Alfa Romeo SZ et RZ, « Il mostro » italiano

Publié le par Yoni

Alfa Romeo SZ et RZ, « Il mostro » italiano

Il existe des autos inclassables. Des autos qu’on ne peut classer dans un segment et qui n’ont pas de concurrente directe. L’essentiel, c’est qu’elles marquent l’automobile qu’elle soit une réussite ou un flop. Certains constructeurs s’en sont fait une spécialité et d’autres en ont fait des erreurs. Le duo formé par les Alfa Romeo SZ et RZ fait partie de ce genre de voitures construites hors des sentiers battus. Elles ont eu beau porter un nom emblématique, leur concept et leur histoire sont totalement atypiques. On vous raconte.

Quand vient le moment de tourner la page

Pour comprendre comment sont nées les Alfa Romeo SZ et RZ, il faut remonter dans les années 70. A l’époque, Alfa Romeo traverse une crise et peine à se faire une place sur le marché. Le porte-monnaie du constructeur est vide et le développement de nouveau modèles devient complexe.

En 1986, Alfa Romeo se voit forcé de se faire racheter par Fiat. C’est alors une opportunité pour la marque de se rentabiliser. Mais cela ne se fera pas sans compromis, car la gamme passe progressivement de la propulsion à la traction avant… en se basant sur des plateforme turinoise. Au début des années 90, la 75 marque ainsi la fin d’une époque.

Dans le même temps, naît la mode des « Dream Cars ». Des autos avec des concepts innovants, comme chez BMW avec le Z1, ou alors des autos démesurées comme la fameuse Ferrari F40, qui est une véritable auto de course que l’on met sur la route. Bref, des autos délirantes qui ont tout du concept-car et qu’on retrouve pourtant produites, généralement en petite série… même si ce n’est pas toujours voulu par le constructeur !

Le meilleur d’Alfa Romeo dans une voiture

Grâce au rachat de Fiat, Alfa Romeo se tente à surfer sur cette vague. La marque au trèfle veut aussi proposer sa propre « dream car ». En fait, le constructeur va même proposer deux dream-cars : un coupé et un cabriolet.

Techno de compèt’

Pour la technique des Alfa Romeo SZ et RZ, on prend ce qui se fait de mieux chez Alfa à l’époque. Si la base est celle de l’Alfa Romeo 75, l’équipe de Giorgio Pianta, directeur technique en rallye de Fiat et Lancia greffe les trains de la Turbo Evoluzione Groupe A, rien que ça.

L’auto possède un correcteur d’assiette que l’on peut monter ou descendre de 6cm (par rapport aux 8cm de garde au sol d’origine) notamment pour créer un effet de sol en position basse. Grâce à cela, les Alfa Romeo SZ et RZ peut supporter 1,4G de force latérale en courbes. Evidemment, on se passera de l’ABS, jugé peu compatible avec une conduite sportive.

Pour freiner les 1260kg de la bête, le système est empreinté à la 75 Turbo Evoluzione Groupe A.

Côté moteur, pas de bialbero comme à la grande époque mais on reprend LE moteur Alfa de l’époque, le V6 Busso de 3 litres sorti de la 75 America. Après un passage chez Auto Delta qui se charge de quelques modifications, il affiche 210ch à 6200trs/min et 246Nm à 4500trs/min.

On l’associe à une boîte de vitesse manuelle à 5 rapport accouplée au différentiel avec un pont De Dion, le tout était rejeté à l’arrière pour améliorer la répartition des masses (c’est une transaxle). Le programme comprend aussi un différentiel autobloquant à 25%. Résultat, les performances annoncées des les Alfa Romeo SZ et RZ sont de l’ordre de 7s au 0 à 100 et 250 km/h en pointe.

Bataille de style

Une dream-car, ça doit avoir une technique au top. Ça, c’est fait. Mais il faut aussi que le style marque. Si les Alfa Romeo SZ et RZ ne passent pas inaperçu, Alfa Romeo va donc lancer une compétition entre trois entités. Le Centro stile maison sera en concurrence avec celui de Fiat et Zagato est également mis dans la boucle.

