[Auto-Radio] Piste 3 : Slim Borgudd et ABBA en F1 !

Publié le par Benjamin

[Auto-Radio] Piste 3 : Slim Borgudd et ABBA en F1 !

Dans Auto-Radio on s’intéresse aux liens entre le monde de l’automobile et celui de la musique. Après les deux premières pistes dédiées à Steve O’Rourke et Pink Floyd puis à Jar Kay de Jamiroquai (à voir ici), on retourne en compétition et même dans la catégorie reine avec un pilote suédois et un groupe qui l’est également : Slim Borgudd et le mythique groupe ABBA.

De Tommy à Slim Borgudd

C’est bien sous le nom de Tommy Borgudd qu’il naît à Borgholm, en Suède en Novembre 1946. Bien avant de penser à la compétition automobile, c’est par la musique, et précisément la batterie, qu’il commence. Avec des copains de collège, il fonde un premier groupe de Blues-Rock en 1961 : Lea Riders. Persévérants, ils finissent par passer à la télé et enchaîner les concerts à Stockholm tout en enregistrant quelques singles. Malgré tout, le groupe se sépare en 1968.

Lea Riders Group-

Tommy Borgudd co-fonde alors un groupe de jazz-rock qui devient du rock progressif. Made in Sweden enchaîne les albums : quatre sont enregistrés et si le succès d’estime est là, le succès commercial est moins présent. Au même moment, le musicien se rapproche de son autre passion. Il se lance en 1969 dans le sport automobile et dans le championnat Suédois de Formule Ford en courant de façon occasionnelle. Il persévère dans ce championnat en 1971 et 1972. En parallèle, il roule aussi sur Hillman Imp et Volvo 122 en STCC, le réputé championnat de tourisme local et s’approche même du titre en 1972.

Made In Sweden-

À ce moment là, Made in Sweden a explosé mais Tommy Borgudd a rebondi, avec le bassiste du groupe dans Solar Plexus, un groupe de Rock Progressif donc le succès est vraiment limité. Pour vivre, Borgudd se met alors à jouer les musiciens de studio voire effectuer des piges. En remplaçant un batteur nommé Memphis Slim lors d’un concert de Willie Dixon, il gagne le surnom de Slim, qu’il gardera !

image 4-
Slim Borgudd est à droite

La persévérance de Slim Borgudd

Au milieu des années 70, il continue dans ses deux carrières parallèles avec des succès relatifs. Côté musique, la renommée se refuse à Slim Borgudd. Solar Plexus explose après un 4e album en 1975 et son album solo, Funky Formula où il apparaît casqué dans une monoplace sur la jaquette est un échec.

Slim Borgudd Funky Formula-

Par contre, il a fait une pige pour Hootenanny Singers, un groupe dont Björn Ulvaeus est membre et les deux hommes se lient d’amitié. Celui-ci est parallèlement dans le tout jeune groupe ABBA qui a enregistré son premier titre en 1972. Il continue à figurer dans les deux groupes jusqu’en 1974. Cette année là, le titre Waterloo est sélectionné pour représenter la Suède à l’Eurovision. ABBA remporte le concours et leur carrière décolle. Ulvaeus quitte les Hootenanny Singers mais continue à faire appel à Slim Borgudd pour quelques enregistrement studio par la suite.

Pourtant, Slim Borgudd aurait pu se ranger de la musique. En 1973 il a remporté le championnat suédois de Formule Ford. Mais il n’a alors pas les reins assez solide (financièrement parlant) pour passer en F3. Il faut attendre quelques cachets de musicien pour qu’il puisse revenir vraiment au sport automobile. En 1975, à 29 ans, il se réengage en Formule Ford et l’année précédente il roule en F3.

Si sa carrière musicale est à l’arrêt quasi complet après ses échecs avec Solar Plexus puis en solo, il persévère tout de même en sport automobile. En 1978, avec sa propre structure, il roule en F3 dans des épreuves suédoises et européennes et se distingue par un beau podium à Knutstorp derrière Jan Lammers et Anders Olofsson qui termineront 1er et 2e du championnat d’Europe !

Sur sa Ralt-Toyota RT1, il faut bien mieux en 1979. Il remporte le championnat Suédois avec deux victoires au compteur. En championnat d’Europe, s’il ne gagne aucune course, il signe des pôles à Zandvoort et Kassel-Calden et termine troisième du championnat, derrière Alain Prost et Bleekemolen mais devant de grands noms comme Baldi, Alboreto, Thackwell, Streiff ou Boutsen.

Les performances de Slim Borgudd ne suffisent pas à lui ouvrir les portes de la Formule 2. Il rempile en F3 sur une March sans participer à tout le championnat. Et c’est finalement un coup de poker qui va propulser sa carrière.

ATS tente le tout pour le tout

Auto Technisches Spezialzubehör, plus simple de dire ATS, est une écurie de F1 fondée en 1977 par Günther Schmidt. En fait ATS est un fabricant de jantes Alu et passionné de courses autos. Il commence en F1 en reprenant les Penske qui se sont retirées. Le premier châssis maison est lancé en 1978 avec Jochen Mass et Jean-Pierre Jarrier au volant mais la voiture ne parvient pas à marquer de points. Même avec une nouvelle voiture à effet de sol (la D1) et l’arrivée de Keke Rosberg (et de pilotes payants), rien n’y fait et les non-qualifications font que l’écurie ne participe finalement qu’à 12 GP.

