Jaguar XK120, première surprise dans une belle famille

Publié le par Benjamin

Jaguar XK120, première surprise dans une belle famille

S’il y a bien une marque qui a beaucoup improvisé, c’est Jaguar. Et le pire dans tout ça, c’est que ces improvisation ont souvent donné lieu à de vrais succès. On vous propose de revenir ensemble sur l’histoire de la Jaguar XK120, un bel exemple d’improvisation et de succès !

La Jaguar XK120 en très bref

Sortie en 1948, la Jaguar XK120 est la première auto d’une belle famille de sportives de la marque. Motorisée par le moteur XK qui deviendra légendaire, sa genèse relève pourtant de l’improvisation.

Son succès sera réel, tant commercialement que sur la piste, sans parler des records de vitesse qui en feront la voiture de série la plus rapide du monde. Elle abandonnera son statut de petite série en passant de l’alu à l’acier et de dotera d’une vraie gamme avec des versions Coupé et Cabriolet qui complèteront le roadster originel.

Toujours appréciée, toujours performante, ses plus de 12.000 exemplaires construits jusqu’en 1954 en font la « XK » la plus produite, devant ses descendantes XK140 et XK150.

Une robe pour habiller la vraie nouveauté

L’histoire de la Jaguar XK120 est liée à celle de son moteur, le fameux moteur XK de la marque qui équipera des coupés et des berlines pendant plus de 40 ans !

Son histoire est presque clandestine. Alors que la marque s’appelle encore SS, son outil industriel est réquisitionné pour participer à l’effort de guerre. Pour autant, comme dans les bureaux d’études de nombreuses marques automobiles pendant cette période, les ingénieurs ne chôment pas. Pendant le couvre-feu l’ingénieur en chef William Heynes et William Lyons tablent sur un nouveau moteur.

Ce projet X va donner plusieurs versions, XA, XB, etc, en partant de la base des moteurs fournis par Standard et équipés d’une culasse Weslake qui équipent les SS Jaguar avant le conflit. Les études l’opposent d’ailleurs à un moteur 4 cylindres. Mais c’est bien le 6 cylindres qui en est à la version XK, sur lequel Walter Hassan et Claude Bailly ont apporté leur contribution, qui est retenu. Avec son double arbre et ses 3442 cm³, il sort 160ch SAE, une cavalerie qu’on juge suffisante pour motoriser la future berline Mark V qu’on s’apprête à présenter.

D’un retard à un succès

À deux mois de la présentation de nouvelle berline, on s’affole chez Jaguar. La Pressed Steel Company n’est pas prête à fournir les carrosserie de la berline en temps et en heure. Il faut donc créer une nouvelle auto pour présenter ce moteur bien pensé et pour lequel on a beaucoup d’espoir.

On va donc utiliser le châssis de Mark V qu’on va raccourcir de près de 45 cm. On l’habille avec une carrosserie de roadster, élégante, basse, féline, et réalisée en aluminium. Pour son nom, on fait un pari. Elle s’appellera Jaguar XK120, le chiffre donné évoquant la vitesse de pointe que l’auto pourrait atteindre.

La Jaguar XK120 est bien exposée au salon de Londres en 1948, finalement aux côtés de la Mark V qui a gardé son moteur Standard. La berline est totalement éclipsée par le coupé.

Premiere Brochure Jaguar XK120- Jaguar XK120

C’est un énorme succès pour le public. Les performances annoncées sont énormes, c’est tout simplement une des voitures les plus rapides du monde. On ajoute les lignes superbes de la nouvelle venue et surtout son prix. Là encore, Jaguar va inaugurer une tradition qui restera en proposant une auto aux performances de premier plan mais à un prix ridiculement bas. Quand les acheteurs voient la fiche technique et l’intérieur richement doté, ils sont étonnés de voir que le tarif affiché est inférieur à 1000£, une barre symbolique qui ne devait pas être dépassée pour des raisons fiscales.

La carrière de la Jaguar XK120 débute… à 200 à l’heure

La concurrence est bien plus chère et les commandes affluent, d’autant plus après la présentation de la voiture au salon de New York. Même si le prix reste bas, il est vrai que le marché américain est celui au meilleur pouvoir d’achat, celui sur lequel on va écouler la majeure partie des autos.

La petite série avait été envisagée. À vrai dire, la construction de la carrosserie en aluminium ne devait pas permettre de construire beaucoup d’auto. Les délais de livraison des Jaguar XK120 s’allongent vite. Les clients sont triés, on retrouve des pilotes, dont Ian Appleyard, marié à la fille de William Lyons (ils remporteront deux fois la Coupe des Alpes à son volant), et Clark Gable qui reçoit le premier roadster de série.

Pour autant, on a toujours pas vérifié un point : la vitesse réelle de l’auto. En Mai 1949 le pilote d’essai Ron Sutton s’attaque à la pointe sur l’autoroute qui relie Jabbeke et Ostende en Belgique avec une auto de série. Résultat : 126.594 mph, 203 km/h, la Jaguar XK120 est la voiture la plus rapide du monde !

