Essai d’une Renault 8 : balade en sac à dos

Publié le par Benjamin

Essai d’une Renault 8 : balade en sac à dos

Il y a la Renault 8 Gordini qui a fait rêver des milliers de jeunes en quête de vitesse (lire : Essai de la R8 Gordini : Le petit monstre). Et puis il y a la Renault 8, la normale, la populaire du losange qui a marqué la vie de bien des français en les transportant dans les années 60… et qui a aussi été une auto marquante pour Renault et notamment son moteur Cléon.

Brève histoire de la Renault 8

La Renault 8 apparaît en 1962. Au dessin on retrouve Gaston Juchet et le célèbre designer Philippe Charbonneaux. Cette auto est assez classique dans ses formes, mais aussi dans sa définition. Quatre portes, moteur à l’arrière, c’est alors courant chez Renault puisque les 4CV et Dauphine qui précédaient la voiture dans la gamme étaient déjà conçues comme ça. Cependant la voiture se démarque sur bien des points. Déjà au niveau des trains roulants puisqu’elle adopte 4 roues indépendantes et autant de freins à disque.

Au niveau du moteur, c’est le Cléon qui se loge sous le capot arrière. De son nom interne Sierra, c’est un tout nouveau moteur à 5 paliers qui a été dévoilé pour la première fois quelques mois avant la Renault 8 en prenant place… à l’arrière là aussi de la Floride au salon de Genève. C’est sa première version de 956 cm³ qui anime la Renault 8.

La R8 va évoluer dès 1964 avec une nouvelle planche de bord et l’apparition de la Renault 8 Major qui est mieux finie et embarque le Cléon dans sa version 1108 cm³. La boîte est alors à 4 rapports. L’année suivante ce sera l’arrivée de la Renault 10 Major, plus longue mais basée sur la R8. Et cette même année arrive la reine de la gamme, la Renault 8 Gordini, là aussi avec le 1108.

En 1968 toutes les Renault 8 voient leur moteur passer à 1108 cm³ et la R8 S apparaît. C’est une « petite » Gordini dont le moteur n’a pas la fameuse culasse mais quand même un carburateur double corps l’amenant à 60 ch. En plus cette version a le droit au compte tour, aux jantes larges et aux quatre phares.

Finalement la carrière de l’auto sera relativement longue. Si la production s’arrête à Flins en 1971, elle est disponible à la vente jusqu’en 1973 en France et produite en Espagne par FASA juqu’en 1976. 1.316.134 autos auront été produites.

Notre Renault 8 du jour

La Renault 8 de 1964 du jour est une auto « News d’Anciennes ». Elle appartient à l’ami Marc qui parcours avec les événements de Loire Atlantique depuis la fin de sa restauration. Par soucis d’objectivité, c’est moi qui vais essayer son auto.

L’extérieur : sans fioritures

Impossible de la confondre avec une Gorde… La Renault 8 « normale » a sa propre signature. Au jeu des différences, déjà elle n’est ni bleue ni jaune, et n’a pas les fameuses bandes blanches. Ensuite la face avant, très verticale, n’a que deux feux. Enfin les roues, très fines, ne pourraient pas faire grand chose sur circuit. Le jeu s’arrête là, regardons notre auto du jour.

La carrosserie est belle, parfaitement refaite avec une peinture complète suivant la teinte d’origine en sortie d’usine. Ce gris, finalement très moderne, lui va bien. Ce n’est pas une auto pour être vu, mais une ancienne pour voyager. La ligne ne peut pas faire plus tricorps vu de côté, sans pour autant arriver au déséquilibre que peut suggérer la R10.

Quelques détails sont à noter comme ce pli caractéristique aux Renault 8 partant du rétro (au moins du côté où il y en a un) et se terminant derrière la poignée de porte arrière. Quelques baguettes ornent la carrosserie sur ses flancs et la face avant notamment. Enfin on notera qu’elle était au moment de l’essai un peu haute de l’avant. Mais ce petit détail est réglé depuis.

Un intérieur simple et confortable

Pas besoin d’en faire des caisses quand on a une populaire. Le volant à deux branches est parfaitement dégagé en haut pour laisser apparaître l’instrumentation… sommaire. Un tachymètre, une jauge de réservoir, deux témoins… et c’est tout. Ça laisse de la place pour la boîte à gants et deux énormes bouches d’aération. Le reste est plat. Notre Renault 8 du jour est habillée d’un beau simili rouge très 60s. Les sièges sont assez épais et n’ont pas d’appuie tête. On retrouve le long levier de vitesse « planté » dans le plancher.

