Quand on vous dit berline, anglaise, cossue mais à tendance sportive vous pensez en premier lieu à la Jaguar MkII et personne ne vous en tiendra rigueur. Pourtant les Rover P5 étaient et sont toujours de sacrés alternatives qui ont fait plus que se défendre face au félin. On revient sur leur histoire.
Une évolution dans le bon sens
Au début des années 50 Rover est en pleine bourre. Le Land Rover est un succès et la berline P4 l’est également. Néanmoins cette auto là, lancée en 1949, n’incarne pas vraiment l’avenir de la marque. Elle est traditionnelle sous tous rapports. Le moteur 6 cylindres en ligne de 2.1 litres est son principal allié mais la robe, très british mais pas moderne, est posée sur un châssis séparé. Des solutions d’avant-guerre qui lui laissent quand même la possibilité de séduire de nombreux clients.

Au départ on pense la nouvelle auto comme une remplaçante de la P4. Mais finalement, alors que le développement est en cours on se rend compte que Land Rover occupe trop de place sur les lignes de production qu’on ne peut agrandir. Alors on s’oriente vers une voiture à plus faible diffusion qui viendra se placer au dessus de la P4 tout en rapportant plus d’argent !
Stylistiquement l’air de famille est assumé. David Bache qui est au crayon et on s’oriente d’abord vers une ligne très américaine avec pare-soleil intégré et un décroché devant les ailes arrières.

Finalement il gardera certains traits distinctifs de la P4 mais donne une certaine modernité aux lignes de la nouvelle auto. L’habitacle n’est plus « surélevé » et ses montants sont beaucoup plus fins, les lignes sont plus tendues et donne un aspect massif à la nouvelle auto. Et puis cette ligne est industrialisée en monocoque, ce qui explique que la ligne soit plus basse, le plancher l’est aussi. Bienvenue dans les 50s !
Côté moteur on reprend le 6 cylindres en ligne mais on le modifie en profondeur. La cylindrée atteint 2995 cm³ et monte à 115 ch. Il tourne désormais sur 7 paliers pour encaisser les changements. En fait la voiture a d’abord été pensée pour recevoir un V6 totalement nouveau. Mais son développement n’avance pas et on finit même par abandonner le projet !
Pour le reste on fait appel à des roues indépendantes à l’avant avec triangles et barres de torsion quand l’arrière repose sur des ressorts semi-elliptiques (pour une question de coûts alors qu’on pensait initialement faire appel à des roues independantes.
Le tout est plutôt performant puisque la berline file à 153 km/h et atteint les 100 en 17 secondes.
La première Rover P5 : la 3 litres
Jamais une auto ne s’est appelée officiellement Rover P5. C’est un nom internet et la gamme va en fait s’articuler en différentes séries. La Mark 1 apparaît en Septembre 1958 sous le nom de Rover 3 Litres. Simple, efficace. Elle ne remplace pas la P4 mais la seconde en élargissant la gamme vers le haut.
L’auto connaît un bon démarrage et peut recevoir en option un overdrive sur la boite manuelle, une boite automatique ou encore une direction assistée.
Dès Octobre 1959 on fait évoluer la Rover 3 Litres qui souffrent d’un freinage peu efficace. Le système Girling à tambours est troqué contre une version à disque, de la même marque. Ce système devait initialement se trouver sur l’auto dès le lancement mais son développement n’avait pu être finalisé à temps.
L’année suivante l’overdrive intègre la liste des équipements de série.
En 1961 la MkIA ajoute des vitres articulées sur les portières pour améliorer l’aération de l’habitacle. Côté technique les supports moteurs changent et une direction assistée à assistance variable Hydrosteer est disponible.

Cette première Rover P5 reste en production jusqu’en 1962. Il s’en est écoulé 20.963 exemplaires au moment de son remplacement.
La 3 litres MkII
En 1962 la Rover P5 évolue. Les évolutions sont surtout mécaniques puisque le 6 en ligne grimpe à 129 chevaux avec une nouvelle culasse. La ligne de la berline reste en tous points identiques même si le tableau de bord est légèrement repensé.


Mais la nouveauté principale de cette seconde série c’est l’arrivée d’un coupé à l’automne. Non ne cherchez pas dans vos souvenirs une Rover P5 à trois portes. On est en fait, plus de 50 ans avant que la mode ne gagne tous les constructeurs premium, dans la catégorie des coupés 4 portes. Le pavillon est abaissé de 6,4 cm et il retombe plus vite. Les montants B (ceux entre les portes) sont bien plus fins pour donner l’impression d’un hard-top. Par contre longueur et empattement sont bien identiques !
Ce nouveau modèle se veut plus luxueux, 200£ de plus. Si la mécanique est inchangée, la direction Hydrosteer y est montée de série. À l’intérieur un compte-tours fait son apparition.


