On le sait, l’année 2023 marque le centenaire de la course la plus mythique au monde et c’est le salon Rétromobile qui ouvre les festivités. Entre les expositions thématiques, les vendeurs et les clubs, nombreux sont les exposants qui se sont joints à cet anniversaire. Je vous propose un petit tour non exhaustif de la multitude de légendes ayant participé à l’épreuve et présentes sur ce salon Rétromobile 2023.

Le Laboratoire du Mans

La première exposition de ce salon Rétromobile 2023 en relation avec les 24h du Mans revient sur « Un siècle d’innovations ». En effet, la compétition automobile est depuis toujours le berceau des nouvelles technologies. Que ce soit à travers les zones d’ombre du règlement pouvant être exploitées au profit d’une victoire ou pour promouvoir une technologie auprès du grand public, les constructeurs et artisans ont toujours fait preuve d’une grande inventivité pour concevoir leurs prototypes.

Le salon Rétromobile 2023 revient sur quelques unes des automobiles dont la technique s’est montrée novatrice pour l’époque en proposant une sélection de quatre véhicules. Un nombre limité certes, mais permettant une présentation soignée de l’exposition. Et la recette fonctionne ! Une bonne lumière, suffisamment d’espace entre les voitures, un décor simple mais pas simpliste. Le tout parvient, avec brio, à mettre en valeur les modèles présentés.

La Tracta Type 4 Géphi est la première compétitrice de cette exposition. Elle participe au 24h du Mans en 1927, seulement 4 ans après la première édition. La révolution apportée par cette voiture se trouve directement dans son nom : la transmission par traction. Pourtant, nous sommes encore 7 ans avant la démocratisation de cette technologie par Citroën avec les 7CV, 11CV et 22CV. Bien que la traction existe depuis un certain nombre d’années, c’est l’ingénieur Jean Albert Gregoire qui la rend performante grâce à ses cardans à joints homocinétiques. Il pilotera lui-même la voiture avec Fernand Vallon et terminera la course en 7ème position.

Seconde curiosité : la Howmet TX de 1968. Un prototype propulsé par un moteur à turbine d’hélicoptère développant 400 ch, pouvant atteindre 310 km/h et dont vous pouvez retrouver l’histoire en intégralité en cliquant ici. Grande habituée des récentes épreuves du Mans Classic, il vous sera possible d’entendre le son si caractéristique de sa turbine lors de la prochaine édition en juin prochain.

Faisons maintenant un bond de 37 ans en avant pour rejoindre la Lola T600 de 1981. Avec ses roues arrières carénées et ses prises d’air NACA, son aérodynamisme se montre très poussé. La Lola T600 est le premier prototype du Mans utilisant l’effet de sol (qui améliore considérablement l’adhérence en ligne droite comme en courbe). Elle ouvrira la voie à l’ère du Groupe C.

Enfin, dernière grande innovation présentée sur un prototype du Mans : la propulsion électrique-hydrogène avec la Green GT Mission H24. Son moteur électrique alimenté par une pile à combustible délivre 653 ch. Développée en 2018 en collaboration entre l’ACO et Green GT, elle avait pour objectif de créer une catégorie H2G en 2025. Affaire à suivre…

Ces Françaises qui nous font toujours rêver

Après la technique pure, le Salon Rétromobile 2023 nous parle toujours des 24h mais en mettant l’accent sur la passion brute. Son exposition intitulée « Quand les françaises brillent » ne relate pas seulement les victoires et les classements mais surtout les voitures qui restent premières dans le cœur des français.

Le plateau bien plus vaste et toujours aussi varié que le précédent regroupe pas moins de 12 voitures. La doyenne, c’est la Lorraine-Dietrich B3-6 Sport. En 1926, elle signe le premier triplé français de l’histoire du Mans. A ses côtés se placent deux modèles populaires : la Simca Gordini Type 5 et Renault 4CV.

Derrière se cache la barquette D.B HBR4 qui participa aux 24h du Mans de 1959 à 1961. Désormais inconnue des générations actuelles, elle reste présente dans le cœur des plus anciens. Les mêmes qui, petits garçons ont vu ou lu ses victoires et ont passé des après-midis entières à jouer avec ses reproductions miniatures Solido.