En tout cas je suis assez impressionné par l’espace intérieur. Certes les conception des années 60 sont plus fines au niveau des renforts latéraux, mais ça permet de dégager de la place pour l’habitabilité.

La salle des moteurs

J’ouvre le capot et l’accroche avec une espèce d’agrafe, bien pratique. La différence avec la Gorde est frappante. Il y a encore plus de place, mais ici des deux côtés du bloc, placé longitudinalement. Là encore c’est propre et beaucoup d’éléments sont neufs.

Je prends aussi le temps de regarder à l’avant. Il y a bien plus de place que dans la Gorde. Là aussi c’est remis à neuf… sauf une petite partie qui nous prouve que c’est bien la teinte d’origine qui est appliquée sur l’auto.

Au volant de la Renault 8

Installation décalée

Je ne devrais pas m’en étonner vu que j’ai déjà essayé une R8 Gord’… mais j’avais oublié à quel point le pédalier est décalé à droite. En même temps l’arche de roue est tellement proche de l’habitacle qu’on ne peut même pas y mettre un repose pied ! Contrairement à la sportive, je n’ai pas eu besoin d’éviter le klaxon en m’installant cette fois.

Démarrage, aucun problème, le cléon se lance en un huitième de tour. Il tourne bien, même sans le starter. L’assise est confortable et assez haute. Le levier de vitesse coudé va m’enquiquiner quelques minutes. A froid la première et la seconde se trouvent bien mais c’est plus flou pour aller accrocher la troisième. Au bout de 5 minutes c’est déjà plus simple, il reste quelques pièces à changer dans cette belle auto, notamment sur la commande de boîte.

Sinon on sort facilement de la ville. A la première intersection, je met les phares, c’est vrai que les clignotants sont à droite. L’auto roule bien et sauf en ville je ne regarde pas le compteur. Il ne grimpe pas vite, mais surtout il n’est pas très facile à lire. La direction se montre très légère. Oui trop, d’accord. C’est un des reproches récurrents faits à la Renault 8 mais je ne peux pas dire pour autant que ce soit dangereux.
Le premier gros freinage demande de l’habitude. La pédale n’a pas un toucher très particulier mais les 4 disques d’alors… freinent moins bien que nombre de tambours. Il faudra faire attention.

Pourquoi aller vite ?

Une fois les photos faites, j’essaye de hausser le rythme. La Renault 8 peut rouler plutôt vite. Le moteur peut se montrer énergique et nous amener aux vitesses légales dans un temps qui ne se compte pas en années. Le comportement de l’auto suit… mais elle n’est pas faite pour ça. Tout simplement. Si la Renault 8 Gordini a existé, c’est bien pour une raison.

Non, notre R8 du jour, elle est faite pour être une auto de tous les jours. Le gendre de Marc l’avait bien compris et s’en servait comme ça d’ailleurs ! Et du coup elle est faite pour rouler… comme tous les jours. Sur un rythme de balade dans le cas présent. La 3e et la 4e de la R8 sont alors nos meilleures amies. Je reste dessus parce que le moteur est suffisant pour repartir avec ces rapports. On choisira simplement ses routes.

En effet, à 80 km/h, elle commence à se montrer bruyante. Pourtant le moteur arrière et une bonne d’isolant phonique auraient dû suffire, mais non. Dès que je retrouve les 70 c’est parfait. L’assise haute devient alors un atout, je sors le coude et je conduis comme ça.

Rouler en Renault 8

La Renault 8 est une populaire… comme on en trouve malheureusement peu. Autant les Gordini ont été bien préservées et se trouvent en nombre, autant les « normales » sont plus rares. Surtout dans cet état. L’auto n’est pas très chères, comptez environ 4000 € en moyenne. Certaines seront en dessous avec quelques travaux, mais il est rare qu’une Renault 8 soit dans un état qui lui justifie de se payer… le double.

On regardera en particulier la corrosion, comme sur toutes les anciennes, et les trains roulants. Côté moteur, pas de surprise, le cléon est robuste et les pièces se trouvent facilement et à des prix très corrects. Pour un moteur produit de 1962 à 1992, c’est plutôt logique !

