Le Musée Matra (Romorantin) a choisi l’Épopée Renault comme thème de son exposition annuelle. Ouverte jusqu’au 2 novembre, l’Épopée Renault revisite l’histoire de la marque au losange quasiment depuis des origines. La sélection retenue par le Musée Matra inclut de nombreuses autos populaires, mais privilégie des modèles sportifs ou plus rares. On visite.
Les doyennes sont de la partie
La doyenne de l’exposition est la Type D de 1901, une des premières « productions » Renault. Elle est équipée d’un petit moteur De Dion Bouton de 480 cm³ de 4 ch.
En poursuivant la chronologie, on retrouve la Type AG, ou G7 du nom de la compagnie de taxis qui les utilise à Paris. C’est sans doute l’une des Renault les plus connues, sous le nom de Taxi de la Marne. En effet, ces autos ont été réquisitionnées par l’armée française les 6 et 7 septembre 1914 lors de la première bataille de la Marne, pour amener sur le front les renforts de Paris. C’est aussi l’une des premières interventions massives de l’automobile dans un conflit.
Après la (première) guerre, Renault développe des voitures plus cossues, voire luxueuses, le marché automobile n’étant pas encore ouvert pour des voitures populaires. La Vivaquatre est une grande berline, très appréciée également comme taxi. On trouvera des Vivaquatre taxis parisiens jusque dans les années 1960 ! La Vivastella (1928-1939) équipée d’un moteur 6 cylindres est très représentative des Renault des années 1930, carrossées en berlines et limousines de luxe.
Louis Renault (enfin surtout son équipe qui le convainquit) propose sa 1ère voiture « populaire » à la fin des années 1930, la Juvaquatre qui sera produite jusqu’en 1960 principalement en berline et utilitaire. L’exposition présente une rarissime Juvaquatre coupé, produites à seulement 82 unités.
Les routières plus ou moins classiques
Étudiée en secret pendant la guerre, la 4CV sort en 1946, dès la fin de la guerre. Avec sa carrosserie 4 portes et son moteur en porte-à-faux arrière, elle inaugure une nouvelle génération de Renault qui perdurera jusqu’aux années 1970 avec la Renault 10. La 4CV est la 1ère voiture française à dépasser une production d’un million d’exemplaires. Très vite, des pilotes privés engagent des 4CV en compétition routière, et Renault répond à la demande avec la version sportive 1063 qui développe jusqu’à 35ch, soit plus du double de la puissance initiale.
La 4CV 1063 s’illustre dans de nombreuses épreuves, des rallyes comme le Monte Carlo aux circuits avec les 24 Heures du Mans. La mécanique de la 4CV sert de base au développement de voitures de course, comme la Barquette « Louis Rosier » de Brissoneau pour qui est présentée dans l’exposition.
La Dauphine qui succède à la 4CV aura aussi sa version sportive avec la « 1093 ». Sur les 2000 exemplaires produits, seule une petite centaine a survécu. Moins « turbulente », la Floride était un élégant petit coupé basé sur la Dauphine, initialement destinée à conquérir le marché américain. Renault en offre à plusieurs vedettes comme Brigitte Bardot ou la Princesse Grace de Monaco, influenceuses avant l’heure !
Chaque nouveau modèle aura ensuite sa déclinaison sportive, notamment avec les Gordini comme la R12 Gordini exposée, qui atteignait les 185 km/h en pointe. Le « badge » Renault Sport prendra le relais des Gordini, et dans la lignée des R5 Turbo, Renault propose la Clio V6. Avec son V6 de 3L en position centrale arrière, elle peut dépasser les 250 km/h. C’est la dernière Clio V6 sortie de chaine en 2006 qui est exposée ici. La Mégane RS connaitra plusieurs variantes, dont l’ultime Mégane RS Trophy R, version taillée pour aller chasser le chrono record sur la « Nordschleife » du Nürburgring.
