Essai de la Citroën BX 16 soupapes, coeur de lionne

Publié le par Fabien

Essai de la Citroën BX 16 soupapes, coeur de lionne

La Citroën BX fête ses 40 ans cette année. L’occasion pour nous d’ouvrir le ban des hommages et de prendre le volant de la plus puissante d’entre elles : la BX 16 soupapes… si on met de côté la 4 TC qu’on a déjà pris en main. Et comme souvent, notre voiture d’essai est un peu spéciale…

Un peu d’histoire

La BX, c’est la « voiture de papi ». Enfin, c’est l’image que renvoie cette auto mal aimée dès sa sortie, mais qui a quand même été produite à plus de 2,3 millions d’exemplaires en 12 ans de carrière !

Pour son design, Citroën a voulu faire appel à un designer de renom, Marcello Gandini, le père des Lamborghini Miura et Countach notamment. Une belle promesse. Mais la montagne a accouché d’une souris. Pas de design excitant. Un profil tout juste modifié par rapport au projet qui avait été présenté pour l’Anadol FW11 en 1977 (c’est par ici), et remis au goût du jour pour le projet Volvo Tundra 2 ans plus tard. En d’autres termes, lors de sa sortie en 1982, la Citroën BX est très en avance sur son temps en terme de… recyclage !

Ceci dit, la BX reste une Citroën. Héritière des GS/GSA, elle conserve ses suspensions hydro-pneumatiques, son volant monobranche, ou encore ses 4 freins à disque et ses compteurs « pèse-personne ».

Mais elle innove aussi. Les matériaux de synthèse sont massivement employés pour les pièces de carrosserie, du capot au hayon, ceci permettant un gain de poids notable, la familiale pesant moins d’une tonne (de 885 à 950 kg selon le modèle au lancement). De plus, c’est elle qui étrenne le nouveau châssis, commun avec la future 405.

Côté moteur, les 1360 cm3 et 1580 cm3 viennent de chez Peugeot. Le XY 1360 à carburateur double corps est d’ailleurs celui qui équipait la 104. Mais très vite, la BX est équipée des moteurs XU, plus modernes. La BX 19 D/TRD, diesel, arrive un an plus tard.

Pour le millésime 85, les 1900 essence, XU9, font leur apparition sous le capot avec la 19 GT, qui, la même année, est déclinée en BX Sport après que le sorcier Danielson se soit penché dessus. La puissance passe de 105 à 126 chevaux, toujours par l’usage de carburateurs double corps. Nous sommes dans les années 80, et c’est à grand renfort de plastique que les designers cherchent à rendre la ligne de l’auto plus agressive.

L’année suivante, avec la Phase 2, une injection est greffée sur ce moteur pour atteindre quasiment la même puissance. La BX devient donc GTI pour suivre la mode. La BX Sport n’arborera pas cette nouvelle livrée.

Mais PSA va encore innover un an plus tard. Citroën est le premier constructeur français à greffer un moteur multisoupapes sur une voiture de grande diffusion. La nouvelle venue, d’abord baptisée BX GTI 16 soupapes puis simplement BX 16 Soupapes en 1990 avec la phase 3 du modèle (plutôt une 2 bis, les évolutions étant marginales avec des jantes spécifiques à certaines versions, des feux fumés et de nouvelles appellations de gamme), est équipée d’un nouveau moteur XU9J4, dès l’AM87. Ce moteur se retrouve plus tard, la même année, sous le capot de la 405 MI 16, puis sous celui de la 309 GTI 16.

C’est cette version sportive de la BX que nous allons essayer ici.

Notre BX 16 Soupapes du jour

En introduction, je mentionnais le caractère un peu spécial de la bête. En effet, la production totale de BX 16 soupapes est d’un peu plus de 15000 exemplaires. Parmi elles, on moins d’un tiers arborent un logo sans le sigle GTI ni le catalyseur. Il s’agit donc des premiers 4500 exemplaires produits après le restyling. Mais avant de se lancer dans une production de masse, Citroën a voulu tester la clientèle.

Ainsi, c’est une série limitée de 300 véhicules (de mars à septembre 1989) qui a été produite sur la base des BX GTI 16 soupapes, mais avec certaines caractéristiques des BX 16 Soupapes. Ceci est notamment flagrant lorsque l’on voit la bague à soulever pour le passage de la marche arrière alors que les restylées ont une marche arrière en face de la 5ème. Plus discrètement, les premières BX 16 Soupapes n’étaient pas équipées de boîtier anti-cliquetis alors qu’il est présent après le restylage. C’est donc l’une de ces voitures que nous avons pu essayer.

