Italdesign Aztec, un concept délirant… finalement arrivé sur la route

Publié le par Benjamin

Italdesign Aztec, un concept délirant… finalement arrivé sur la route

Pierre a l’habitude de vous parler de concepts-cars qui ne sont jamais arrivés sur nos routes avec ses Concepts et Etudes. Avec l’Italdesign Aztec on vous parle d’un concept car qui n’aurait jamais du aller sur la route et qui fut finalement produit ! Un vrai délire de designer, une voiture totalement à part, avec une technique venue d’un peu partout et des fonctionnalités très originales. Bref, une voiture qui mérite qu’on s’y intéresse alors que l’une d’elles est proposée à la vente.

20 ans et trois protos

L’histoire de notre auto du jour débute en 1988. En cette belle année, Giugiaro fête les 20 ans de son indépendance et, donc, de la création de sa société Italdesign (l’histoire complète est ici). Le studio de design et bureau d’études travaille avec les plus grands constructeurs. Italiens bien sûr avec Lancia ou Fiat mais aussi Renault, Seat ou Isuzu.

Pour s’affranchir des demandes et besoins de ces marques, Italdesign décide de se lancer dans la création d’une triplette de concepts qui fêteront donc le bel anniversaire du bureau en montrant le savoir-faire et l’innovation dont il a l’habitude de faire preuve. Au salon de Turin on dévoile donc les Asgard, Aspic et Aztec.

Les trois autos ont des bases communes, notamment ces ailes arrières originales et résolument futuristes. Une vision du futur qu’on retrouve également au niveau de l’habitacle des trois voitures qui partage dessin et technologies (on y reviendra).

L’Asgard, c’est la « grosse », le monospace aux surfaces largement vitrées qui est parfaitement dans l’air du temps puisque Renault a lancé son Espace et que ce segment a de l’avenir. On retrouve ensuite deux voitures qu’on peut estimer « sœurs ». Le coupé Aspic, très aérodynamique, très plat est décliné avec l’Italdesign Aztec, avec ses deux habitacles séparés qui peuvent se fermer ou être ouvert façon roadster.

Ces trois autos marquent, évidemment. Elles vont certainement trop loin pour qu’on les imagine réellement sur la route. Mais ce n’est pas le cas de Mario Miyakawa.

L’Italdesign Aztec sur la route

Si ce nom de vous dit rien, le nom de sa société Compact srl ne vous parlera pas plus. Pourtant, cette société fondée en 1987 est spécialisée dans la gestion de l’image de sportifs, l’organisation d’événements marketing et le conseil vers les marchés asiatiques. Dans le monde du sport, c’est cette société qui a placé Ray Ban comme sponsor de Ferrari, BAR ou Brawn GP mais qui a également géré les intérêts de Kobayashi ou Alesi en sport auto et Del Piero et Trezeguet en Foot.

Miyakawa est également un des conseils de Giugiaro vers le marché asiatique. Persuadé que l’auto peut marcher au Japon, il achète les droits de l’Italdesign Aztec et la propose à la vente à un prix plus que salé : entre 750.000 et 1 million de dollars ! On espère alors en vendre 50 exemplaires en conservant les originalités du concept, notamment son ouverture double avec portières sur le bas et un basculement de la verrière qui peut être ouverte sur le dessus ou fermée par un couvercle vitré.

La technique

Pour fabriquer l’Italdesign Aztec, il va falloir trouver des officines compétentes. La carrosserie et l’assemblage vont être confiés à la Carrozzeria Savio, une maison italienne historique, dans l’ombre des plus grandes Carrozzeria qui s’est tourné vers les voitures de plage et les ambulances depuis les années 60… mais a aussi produit les carrosseries des Lancia Delta S4. Le châssis sera tubulaire en échelle, pratique pour une petite série.

Côté mécanique on s’adresse à MTM. On connaît surtout l’entreprise pour ses tuning sur base Audi. Et c’est vrai qu’Audi va être mis à contribution. À la base, c’est le V8 3,6 de la marque aux anneaux qu’on prévoit de mettre sous le capot. Sauf qu’il n’est pas prêt à temps. On passe donc sur un autre moteur de la marque, le 5 cylindres Turbo qui sort 200ch. La plupart des autos offriront cette puissance mais d’autres seront boostées à 250ch. En tout cas, toutes les Italdesign Aztec afficheront 250hp sur leur flanc.

