De Buick aux anglaises, l’histoire du V8 3.5 Rover

Publié le par Benjamin

De Buick aux anglaises, l’histoire du V8 3.5 Rover

Si le V8 est une architecture moteur qu’on rattache souvent aux américaines, ces dernières n’en ont pas eu le monopole. Pourtant, quand un grand groupe anglais cherchait son moteur, c’est bien aux USA qu’il l’a trouvé. Retour sur l’histoire de ce V8 3.5 Rover.

Le V8 215 Buick

Dans les années 50, GM lance l’étude de nouvelles motorisations. Le groupe s’intéresse notamment à l’aluminium, après un lobying de l’ALCOA (ALuminium Company Of America) et présente quelques concept-cars équipés de tous nouveaux V8 employant cet alliage alors peu utilisé.

Mais ce n’est réellement qu’au début des années 60 que le groupe passe à l’industrialisation. C’est la naissance du bloc 215 et c’est Buick qui va en bénéficier en premier. Léger, 144 kg, ce moteur développe 200 chevaux SAE (150 plus réellement). Mieux, chez Oldsmobile il grimpe à 215 chevaux en recevant le turbo de la Corvair ! Pontiac va également l’utiliser, et avec cette troisième marque il gagne le surnom de 215 POB.

Près de 380.000 autos vont le recevoir dans un laps de temps très court : entre 1960 et 1963. Par la suite GM arrête sa production. Deux raisons à cela, la première étant le coût, un V8 fonte classique coûte bien moins cher. Et puis son refroidissement est spécifique, les antigels américains d’alors ne se marient pas du tout avec l’alu, entraînant des détérioration.

Annonce : Rover cherche moteur

À la même période la marque anglaise Rover a un soucis de sous-motorisation sur sa P5. Née avec le 6 en ligne de la P4, elle n’est guère performante. En même temps ce moteur est né juste après la guerre et les technologies évoluent vite.

On envisage un nouveau 6 en ligne basé sur le 4 cylindres de la P6 mais le projet est abandonné. Du coup c’est J. Bruce McWilliams, responsable des opérations de Rover sur le sol américain qui est missionné pour trouver un nouveau moteur.

Le V8 215 l’intéresse particulièrement. Compact, il reste un small block, léger et relativement performant, il tape dans l’œil de Rover.

Le V8 3.5 Rover

En 1965, le deal est signé. L’outillage et la licence sont cédés aux anglais. Il faut néanmoins attendre que le V8 soit légèrement revu pour qu’il entre sous le capot de la Rover P5B en 1967. Vous l’aurez deviné, le B signifie alors Buick.

Le V8 3.5 Rover sort 151 chevaux. Son alésage est de 88,9 mm, sa course de 71,12 mm. Si Rover a conservé les soupapes en tête, pas si courant pour une mécanique américaine, le bloc a été revu pour être plus costaud. Cela se ressent sur le poids qui passe à 170 kg. Il est alimenté par deux carbus SU.

Dès l’année suivant il se loge sous le capot de la Rover P6 3500. Plus tard en 1976 il sera monté sur la SD1. Mais le V8 3.5 Rover ne va pas faire des heureux que sous la marque Rover…

Les Morgan

Morgan est le premier client externe pour le moteur, dès 1968. La gamme s’élargit alors avec l’arrivée de la +8. Elle restera au catalogue avec ce moteur jusqu’en 1989.

Le Range

S’il est bien une auto liée au V8 3.5 Rover, c’est le Range Rover. Sorti en 1970, il embarque une version légèrement moins puissance qui sort 135 chevaux. Ce sera le moteur emblématique du Range, ce jusqu’en 1989.

La MG B GT

En 1973 c’est au tour de la MG B de reprendre le V8 3.5 Rover. Initialement c’est un artisan, Ken Costello, qui proposait la transformation. Elle séduit tellement MG que la MG B GT V8 rentre dans la gamme. Le roadster n’y aura jamais droit de façon officielle. Elle ne sera proposée que trois années.

La Triumph TR8

En 1979 Triumph installe le V8 sous le capot de sa TR7. Elle devient par la même occasion TR8. Elle aura une carrière particulièrement courte puisque la production cesse en 1981.