La Citroën BX 16 Soupapes vue de l’extérieur

Passons immédiatement aux points que certains n’apprécieront pas : les optiques et les jantes. Pour les optiques, elles sont d’époque. Ce sont des optiques SIEM qui s’intègrent parfaitement dans la philosophie de la BX 16 Soupapes. Elles confèrent à l’auto un regard plus agressif et soulignent le côté sportif.

Pour ce qui est des jantes, ce ne sont pas celles d’origine mais des jantes O.Z. de 15 pouces. Mais la concession reste minime, les jantes pouvant facilement être changées pour retrouver une présentation plus conforme à l’original… Même si ces dernières ne sont pas faciles à trouver.

Ceci dit, notre BX 16 Soupapes du jour, toute de rouge vêtue, est très propre dans sa présentation. On retrouve le profil controversé de la BX, mais les rajouts en plastique s’intègrent plutôt bien et restent plutôt discrets. On citera notamment la lame intégrée au pare-choc avant, le becquet (et plus un aileron), les élargisseurs d’ailes arrières et bas de caisses sont propres à ce modèle qui intègre aussi un nouveau design des extracteurs d’air de custodes (à 2 grilles et non plus 3) sous le monogramme 16 Soupapes.

Le tout confère donc des qualités esthétiques insoupçonnées, avec un profil plutôt équilibré, modernisé, mais qui ne fait pas oublier ce design cunéiforme issu des années 70.

Vu de l’arrière, on retrouve le monogramme 16 soupapes, sans les 3 lettres GTI, propre à la seconde série de cette motorisation. Les feux restylés sont bicolores, avec la partie supérieure grisée. Et la sortie d’échappement droite et de section ovale est là aussi caractéristique de la nouvelle version.

Sous le capot

C’est peut-être là que l’on réalise l’âge de l’auto. Le couvre culasse en magnésium gravé du 16 V a perdu de sa superbe d’origine. Mais un moteur est le cœur fonctionnel de l’auto. Tout n’est pas uniquement affaire de design et son aspect ne peut préjuger de son entretien.

On retrouve sous le capot de notre BX 16 Soupapes le bloc 4 cylindres XU9J4 à double arbre à came en tête développé par PSA. Quant à la culasse, elle est directement dérivée de celle développée par Peugeot-Sport pour la 205 T16, rien que ça ! Le moteur est géré par un système de gestion électronique Bosch Motronic commandant l’alimentation et l’allumage. Le 1905 cm³ de la 205 GTI développe, ainsi préparé 160 chevaux, soit une jolie puissance spécifique de 84 ch/l dont peu de sportives pouvaient se vanter à l’époque.

Sous ce capot, le bloc transversal est accouplé à une boîte manuelle à 5 rapports. On y retrouve aussi les fameuses sphères vertes à liquide LHM qui pilotent l’amortissement hydro-pneumatique de notre Citroën. Sur la 16 soupapes, la pression supérieure du liquide, comparée aux autres modèles de la gamme, permet un amortissement moins souple et plus sportif. Nous le vérifierons.

Un intérieur très typé Citroën, mais…

L’une des critiques de la BX lors de sa sortie était l’inclinaison de son volant monobranche que beaucoup trouvaient trop incliné vers l’avant. Fort heureusement sur notre sportive, le volant possède 3 branches, dont la plus épaisse est ajourée du côté de la jante, mais conserve cette inclinaison marquée. Nous verrons à l’usage ce qu’il en est.

L’intérieur est propre, et, malgré la finition critiquée à l’époque, a plutôt bien vieilli. Les sièges très moelleux ont encore leur velours strié d’origine, issu de la BX GTI 16 Soupapes, tout comme l’ensemble du tableau de bord, non restylé, donc. L’instrumentation est complète pour une sportive de l’époque et Citroën a eu la bonne idée dans la phase 2 de la BX, de revenir à des commodos plus classiques que les combinés initiaux, tels que nous avons pu les voir sur la BX 16 RS Politecnic que nous avions essayée (c’est par là).

Comme déjà mentionné, la bague de marche arrière du levier de vitesse trahit une commande issue de la GTI 16 Soupapes. On remarquera la poignée de frein à main, typée tuning, qui n’est pas d’origine mais a été montée par Tony, le propriétaire, lors de l’acquisition de l’auto il y a 20 ans.

Aucun excès dans cette présentation, pour un intérieur moquetté finalement assez chaleureux et une auto spacieuse capable d’emmener une famille de 5 personnes avec bagages ce qui n’est pas si commun pour une sportive. Le hayon confirme le côté pratique de cette voiture utilisable encore aujourd’hui quotidiennement (hors restrictions ZFE).