La transmission ? On fait appel à un système 4 routes motrices… mais étonnamment ce n’est pas celui d’une Audi Quattro qu’on utilise mais celui d’une Lancia Delta Integrale (même si l’empattement correspondait mieux à celui de l’Audi).

Un intérieur plus qu’original

Si la ligne de l’Italdesign Aztec était déjà originale, l’intérieur l’est autant… voire plus. Et encore, on ne parle pas de ce cockpit double et séparé. Cette séparation, d’ailleurs, n’est pas complète puisque sous le passage central, il communique, un peu à la manière d’une Jaguar Type D biplace.

Cet intérieur est très original et mêle technologie et biodesign de la première heure. Le pilote, à gauche, a devant lui un volant ergonomique, avec, derrière, les différents compteurs. On retrouve bien des commodos pour les commandes mais aussi des boutons placés un peu sur le principe des lunules façon Citroën.

Au centre, on retrouve un levier de vitesse classique. La console centrale du concept-car proposait un écran cathodique avec un lecteur de disquettes ! Sur les versions « de série » on retrouve plus simplement une chaîne HiFi.

Du côté droit on retrouve une sorte de symétrie du côté gauche. Devant le copilote de l’Italdesign Aztec on retrouve une poignée… en forme de volant. Derrière c’est une sorte d’ordinateur de bord ce vrai copilote, et pas passager, peut accéder à divers réglages de l’auto.

L’électronique… sur la carrosserie !

La carrosserie de l’Italdesign Aztec est déjà originale avec sa forme de barquette. On ajoute aussi les matériaux puisqu’on utilise l’aluminium, la fibre de carbone et le kevlar, des matériaux composites qu’on utilise alors très peu dans l’automobile de route…

L’ultime originalité vient des ailes arrières. Communes aux trois concepts-cars, ces ailes présentent un clavier avec trois chiffres, un manomètre et des prises… ainsi qu’une liste de codes. En entrant le bon code, avec des possibilités différentes en fonction des côtés, on pouvait avoir accès à une série de fonctionnalités de la voiture, de la prise 12v aux niveaux de liquide de frein et de refroidissement en passant par un vérin hydraulique ! Une série de commandes vraiment originale qu’on s’étonne de retrouver sur l’Italdesign Aztec « de série ».

Une production… compliquée

On entre maintenant dans la partie la plus obscure de l’histoire l’Italdesign Aztec. MTM n’est pas chargé que de la mécanique, la société allemande doit également homologuer l’auto. Et cela va mettre beaucoup de temps ! Si certaines autos sont bien indiquées de 1988, il faut en réalité attendre 1992 pour voir un prototype fonctionnel tourner en ouverture du Grand Prix de Monaco et l’année suivante pour que l’homologation soit obtenue.

Cela n’aurait pas empêché la production de quelques voitures pour les marchés américains et japonais. Sur le marché européen, par contre, c’est la douche froide. En plus du prix énorme demandé au départ, l’Europe est entrée en récession et peu d’acheteur peuvent se permettre de se l’acheter.

L’Italdesign Aztec n’atteindra jamais les 50 exemplaires prévus. Certaines sources font état de 25 exemplaires produits et d’autres de 18 exemplaires. En Europe, un seul exemplaire aurait été vendu, probablement celui qu’on peut voir à Autoworld et qui illustre cet article.

Italdesign Aztec à Autoworld

On note aussi que son design futuriste est particulièrement intéressant pour le cinéma. En 1990, Joe Buchanan utilise une Italdesign Aztec dans son film Frankenstein Unbound. En 1996 c’est un film italien, A spasso nel tempo qui la met en avant avec deux autres créations de Giugiaro : la BMW Nazca C2 et la Machimoto.

On en retrouve un tout petit plus sur les marchés américains et asiatiques. L’une d’elles avait fait parler lors de sa vente en fin d’année dernière (autour des 150.000$). Une autre sera proposée à la vente lors de la Monterey Car Week qui a lieu cette semaine, sous le marteau de Broad Arrow Auctions (les infos sont ici).

En tout cas, l’Italdesign Aztec reste une auto très originale, un des rares concepts à être aussi loin dans le délire en arrivant sur la route.

Photos complémentaires : Broad Arrow Auctions

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

Répondre à nounours8529Annuler la réponse.

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