Parce que toutes les autos anciennes ne sont pas arrivées sur nos routes, on vous propose d’en découvrir régulièrement. Rendez-vous tous les mois (les épisodes précédents sont là). Ce mois-ci, nous allons coller à l’actualité, Marcello Gandini nous ayant quitté il y a peu, en revenant sur l’Alfa Romeo Carabo, son premier concept car.
Montrer sa vision
Les années 60 voient probablement deux des plus grands designers italiens arpenter les bureaux de Bertone, après Giogetto Giugiaro au début de la décennie, c’est Marcello Gandini qui prend les rènes du centre de style de l’officine italienne en 1965.
Ses deux premières oeuvres, la Lamborghini Miura et l’Alfa Romeo Montreal, sont encore un peu imprégnées du travail de son prédécesseur, tout en laissant apparaitre le style assez marqué de Gandini. Cependant, il faut attendre 1968 pour voir le concept qui va définir le style Gandini pour les décennies à venir.
La nouvelle Alfa Romeo Carabo vient bousculer les codes. Le styliste autodidacte offre propose un style minimaliste, faisant primer la fonction sur tout le reste. La voiture est là pour fendre l’air, et l’image semble pourtant ne plus être au figuré.
Un tournant stylistique
L’Alfa Romeo Carabo est unanimement acclamée, pour son design radical, et elle un véritable tournant dans le style automobile. Par la suite, les concepts et véhicules de série aux lignes anguleuses, même sans être signés Gandini, vont se multiplier.
Mais revenons à notre scarabée (car oui, la Carabo prend son nom des carabes, des insectes à la couleur verte, avec des reflets orange). Elle est basée sur l’un des deux châssis d’Alfa Romeo 33 Stradale qui ont été confiés à Bertone par le constructeur milanais.
On ne peut pas être plus aux antipodes en matière de style, la donneuse est toute en rondeurs, avec des vitrages qui rendent ses lignes aériennes. La métamorphose, digne de Kafka, amène des vitres réduites à la portion congrue, une allure ramassée, voire surprotégée, à l’instar des élytres qui viennet protéger les ailes du carabe.
Bien qu’il s’agisse de la première d’une longue lignée de dessins signés Gandini, l’Alfa Romeo Carabo regroupe déjà la quasi totalité des gimmicks qui viendront orner les réalisations du maître italien. Outre les évidentes lignes tendues, on y retouvre également les optiques masquées (ici, point de phares basculants, juste des persiennes qui se lèvent), les arches de roues tronquées, les persiennes sur l’arrière de la voiture.
On peut même ajouter à cette liste les portes basculant vers l’avant que l’on retouvera sur la Lamboghini Countach, ou encore cet avant en pointe qu’on retrouvera plus tard sur la Fiat X1/9 (elle-même issue d’un autre concept signé Gandini, l’Autobianchi Runabout, présenté, lui en 1969). Ce dernier a été dessiné spécifiquement pour contrer un des plus gros problèmes de la Miura, la propension de son avant à générer de la déportance à haute vitesse.
De la même façon, il est impossible de masquer la filiation quasi directe de la Lancia Stratos Zero avec sa devancière, même si elle vient apporter quelques raffinements et explorer d’autres pistes (notamment avec son accès par le pare-brise).
La liste est sans fin, tellement l’Alfa Romeo Carabo a marqué son époque, et les esprits.
L’Alfa Romeo Carabo de nos jours
La Carabo est un incontournable du Museo storico Alfa Romeo, qui a d’ailleurs financé une restauration complète de la bête en 1989, afin de la conserver dans les meilleurs conditions.
Elle est donc assignée au musée, mais elle sort pour diverses expositions, l’une de ses dernières sorties était pour l’inauguration de la nouvelle boutique Larusmiani, un grand couturier milanais centenaire, en 2023, en inauguration de la Fashion week de Milan 2023
Crédits photo : Stellantis, Alfa Romeo, News d’Anciennes
FBe69
beauté de voiture à tomber par terre, bien mieux que la Stratos zéro !
· · 7 avril 2024 à 22 h 20 min
jean de Monteil
Merci, Pierre, pour ce bel hommage à Marcello Gandini et à Alfa Romeo.
Cette Carabo est superbe et aurait mérité un meilleur sort. .
Possesseur moi même d’une Montreal entre autres, je suis toujours en admiration devant sa ligne fluide et élégante. Merci Gandini.
Et pour ses qualités routières de GT, merci Alfa Romeo et Bertone.
et mes amis possesseurs de cette magnifique voiture ont tous le même avis .
La preuve, nous nous réunissons à l’Ascension pour notre 11ème rassemblement francophone dans les Alpes de Haute Provence (à partager) . Nous serons une grosse trentaine de Montreal (de France et d’ailleurs) et, forcément, nous allons parler du maître Gandini, de Bertone et d’Alfa Romeo.
· · 12 avril 2024 à 10 h 56 min