que soit le rythme, l’Alfa Romeo GTV 2.0 Production n’est pas brusque. Même si le rythme est très engagé, on ne sent pas comme dans une session de “touge”.

Si vous me suivez jusqu’à présent, vous venez de lire le mot “engagé”. J’entends par là une conduite sportive et fluide où l’on perd le moins de vitesse possible malgré les freinages et les courbes qu’elles soient grandes ou plus serrées. On prend un réel plaisir à sentir la caisse travailler tout le long du tracé.

Les envolées lyriques se succèdent, les freinages appuyés s’enchaînent sans qu’ils ne faiblissent, les sourires sont présents. Oui, nous sommes bien à bord d’une Alfa Romeo GTV. Un vrai plaisir d’emmener ce coupé à rythme soutenu.

Maintenant le bout de la côte atteint, place au retour dans le même esprit. Essentiellement en descente, les freins seront mis à rude épreuves dès que le frein moteur ne sera pas assez suffisant. Que dire de plus que lors de la montée hormis en remettre une couche sur la facilité de conduire une Alfa Romeo GTV 2.0 Production ? De légers retours à l’échappement s’entendent lors des lâchés de gaz qui permettent d’apprécier encore plus les moments de pauses au frein moteur, rouler à tombeau ouvert en pleine descente n’est pas le but recherché.

Petite astuce du jour qui m’a été forte utile, lors d’un appui prononcé, garder un filet de gaz permet d’appuyer l’arrière qui, malgré le poids qu’il possède se retrouve léger sans une aide “mécanique”. Suite à ça, les enfilades sont un régal pour qui aime être fluide au volant d’une automobile.

Le seul point négatif au tableau est le temps interminable du passage des rapports, surtout au rétrogradage. Malgré tout, j’ai trouvé que cela allait bien avec l’ambiance de ce coupé. Il faut savoir être très fluide et surtout pas pressé. Le package proposer par cette Alfa Romeo GTV 2.0 Production est uniforme à mon sens. Efficace sans être extrême, flatteur sans être mou et surtout élégante sans en faire trop. Une vraie italienne des années 80.

Conclusion : Un collector à adopter ?

Pour conclure sur cette Alfa Romeo GTV 2.0 Production, je dirais qu’on y vient dès lors qu’on aime le GTV ! C’est une série spéciale qui a l’avantage d’amener un peu de sportivité visuelle sans en faire trop. C’est une voiture de connaisseurs et non pas une voiture à part.

Elle est à adopter dans le sens ou la prestation donnée est excellente, les vocalises ne sont plus à décrire et le niveau de plaisir transmis est assez relevé. Est-ce que je l’achèterai ? Oui. Durant cet essai, je me suis vu descendre direction la côte amalfitaine en passant par les routes alpines. Cette envie me fait dire que c’est une auto que je pourrais acheter un jour. Pour qui aime le charme italien et le sport « coulé », alors cette Alfa Romeo vous est destinée !

Conduire une Alfa Romeo GTV 2.0 Production

Déjà, on replante le décor. Une Alfa Romeo GTV 2.0 reste une auto abordable. Comptez 15.000 € pour une auto en bon état mais certains n’hésitent pas à taper plus fort et demander 25.000 € quand l’auto est vraiment en état concours.

Maintenant, pour ce qui est de l’Alfa Romeo GTV 2.0 Production, il faut faire attention, c’est une rareté ! 300 exemplaires, c’est peu. Et le fait qu’elle ait été réservée au marché français fait que c’est un collector au niveau mondial ! Du coup, le prix s’en ressent : environ 20.000 € pour un beau modèle comme le nôtre !

Concernant la partie guide d’achat, c’est simple puisqu’une Alfa Romeo GTV 2.0 Production reste techniquement une 2.0. La principale préoccupation, vous le savez ou vous l’avez deviné, c’est la rouille ! La cote du modèle ayant stagné trop bas et trop longtemps, l’entretien n’a pas été scrupuleux. Ça peut d’ailleurs nuire à la mécanique qui est pourtant fiable quand elle est bien traitée. Niveau pièces, on retrouve de tout, il y a même des spécialistes de cette série 116, mais celles spécifiques à la série production seront évidemment compliquées à trouver !

Un grand merci à Jean-Philippe de Cazor Auto Passion qui nous a laisser le volant de cette Alfa Romeo GTV 2.0 Production. Ce véhicule est actuellement en vente, l’annonce est ici.