En 1979 on copie la Lotus 79 avec la D2 mais l’auto est moins performante et surtout elle est peu fiable. La D3 arrive en cours de saison. Elle est meilleure et permet à Stuck, seul pilote de l’écurie, de marquer deux points à Watkins Glen. Pour l’année 1980, Surer et Lammers vont piloter une D3 puis la D4 qui manquent énormément de performance.

ATS en 1979-

Avec tous ces revers, et des finances en berne, Slim Borgudd est recruté pour la saison 1981 de F1. S’il est présenté comme pilote payant, il n’en est rien. C’est en fait son lien avec le groupe ABBA que veut récupérer ATS. Le groupe donne en effet son accord pour que son nom soit inscrit en gros caractères sur l’ATS de Borgudd, chose qu’il a déjà fait en F3 en 1980. Pourtant, ABBA ne verse pas un rond à l’écurie et au pilote. En faisant cela, ATS et Borgudd cherchent simplement à attirer de vrais sponsors. On vous le dit de suite : ça ne va pas marcher !

Il fait son entrée dans la catégorie reine à Saint Marin, sur une 2e D4. Si Lammers ne parvient pas à se qualifier, lui y parvient et se classe ensuite 13e. Devenu seul pilote d’ATS, il roule sur la nouvelle HGS1 mais échoue à se qualifier en Belgique, à Monaco ou encore à Jarama puis Dijon. En Angleterre, à Silverstone, miracle. Qualifié 21e sur 24 pilotes, il devance De Angelis, Cheever, Surer et même Mansell (non-qualifié).

S’il rate son départ, il remonte petit à petit, bénéficiant des abandons des autres pilotes. À 10 tours de l’arrivée, il est 9e mais Arnoux, Cheever et Surer abandonnent et voila Slim Borgudd dans les points à la 6e place. Un point qu’ATS n’avait plus glané depuis deux saisons (ce n’est que le 3e de l’équipe). La D5 ne sera pas plus performante le reste de la saison. S’il se qualifie à Hockenheim puis en Autriche, il faut attendre Zandvoort pour qu’il revoit l’arrivée (10e). Deux nouveaux abandons suivent à Monza et Montréal et la saison se termine par une non-qualification à Las Vegas.

Sans avoir trouvé de sponsors, l’équipe continuera jusqu’en 1984 ne marquant que 4 points en 1982 et aucun lors des deux dernières saisons.

Même remercié de chez ATS, Slim Borgudd n’est pas à pied ! Il rebondit chez Tyrrell qui sort de trois saisons difficiles. L’année commence mal pour le Suédois, dominé par Alboreto. Il est 16e en Afrique du Sud, 7e au Brésil et 10e (à 7 tours) à Long Beach mais l’Italien est devant lui à chaque fois dont un podium brésilien ! Slim Borgudd est remercié et remplacé à quelques jours d’Imola par Brian Henton (qui ne fera pas mieux).

Rewind

Il retourne courir deux course en Championnat d’Europe de F3 en 1984. Il accroche même un point à Jarama pour la dernière course avant de se retrouver à Macao où il part de la première ligne pour la première course et termine 6e au total des deux manches. En 1985 le championnat européen de F3 a disparu. Slim Borgudd court alors en F3 sur une Arrows. Participant à 4 courses (Thruxton, Vallelunga, Pau et Donnington) il ne marque aucun point. En fin de saison, il est de retour à Macao (à 39 ans !) et se classe 11e au total des deux courses.

En 1986, sa carrière prend une autre tournure. Le voilà en European Truck Racing Cup sur Volvo White en classe B et il obtient le titre ! L’année suivante il court en classe C pour un nouveau titre sur la même monture. Il reviendra sur le podium de la catégorie B en 1992.

En parrallèle, il continue les courses automobiles. Du moins il essaye. En 1987 le Cee Sport Racing l’engage aux 24h du Mans sur une Tiga GC 286 (à moteur Volvo) avec Gronvall et Ratcliff. Avec un temps de 4:45.410, l’auto n’est pas qualifiée. On le voit aussi au départ des Willhire 24 Hour à Snetterton qu’il remporte en 1989.

Les années 1990 le voient courir en Tourisme, avec une Mazda Xedos 6 ! À son volant il remporte le Nordic Touring Car Championship en 1994 mais les plans de l’équipe pour courir dans le championnat le plus intéressant, le BTCC, en 1995 tombent à l’eau. Côté camions, en Truck Racing Cup, il échoue à la deuxième place du championnat européen en 1994 mais remporte le championnat 1995 sur un Mercedes 1834-S avant de reculer dans la hiérarchie en 1996 et 1997. Il a alors 51 ans et prend sa retraite… professionnelle en tout cas puisqu’il court toujours, de temps en temps, en amateur.

Slim Borgudd est décédé le 23 Février 2023 des suites de la maladie d’Alzheimer.

Photos : Wikimedia et Avon Tyres

Slim Borgudd en 1994-
Slim Borgudd en 1994

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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