Au volant de la Citroën BX 16 Soupapes

Heureux propriétaire d’une ZX 16V (le road-trip est par ici), c’est avec enthousiasme que je me mets au volant de notre BX 16 Soupapes du jour. J’ai une base de comparaison. Mais Tony m’a annoncé la couleur en me confiant les clés : « les nanas sont parties, mais elle est toujours restée ! ». Bon, malgré le sourire et la boutade, j’ai intérêt à faire gaffe, d’autant que je serai seul à bord pour cet essai routier.

Contact. Le 4 cylindres se met à ronronner avec une sonorité un peu rauque et pas désagréable, même si ce n’est pas la mélodie d’un 6 cylindres ou plus, ni même d’un 4 Bialbero Alfa. Petits coups d’accélérateur. Ca tourne rond, le ralenti est stable. Réglage du siège, des rétroviseurs…

C’est vrai que le volant est quand même bien incliné, mais ce n’est pas non plus un camion ! Le levier de vitesses tombe correctement sous la main et la première verrouille bien. Quelques tours de roues pour trouver le point d’effet de l’embrayage. Pas de problème. On est quand même sur une familiale qui, même sportive, a vocation d’être une berline de tous les jours.

Ayant déjà roulé en BX, mais j’étais jeune conducteur à l’époque, c’était pour ma première montée à la capitale, je me souvenais de l’extrême sensibilité de la pédale de frein, qui fonctionne quasiment en tout ou rien sur cette auto. Donc très vite, j’actionne cette commande et, comme dans mon souvenir, et pour reprendre les mots de Michel Audiard dans « les Tontons Flingueurs » : « c’est du brutal !« . Mais l’information est enregistrée.

Les premiers kilomètres sont effectués sur des routes de campagne mixant les larges courbes et les virages serrés. La BX 16 Soupapes avale les inégalités et autres imperfections de ces routes. C’est une « vraie » Citroën et question confort, impossible de remettre en question ses qualités. Et comme le tarage des suspensions est plus ferme que dans les versions moins sportives, le compromis entre confort ouaté, filtrage des informations, et prise de roulis est optimal. Ce confort serait même amélioré avec les jantes 14 pouces d’origine, moins larges et avec plus de hauteur de gomme que les jantes O.Z. de notre voiture d’essai.

Côté conduite, le moteur est suffisamment souple pour ne pas avoir à jouer trop souvent du levier de vitesse, en mode balade, sans générer de ralentissement intempestif. Là encore, pour un usage familial lors d’un départ en vacances, c’est plutôt intéressant.

Mais c’est un 16 soupapes, et l’auto a une vocation sportive. Alors quand la route le permet, quand la visibilité est suffisante et que le trafic est quasi inexistant, on se prend l’envie de passer la barre des 4000 tr/min.

Et là, on prend un plaisir certain à manipuler ce levier, la boîte étant précise, suffisamment rapide et bien étagée. Je pensais retrouver ce caractère « Dr Jekyll / Mr Hyde » que j’avais découvert sur la ZX. En fait, la barre des 4000 est moins marquée, moins violente. Mais bord**, ça pousse fort ! Dans les enchaînements, on saute d’un virage à l’autre et le retour de l’ABS n’est pas des plus agréable, même si le freinage n’est pas pris en défaut.

Malgré le gabarit de l’auto, son poids contenu qui dépasse à peine la tonne, son amortissement, mais aussi sa direction précise lui confèrent un caractère joueur et vif. Contrairement à une BX 4TC qui n’est pas vraiment exploitable sur route ouverte, et qui nécessite d’être bon pilote pour en exploiter la puissance, la BX 16 Soupapes fera facilement naître un large sourire à tout conducteur en quête de sensations et de fraîcheur.

Après quelques kilomètres à s’amuser, j’arrive sur une intersection et la route s’élargit. Sur ce ruban de bonne qualité, le confort est encore plus impressionnant. La grande route et l’autoroute sont vraiment son terrain de prédilection. Et l’intérieur sobre n’incite pas à transgresser les règles du code de la route. On est bien dans ce cocon.

Mais là encore, il s’agit de ne pas s’endormir. On est dans une sportive. On a 160 bourrins sous le pied droit ! Et quand une chaussée à voies séparées se présente au sortir d’un rond-point, il ne faut pas bouder son plaisir en allant titiller la zone rouge. Et là, les « chevrons sauvages » se défoulent. Le compteur s’affole. Citroën annonçait un kilomètre départ arrêté en 28,8 secondes. Je ne dois vraiment pas en être loin ! Et la poussée est finalement très continue, tant que l’on reste au dessus des 4000. Un double pédalage pour garder le régime à la montée des rapports et j’arrive très (trop !) vite aux vitesses limites. Frustrant.