TVR

En 1982 le repreneur de TVR trouve le V6 Cologne, utilisé par la Tasmin, un peu juste. Une nouvelle auto va voir le jour, c’est la 350i qui est introduite en 1983, avec donc le V8 Rover.

Land Rover

En 1983 le Land Rover va recevoir le V8. Alors que la marque est créée en 1978 et que le Range en fait partie, c’est logique que le vénérable Land reçoive cette mécanique.

De plus en 1989, le Discovery, troisième modèle de la marque, reçoit également le V8 3.5 Rover. Ce sera d’ailleurs le dernier utilisateur de la mécanique qui perdurera inchangé jusqu’en 1998.

Le V8 3.5 Rover se fait plus gros

Le V8 3.5 Rover aura donc eu une belle carrière. Mais elle s’est prolongée, avec d’autres cylindrées. Globalement la plupart des autos, hormis le Discovery, abandonnent le 3.5 en 1990.

En fait, c’est une version coursifiée, passée à 3.9 litres qui est étudiée dans les années 80. Avec un alésage de 93.5 mm le moteur passe alors à 240 chevaux. Seul TVR avec sa 380SE va l’utiliser. Mais les études vont être reprises.

C’est le Range Rover qui reçoit le premier une version 4 litres obtenue par un réalésage à 94 mm. Ce moteur va se monter dans beaucoup d’autos lui aussi… même si aucune Rover ne le recevra.
Outre le Range, on le retrouvera sur Defender entre 1994 et 1998 et sur le Discovery entre 1996 et 2003.

Mais on retrouvera aussi le 4 litres sur des sportives. MG RV8, Ginetta G33, TVR S Series, Griffith et Chimaera, le recevront également.

Et au dessus de 4 litres ?

Entre 1992 et 1995, le Range Rover a reçu une version 4.2 litres du V8 sur ses versions LSE. C’est la course qui passe alors à 77 mm. Le moteur reçoit aussi le vilebrequin forgé destiné à l’origine au projet Iceberg, un diesel étudié dans les années 80.

Il sera dérivé chez TVR dans une version 4.3 litres sur le Griffith et Chimaera, en complément du 4 litres.

Entre 1995 et 2002, le Range recevra une version 4.6 lites du moteur. L’alésage est alors de 82 mm et il sort 222 chevaux. Là encore, il est réservé aux version LSE… mais TVR l’utilisera entre 1996 et 2002 sur sa Chimaera. C’est le dernier dérivé du V8 3.5 Rover à avoir été produit en 2004, et encore une fois, ce sera pour un Discovery qui l’a reçu pour le marché américain.

Enfin la version la plus méchante est un 5 litres ! Alésage de 94 mm, course de 90, ce moteur sortait 340 chevaux ! On le retrouvait là encore sur les Chimaera et Griffith jusqu’en 2002.

Conclusion : le V8 3.5 Rover est une bonne pioche !

Un moteur récupéré et dont la production avait été stoppée. Voilà ce qui constituait à priori une mauvaise idée. Mais Rover a eu de la ressource et a su adapter ce moteur à ses productions. Sa carrière fut longue… et c’est tant mieux !

A l’instar du V8 Windsor dont on vous parlait ici, jusque dans les années 2010 le moteur était produit à Birmingham par Coscast pour les pièces de rechange. Du coup, une auto avec un tel moteur ne posera pas vraiment de problème lors de sa restauration !

Source et photos : Rover Club, RM Sotheby’s,

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Thierry Beguin

    Merci infiniment pour cet intéressant reportage du V8 Rover, en effet au cours de ma vie je me suis souvent interrogé sur l’origine de ces fameux moteurs V8 qui équipait bons nombres de marques anglaises et j’ai enfin eu la réponse!
    J’en profite également pour vous féliciter pour votre engagement à faire de magnifiques reportages et photos à longueur d’années.
    Je continue à vous suivre avec entousiasme étant moi- même passionné par les oldtimer.
    Thierry Beguin

    Répondre · · 29 septembre 2020 à 21 h 40 min

    1. Benjamin

      Merci pour les compliments ! N’hésitez pas à faire connaître le site autour de vous !

      Répondre · · 29 septembre 2020 à 21 h 47 min

    2. Benjamin

      Merci pour les compliments ! N’hésitez pas à faire connaître le site autour de vous !

      Répondre · · 29 septembre 2020 à 21 h 47 min

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.