YCAR Trial 2022 : ouh, la gadoue…

Publié le par Thibaut

YCAR Trial 2022 : ouh, la gadoue…

… la gadoue, la gadoue chantait Jane BIRKIN. Et comme cette londonienne qui chante en français, Igor BIETRY et le gang du Yacht Club des Avions de la Route ont décidé d’importer en France le concept du trial, si pratiqué de l’autre côté de la Manche. Alors parez-vous de vos plus belles chaussettes rouges et chaussez vos bottes en caoutchouc, je vous emmène découvrir l’YCAR Trial 2022 !

C’est quoi un trial ? et que vient faire Icare dans l’histoire ?

Car oui… avant de parler de l’événement et de la perception que j’ai pu en avoir, se faire une idée des forces en présence n’est pas vraiment un luxe !

Le trial ou l’art de sortir des sentiers battus

L’idée d’un trial, c’est de faire s’affronter des véhicules sur un terrain aussi accidenté que possible, ils devront alors parcourir le plus de chemin possible par les voies les plus dégradées possible. Celui qui est allé le plus loin par la route la plus difficile l’emporte.

Pour cette édition charentaise, il s’agit de faire du parc du Château de la Bristière un terrain de jeu favorable aux patinages, glissades et autres bains de boue. Et l’équipe n’a pas chômé : terre malaxée, cours d’eau exploité, parcours sinueux… et la magie opère.

Ne reste qu’à baliser la piste et y implanter les piquets avec le nombre de points, installer les « Anges Gardiens » qui seront chargés des désembourbages, briefer les équipages… et ils s’élancent.

Le sacre final reviendra à l’équipage qui, sur la base d’un cahier des charges technique et purement objectif librement défini a posteriori par l’Organisateur, aura le mieux représenté l’YCAR (niveau de bouillassage, de spectaculisme… autant de notions qui ne veulent rien dire mais qui nous plaisent). On vient là pour jouer, on aura tous été les meilleurs, on se sera tous amusés, c’est ça qui compte ! Finalement, et vous m’entendrez souvent répéter cette phrase : nous ne sommes tous que des enfants dont seuls les jouets ont grandi !

YCAR : « déclarée nulle part, affiliée à personne »

C’est par cette maxime que se définit le Yacht Club des Avions de la Route et, croyez-moi ou non, elle se suffit à elle-même.

Aux origines, une idée commune, revenir au fondamental, à l’humain porté par nos vieilles machines. Loin du ronflant d’événements couvert d’apparat, rouler pour pas cher est une sorte de mantra. Car c’est bien de cela que l’on parle : faire de la balade entre potes, que l’on connaisse les potes en question ou qu’on se les fasse au fur et à mesure.

Aujourd’hui, ce sont 3 Mousquetaires : un oeil, celui de Jean Claude Amilhat ; un crayon, celui de Thierry Dubois et une voix, celle d’Igor Biétry… le quatrième Mousquetaire, probable vecteur du soleil qui aura illuminé la journée, n’était autre que Boris Rochelle, la feuille support de l’expression de ces artistes. Au gré de leurs projets, plus ou moins fous, ils verront graviter à leurs côtés des Philippe Dorme, des Stéphane Lacellerie… bref, des YCARistes et YCARistas pour les appuyer.

Un signe de ralliement ? L’YCARiste veillera à porter des chaussettes rouges tandis que l’YCARista pourra se parer de rouge hormis pour les chaussettes.

Et l’YCAR Trial dans tout ça ?

Eh bien vous prenez un peu de tout ce que je viens de présenter, vous le disposez dans le parc du Château de la Bristière à Echillais (17).

Cela vous donne un événement tout à la fois transgénérationnel (de moins de 10 ans pour la plus jeune YCARista du week-end jusqu’à plus de 90 ans mais on y reviendra) et hétéroclite au possible.

Du côté des autos et motos, on retrouve de tout : depuis la petite Austin Seven jusqu’à l’énervée Amilcar CS en passant par la baroudeuse Ford T.

Du côté ensuite des équipages : alors même que tout le monde discute avec tout le monde comme des amis de longue date, on constatera que les profils sont divers. On pourra donc se retrouver à table entre un mécanicien et un architecte qui travaille sur des bâtiments européens institutionnels… mais tout le monde parle le même langage, celui de la passion. Pour ma part, c’était dîner avec Jean Claude Amilhat… moment incroyable passé à échanger avec lui.

Cela donne probablement l’un des cocktails les plus gagnants possibles : tout le monde profite de l’événement, sans préjugé, sans crainte, du rookie au pro. Et comme malgré un temps sec les organisateurs ont fait le nécessaire pour que la boue soit de la partie, eh ben ça donne des autos et des équipages tout à fait crados à l’arrivée, mais souriants jusqu’aux oreilles !

5 coups d’œil pour le prix d’un

Plutôt que simplement des coups de coeur, je vais m’intéresser à 5 éléments qui me semblent mémorables sur cette édition 2022.

Christian P. : toujours de boue

Une immense claque en ce qui me concerne… prenez une Renault EK de 1913 achetée alors que son propriétaire était tout jeune… et considérez que ledit propriétaire n’a pas moins de 90 ans.

C’est donc une véritable frise chronologique que vous côtoyez en rencontrant Christian et sa Caroline. Car oui, l’EK a un nom. Plus encore, Christian lui dédie sa plume et son crayon en relatant en plusieurs tomes « Les cents et une aventure de Caroline Renault ».

Et ni Christian ni Caroline ne se seront économisés sur cette édition 2022 du YCAR Trial : même si l’embrayage de Caroline aura souffert dans la matinée, Christian aura profité de la pause repas pour la remettre rapidement sur roues… avec succès !