Léger lever de pied à l’entrée d’une grande courbe, puis la pédale de droite est vite écrasée pour avaler la route sans effort. La voiture est sur des rails.

Conclusion

Cette fois encore, la pluie n’est pas venue perturber l’essai, mais nul doute que la conclusion aurait été similaire. Je comprends Tony qui tient à cette voiture comme à la prunelle de ses yeux !

C’est sûr, elle a des défauts, je préfère quand même une auto plus compacte sur les petites routes, mais une auto plus compacte ne permettrait pas de faire montre d’autant de polyvalence.

C’est d’ailleurs peut-être le maître mot de cet essai, la polyvalence affichée par cette BX 16 Soupapes. Comme disait la pub à l’époque : « Citroën BX 16 Soupapes, la route maîtrisée ».

Les plusLes moins
PolyvalenteSon design particulier
Son moteurTrès « plastique »
Sa tenue de routePièces spécifiques (carrosserie)
Mécanique fiable
CritèreNote
Budget Achat17/20
Entretien13/20
Fiabilité16/20
Qualité de fabrication12/20
Confort17/20
Polyvalence19/20
Image10/20
Plaisir de conduite14/20
Facilité de conduite14/20
Ergonomie13/20
Total14,5/20

Rouler en Citroën BX 16 Soupapes

Bon, déjà, il faut en trouver une.

Le physique pas facile de cette voiture d’une part, et le fait que ce soit une familiale ont fait que, même sportives, les BX 16 Soupapes sont parties en primes à la casse ou ont été démembrées pour faire entrer leurs fabuleux moteurs dans des 205 GTI ou autres petites sportives. Par ailleurs, leur polyvalence fait, qu’en général, un propriétaire ne s’en séparera qu’à regret.

Au moment où j’écris ces lignes, 3 annonces en France sont disponibles sur Le Bon Coin, dont la BX 16 Soupapes vendue le 20 décembre 2021 par Osenat (c’est par ici) à 12.000 €. L’état de celle-ci était exceptionnel avec seulement 80000 km au compteur. Dans les annonces, les prix tombent aux environ des 3000 € pour une voiture nécessitant une bonne restauration. On ne parle pas des épaves.

La cote, pas forcément actualisée d’une BX 16 soupapes en bon état coterait 3200 €, quel que soit son millésime, ce qui est objectif, mais ne semble pas refléter la réalité du marché. Cette estimation était fondée il y a 2 ou 3 ans, mais selon d’autres sources, la cote actuelle se situerait aux environs de 5000 € ce qui paraît plus en cohérence avec les annonces.

Lors de l’achat, il faut bien entendu faire attention à la rouille éventuelle du châssis. Le moteur est plutôt robuste et supporte les gros kilomètres, mais encore faut-il que son entretien ait été suivi. Ensuite, côté carrosserie, mieux vaut un plastique en mauvais qu’un élément manquant qu’il sera très difficile de retrouver. Ceci reste également vrai pour toutes les pièces spécifiques. Par contre, il ne sera pas très compliqué de retrouver pour pas très cher les pièces communes aux autres BX.

Un grand merci à Tony pour sa gentillesse, sa confiance et sa… BX !

Fiche techniqueBX 16 Soupapes
Mécanique
Architecture4 cylindres en ligne
Cylindrée1905 cm³
AlimentationBosch Motronic
Soupapes16
Puissance Max160 ch à 6500 trs/min
Couple Max177 Nm à 5000 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 5 rapports
TransmissionTraction
Châssis
Poisition MoteurTransversal avant
FreinageDisques Ventilés AV
Disques Pleins AR
VoiesAV 1440 mm / AR 1380 mm
Empattement2655 mm
Dimensions L x l x h4240 x 1690 x 1350 mm
Poids1070 kg à vide
1270 kg en ordre de marche
Performances
Vmax Mesurée218 km/h
0 à 100 km/h7,9 s
400m d.a15,6 s
1000m d.a28,8 s
Poids/Puissance6.7 kg/ch à vide
7.9 kg/ch en ordre de marche
Conso Mixte± 8,7 litres / 100km
Conso Sportive± 19,5 litres / 100km
Prix± 5.000 € (en hausse)

Fabien

Un lion et un cheval cabré m'ont fait aimer les voitures de mon enfance... Un livre, «La maîtresse d'acier» de Pierre Coutras, et des pilotes de légende m'ont conduit à me passionner pour des bolides plus anciens. A mon tour de partager avec vous.

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