Plus familiale mais à peine moins performante, la R21 2L Turbo concurrençait la Peugeot 405 Mi16, en exploitant la solution Turbo que Renault imposait sur les circuits. Avec 175 chevaux, la R21 2L Turbo frôlait les 230 km/h. 33 exemplaires dotés de 4 roues motrices, comme l’auto présentée, équipent les brigades rapides de la gendarmerie française l’adopte.
Si la Renault 4 est un énorme succès commercial avec plus de 8 millions d’unités, vous connaissez probablement moins la R3. C’est une version de la R4 moins chère, simplifiée, avec un plus petit moteur de 3CV (d’où son nom). Elle devait concurrencer la Citroën 2 CV, mais ne sera produite qu’à 2500 exemplaires pendant une année (histoire complète ici).
À l’autre bout de la gamme, Renault propose la Rambler 6 construite sous licence AMC (American Motors). Cette voiture grande berline ne trouvera pas non plus son public, et ne sera vendue qu’à 4000 unités en 6 ans.
Avec la R16, Renault privilégie le pratique à l’esthétique en proposant la 1ère berline familiale avec un hayon. Ce choix surprenant séduit un large public, et par la suite la majorité des constructeurs généralistes suivra cette tendance. La R16 TX se veut une version haut de gamme et propose une série d’équipements encore rares dans cette catégorie : boite 5 vitesses, verrouillage centralisé, lève-vitres électriques et même la clim en option… Elle se reconnait à ses 4 phares carrés et ses jantes « Gordini ».
Produite à plus de 5 millions d’unités, la Renault 5 a été un énorme succès commercial. Le modèle exposé est une R5 TL de la 1ère année de production.
Concepts, dérivés et compétition
Deux curiosités de nature différente se mêlent à ces voitures de grande série. Le Projet 900 de 1959 est un prototype, une étude pour une grande berline recherchant à maximiser luminosité et habitabilité. L’architecture est innovante et le style très décalé, avec un habitacle est très avancé. Le conducteur est placé sur le porte-à-faux avant alors que le moteur est complètement à l’arrière. Lui aussi sort de l’ordinaire, c’est un V8 de 1,7L développant 80 chevaux.
Très différente, la JP4 sur base de 4L est un engin fun et décalé, dont a production restera limitée, la société à l’origine de cette initiative ayant connu une existence compliquée.
Quand on appelle l’exposition « l’Épopée Renault », il est tout à fait logique d’y découvrir une F1. C’est la R26, Championne du Monde en 2006 avec Fernando Alonso, 2ème titre du pilote espagnol avec Renault, qui représente cette aventure sportive, associée à plusieurs moteurs de Formule 1 également exposés à côté des voitures.
L’Espace est aussi un modèle phare de Renault, premier monospace de production. Là aussi, Renault sera pionnier et suivi par la quasi-totalité des constructeurs généralistes. On le sait, Matra a conçu et fabriqué les premières générations d’Espace, dont la collection permanente du Musée Matra présente plusieurs modèles, y compris quelques concepts comme une version bi-turbo de 273 ch, sans oublier l’Avantime, un grand coupé « monospace » au succès commercial limité.
Dans ce cadre, le célèbre Matra-Renault Espace F1 a été approché de l’exposition Renault. Rappelons qu’il s’agit du mélange improbable d’un ensemble train arrière de Formule 1 Williams FW14, d’un moteur V10 Renault de 820 chevaux, d’un châssis et d’une carrosserie en carbone avec un look d’Espace. Cet engin hors-norme peut emmener son pilote et 3 passagers à plus de 300 km/h pour découvrir quelques sensations d’une Formule 1.
Pour terminer la visite, des vitrines présentent d’autres modèles iconiques Renault en miniatures, complétant ainsi l’aperçu historique Renault. La décoration est complétée par de grandes photos et des publicités Renault.
Infos pratiques :
L’Épopée Renault au Musée Matra
Musée Matra, Romorantin, France
Jusqu’au 2 novembre 2025
Informations pour visite du Musée Matra sur Automobile Museums en cliquant ici.
Copyright photos Automobile Museums
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