La Brissonneau et Lotz Louis Rosier, une désirable 4CV

Publié le par Benjamin

La Brissonneau et Lotz Louis Rosier, une désirable 4CV

Dans les années 50 il n’y a pas que Deutsch et Bonnet, Rédelé ou Durand qui se lancent dans la fabrication de petites autos de sport. Tous sont des artisans et c’est bien par là que l’auto qu’on vous présente aujourd’hui, la Brissonneau et Lotz Louis Rosier se démarque.

De grands noms pour une petite auto

Louis Rosier à la baguette

Né en 1905 Louis Rosier est un auvergnat qui se fait connaître à moto avant de devenir pilote sur quatre roues et notamment en course de côte dans les années 30. Sa carrière de pilote décolle réellement après-guerre. Il pilote pour Talbot mais aussi avec ses fonds propres vu qu’il est le plus gros concessionnaire… Renault de France. Il remporte les 24h du Mans 1950 avec son fils qui n’aura bouclé que deux tours !

Il court aussi en F1 sur des Talbot-Lago puis des Ferrari et même les redoutables Maserati 250F, toutes engagées par sa propre écurie. Il marque régulièrement des points et s’adjugera deux podiums en championnat du monde dont il termine 4e en 1950 ! Bref, Louis Rosier est un nom qui compte en sport automobile.

Mais il veut aller plus loin et devenir constructeur. Sa base sera une barquette sur base Renault 4CV. Une auto qui a couru aux 24h du Mans 1953 et qu’il fait habiller par l’italien Motto. Celui-ci dessine un beau et petit cabriolet à carrosserie alu. Cependant le plastique et la fibre de verre commencent à se faire un chemin et son bien moins chers que l’alu et c’est par là que s’orient Louis Rosier. Une fois la voiture terminée, il lui faut la produire.

Brissonneau et Lotz, du train aux autos de sport

Créé en 1841 est une société industrielle de grande envergure. La société basée à Nantes a construit des locomotives, des wagons, le premier autorail diesel ou encore les premiers métros à pneus.

Au début des années 50 elle rachète les Entreprises Industrielles Charentaises. Brissonneau et Lotz déménage alors ses activités ferroviaires de son usine de Creil en région parisienne vers La Rochelle.

Et comme la diversification n’est jamais un gros mot, on cherche à réemployer cette usine… et c’est Louis Rosier qui apporte le projet sur un plateau !

La Brissonneau er Lotz Louis Rosier

C’est en 1956 que les premières autos sont construites et essayées. La mise au point faite Brissonneau et Lotz expose l’auto au salon de Paris. C’est justement lors des Coupes du Salon que Louis Rosier va avoir un terrible accident au volant de sa Ferrari. Après 22 jours de coma il décède le 29 Octobre. Il aura à peine vu la version définitive de « sa » voiture qui sera renommée Brissonneau et Lotz Louis Rosier en hommage.

La voiture, parlons en. Elle est basée sur la Renault 4CV, ses roues indépendantes à l’avant et à l’arrière. Par contre la plate forme a été renforcée pour recevoir les différents éléments de carrosserie qui sont boulonnés dessus (et pas collés).

Côté style, l’avant peut faire penser à l’A106 tandis que l’arrière… un peu aussi. Mais c’est sans fioriture et plutôt élégant. Quelques astuces stylistiques servent la technique. Ainsi les portes ne sont pas parallèles au flancs et servent d’entrée d’air pour le moteur. Et pour sortir l’air, c’est au travers d’une grille… qui sert de plaque d’immatriculation !

Niveau moteur, l’auto est commandable avec le moteur de base et ses 21 ch ou en R 1063 et ses 40 ch. Une puissance limitée surtout que, contrairement aux autres fabrications équivalentes de l’époque, la Brissonneau et Lotz Louis Rosier est plus lourde que l’auto de base ! Par contre il faut mettre plusieurs points à son actif. Elle est mieux finie que les autres autos en polyester de l’époque et surtout les panneaux sont nombreux, on peut les changer indépendamment et c’est un bon argument en cas de pépin ! Et puis l’intérieur est bien fini et plus large que celui d’une 4CV.

Du coup on est pas en présence d’une sportive mais bien d’une auto plaisir. Un cabriolet pour cruiser mais qui reste dynamique avec un centre de gravité abaissé.

Une carrière très courte

La Brissonneau et Lotz Louis Rosier n’évoluera que très peu. On notera l’apparition de baguettes latérales après quelques exemplaires ainsi que le changement de roue, devenues pleines après le salon de Paris 1957.

Son prix limite sa diffusion. Elle coûte presque le double d’une 4CV ce qui représente également le prix d’une Peugeot 403 et un peu moins qu’une Alpine A106.

Mais surtout c’est industriellement que son sort sera scellé. Renault prépare la sortie de sa Floride et si c’est Chausson qui fabriquera la carrosserie c’est Brissonneau et Lotz qui sera chargé d’assembler l’auto.

L’usine de Creil va donc être agrandie et la ligne de montage de la Brissonneau et Lotz Louis Rosier va être démontée. Au total 250 autos auront été produites.

La Brissonneau et Lotz Louis Rosier de nos jours

Pour une rareté, c’est une rareté. Peu d’autos existent encore. On peut en voir une au Manoir de l’Automobile de Lohéac (elle faisait d’ailleurs la couverture du Gazoline des 25 ans au printemps dernier). Autrement il est bien rare ne serait-ce que d’en croiser une. La beige qui illustre en grande partie cet article a été vue par Bertrand pour la première de l’Art Automobile. Et il ne l’a pas ratée !

Source principale : Gazoline n°276

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Pascal

    Encore une belle histoire de l’automobile française avant que toutes les petites marques (en volume pas en renommée) disparaissent après guerre, suite à une politique désastreuse, plan Pons.

    Répondre · · 9 novembre 2020 à 12 h 35 min

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