La Jaguar XK120 a Jabbeke en 1949- Jaguar XK120

En parallèle, l’anglaise s’engage désormais en course. Leslie Johnson lui offre sa première victoire dans une course de production à Silverstone en Août 1949.

Ces coups d’éclat renforce la carrière mais pas ses délais de livraison. La série devait se limiter à 200 exemplaires mais 42 autres sont construits avant que l’auto ne fasse sa première révolution.

La Jaguar XK120 passe à l’acier

Pour résoudre les soucis de fabrication, la meilleure solution reste le passage à la carrosserie acier. L’outil de production est prêt au début de l’année 1950 et les cadences augmentent. Le roadster Jaguar XK120 ne pâtit pas vraiment de ce changement, le gain de poids étant limité à une cinquantaine de kilos, les ouvrants restant en aluminium.

À partir de ce moment là, la Jaguar XK120 se diffuse bien et on en voit apparaître de plus en plus en course. En 1950 les autos de Johnson et Lea et de Biondetti et Bronzoni terminent 5e et 8e des Mille Miglia. Aux 24h du Mans, deux exemplaires légèrement préparés se classent 12e et 15e ! Évidemment la majeure partie des engagements vient des USA où l’auto brille.

Jaguar XK120 Mille Miglia 1950- Jaguar XK120

Jaguar ne relâche pas son développement. En 1951 on retrouve deux nouvelles autos. D’abord la version FHC, Fixed Head Coupé, le coupé en fait. Le toit est élégamment intégré à la ligne de la voiture qui reste techniquement identique.

On produit également la Jaguar XK120 C, le nom d’origine de celle qui sera connue comme la Type C, la première Jaguar à remporter les 24h du Mans, dès cette année 1951.

En parallèle, les succès sportifs sont « facilités » avec l’arrivée des version SE (pour Special Equipement) en Europe et M aux USA. Avec un arbre à cames modifié et un échappement double, la Jaguar XK120 atteint 180 ch !

Moteur XK120 SE- Jaguar XK120

L’année 1952 voit la Jaguar XK120 se lancer pour une série de records sur l’Autodrome de Linas-Montlhéry. Avec le coupé personnel de William Heynes, Johnson, Moss, Hadley et Fairman, qui connaissent tous l’auto. Malgré un ressort de suspension cassé, l’auto s’offre les records de la classe C avec 72h à 105.55 mph de moyenne, 96h à 101,17 mph Après le remplacement de la pièce on atteindra même les 10.000 km à 107.03 mph, les 15.000 à 101.95 mph et les 10.000 miles à 100.65 mph. Au final on s’arrête au chiffre symbolique de 7 jours et 7 nuits à plus de 100 mph (100.31 mph pour être exact).

En 1953 la gamme s’enrichit encore. En plus du roadster et du coupé FHC la Jaguar XK120 est disponible en cabriolet DHC (DropHead Coupé), plus cossu que le roadster mais toujours performant. On le reconnaît à sa capote apparente quand elle est repliée et à ses montants de pare-brise plus épais.

On peut aussi faire monter par son concessionnaire la fameuse culasse « Type C » avec des carbus SU plus gros pour atteindre 210 ch !

La performance va d’ailleurs être une nouvelle fois au centre des efforts de Jaguar. Une Jaguar XK120 modifiée, avec châssis caréné, une partie de la calandre obstruée, des pare-chocs retirés, un couvre-tonneau fixe et un poste de pilotage couvert par une bulle, revient à Jabbeke en Octobre 1953. Le pilote d’essai Norman Davis va établir une moyenne (dans les deux sens) à 172.412 mph, 277.470 km/h !

Cependant, ça sent la fin. La marque va la faire évoluer en XK140, présentée en 1954. Plus adaptée au marché américain, elle met fin à la carrière de la Jaguar XK120 après 12.045 exemplaires : 7606 roadster, 2672 coupés et 1767 cabriolets.

Une belle carrière pour une auto construite si rapidement et qui devait avoir une carrière limitée !

La Jaguar XK120 de nos jours

C’est LA Jaguar sportive originelle, et elle est très recherchée. Même si c’est la plus produite de la série, elle n’est pas la moins chère. Évidemment, les plus chères et recherchées sont les premières « OTS » avec la carrosserie en alu. Vous dépasserez allègrement les 120.000 € si vous en trouvez une. Les roadster et coupé acier se négocient entre 85 et 100.000 € avec encore un billet à remettre pour une auto en spécification SE. Moins fine que le roadster, le cabriolet est plus rare et son prix pourra être supérieur au roadster !

Côté pièces, la diffusion du moteur XK assure une bonne disponibilité des différents éléments. Vous en trouverez notamment chez notre partenaire Moss Europe.

Banniere PA Jaguar- Jaguar XK120

Photos additionnelles : Supercarnostalgia

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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