Christian, Caroline, merci pour cette leçon !

Le passage à l’heure des T

C’est avec cette plaisanterie signée de Charles H. (vous savez, l’un des organisateurs d’Historic Auto à Nantes… si si, on vous en a parlé cette année encore) que j’ouvre ce paragraphe. Car oui, les Ford T étaient en nombre, rassemblées derrière leur papa, les Speedster furent cohorte sur cette édition 2022 du YCAR Trial.

L’occasion pour Votre Serviteur (qui avait eu la chance de prendre le volant d’un Speedster) de faire un tour aux côtés de Thierry Dubois lui-même (et s’il me lit, infinis remerciements pour cela), le papa desdits Speedster ! L’occasion aussi de passer le reste de la journée quelque peu boueux, donc heureux.

Dans la famille Colin, je demande…

…le père, la mère et les 2 sœurs !

Et quel quatuor ! Déjà, parce que pouvoir vivre ce genre d’aventure en famille est tout simplement génial…

Ensuite parce qu’ils se tapent le culot d’être naturellement et sincèrement gentils. Mais ça, je pense que vous vous en fichez…

Alors je passe à la dernière raison : parce qu’ils sont venus avec 2 voitures incroyables (une Bignan et une Amilcar) et parce que le duo de frangines s’est clairement illustré cette année. 2 jeunes, qui filent dans la boue sans coups férir et avec le sourire, cela valait bien le prix du jury !

Les motards-voltigeurs : deux fois moins de roues que les autres, au moins autant de courage

Tuons le suspens de suite : non, les motos n’étaient pas légion sur ce YCAR Trial 2022 ; et, non, je ne me suis pas essayé à l’exercice… si je voulais travestir la vérité, j’expliquerai cette réserve par le trop jeune âge de ma compagne à roues du jour (1960 ou 1961, pensez donc), mais c’est surtout du côté du pilote que le bât blesse, parodiant Mme Balasko je dirais « j’y vais pas parce que j’ai peur »…

Pourtant, j’avais sous les yeux des camarades voltigeurs qui n’ont pas démérité. Aux guidons d’une BSA et d’une Ariel, ils ont enchaîné les passages sans jamais renâcler devant l’obstacle. Plus encore, l’Intrépide pilote de l’Ariel « D-Day » aura même profité d’une accalmie dans les départs pour faire des allers-retours sur les obstacles.

Minute édito : non, ce genre d’événement n’est pas à boue-der

A n’en pas douter, on pourrait s’interroger sur la pertinence de faire rouler de tels ancêtres dans la boue… « comment peut-on leur faire subir ça », « c’est pas fait pour ça une ancienne, il faut les préserver »… autant de remarques qui, légitimes, font tout de même l’impasse sur une chose tout à fait primordiale : de tous temps, l’automobile a été conçue pour être un outil à la disposition de l’Homme, un outil conçu pour circuler.

Certes, circuler dans la boue ne faisait sûrement pas partie du cahier des charges des Amilcar de Grand Prix, mais pourquoi pas ! D’autant que ces autos sont vraiment bichonnées, parfaitement préparées par leurs propriétaires, patiemment nettoyées et remises au propre une fois le Trial passé.

Alors roulons… roulons autant que possible, dès que possible, aussi longtemps que possible.

Voilà qui conclut ce papier sur le YCAR Trial 2022. Finalement, peu de photos en ce qui me concerne et pour cause… happé par l’événement et ce qui s’y passe, j’en ai parfois oublié de prendre l’appareil. Première occasion pour moi de participer à une grande sortie avec ma Terrot Tenor : Rochefort, Ile Madame (par la Passe aux Boeufs), Brouage… bref, merci à IRIS Passions qui signe la photo ci-dessous (ainsi que beaucoup d’autres dans ce papier), je vous invite à aller faire un tour sur sa page Facebook.

terrot- trial

Thibaut

Copilote, président de l'AutoMoto Classic de l'Ouest, Directeur de Course FFSA... et rédacteur/photographe pour News d'Anciennes (depuis 2017) lorsque les évènements s'y prêtent. C'est au guidon d'une Terrot TENOR de 1963 et au volant d'une Lancia FULVIA 1.3S de 1971 que j'arpente les routes de France... c'est fort de ces différentes casquettes que je tâcherai de vous faire vivre par procuration autant d'évènements que possible : pas toujours de manière professionnelle, mais avec une constante sincérité...Viendriez-vous avec moi découvrir ce que la passion de l'auto ancienne a de plus diversifié ?

Commentaires

  1. Gontrand de Segonzac

    Excellent (comme d’habitude) reportage Thibaut, sauf que « la gadoue, la gadoue… », c’est Miss Petula Clark qui chantait cela. Privilège de l’âge sans doute…

    Répondre · · 31 mars 2022 à 20 h 52 min

    1. Thibaut

      Merci beaucoup ! J’ai en effet préféré citer Jane Birkin qui me semblait plus parlante car plus « récente » et « populaire », à tort peut être ! D’ailleurs je préfère largement l’interprétation beaucoup plus british de Petula Clark, elle colle infiniment mieux aux paroles…

      Répondre · · 31 mars 2022 à 21 h 06 min

  2. Charles

    Chouette article qui retranscrit très bien l’ambiance, bravo Thibault

    Répondre · · 1 avril 2022 à 5 h 58 min

    1. Thibaut

      Merci Charles ! J’aurais d’ailleurs quelques autres photos pour toi… 😉

      Répondre · · 1 avril 2022 à 9 h 18 min

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