Simca 1307, 1308 et 1309, succès immense mais éphémère

Publié le par Benjamin

Simca 1307, 1308 et 1309, succès immense mais éphémère

Vous avouerez que c’est une famille de voitures qu’on ne voit plus trop dans les rassemblements. Pourtant, elle a eu un véritable succès, le dernier de la marque à l’Hirondelle (et alors au Pentastar) mais les Simca 1307, 1308 et 1309 eurent surtout une carrière vraiment éclair.

Un remplacement nécessaire

Au début des années 70, il faut penser au remplacement des berlines de la gamme. On ne parle pas des Simca-Chrysler 160/180 et 2 Litres qui sont sorties en 1970… même si leur insuccès pose de vraies questions. Non, le vrai sujet, ce sont les 1301 et 1501, elle-même évolutions des Simca 1300 et 1500 apparues en 1963. Forcément, le style est un peu daté, surtout quand on compare à la récente Simca 1100 qui connaît un beau succès.

L’insuccès des 160/180 et 2 Litres va pousser les dirigeants de Chrysler Europe à laisser les mains libres au bureau d’étude de Poissy pour créer une voiture plus européenne qu’américaine. On va donc partir sur une « Super 1100 », une auto qui en reprend la recette mais en augmentant la taille.

Ainsi, tout l’avant est repris de la 1100 : berceau, trains roulant, moteur Poissy installé transversalement et boîte 4 vitesses. D’ailleurs, cela marquera une belle évolution des berlines chez Simca puisqu’on passera de la propulsion sur les 1301 et 1501 à la traction, solution plus moderne. Par contre, à l’arrière, on abandonne les barres de torsion pour des bras tirés et des ressorts hélicoïdaux. Là où la nouvelle voiture est vraiment innovante, c’est que c’est la première française à faire appel à la CAO (Conception Assistée par Ordinateur).

Éclaté de la Simca 1307

Côté style, par contre, on vise la stratégie européenne et pas seulement française puisque c’est chez Rootes qu’on dessinera l’auto. En même temps, c’est le seul bureau de style de Chrysler Europe, celui de Poissy ayant été fermé. L’objectif est de créer une berline bicorps, une solution en plein développement chez de nombreux constructeurs, dans le sillage de la Renault 16, qui jouit d’un certain avantage avec l’acceptation et même l’adoption du hayon par le grand public.

Là, on ne va pas chercher midi à quatorze heures… et on va copier le voisin ! En fait on s’inspire de ce qu’a fait British Leyland avec la Triumph SD2, morte née et dérivée d’un dessin de Pininfarina.

Pour autant on va bien modifier le dessin. L’ensemble est plus dynamique, l’avant particulièrement. Les surfaces vitrées sont agrandies et les lignes tendues sont plutôt modernes. Un peu comme sur les Renault 5, on fait appel à des pare-chocs plastiques, gris, et teintés dans la masse. L’intérieur ressemble beaucoup à celui des Simca 1100 contemporaines.

Entre Juin 1974 et Février 1975, 13 protos vont affronter les conditions difficiles du grand froid ou des fortes chaleur pour bien éprouver la conception.

Gamme des Simca 1307 GLS, Simca 1307 S et Simca 1308 GT

Les Simca 1307 et 1308 débarquent

C’est au salon de Paris 1975 que les autos sont dévoilées au grand public, bien que les concessionnaires et les journalistes aient déjà découvert les autos, à partir du 5 Septembre. LES autos, car comme avec les 160 et 180, on présente deux autos aux noms différents. Les vrais noms de baptêmes : Chrysler-Simca (ou dans l’autre sens, comme vous voulez) 1307 et 1308.

Tout d’abord, deux Simca 1307 différentes. Leur nom provient de la cylindrée du moteur de base : le 1294 cm³ alias 1300 et le 7 indique simplement la puissance fiscale. Deux versions sont proposées :

  • La Simca 1307 GLS, qui est l’entrée de gamme. Le 4 cylindres est alimenté par un carbu simple corps et sort 68 ch. On la reconnaît à son absence d’enjoliveurs sur les roues. Son intérieur est dépouillé avec deux cadrans (vitesse et autres infos) et des sièges sans appui-tête.
  • La Simca 1307 S avec deux carbus double-corps qui permet de grimper à 82ch. On ajoute des enjoliveurs, un encadrement de pare-brise entièrement chromé, des appui-tête (en option), un compte tours et un mano de pression d’huile en plus de la console centrale. Les autres options sont l’autoradio et les vitres électriques, le pare-brise feuilleté et les vitres teintées.

Ces deux autos sont donc l’entrée de gamme mais au dessus on retrouve la Simca 1308 GT. Son nom indique bien que c’est une 8cv fiscaux mais elle n’embarque pas de 1300 mais un Poissy de 1442 cm³ avec carbu double-corps et 85ch. Côté esthétique, on la reconnaît avec ses essuie-glaces… sur les phares ! Côté équipement, tout ce qui est en option sur les 1307 est de série.

