La Porche 906, un assemblage pour la gagne

Publié le par Benjamin

La Porche 906, un assemblage pour la gagne

Moins connue que la 904 dont elle est la descendance, la Porsche 906 n’en est pas moins une auto qui a brillé sur tous les circuits du monde. On revient sur cette belle arme de la compétition-client.

Génèse de la Porsche 906 : merci aux 904 et 911

En 1963 Porsche a lancé son mythe : la Porsche 911. Son moteur 6 cylindres à plat donne un coup de vieux aux moteurs de la 356 et des 550 et 718 : tous dérivent du 4 cylindre aircooled de la Coccinelle.

A l’époque le département compétition de Porsche est dirigé par un certain Ferdinant Piëch, qui voit dans ce nouveau moteur une belle opportunité. Il lance alors la Porsche 904, voiture de course assez classique de conception qui reprend le moteur de la Porsche 911. En 1965 cependant, Piëch réussit à convaincre le board de la marque de remplacer la 904 par une toute nouvelle voiture : la Porsche 906.

L’idée première est de pouvoir s’aligner dans la nouvelle catégorie « Sport » qui va se situer entre les « Prototypes » et les voitures de « Tourisme ». Mais la nouvelle voiture devra répondre à certaines exigences : il fout terminer les stocks de la Porsche 904, notamment au niveau des roues et des freins.

La structure de la voiture est un châssis tubulaire (Porsche mettra très, très, très longtemps avant de se mettre à la monocoque… en 1998), avec triangles superposés à l’avant et un triangle et des jambes de poussée à l’arrière, recouvert d’une carrosserie en fibre de verre. Les arches de roues sont très prononcés, la voiture étant conçue pour des roues de 13 pouces, mais celles de la 904 en faisant 15 ! D’ailleurs on lui reprochera longtemps des soucis de visibilité. Les freins qui y logent sont des Dunlop en acier.
La voiture est petite : un empattement de 2.3 m, une largeur de 1338 mm à l’avant, et 1402 mm à l’arrière.

Le moteur reste le même, le 6 cylindres 1991 cm³ de la 911 qui développe 210 ch à 8000 tr/min. Il peut recevoir soit une injection Bosch, soit deux carburateurs triple corps Weber, le tout est couplé à une boîte 5 vitesses maison.

L’innovation est là puisque, à moteur égal, les voitures sont 113 kg plus légères que les 904. On les place entre 600 kg pour les premières et 580 kg pour les version évoluées.

Un succès commercial avant le triomphe sportif

Dès la fin de l’année 1965 les commandes sont ouvertes, et les 50 exemplaires nécessaires à l’homologation sont écoulés en un mois seulement, quinze exemplaire de plus seront produits.

Elle commence la compétition en 1966, en s’engageant directement aux 24h de Daytona. Plusieurs 904 sont engagés mais c’est bien la nouvelle venue qui s’adjuge la 6e place au général, aux mains de Hermann et Linge derrière les Ford GT40 et la Ferrari 365 P2, remportant au passage la catégorie 2L !

On la retrouve ensuite à Sebring, pour les 12h avec un plus gros contingent puisque les privés s’engagent eux aussi. Cinq voitures sont au départ, Herrmann / Buzzetta / Mitter pour l’usine Porsche se classent 4e avec la victoire de classe.

À Monza, elles réalisent un triplé en classe 2L, Mitter / Herrmann sont 4e, Siffert / Vögele sont 5e et Davis / Glemser sont 7e, une voiture est 12e et une autre abandonne.

Direction la Targo Florio ensuite, et c’est la première victoire de la 906 au classement général (mais les autos de plus 3L ne sont pas admises). La voiture n°148 de Mairesse et Müller engagée par la Scuderia Filipinetti et Porsche l’emporte, la 144 d’Arena / Pucci engagée par l’usine est 3e. Sept autres voitures sont engagés, 5 ne terminant pas.

L’une d’elle est d’ailleurs une nouveauté, elle est motorisée par un 8 cylindres, toujours à plat. Le moteur n’est pas inconnu, c’est un moteur développé par Porsche en 1962 pour la Formule 1. Sa cylindrée monte à 2.2L et la puissance atteint ici 250 ch.

Au Nürburgring, la Porsche 906 E (qui désigne les moteurs à Injection) de Bondurant et Hawkins est 4e, mais elle est dans la catégorie prototypes dont elle prend la 3e place. Les Van Lenep, Axelsson / Johansson et Koch / Linge sur leurs voitures privées assurent le triplé en 2L.

Les 24h du Mans 1966

Au 24h du Mans 1966, 6 voitures sont engagées. Les trois voitures de l’usine ont reçu bien des améliorations, notamment une nouvelle carrosserie, plus longue qui leur permet d’atteindre les 296 km/h dans les Hunaudières avec leur petit moteur !
Ce sont des Porsche 906 LE. Elles vont bien se comporter en course, ratant le podium mais réalisant le tir groupé au 4e pour Siffert / Davis, 5e pour Herrmann / Linge et 6e place pour Schütz / de Klerk, faisant le triplé dans la catégorie prototype 2L. Siffert et Davis s’offrent même le Prix de la Performance.
La Porsche 906 « classique » de Klass / Stommelen s’adjuge la 7e place et la victoire en Sport 2L. Les deux autres voitures abandonnent.

Fin de saison en beauté

Enfin à Zeltweg pour finir la saison, les Porsche 906 s’offrent les Ford GT 40, elles finissent au 3 premières places, Mitter / Herrmann devant Jo Siffert et Schütz / Linge pour la Scuderia Lufthansa. Deux autres voitures finissent même 5e et 6e !

On note par ailleurs de nombreux succès sur des courses nationales. La 906 est bien née.

La carrière de la Porsche 906 après 1966

Malgré l’arrivée de la 910 en 1967, la 906 va continuer à être engagée par les écuries privées.

Aux 24h de Daytona, Spoerry / Steinemann sur la Porsche 906 LH de la Squadra Tartaruga Switzerland se classent 5e au général et 2e de la catégorie, derrière la 910. Trois autres voitures abandonnent.
A Sebring, 5 voitures sont engagées, la LH de Steinemann / Spoerry engagée par la Squadra Tartaruga finit 6e devant la classique de Buzzetta / Gregg qui assurent les 3e et 4e place de catégorie.
A Monza le 25 Avril, Spoerry / Steinemann finissent 7e et troisième des Protos 2L, Schütz / Neerpasch sont 8e mais premier en Sport 2L, le doublé est même assuré par Bona / Taramazzo, 9e.

Nouvelle victoire de classe aux 24h du Mans 1967

Aux 24h du Mans 1967, Porsche en réengage avec l’usine, mais en Sport 2L. La #37 de Elford / Pon remporte la catégorie en terminant 7e devant la voiture de Christian Poirot associé à Koch.

La suite sera ponctuée de nombreux engagements, avec moins de succès à fort retentissement. Certaines ont couru jusqu’au milieu des années 70, notamment en Intersérie. La dernière course d’une 906, aux 1000 km du Mont Fuji en 1977 verra même une auto se classer 4e !

Les Porsche 906 de nos jours

Ces autos sont régulièrement engagées dans diverses courses. On notera de nombreuses apparitions sur l’Historic Tour, mais également sur les courses Peter Auto, surtout au Mans Classic.

La valeur de l’auto est difficile à cerner, car elle dépend beaucoup de son palmarès. Les derniers modèles passés aux enchères se vendent cependant au dessus du million et demi d’euros !

Photos : Les24heures.fr, South Car Photography

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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