Cette Rover P5 MkII reste au catalogue pendant trois années. Elle tient bon alors même que la P4 (qui tire sa révérence en 64) est remplacée par la P6 (qui arrive dès 63) qui embarque un 4 cylindres sous le capot et offre des lignes encore plus modernes.
La MkII aura été produite à 21158 exemplaires dont 5482 coupés.
La 3 litres MkIII
Présentée en Octobre 1965 la troisième série de la Rover P5 voit son moteur poussé à 134 chevaux. La boite auto est désormais une Borg-Warner, toujours à 5 rapports.
Extérieurement un détail permet de la différencier des précédentes. La baguette qui partait au dessus du passage de roue avant court maintenant sur toute la longueur de la voiture.
Intérieurement c’est à l’arrière que ça se passe. Au lieu d’une traditionnelle banquette deux sièges plus profonds et creusés accueillent les passagers. Évidemment on y est mieux à deux qu’à trois mais le confort est bien meilleur pour ceux qui ne sont pas au centre !


La Rover 3 Litres MkIII est de nouveau disponible en coupé et en berline. Cependant la P6 taille clairement des croupières à la P5.

Les ventes sont en chute libres. Pendant les deux années où la MkIII sera produite seules 3919 berlines et 2501 coupés. Il faut réagir et Rover a son idée.
La Rover P5B ou 3.5 litres
Le 6 en ligne est en bout de course et Rover a la solution. Pour motoriser sa berline haut de gamme il fait appel à un V8 « américain ». En fait le V8 3.5 Buick n’est plus utilisé et la marque anglaise va le revoir profondément avant de le mettre sous le capot.
La puissance fait un bon pour s’établir à 160 chevaux tandis que le couple y gagne aussi. La Rover P5 en profite pour y gagner en consommation puisque le nouveau moteur est aussi plus léger ! L’auto file désormais à 165 km/h !
Pour le coup on reconnaît l’auto assez vite. D’abord avec ses nombreux badges 3.5 litres. La marque anglaise est fière de son moteur et en fait la promo. Mais on remarque aussi à l’avant que des anti-brouillards sont intégrés sous les phares.


Les ventes repartent et la nouvelle Rover P5 se fraie en place dans les cortèges officiels. C’est ainsi que le dernier lot produit est acheté par le gouvernement anglais pour ses ministères ! Le premier ministre britannique utilisera une Rover P5B jusque sous Margareth Tatcher, bien longtemps après la fin de la production. D’ailleurs le gouvernement ne sera pas le seul puisque la reine sera également conduite en Rover P5.
Car finalement la version V8 arrive sur une auto qui a presque 10 ans. Le moteur « américain » rallonge sa carrière mais ne peut la prolonger éternellement. La P6 s’est également dotée du V8. En 1972 au moment où on arrête la production ce sont 11501 berlines et 9099 coupés qui ont été construits !
Les Rover P5 de nos jours
Évidemment plus courantes en Angleterre les Rover P5 sont de belles alternatives aux Jaguar MkII par exemple. Pourquoi n’ont-elles pas la même image ? C’est simple la féline a été portée par une riche carrière sportive que les Rover P5 ont négligé. Seuls quelques apparitions sur des rallyes sont à noter. Bien loin des victoires des MkII sur toutes les spéciales du monde.
Mais cela a un avantage de nos jours. Le prix des Rover P5 est en effet bien moins élevé. Les versions à 6 cylindres en ligne se trouvent en effet entre 15 et 20.000 €. Les versions V8 peuvent monter un peu plus haut mais se trouvent rarement au dessus des 25.000 €. Les quelques modèles concernés par des prix plus élevés sont très peu kilométrés et/ou restaurés état concours. Des prix bien éloignés de ceux de la féline non ?



Source : roverp5.com
Photos additionnelles : Aguttes
Arnaud Auréjac
Bonjour,
Je suis dans le Sud-Ouest et suis l’heureux possesseur d’une P5B coupé de 1968 RHD.
Je serais toujours heureux de vous la faire admirer et conduire à l’occasion si l’envie vous en prenait avec une opportunité de free B&B si vous êtes distant.
· · 20 décembre 2024 à 16 h 09 min
Benjamin
Bonjour,
Tout dépend où dans le sud-ouest mais ce serait avec plaisir !
· · 20 décembre 2024 à 16 h 46 min
Arnaud Auréjac
N.B. Ma P5B a déjà été photographiée ici par Xavier cette année
https://newsdanciennes.com/un-bon-cru-2024-pour-la-jnve-tarnaise/
· · 20 décembre 2024 à 16 h 15 min