La Simca 1307 GLS est affichée à 22.920 frs, la S à 25.120 frs et la Simca 1308 GT à 26.920 frs.

Tous ces éléments font des nouvelles autos les coqueluches du salon de Paris. Quand la presse la prend en main, elle n’a que des louanges à faire. Les performances et le comportement sont bons, les équipements et les prix sont très bien placés, les commandes affluent !

Les Simca 1307 et 1308 récompensées d’emblée

L’année 1976 commence par une pluie de récompense. Les Simca 1307 et 1308 devancent la BMW Série 3 et la Renault 30 pour décrocher le titre de voiture (européenne) de l’année 1976 ! Les scandinaves la sacrent également tandis que les autos décrochent le « Grand Prix AFPA » qui met en avant le fait qu’elles soient sûres.

Les Simca 1307 et 1308 se déclinent d’ailleurs dans tout le groupe du géant américain. Au Royaume-Uni, ce sont des Chrysler Alpine, en Espagne des Chrysler 150 (à partir de 1977). Sur le marché colombien, elle est vendue comme une Dodge Alpine.

Tous ces facteurs vont contribuer au succès de l’auto. À la fin de l’année 1976, on est obligé de passer à 2000 véhicules par jour, alors qu’on avait lancé la gamme sur la base de 1100 ! Les usines de Casablanca et de Ryton sont également utilisées, Les Simca 1307 et 1308 se retrouvent en tête de leur segment et cela représente 7% des ventes en France. Cela représente 190.000 immatriculations.

Du coup, pour l’année 1977, les Simca 1307 et 1308 ne vont pas évoluer en profondeur. On notera simplement quelques améliorations sur l’ensemble de la gamme comme les carbus à ralenti indéréglable, les lève-vitres et essuie-glaces plus rapides, le pré-équipement radio ou l’arrivée d’une nouvelle sellerie. Par contre, dans cette période de forte inflation, les prix sont réajustés, et à la hausse.

En fin d’année 1977 on apporte quelques retouches supplémentaires. Les Simca 1307 GLS reçoivent une montre et toutes les versions reçoivent un témoin de starter. L’équipement des Simca 1307 S et Simca 1308 GT progresse avec un témoin d’usure de plaquette ainsi qu’un essuie-glace pour l’immense lunette arrière, mais en option. Les prix sont une nouvelle fois réhaussés.

En Novembre 1977, Chrysler France établit un nouveau record. Avec 500.000 autos produites en 2 ans, le succès est complet !

500.000e voiture produite- Simca 1307

En Janvier 1978, premiers vrais changements sur la gamme. La Simca 1308 S débarque. Elle mixe le moteur de la 1308 GT et l’équipement de la 1307 S. Tarifairement parlant, elle vient se placer entre les deux.

Pour ceux qui voudraient vraiment du très haut de gamme, on ajoute même une finition Super Luxe à la Simca 1308 GT. Elle est reconnaissable à sa peinture métallisée et ses baguettes de caisse. Côté équipements, elle reçoit la fermeture centralisée et un autoradio.

Surtout, en parallèle on dévoile la Simca Horizon (qui n’est pas encore une Talbot). Si cette auto remplace la 1100, elle est aussi plus grosse. Et du coup, elle marche un peu sur les plates-bandes des Simca 1307 GLS et S.

Il faut donc faire évoluer la gamme et c’est ce qu’on va faire au salon de Paris. On commence par noter que les noms ne changent pas… et pourtant. Avec un nouveau barème de puissance fiscale qui fait rentrer la Simca 1308 dans la gamme des 7cv. On en profite donc pour installer son moteur dans la 1307 S, supprimant ainsi la 1308 S qui n’a plus lieu d’être, en France en tout cas.

Ce changement de barème est encore plus important pour la nouvelle déclinaison : la Simca 1309 SX… qui n’est pas une 9 mais une 8cv. Là, on met le paquet. Le moteur Poissy est porté à 1592cm³ et sort 88ch. Il est obligatoirement relié à une boîte automatique. Pour marquer une auto plus performante, on affermit la suspension avant. Côté équipements on la dote d’office d’une direction assistée et d’un régulateur de vitesse ! Pour encore mieux la différencier, on la dote d’un intérieur très spécifique, entièrement blanc et peut être en cuir !

Elle est beaucoup plus chère que les autres versions : 41.650 frs contre 35.200 pour une Simca 1308 GT.

Les quatre autos de la gamme reçoivent des équipements supplémentaires : ceintures à l’arrière, poignée pour le passager et prise de diagnostic. Surtout, on les reconnaît toutes avec leurs clignotants qui passent du blanc à l’orange. En fin d’année 1978, la production débute… en Finlande, chez Valmet !