Conclusion : rien ne sert de courir…

… quand on a pas de baskets ! Oui tout simplement. La Renault 8 est une parfaite auto de tous les jours. Les autos populaires des années 60 restent de bonnes populaires. Des autos facile à vivre, avec un moteur suffisant. Elles ne sont pas là pour le sport, mais ce n’est pas ce qu’on leur demande.

La Renault 8 sera parfaite pour la balade. Si en plus vous en trouvez une dans cet état, elle se fondra dans toutes les expositions !

Image
Note 3- Renault 8
Entretien
Note 4- Renault 8
Plaisir de Conduite
Note 2- Renault 8
Ergonomie
Note 3- Renault 8
Facilité de conduite
Note 3- Renault 8
Les  PlusLes Moins
Une vraie popuPas une Gordini
Une technique modernePeu courante en « normale »
Un prix attractifDes performances modestes
Un prix qui ne décollera jamais
 Note Totale
Note 14 20- Renault 8
Fiche Technique de la Renault 8
MécaniquePerformances
Architecture4 Cylindres en ligneVmax129 km/h
Cylindrée956 cm³0 à 100 km/h23.7 s
Soupapes8400m da22 s
Puissance Max43 ch à 5200 tr/min1000m da42 s
Couple Max75 Nm à 2500 trs/minPoids / Puissance19,1 kg/ch
Boîte de vitesse4 rapports manuelle
TransmissionPropulsion
ChâssisConso Mixte7 L/100 km
Position MoteurLongitudinale arrièreConso «  »Sportive » »9 L/100 km
FreinageDisques AV et AR
Dimensions Lxlxh399 x 149 x 136 cmCote 1964xxx Frs
Poids820 kg les pleins faitsCote 20184000 €

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Vergès Patrice

    très sympathique et quel état exceptionnel !

    Répondre · · 16 novembre 2018 à 10 h 58 min

  2. Bernard COSTE

    Bonsoir à vous
    Un merci à Benjamin pour son reportage très réussi j’y suis sensible car cette ancienne est de mon époque et je l’ai bien connue ( j’avais 10 ans en 1964 ).
    Je ne partage cependant pas son avis sur le « moins » de cette auto du fait qu’elle n’est pas une Gordini au contraire c’est une bien belle voiture en tant que tel !
    Un très grand bravo à Marc pour le brillant résultat de sa restauration sa R8 est plus neuve que neuve !
    Effectivement on en voit très rarement dans les expos et encore moins dans cet état.
    Amitiés

    Répondre · · 16 novembre 2018 à 21 h 14 min

  3. Marc

    Merci pour les compliments, J’ai juste eu l’idée de faire réaliser. Seuls l’habillage du tableau de bord et l’isolation moteur sont à mon actif. Je suis pâtissier de profession, mais j’ai un bon réseau dans le monde automobile. N’oubliez pas que je suis retraité et que depuis tout petit je baigne dans cette passion. J’ai bien sûr, eu à faire à des gens de ma génération, des gens d’expériences qui ont débuté pour la plupart, à travailler sur ces autos, et toujours fervents, puis ont suivi des professionnels de qualité, proches de mon domicile, qui sont intervenus pour le Sablage, la Carrosserie/Peinture, voire le Cordonnerie. Je suis très content du résultat, même s’il reste quelques détails à peaufiner.
    La R8 roule, elle me surprend à faire quelques excès, je roule en ancienne…chose irréalisable dans mon programme de sénior, sauf depuis que mon gendre me l’a offerte pour mon entrée en retraite. Même si mes préférences s’orientent sur les anciennes sportives, je suis ravi d’avoir fait ragaillardir cette sympathique Renault R8.

    Répondre · · 16 novembre 2018 à 22 h 11 min

  4. GUIGON Alain

    Très belle auto !!! Cote 2018 : 4000 € ? J’achète !

    Répondre · · 17 novembre 2018 à 8 h 51 min

    1. Benjamin

      Pas pour celle-ci mais en moyenne 😉

      Répondre · · 17 novembre 2018 à 8 h 52 min

  5. Florian Thevenin

    « Impossible de la confondre avec une Gorde […] les roues, très fines, ne pourraient pas faire grand chose sur circuit. »

    On l’oubli trop souvent, mais les R8 Gordini étaient montées en 135HR15, tandis que les normales avaient des pneus en 145 ! C’est d’ailleurs avec cette monte d’origine (donc 135HR15) qu’elles couraient en Coupe Gordini.

    La mode des roues larges en 13″ n’est venue qu’après, dans les années ’70…

    Répondre · · 17 novembre 2018 à 23 h 31 min

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