Aujourd’hui elle ne fait plus rêver des milliers d’enfants mais trois copains : Xavier, Vincent et Antoine. Ce-dernier est le petit fils de Gérard Laureau, qui courait pour D.B à bord de cette même voiture. L’Equipe Los Amigos reviendra en piste lors de la prochaine édition du Mans Classic du 29 juin au 2 juillet 2023.

Détail amusant, la fiche technique comporte une erreur : la puissance affichée est de 165 ch, « à peine » 100 de plus que la véritable. Peut être que le service reprographie aura jugé impossible pour une voiture de si faible puissance de remporter deux fois l’indice de performance aux 24h du Mans ? Si vous souhaitez en apprendre plus sur cette formidable auto, lisez son histoire et son essai ci-dessous.

A L’ESSAI :

Au Volant de la D.B HBR4 Victorieuse du Mans 1960-61

De l’autre côté du plateau, C’est une Alpine A210 qui représente la marque de Jean Rédélé. Celle-ci compte trois participations aux 24h du Mans entre 1967 et 1969. En 1968, elle remportera une victoire à l’indice de performance avec à son volant le duo Andruet-Nicolas.

Le reste de l’exposition a encore de quoi faire briller les yeux de tous les passionnés de sport automobile : Inaltera Rondeau, Peugeot 905, prototype Matra piloté par Henri Pescarolo, voitures bleues au légendaire liseré vert de son écurie… Enfin, c’est le showcar de la Peugeot 9X8 qui porte maintenant l’espoir d’une hypothétique victoire française pour le centenaire des 24h du Mans.

L’ACO prêt pour une année de fête

Sur le stand de l’ACO trône une Chenard & Walcker identique au premier modèle ayant remporté les 24h du Mans en 1923 avec à ses côtés le monumental trophée des 100 ans des 24h du Mans.

Le club annonce déjà une exposition unique du 1er juin au 2 Juillet 2023. Pour le centenaire, son musée du Mans sera entièrement vidé et accueillera un maximum de voitures ayant remporté les 24h. Une première à ne pas manquer !

Dans les allées du Salon Rétromobile 2023

Facel Vega Le Mans

Le salon Rétromobile permet toujours de faire de belles découvertes. Des histoires du passé mais aussi des histoires qui continuent à s’écrire, comme celle de la Facel Vega Le Mans. Un projet lancé en 1962 qui débute par la construction d’un prototype qui ne verra jamais la piste. En effet, la faillite de la marque met fin à cette tentative mancelle. C’était sans compter sur Paulo Antunes, carrossier spécialiste et amoureux de la marque Facel Vega qui a décidé, avec l’accord de l’Amicale Facel Vega, de recréer ce prototype à partir des plans de l’époque. Au programme, un châssis tubulaire, une ligne à couper le souffle arborant la fameuse calandre Facel Vega et un V8 Chrysler de 6.5 L délivrant 465 ch ! Un formidable projet dont le châssis devrait être présenté au salon Epoqu’Auto en novembre prochain.

Le Mans chez les revendeurs

Presque chaque recoin de ce salon Rétromobile 2023 regorge de voitures du Mans. Chez Fiskens ou Girardo & Co, les modèles exposés donnent véritablement le tournis : Porsche 917 du film Le Mans avec Steve McQueen, la 956 de Jackie Ickx et Derek Bell, la Ferrari 512 S, 512 BB LM… Pour découvrir tous les trésors des revendeurs, c’est par ici avec l’ami Bertrand.

De son côté; RM Sotheby’s annonce sa vente du Mans avec le châssis #2 de la Jaguar XJ 220 C. En 1993, le modèle termina la course vainqueur de la catégorie GT (avec un 15ème place au général) avant d’être disqualifié par l’ACO suite à une absence de catalyseurs qui auraient dû se trouver sur le modèle d’endurance comme sur le modèle de série.

Le Centenaire des 24h du Mans à Rétromobile

Cette année, le salon Rétromobile aura réussi la prouesse de réunir un nombre considérable de voitures ayant participé aux mythiques 24h du Mans. Un régal tant sur la quantité que sur la qualité. Tellement qu’il aurait été très long de tout vous lister et surement impossible de ne pas en oublier. Pour tenter d’en voir l’intégralité, rendez-vous Porte de Versailles jusqu’au Dimanche 5 février 2023. Excellente visite et attention aux overdoses !

Photos complémentaires : Pierre Sumy