Contre toute attente, et contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, c’est le Centro Stile Fiat qui remporte la compétition interne avec un dessin élaboré par l’équipe… d’un français ! En effet le directeur du style du turinois est un alors un illustre ancien de chez Citroën et Renault : Robert Opron. Ces autos seront d’ailleurs les seuls projet vraiment marquant qu’il mènera puisqu’il quittera l’Italie dès 1990.

Avec Antonio Castellana, ils dessinent des lignes tendues et marquées avec une forme en coin qui part d’une face avant très massive. On y retrouve la calandre Alfa mais aussi deux paires de trois feux carrés. La ligne de caisse monte très haut et l’arrière est encore plus massif ! La couleur rouge lui va bien… et heureusement, c’est la seule qui est proposée au catalogue ! Ce physique lui vaudra son surnom : Il Mostro, le monstre !

Du coup, pourquoi le nom d’Alfa Romeo SZ ? Zagato n’a pas été choisi pour dessiner l’auto mais c’est bien l’usine de Terrazzano di Rho, près d’Arese, le fief d’Alfa, qui va se charger de produire l’auto. On sait en effet beaucoup mieux s’adapter aux petites séries chez les carrossiers que chez les grands constructeurs.

Toute la production ? Pas vraiment puisque pour habiller la SZ, Alfa fait appel à deux entreprise – respectivement française et italienne – Stratime Cappelo Systems et Carplast afin de réaliser les panneaux de carrosseries en composites thermoplastiques moulés par injection. On note également un aileron en carbone, à la pointe de la technologie de l’époque.

Une production éphémère et fastidieuse

La présentation du prototype à lieu en Mars 1989 au Salon de Genève sous le nom « ES30 » pour « Expermimental Sportscar 3.0 Liter », mais la production commence 4 mois plus tard. Les modèles seront malgré tout nommés comme millésimes 1990. La production continue en 1991 et stoppe ensuite !

Le coupé s’éclipsera finalement pour laisser place en 1992, à une version découvrable : l’Alfa Romeo RZ (Roadster Zagato). C’est une version décapsulée… avec pour effet de prendre quelques kilos dans l’opération, histoire de renforcer la structure. Forcément, les performances sont en baisse. Notez qu’on va, cette fois, proposer 3 couleurs, Rouge et Jaune avec intérieur noir et Noir avec intérieur rouge.

Pourtant, en parallèle, c’est bien l’Alfa Romeo SZ qui se montre en ouverture de certains Grand Prix de F1 en 1992. Des célébrités sont mises au volant de SZ Trophy avec un arceau et des jantes et pneus spécifiques.

Même si c’est Zagato qui produit les autos, la petite série a des conséquences. Forcément, l’auto se vend peu, mais c’est presque son concept. Après 1306 Alfa Romeo SZ on est donc passé à l’Alfa Romeo RZ. On sait qu’on va en produire encore moins puisqu’on vise les 350 exemplaires.

50 voitures sont commercialisées la première année et la production continue alors que l’usine Zagato est mise en liquidation. Les administrateurs vont produire quelques voitures de plus avec les pièces restantes mais l’Alfa Romeo RZ n’atteindra jamais les 350 exemplaires, on s’arrête à 278 voitures produites.

Les Alfa Romeo SZ et RZ de nos jours

Aujourd’hui, « il Mostro » profite d’une côte de sympathie assez élevée et continue d’étonner les passionnés et notamment les collectionneurs. Comptez à partir de 50.000€ pour une SZ provenant du Royaume-Uni et jusqu’à près de 130-160.000€ pour une belle provenant de Suisse ou encore d’Italie. La version découvrable quand à elle se trouve à-partir de 100.000€ et ce jusqu’à près de 140.000€.

C’est le prix à payer pour profiter des vocalises di el famoso Busso et d’un châssis aux p’tits oignons provenant tout droit de la compétition qui permet de profiter du meilleur d’Alfa de l’aube des années 2000’s.

Photos complémentaires : Wheelsage

Yoni

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