En Mars 1979, la remplaçante des Simca 1307, 1308 et 1309 est sur les rails. On marque alors le coup avec la Simca 1308 Jubilé. En fait, il s’agit d’une 1308 S suréquipée. On la distingue extérieurement avec sa peinture biton mais c’est à l’intérieur qu’elle affiche le plus de différences : direction assistée, vitres électriques et toit ouvrant de série. À 39.950 frs, elle est à peine moins chère qu’une Simca 1309 SX.

En même temps, les marchés allemands, belge et néerlandais reçoivent une série limitée Swing (Sprint en Suisse) qui est une Simca 1308 S avec Jantes Alu, vitres teintées, pare-chocs noirs et des décorations adhésives.

Simca 1308 Swing- Simca 1307

Au salon de Paris 1979, la remplaçante est dévoilée. C’est la Talbot 1510 qui n’est pas vraiment une nouvelle voiture mais une évolution des Simca 1307, 1308 et 1309 qui n’auront donc jamais été des Talbot… en France en tout cas ! Elles laissent leur place sur la ligne de production après seulement 4 ans ! Néanmoins, on peut quantifier le succès de ces modèles avec les 992.685 exemplaires produits ! Il faut souligner le véritable succès international puisqu’on a vendu, par exemple, 19.200 autos en Belgique, 23.000 aux Pays-Bas, 24.000 en Italie, 44.000 en Angleterre mais aussi 54.000 en Allemagne !

Les Simca 1307, 1308 et 1309 en collection

Attention, bonne affaires ! Comme souvent, les Simca sont moins reconnues, et donc recherchées, que leurs équivalents des autres marques. Du coup, on trouve ces autos à des prix serrés.

Évidemment, les moins chères seront les Simca 1307 GLS et Simca 1307 S, trouvables en bon état sous les 3000 €. Mais n’hésitez pas à mettre un peu plus pour en avoir une parfaite.
Les Simca 1308 GT et la très rare 1308 S sont plus répandues sur les rassemblements. Leur prix sera environ 500 € plus élevé. Attention, les 1308 S n’ont été produites qu’une année et sont donc très rares. Notez qu’une Jubilé, très rare également, demandera encore un peu plus.
Rares également, les Simca 1309 SX sont les plus évoluées. Les plus chère aussi car il faudra encore remettre quelques billets pour en toucher une !

À part le prix d’achat, la gageure sera d’en trouver une. Ces autos sont très rares et pas forcément en bon état. Comme toutes les autos de cette époque, la rouille a fait des dentelles ! Côté mécanique, les pièces se trouvent puisqu’on a rien inventé. Attention, là encore, ça ne se trouve pas forcément facilement !

En tout cas, quel que soit le modèle, vous pourrez conduire une auto très originale puisqu’on en voit très peu.

Cote : Collector Car Value

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. LESIMPLE

    La première 1307 S était alimentée non pas par un, mais par 2 double-corps: le moteur de la 1100 TI en fait.

    Répondre · · 9 décembre 2022 à 21 h 11 min

  2. Jean-Pierre Lemoine

    Excellent article. Mais une petite erreur : la 1307 S était dotée de Deux carbus double-corps. Petit moteur, assez pointu et boîte de vitesses assez fragile (faiblesse du synchro de deuxième, au moins dans un premier temps).
    Gros succès de vente en neuf, mais décote impressionnante en occasion. Dans les années 80, une 1308 se payait à quelques centaines de francs, pour souvent finir sa vie en stock-car…

    Répondre · · 10 décembre 2022 à 5 h 37 min

    1. Rich

      Le soucis de boite ne vient pas du synchro de seconde, mais a un soucis de tringlerie tout simplement, problèmes connu sur les 1100, la boite n’est pas si fragile que ça. Ceci dit excellente familiale, au confort et à la tenue supérieure à bien des concurrentes, les moteurs certes petits avaient des rendements supérieurs à bon nombre de constructeurs, en dépit du poids Supérieur de la voiture.

      Répondre · · 1 juin 2023 à 23 h 18 min

  3. philippe

    Probablement pas de CAO pour la 1307. Les 2 constructeurs en pointe étaient Citroën (Paul de Casteljau) et Renault (Pierre Bézier), Peugeot et Simca pas impliqués au début des années 70. On dit que la 1ere voiture française en CAO était la Renault 14.
    Je ne vois pas de ressemblance entre la SD2 et les « Alpine » 1307/1308 dûes à Roy Axe établi depuis les années 60 dans le groupe Rootes, auteur des lignes Arrow des Hunter/Minx/Rapier de la fin des années 60.

    Répondre · · 10 décembre 2022 à 17 h 30 min

  4. Rablef

    3 ans de taxi pendant mes études avec ces Sims, sans souci!

    Répondre · · 11 décembre 2022 à 20 h 40 min

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